7 raisons de binge-watcher 3 % sur Netflix
A l'occasion de la sortie de la 2ème saison de 3% sur Netflix, voici un récap de la série brésilienne. On est loin des telenovelas dans cette dystopie qui ressemble terriblement à notre présent.
Le futur dans une centaine d’années.
L’humanité vit dans une sorte de gigantesque favela encaissée dans un canyon. On peut en sortir une fois dans sa vie : à 20 ans. Chaque année les jeunes participent à une sélection pour faire partie de l’élite qui vit dans une île paradisiaque. Mais seuls 3 % des candidats seront sélectionnés pour aller sur « l’autre rive ».
Voilà le pitch d’une série qui vaut mieux que ce résumé.
1 | C’est plus malin que ça en a l’air |
3 %, c’est une dystopie (une contre utopie) vieille comme la science fiction. Le monde est dominé par une élite qui se la coule douce tandis que la masse croupit dans les bas fonds. Cette trame est presque devenue un running gag dans les films de SF : dans Elyséum, Los Angeles est une gigantesque favela tandis que les riches vivent dans une station spatiale cinq étoiles. Dans Hunger games, pareil, les pauvres triment comme des esclaves et les riches s’éclatent.
Cette caricature de notre monde actuel pourrait finir par lasser. Surtout qu’on y retrouve en général des post ados en plein rite d’initiation comme dans Divergente ou le Labyrinthe… 3 % semble reproduire les mêmes clichés. Mais non.
Car les pauvres se comportent parfois comme des salauds et que les riches ne sont pas tous des ordures. S’il y a un mouvement égalitariste (« la cause ») qui veut bousculer l’ordre établi, ces tupamaros là ne sont pas des saints. Quant aux pauvres, nombreux sont ceux qui approuvent le système car il donne un espoir pour s’en sortir tant qu’on n’a pas passé la sélection. Et il permet aux parents de se projeter dans leurs enfants. Il y a même une religion des adeptes du « processus »…
Car si ce système nous semble terrifiant, il est aussi, paradoxalement, très égalitaire. Tous les candidats partent avec les mêmes chances et aucun des 3 % n’a reçu sa position sociale par héritage.
2 | Une société basée sur le mérite |
La nouveauté de la série, c’est que le système d’apartheid est tempéré par la méritocratie. Le « processus », cette batterie de tests concentrés sur quelques jours, permet de sélectionner des candidats selon leurs mérites et leurs compétences. Dans 3 % la richesse n’est pas héréditaire.
« "Chacun crée son propre mérite » est le mantra psalmodié par Ezequiel, le responsable du recrutement. De fait, cette première saison de la série commence comme un entretien d’embauche derrière un hygiaphone bardé de capteurs pilotés par des algorithmes. Puis, les rescapés de cette première étape passent différents tests psychotechniques : assembler des cubes les plus rapidement possible, résoudre une énigme genre Cluedo ou heu…. Et on arrête là pour ne pas spoiler.
A chaque fois, c’est un critère différent qui décide de la sélection. Rien de moral là dedans : l’intelligence, la tricherie ou l’altruisme sont des qualités également recherchées.
3 | C’est en brésilien et ça change tout |
L’histoire de 3 % est terrible. Ce futur est réellement cauchemardesque. Y a des morts et des injustices, en veux-tu en voilà. Oui mais… c’est en brésilien que ça se passe. Et ça change tout. On n’a pas l’habitude d’entendre des films en portugais. Cette langue est un bonheur permanent, elle adoucit les pires insultes et rend sympathique les plus personnages les plus fachos du casting. D’ailleurs y a qu’à écouter le trailer...
4 | C’est un futur crédible |
La société décrite par 3% n’est pas une métaphore. La célèbre photo de Tuca Vieira ci dessus est là pour le rappeler. Le Brésil est champion du monde des inégalités et Sao Paulo est une ville où une infime minorité vit dans un luxe inouï (mais barricadé) en dominant une masse de très pauvres soumise aux gangs. La seule différence, c’est qu’il y a encore au Brésil une classe moyenne… qui n’existe plus dans le futur de 3%.
6 | Le casting est épatant |
Les personnages sont assez contrastés à deux ou trois exceptions près (le gosse de riche ou l’ambitieuse qui veut etre calife à la place du calife). Mais les taupes de la Cause comme les assoiffés d’ascension sociale ont tous des histoires complexes, des comportements imprévisibles et ils sont portés par une interpétation expressive mais sans fausse note par de jeunes acteurs brésiliens. Mention spéciale pour le doyen du l’équipe : l’acteur João Miguel dans le rôle de Jezequiel, serviteur zélé (et intérieurement torturé) du système.
7 | Ça ne fait que commencer |
Netflix vient d’annoncer que la saison 2 était sur les rails. On a hâte de découvrir à quoi ressemble l’autre rive et on espère que le réalisateur sera le même. César Charlone qui a mis en scène la première saison fut le chef opérateur (nommé aux oscars) de la Cité de Dieu. Sa touche donne à la série une véritable personnalité (lumières blanches, plans décadrés, contre plongées très graphiques…) qui fait oublier que 3 % hérite d'un budget bien plus riquiqui que celui d’autres superproductions de Netflix (Marco Polo, Narcos…).
Quand on voit le pilote de la série, on mesure aussi ce que le réalisateur a pu apporter : un univers moins grossièrement carcéral, des personnages plus nuancés, une palette de couleurs moins ternes… Vivement 2017 pour suivre les actions des militants de la Causa et voir enfin le ghetto des riches dont on ne doute pas qu’il sera très vidéogénique…
8 | 7 + des incursions dans la réalité |
C'est probablement du street marketing, mais la Causa commence à exister in the real life... il y a un groupe Facebook ici et une vidéo très étonnante là où des activistes viennent taguer des affiches de la série dans le métro...
A noter qu'au Brésil, on peut passer le processus sur le site bemvindoaoprocesso.com.br. Hélas, ce dialogue avec un bot n'existe qu'en portugais... mais tout est expliqué dans cet article de l'ADN.
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