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7 raisons de suivre les jeux paralympiques

Recommander Par Slimane-Yann Ammor-Bihan 11 septembre 2016

7 raisons de suivre les jeux paralympiques

Marie-Amélie Le Fur en vol vers l'or. 

CPSF
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C’est plus que du sport ! On trouve cette année à Rio des sirènes, des cascades spectaculaires, des courses de char, Ben-Hur, Luke Skywalker, de l’émotion et de la science fiction…

Au début, je ne voulais pas. Je n’avais jamais regardé ce show bizarre de ma life alors que les JO, les vrais, enfin les historiques, les classiques, ceux que tout le monde regarde, je kiffe et j’en redemande. Mais là, ce truc qui vient trois semaines après alors que tu bosses et que tu ne connais aucune star, mouais.

Je trouvais les paralympiques sans intérêt, imite malsains et carrément emmerdants, entre le voyeurisme et le politiquement correct. Bref, comme un curé qui parle de sexe ou un snob qui refuse d’aller sur Facebook, j’avais une opinion sur quelque chose que je n’avais jamais vu, sauf 30 secondes pendant le JT. C’est dire si j’étais con.

Et puis un soir, lassé des radotages des chaînes infos sur un attentat  raté et des gloses sur le discours d’un Président candidat mais qui ne le dit pas, j’ai zappé vers France 4. Et là…

1 On gagne des médailles

Allonz'enfants....

Et en judo dès le premier jour, hein ! C’est une Mâconnaise comme Alphonse de Lamartine et Antoine Griezmann,  Sandrine Martinet qui a fouetté l’Allemande tenante du titre des moins de 52 kilos déficients visuels. La victoire était au moins aussi émouvante que lors de la médaille d’or de la judokate d’Emilie Andéol,  trois semaines plus tôt ; tu sais Andéol, c’est la championne qui pleure tout le temps. Martinet aussi a pleuré et il y a de quoi. Les deux précédents JO, elle n’avait récolté que de l’argent en se cassant la cheville en plus à Londres.

Marie Amélie Le Fur, elle, a une cheville en titane. Et elle s’appuie dessus pour sauter. « C’est une autre sensation. C’est aussi plus fun » qu’elle dit. On la croit sur parole. Elle n’a pas pleuré la Bretonne. En fait quand elle a battu son record du monde de la longueur, elle affichait un petit sourire en coin avant de sauter et le sourire n’a pas complètement disparu pendant son vol. Cool et classe. 

Le Fur, si tu traduis du breton en français, c’est: la sage, l’avisée. That’s it. Quand on l’a amputée après un accident de scoot, elle n’a attendu que quatre mois pour se remettre à l’athlé. Elle explique tout ça tranquillement sur son site avec des mots très simples : « Malgré la difficulté de cette épreuve, j'ai été amenée à recourir seulement 4 mois après mon accident, médicalement on me disait qu’il faudrait attendre une année minimum. j’ai trouvé la force de me fixer de nouveaux objectifs, de reprendre gout à la vie très vite grâce à mon entourage familial et amical ».Tu remarques le style indirect : « j'ai été amenée à recourir ». Elle a été amenée… rien que la formulation prouve qu’elle ne la ramène pas. Mais elle ramène des médailles d'or et bat des records

2 On découvre des sirènes

Les hommes sont aussi des sirènes. Pas de bras mais pas non plus de médailles en chocolat. C’est l’or pour le Chinois.  

Elles sont Chinoises ou Ukrainiennes. Parfois, ce sont des hommes, mais le sexe des sirènes, hein, c’est comme celui des anges, on va dire. Tout ça pour dire, que quand tu te regardes la natation paralympique – un des sports les plus chiants du monde chez les valides quand même  -, t’es scotché devant ta télé. Car celles ou ceusssses qui n’ont pas de bras, elles et ils ondulent comme des poissons. Et t’as déjà vu des poissons avec des bras ?

3 On voit des matchs de basket fast and furious

Hé bé, ça, c'est du sport !

Faut que je t’avoue un truc qui ne se dit pas en général : le basket, ça me gonfle. Je ne comprends même pas ce qu’on lui trouve à ce soi-disant sport. C’est dix mille fois moins spectaculaire que le Hand. Tu vois des grands types qui lèvent les mains et un autre qui passe à travers pour s’accrocher au panier en glissant la baballe. Bof. Ça semble trop facile. Je ne dis pas que ça l’est. Mais, bon, c’est ennuyeux.

Tandis que le basket en fauteuil, ça c’est du sport ! Rien qu’à regarder,  on a droit à une véritable chorégraphie. C’est carrément fast and furious, les basketteurs roulants foncent à la force du poignet, ils se tamponnent, ils virevoltent à 360 degrés, c’est du grand art. Il faut voir deux gaillards bloquer un autre devant le panier : ça se bastonne pas, mais c’est limite.

Et puis je vais te dire, quand ils marquent des paniers, les joueurs ne s’accrochent pas au cerceau : ils visent vraiment de loin. Et d’en bas. Tu vois la nuance ? Et la performance...

4 On voit le Maroc marquer contre le Brésil

Le but du Marocain est à la dixième seconde. Même avec des yeux, il n'y en a pas beaucoup qui savent le faire...

Les mecs ils sont aveugles ou mal voyant et ils jouent un bandeau (couleur pelouse synthétique, si, si) sur les yeux. Il y a un grelot sur le ballon pour suivre.  Tu suis, là ?  Et donc j’ai vu le Maroc marquer un but contre le Brésil. Et c’est pas du bullshit.

Abderrazak Hattab, il a fait un quasi  retourné et le ballon grelot est passé entre les jambes du défenseur. Le goal (valide !) n’a pas pu arrêter le tir… Bon, après le Brésil a fait un festival technique. Je te dis pas quand, heu, Machintrucdinho dribble à l’aveugle, t’en crois pas tes yeux. Mais le gardien marocain a repoussé deux penalties et le poteau deux autres.

Tu me diras ma moitié marrokki est à peine chauvine sur ce coup là. T’as raison. Mais ça n’enlève rien au pestacle du cécifoot (oui c’est comme ça qu’on dit). Dans ce sport assez étrange, on joue à 5 contre 5. Il y  des cartons, des pénos donc, des sortes de coups francs et un coach qui tape sur les poteaux pour indiquer les buts à l’oreille. C’est un sport surréaliste, presque dada à ce stade. L’entraineur pilote le match et les tribunes sont silencieuses comme à Wimbledon pour que les joueurs entendent les consignes, alors qu’on est à Rio, hein Lavillenie !

Grrr… après France 4 est passé sur le ping pong  parce qu’il avait un Français qui s’appelle Messi et je n’ai pas vu la fin de la rencontre. On a perdu 3 à 1 il parait, mais le Maroc n’est que champion d’Afrique, hé !, tandis que le Brésil gagne tous les titres en cécifoot

5 On est scotché par les courses de char

C’était aux Jeux handisport de Doha en 2015…

Ben-Hur peut aller se rhabiller. Les courses de chars, on les a en direct tous les soirs.  Mais en mieux, car les canassons sont remplacés par les biceps. Les courses sur des fauteuil roulant qui ressemblent à des dragsters sont hyper spectaculaires, un vrai péplum futuriste, avec des chutes terribles comme dans les films. Il n’y a qu’à voir la vidéo là-haut. 

6 On écoute de belles histoires

7 raisons de suivre les jeux paralympiques

Devine qui a pris cette photo...

​ João Maia

Certaines sont plus poignantes que d’autres. Marieke Vervoort, sprinteuse belge en chaise roulante, envisage l’euthanasie après Rio. Sa maladie est incurable et elle sait qu’elle fait son dernier tour de piste. 

D’autres donnent la niaque, l’espoir et le sourire. Amputé des quatre membres, le jeune nageur français de 16 ans Théo Curin est un rayon de soleil dans les bassins. T’imagines, il a déjà fini quatrième du 200 m nage libre, le gamin. 

Et puis, il y a mon histoire préférée. Encore un truc de ouf, surréaliste et métaphysique. João Maia n’est ni dans les stades, ni les bassins. Il reste dans les gradins ou au bord de la piste.  Le type est aveugle… et photographe. Regarde, c’est lui a pris la photo là haut, oui avec le reflet et tout. 

Il y a des jours où je me dis qu’avec pas mal d’entrainement, je pourrais voler…

7 On rencontre Dark Vador et l’homme qui valait trois milliards

Des superhumans, on vous dit dit... l'incroyable trailer de Rio Paralympics par Channel 4.

« La disparition de la frontière entre sport de valides et de non-valides date des années 2020 (…), progressivement, les performances des sportifs « classiques » ayant atteint leurs limites, les records n’ont plus été battus que par quelques non-valides autorisés à concourir avec eux. » Cette phrase est tirée d’une nouvelle de SF épatante publiée par l’Equipe

On y raconte les Jeux bioniques de 2064, une époque où les perfs des athlètes valides sont surpassées par les progrès technologiques dont bénéficient les sportifs bioniques. On est « génétiquement modifié, et donc programmé, pour devenir champion biolympique », on court le 100 mètres sous les 9 secondes et les futurs champions se font amputer pour concourir avec les prothèses les plus performantes.

C’est de la science fiction donc. C’est à dire que comme Internet, la réalité augmentée ou les voyages dans l’espace, ça peut arriver.

Ça fait longtemps qu’on y pense. Depuis l’homme qui valait trois milliards en fait. Et on sait aujourd’hui, que cette évolution est possible, voire prévisible.

Quand tu regardes sprinter un athlète équipé de lames en titanes, la foulée n’est plus très éloigné d’une course de droides dans Star Wars. Les progrès technologiques des handisports sont bluffants. Le 100 m se court dans certaines catégories en 11 secondes. Et l’auto mutilation (pour se doper !) a déjà commencé…

C’est grave docteur ? Oui... Disent les valides. Mais quand Dark Vador et Luke Skywalker échangent une main perdue contre une prothèse ultra performante, ils ne disent pas non.  Et tous les mutilés diraient la même chose. Il y a un coté inéluctable dans cette évolution vers l’homme augmenté. Les Jeux paralympiques sont aussi une bande annonce de notre futur…

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