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7 questions après la rupture entre Emmanuel Macron et le Général de Villiers

Décrypter Par Julie Color 20 juillet 2017

7 questions après la rupture entre Emmanuel Macron et le Général de Villiers

Tu m'as vu quand je salue ? 

Capture écran France 2
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A part le fuiteur, dans cette histoire tout le monde s'est finalement fait baiser pour parler comme un général de cavalerie. Et voici pourquoi. 

Ça jacasse pas mal après les coups d’éclat du Général Pierre de Villiers et d’Emmanuel Macron. Mais à qui profite le crime ? On aurait du mal à croire qu’il serve un hypothétique frondeur de La République en marche. L’auteur de la fuite a plus de chance de se trouver dans les rangs de l’opposition qui a beau se plaindre d’être réduite à portion congrue, est bel et bien capable d’une nuisance certaine. Et tant mieux, à condition qu’elle respecte certaines règles.

Le général Pierre de Villiers s’est exprimé, à huis clos, dans le cadre d’une audition de la commission Défense nationale et des forces armées de l’Assemblé nationale. Ses propos n’auraient pas dû sortir de la salle de réunion, mais un p’tit malin a franchi cet interdit. 

1 Une audition dans une commission de l’Assemblée nationale, kesaco ?

Cette cuisine parlementaire sert à dégrossir les projets et les propositions de loi. Les huit commissions permanentes de l’Assemblée nationale ont tout loisir de convoquer des personnalités pour prendre leur avis sur tel ou tel sujet. Il faut savoir que ne pas se présenter à une audition est passible de 7 200 € d’amende. 

Ordinairement, ces auditions sont publiques, sauf lorsqu’il s’agit de sujets sensibles à caractère secret, concernant la défense nationale par exemple. 

2 Le huis clos, pourquoi ?

Cette expression est souvent utilisée lors des procès pour les mineurs. Elle signifie, “portes et fenêtres fermées” et doit garantir au jeune justiciable une protection aisément compréhensible.

Dans le cadre d’une audition dans une commission de l’Assemblée nationale, le besoin de huis clos a des origines et des buts variables. Dans son blog, Samuel Le Goff (l’Express) a publié, en 2009, un article intitulé « L’intérêt du huis clos» où il rapporte qu’Henri Proglio a été auditionné alors qu’il était « pressenti pour devenir le PDG d’EDF ». (audition commission Assemblée nationale à Huis clos). On comprend aisément que ses concurrents auraient adoré se glisser dans la salle de réunion. 

3 Le Général de Villiers a-t-il bavassé de manière incongrue ?

Le général de Villiers était fort mécontent et l’a exprimé, en des termes crus, à une assemblée spécialement réunie pour l’occasion. Mais, en principe, ses propos n’auraient pas dû franchir les huis (les ouvertures) qui étaient fermés.

Sur France 2, le 19 juillet 2017, au journal télévisé de 13 h, le général Dominique Trinquand s’exprimait ainsi : « Le général de Villiers avait parfaitement le droit, et c’était même son devoir, de dire la vérité devant les députés. Et ce n’était pas la peine de s’en ouvrir aux médias alors que la séance était à huis clos ». 

4 Comment est composée la commission Défense nationale et forces armées ?

Au complet, cette commission est composée de 59 membres, plus 1 président, (Jean-Jacques Bridey – LREM), 4 vice-présidents (2 sont LREM, 1 vient de la Nouvelle Gauche et 1 autre est issu des rangs des Républicains) et 4 secrétaires (LREM, Les Républicains, le Modem et La Gauche démocrate et républicaine). Ça fait du monde ! 

Parmi les 59 membres, on trouve 12 Républicains dont le plus connu est Christian Jacob. Du côté de la France insoumise, c’est Alexis Corbière qui y siège et nous y trouvons aussi un “non-inscrit” (c’est ainsi qu’il est présenté sur le site de l’Assemblée) : Louis Alliot. Enfin pour la République en marche, on peut citer Richard Ferrand.

À tout ce beau monde, il faut ajouter quelques fonctionnaires pour faire tourner la machine. 

5 Est-il vrai qu’Il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique ?

Olllla, cette phrase d’Emmanuel Macron a créé un emballement politico-médiatique. C’est le « rétablissement du crime de lèse-majesté » tweete Marine Le Pen, très proche de Louis Alliot. « On n’a pas à être recadré par le chef de l’État », assène Alexis Corbière toujours au JT de 13 h sur France 2, qui déplore que « le chef des armées (sic) [ne puisse] plus s’exprimer librement devant les députés ». 

Un peu dangereux comme posture qui peut justifier de bafouer tous les secrets d’alcôves politiques, mais aussi judiciaires et bien sûr privées. Ce sont les mêmes qui poussent des cris d’orfraie s’ils voient leurs petits arrangements entre amis dévoilés au grand jour fustigeant à leur tour la presse. 

6 Macron a-t-il aussi dérapé ?

Jupiter ou César, selon les caricatures… avouons que là, il a trouvé forte tête. Dans toute sa mesure, le général Dominique Trinquand reconnaît que cette mise au pas publique n’était pas bienvenue. « On recadre un chef, oui, concède-t-il, mais dans un bureau en tête à tête, pas devant les hommes ». Emmanuel Macron a sans nul doute voulu asseoir son autorité et n’a pas choisi la meilleure des voies… même en tenant compte qu’avant sa prise de parole, un p’tit futé s’était assis sur un devoir de réserve. 

7 Et que devient le fuiteur ?

Il en a de la chance, l’auteur de ce grand foutoir ! Car lui est bien sagement protégé par le secret des sources des journalistes. La profession se bat régulièrement avec les politiques qui voudraient bien amoindrir cette protection. C’est pourtant la condition sine qua non pour avoir des infos solides. Comme pour les flics qui ne balancent pas leurs indics. Question de déontologie, de ligne rouge à ne pas franchir, de huis clos à respecter.  

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