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7 intelligences … et plus, si affinités …

Savoir Par Hervé Resse 30 mars 2018

7 intelligences … et plus, si affinités …

Cerveau

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Paraphrasant Desproges, on pourrait affirmer que « l’intelligence, c’est comme le parachute, quand on n’en a pas, on s’écrase ». Ou donner avec Ambrose Bierce cette définition singulièrement précise : « intelligent ? celui qui pense comme moi ».

En réalité, la question de l’intelligence ne se pose plus, et depuis longtemps, au singulier. Les tests que passent à l’école enfants et adolescents (Type Wisc 5) mesurent certes « une intelligence globale » évaluée avec le fameux Q.I., dont la moyenne statistique est de 100. Mais ces tests procurent surtout des indicateurs variés, portant sur la compréhension verbale, le raisonnement, l’intelligence spatiale (reproduire des figures complexes à partir de cubes), la vitesse d’exécution, la compréhension des consignes.

Il n’y a pas une mais DES intelligences. Le psychologue américain Howard Gardner en a catalogué 7 dans son livre Les Intelligences Multiples. Puis il en ajouté deux autres, abondance de bien ne nuisant point. L’essentiel est d’entendre qu’on peut être performant dans un domaine, et catastrophique dans un autre.

Et vous, quelle est « votre » intelligence de prédilection ? Et celle où vous vous reconnaissez « sous-doué de chez sous-doué » ?

1 L’intelligence linguistique

La maîtrise du langage, de sa langue maternelle et d’autres, s’affiche comme une des manifestations les plus immédiatement perceptibles de l'intelligence. Raison pour laquelle nous avons tendance à déclarer « brillants », et formidablement intelligents, celles ou ceux qui y excellent. Jean d’Ormesson éblouissait ses auditoires. Fabrice Lucchini nous épate de sa verve et de son talent. Christine Angot, également. Pardon ? On me glisse dans l’oreillette que… Euh… Christine Angot…

On le voit bien, il est aussi question, en cette affaire, d’appréciations personnelles… On peut trouver ou non convaincante une personne, indépendamment de sa « capacité à utiliser et à comprendre les mots et les nuances de sens ». L’intelligence linguistique s’exprime par l’écriture, l’édition. Elle se met en œuvre par l'entrée (input) des stimuli linguistiques (écouter, lire), et la production (output) de langage : parler, écrire. L'intelligence linguistique, nous précise Wikipédia qui en connait un rayon, s’observe aussi dans la capacité à comprendre comment le langage affecte les émotions. La poésie, la fiction, sont ses terrains de jeu privilégiés. Cette intelligence qui semble peut-être la plus évidente, n’épuise pas, quoi qu’il en soit, le sujet.

2 L’intelligence corporelle et kinesthésique

L’excellent mensuel So Foot, en ce mois de mars, proposait un passionnant dossier, intitulé « Intelligence et Football ». Plusieurs spécialistes débattaient, quand presque inévitablement, s’y posa la question « Et Franck Ribéry, dans tout ça ? ».

La réponse fusa, ne laissant aucune place au doute : « Ribéry ? C’est carrément un surdoué ». Et oui, on parlait bien du même. De celui qui lançait un jour que « la routourne finirait bien par tourner », ou confiait sur quelque antenne « je suis passé aussi par d’autres chemins qu’a pas été facile ». A bon compte, l’attaquant du Bayern Munich étant « bon client » face au micro, les observateurs ont souvent moqué ses à-peu-près ou fautes de syntaxe. Certes, au strict plan de l’intelligence linguistique, il n’éblouit guère. Mais qu’il ait en conséquence, et plus souvent qu’à son tour, endossé la tunique du parfait crétin, est une belle injustice.

Franck Ribéry sait intégrer des schémas tactiques complexes, et sur un terrain, proposer à ses partenaires des solutions efficaces. Son ancien collègue Habib Sissoko parle à son sujet « d’une forme d’intelligence qui force le respect ». Plusieurs fois en lice pour le Ballon d’Or du meilleur footballeur, « Kaizer Franck » est doté d’une intelligence « kinesthésique » supérieure à celle de bien des sportifs de haut niveau. Ses temps de réaction sont parmi les plus performants. À travers lui, rendons alors hommage à tous ces sportifs qui, limités peut-être au plan de l’aisance verbale (intelligence linguistique), savent mieux que l’immense majorité de leurs concitoyens gérer corps, muscles et cerveau. A l’inverse, suggérons qu’un Orson Welles était peut-être un génie du cinéma, mais un gros nul en kinesthésique. Ajoutons que Franck Ribéry a su faire carrière dans un des clubs les plus exigeants du football européen. Qu’il parle au moins trois langues. Pas forcément super bien. Mais en savons-nous tous autant que lui ?

3 L'intelligence interpersonnelle

On parle ici de capacité à comprendre les autres, à communiquer avec eux.

On emploie souvent le mot d’empathie, consistant à comprendre ce que ressent une personne, à deviner ses émotions. L’empathie fait certes partie de l’intelligence interpersonnelle, mais ne la résume pas entièrement. En effet elle peut parfois affecter notre jugement, et nous entraîner vers des attitudes ambivalentes ou maladroites, inadaptées.

En conséquence, l’intelligence interpersonnelle consiste aussi à identifier, puis provoquer, « des solutions adaptées » à la situation vécue. Indispensable, l’empathie n’est pas suffisante. Une bonne intelligence interpersonnelle demande aussi charisme, autorité naturelle.  La bienveillance n’y suffit pas.

Affirmons donc qu’on peut être très cultivé, s’exprimer avec brio, et se comporter en parfait crétin dans sa vie sociale et son rapport à autrui. Ou comme un salopard, ce qui ne révèle alors pas un déficit d’intelligence interpersonnelle, mais une aptitude à l’utiliser aux dépens d’autrui. Aptitude immorale, éventuellement. Les pervers manipulateurs sont redoutablement intelligents.

4 L'intelligence intrapersonnelle

On connait la maxime fondatrice de toute philosophie, « connais-toi toi-même ». On la prête à Socrate, qui l’aurait transmise à Platon. En inventant les thérapies analytiques, les précurseurs de Freud, lui-même, puis ses apôtres, dont le français Jacques Lacan, - admiré pour ses fulgurances mais aussi souvent décrié-, ont largement contribué à l’essor de cette capacité qu’on peut avoir à décrypter ses propres émotions, à comprendre les ressorts qui nous conduisent à rechercher telle situation ou relation humaine, plutôt que telle autre.

Certains qui croient se connaître, ne font parfois que se leurrer sur ce qu’ils sont. Consciemment ou non. Certains se survalorisent, d’autres se dénigrent. À tous ceux-là, on peut rappeler la magnifique sentence de Goethe : « C'est une grande faute de se croire plus que l'on est, et de s'estimer moins qu'on ne vaut ».

Par ailleurs l’introspection peut révéler une forme d’intelligence à se retournant contre soi. Se souvenir de Lacenaire, le bandit dandy des Enfants du Paradis, ressassant d’un ton haineux ses douleurs d’enfant : « ils me défendaient les mauvaises fréquentations… et ils me laissaient seul avec moi-même… Je suis entré en moi, et je n’en suis plus ressorti ». Quel dialoguiste que ce Jacques Prévert, quand même ! Trop d’égocentrisme, en résumé, nuit gravement à la santé (mentale).

5 L’intelligence logico-mathématique

Voici celle des savants, des chercheurs, qui ne consiste pas seulement à faire appel à la logique, mais aussi à « manipuler de longues chaînes de relations logiques exprimées sous des formes symboliques ».

Capacité de calcul, de mesure, résolution de problèmes mathématiques et scientifiques ; mais aussi capacité à analyser les causes et conséquences d'un phénomène ou d'une action, précise madame Wikipédia ; ainsi qu’à catégoriser et ordonner les objets. Qui n’a pas croisé à l’école un de ces extra-terrestres capables de réduire les équations paraissant aux autres du mandarin, en moins de temps qu’il n’en fallait à Lucky Luke pour désarmer un adversaire ? Cette intelligence-là ne suscite pas seulement agacement ou admiration. Elle a tendance à complexer celui qui s’estime peu pourvu. Et plus encore quand celui qui en témoigne est également beau, sportif, excellent joueur de saxophone. Ah, ce Thomas Pesquet… Ou Einstein, qui en plus avait de l’humour… Dire qu’ils sont pourtant, tout comme nous, humains…

… « Trop humains », ajouterait ce bon vieux Nietzsche, qui n’en loupait pas une. Flaubert, lui, affirmait que « les mathématiques dessèchent le cœur ». On se console comme on peut, Gustave !

6 L'intelligence musicale

Pourquoi parler d’intelligence musicale, et pas d’une intelligence de la sculpture, de la peinture, ou de tout art qui vous plaira ? Il est probable que l’intelligence musicale, aptitude à percevoir et créer des rythmes et mélodies, à reconnaître des modèles musicaux, à les interpréter et à en créer, via ce langage particulier qu’est une partition, mobilise à la fois le cerveau, les émotions, en plus de la dextérité, voire la virtuosité. Et l’on ne parlera pas ici des règles de la musique indienne, plus complexe encore dans sa construction

La précocité d’un Wolfgang Amadeus demeure une énigme. Mais s’il y a là une intelligence active, on peut aussi se consoler en rappelant que l’intelligence musicale existe sous une forme passive, par la capacité à apprécier les qualités d’une musique écoutée. Ensuite, on n’oubliera pas qu’il s’agit aussi d’une affaire de « goûts », dont on dit « qu’ils ne se discutent pas ». En revanche, il est toujours permis d’en « disputer », comme le suggérait Paul Valéry. C’est-à-dire d’opposer sur ces questions des appréciations permettant d’avancer en pertinence. Par exemple, on peut toujours débattre des mérites comparés de l’excellent Patrick Sébastien et du non moins talentueux Georges Brassens. Et finir par tomber d’accord sur le fait que l’un des deux imite mieux l’autre, que l’inverse.

7 L'intelligence spatiale

L’intelligence spatiale serait la « capacité de trouver son chemin dans un environnement donné et d'établir des relations entre les objets dans l'espace ». Elle est très étendue, puisque Howard Gardner y faisait cohabiter la capacité à concevoir la continuité d'une image en rotation dans l'espace, à créer une image mentale ; ou à bien arranger des objets dans un espace :  valises dans un coffre de voiture, plan de route pour aller d'un point à un autre. Cette intelligence nourrit l’intelligence logico-mathématique, mais aussi des arts comme l’urbanisme ou l’architecture (encore que pour rire, on obligerait parfois volontiers certains architectes à habiter dans les immeubles qu’ils ont conçus).

On sait aussi que les grands joueurs d’échecs, ou de go, peuvent visualiser la partie non pas telle qu’elle se présente à un instant donné, mais telle qu’elle se présentera, trois, cinq ou sept coups plus tard. Et ce n’est pas de la triche. Juste une intelligence spatiale sur développée, et plus encore quand un seul gamin défie plusieurs grands Maitres à la fois…

8 7+1

Comme souvent lorsqu’une création emporte un franc succès, la tentation d’y revenir et d’ajouter quelques chapitres, sacrifiant ainsi aux Lois Indépassables du Souverain Marketing, taraude les auteurs. Après le succès mondial de son petit livre « Les 4 accords toltèques », Don Miguel Ruiz ne sut résister à la tentation d’écrire un « 5ème accord toltèque » au volume inversement proportionnel à son réel intérêt… De même Howard Gardner a-t-il voulu ajouter à ses 7 sortes d’intelligence, une 8ème qui serait l’intelligence « naturaliste », sorte d’aptitude à s’harmoniser soi-même, écologie oblige, avec la terre nourricière. Ainsi qu’une « intelligence spirituelle ou existentielle », que lui-même n’a su définir que sous l’étiquette d’une 8ème… et demie. Façon d’admettre sans le dire que celle-là était un peu tirée par les cheveux. On ne sait pas ce qu’en pense un Paulo Coelho, génie du marketing éditorial, s’il ne l’est de l’intelligence spirituelle…

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