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7 raisons de revenir au septennat

Décrypter Par Eric Le Braz 19 avril 2017

7 raisons de revenir au septennat

Présidents d'un autre temps quand on savait laisser le temps au temps...

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Comparez les présidents qu’on a élus pour sept ans et ceux qu’on s’est résignés à choisir pour cinq. Y a comme une différence de carrure, non ? 

Vous n’êtes pas content du casting de cette présidentielle ? Socialiste, vous regrettez l’intelligence machiavélique de Tonton autrement plus efficace que l’idéalisme besogneux de Hamon.  De droite, vous ne cessez de rabâcher que le Général, lui, n’a jamais été mis en examen et que Tante Yvonne ne pigeait pas dans la revue d’un milliardaire. Centriste, vous avez la nostalgie d’un VGE surdoué, rassembleur et altier qui arrivait en marche à l’Elysée. Bref, vous trouvez que le niveau baisse. Nous aussi. 

Le 7 mai 2017, on va enterrer cinq ans de hollandie. Et vous trouvez que c’est déjà trop long ? Oui, mais non. Car si on avait gardé le septennat, nous ne serions pas tombés aussi bas...

1 Le quinquennat, c’est le nivellement par le bas

La preuve par les deux derniers présidents que la France s’est choisie pour cinq ans. Sarkozy, et il le reconnaît lui même dans sa bio autocritique, a rabaissé la fonction de dérives bling bling en dérapages verbaux. Son successeur fut plus poli mais pas plus efficace. A défaut d’inverser la courbe du chômage, il enfonce tous les indices de popularité (même s’il n’a pas fait que des bêtises) et finit par abdiquer. 

Quant au quinquennat de Jacques Chirac, qui pourra citer une seule réforme d’envergure de mémoire ? Allez, vous avez cinq minutes. Le temps de lire les six autres capsules.

2 On est moins exigeant quand on n’en prend « que » pour cinq ans

Le casting des quinquennats tendrait à le prouver. Savoir qu’on va devoir supporter sept ans un président incite à glisser un bulletin dans l’urne pour un candidat d’envergure. Les seconds couteaux ne passent jamais la rampe, Mitterrand surclassa, au premier tour, Jean « Dents blanches » Lecanuet en 65 ;  Pompidou terrassa le pépère Poher en 69, Chirac évinça le flasque Balladur en 95…

Mais le quinquennat favorise l’émergence des médiocres. Les dernières élections furent à cet égard des moments d’anthologie. Charles de Gaulle, premier président de droite de la Ve avait le statut d’un commandeur, Sarkozy rappelle plutôt Joe Dalton. Et que dire du sphinx, du Florentin, du serial lover Mitterrand, qui fut successivement remplacé à l’élection suprême par un austère coton tige, une Bécassine armée et un Don Juan casqué. 

3 Le septennat, c’est la monarchie absolue tempérée par la cohabitation

Quel que soit le locataire de l’Elysée, qu’il soit gaullien, machiavélique, hyper actif ou soi disant normal, il finit toujours par sombrer dans l’abus de pouvoir.  A cet égard, Sarkozy qui élimina tous ses ministres d’ouvertures en pratiquant le harcèlement moral à grande échelle pour placer ses plus fidèles affidés est un cas d’école. Mais son successeur ne fait pas mieux en éradiquant la biodiversité de son camp (Montebourg, Hamon, Taubira…) pour ne conserver qu’un panel de sociaux libéraux bons teints (qui se détestent entre eux et finissent tous par le trahir).

Certes, les septennats ne furent pas exempts de cette dérive : le libéral Giscard cessa vite ses réformes, humilia son allié gaulliste et devint en fin de règne un obsédé de la sécurité. Le peuple s’en souvint lors des septennats suivants et imposa des premiers ministres de droite lors des deux règnes de Mitterrand.

Le peuple a souvent raison. Face à la dérive présidentielle, une seule solution la cohabitation ! 

Or ce partage du pouvoir n’est a priori envisageable que sous un septennat ; pour les Français, c’est le choix du roi. Ces mariages de raison sont toujours populaires et pour cause. La première cohabitation permit de privatiser tout ce que le gouvernement précédent avait nationalisé par idéologie. La seconde fut moins pertinente, et du CIP à la loi Toubon sur la francophonie, le gouvernement Balladur a passé son temps à retirer les réformes qu’il proposait.

Mais la troisième fut un modèle du genre et d’ailleurs on la laissa durer cinq ans. La gauche put faire des réformes de gauche (les 35 h) et Chirac passer pour un président sympa. La France est même devenue championne du monde de foot, ce qui n’arrive qu’une fois par siècle, c’est dire. 

4 Sept ans, c’est un cycle

Chez les Romains, on considérait que la vie était rythmée par des cycles de sept ans. (D’où sept ans de malheur…). Chez les musulmans, c’est l’âge de la profession de foi. On sait bien que sept ans, c’est l’âge de raison. La sagesse  populaire et les mythes ancestraux doivent nous guider. L’amour dure trois ans et le pouvoir sept.  

Or un cycle n'est pas renouvelable. Le septennat non plus. Si on s'est trompé, on n'aura subi l'erreur qu'une fois... avant la diluer dans la cohabitation ! 

5 Le septennat laisse du temps au temps

La cohabitation n’est pas une fatalité. Mais sous la Ve, seuls deux présidents ont accompli un septennat complet en maitrisant toutes les manettes : De Gaulle et Giscard. Le second imposa le vote à 18 ans et le droit à l'IVG... même si la fin du mandat ne fut pas époustouflante - mais reconnaissons que le seul président centriste de notre histoire eut à subir deux chocs pétroliers pour le prix d’un en sept ans.  Le premier septennat gaulliste est en revanche impressionnant : fin de la guerre d’Algérie, indépendance des pays africains, nouveau franc, bombe A puis H, sortie de l’Otan, Concorde, villes nouvelles… 

Certes, il n'y a pas que des réussites et on n'est pas toujours enclin à plussoyer. Mais il y a une vision. Pour imposer sa marque, il faut 100 jours ; pour entrer dans l’histoire, il faut sept ans. 

6 Le quinquennat, c’est la campagne permanente

Pas le temps de se reposer comme pendant une respiration cohabitante, le président en poste se focalise très vite sur sa réélection.  La suractivité de Sarko cadrait parfaitement avec cette campagne permanente. Hollande fut plus placide mais il n’en pensait pas moins et, alors qu'il songeait encore à rempilr,  il a distribué cadeaux électoraux sur cadeaux électoraux  au lieu de faire le job. 

7 Et d'ailleurs, les Américains ont adopté le septennat (si, si)

D’accord, un président américain dure quatre ans, renouvelable une fois. Soit huit, mais il y a bien un an à l’intérieur de cette période où il est en campagne électorale. Donc ça fait sept (cohabitation comprise avec un congrès en général hostile à mi-mandat). La plus vieille république démocratique a trouvé le bon système. Que seule la France appliquait. Back to the roots ! 

8 7 + la pincée de réformettes du quinquennat de Chirac

Au début du septennat, il avait supprimé le service militaire, reconnu la « faute collective de la France » dans le régime de Vichy, mis un terme au conflit dans l’ex-Yougoslavie, fait le buzz en piquant une  grosse colère à Jérusalem et, bon,  tenté de réformer les retraites, ce qui fit tomber Juppé… Ouf. Puis Jospin s'installa et, allié avec Giscard,  lui imposa le quinquennat. 

Que retenir des cinq dernières années de celui qu’on surnomma alors « le roi fainéant » ? Le discours de Villepin à l’ONU ? Et sinon ? La charte de l’environnement ? Qui s’en souvient… La lutte contre les accidents de la route et la maladie d’Alzheimer alors…. C’est toujours ça, oui, on essaiera de ne pas oublier. Mais ce sera tout.

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