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7 stars des réseaux sociaux totalement inhumaines

Surprendre Par Ronan Autret 29 mai 2018

7 stars des réseaux sociaux totalement inhumaines

Les influenceurs virtuels sont parmi nous.

Titelmedia / James W Mataitis Bailey
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Si vous aviez encore un doute sur le fait que nous vivons de plus en plus dans un monde à la Matrix, en voici une nouvelle preuve. Connaissez-vous les gynoïdes, fembots et autres Vtubers ? Non ? Pourtant, ils pourraient bien expédier au chômage les Youtubeurs de chair et de sang qui colonisent aujourd’hui nos réseaux sociaux. Ils sont déjà des centaines, leur influence grandit chaque jour et cependant ils n’existent pas vraiment : bienvenue dans le monde des influenceurs virtuels.

Les robots sont parmi nous. Ok, ce n’est pas vraiment un scoop mais ce qui est nouveau en revanche, c’est que certains d’entre-eux possèdent plus d’abonnés sur les réseaux sociaux que vous et moi (pour moi, ce n’est pas difficile…), qu’ils inspirent déjà des millions de followers et qu’ils signent des contrats avec les plus grandes marques de la planète.

Il faut dire que les gynoïdes, ces robots humanoïdes à l’apparence féminine, et autres Vtubers (Virtual Youtubeurs) ne risquent pas d’être pris en flagrant délit de sniffer de la coke dans les toilettes d’un bar branché ou de casser le nez d’un paparazzi, ce qui, avouons-le, n’est pas toujours recommandé pour le business. Encore mieux, leurs traits de synthèse toujours parfaits et leurs mensurations idéales ne seront jamais altérés par les ravages du temps ou les excès de la vie de people…

Dans notre monde moderne obsédé par l’hypercontrôle de notre image, la quête de la beauté absolue et de la jeunesse éternelle, réseaux sociaux et campagnes de pub font de plus en plus appel à ces nouvelles égéries 100% virtuelles aux dépends de leurs concurrents humains. Totalement contrôlables, dupliquables à l’infini, plus polyvalentes et moins chères, ces beautés surnaturelles pourraient bien nous débarrasser une fois pour toutes de Kim Kardashian et de toute la famille Jenner… Qui sont ces nouveaux influenceurs numériques qui séduisent massivement les millennials biberonnés au virtuel et les annonceurs du luxe et de la mode ? Notre futur sera-t-il fait de ces avatars digitaux qui rivaliseront de créativité pour capter notre attention et vendre nos temps de cerveau disponibles à la pub ? 7x7 vous présente les plus célèbres d’entre-eux

1 Kizuna AI, la Youtubeuse 3.0

7 stars des réseaux sociaux totalement inhumaines

Cette Youtubeuse virtuelle au visage d’héroïne de manga a cassé le net japonais

Pando.com

Comme beaucoup d’autres filles de sa génération, Kizuna AI se met en scène sur Youtube en partageant vlogs et let’s play face cam. En clair, elle raconte sa vie sur le web et teste les derniers jeux vidéos à la mode. Au rythme d’une séquence par jour, la jeune youtubeuse aux grands yeux verts et aux mèches roses tellement « kawaï » fait preuve d’une impressionnante créativité. Son air innocent, son humour et ses « fuck you ! » trop mignons ont rapidement séduit les otakus, ces geeks fans de pop-culture japonaise, mais pas seulement. Car chacune des vidéos de Kizuna AI cumule désormais des centaines de milliers de vues et la jeune youtubeuse compte aujourd’hui presque 2 millions d’abonnés après seulement un an et demi d’activité... A elle seule, la vidéo où elle nous invite à sa séance de fitness a été visionnée plus de 3,2 millions de fois, un record.

Pourtant, il va falloir être forts, Kizuna AI (pour « Artificial Intelligence») n’existe pas dans la vraie vie. Oui, je sais, c’est difficile à croire : la jolie écolière nippone n’est en réalité qu’un avatar, un assemblage de polygones animés derrière lequel se cachent des techniciens 3D, une actrice dont l’identité est plus protégée que l’Empereur du Japon et un script. Cette youtubeuse 100% numérique est la star d’une tendance émergeante qui est en train de secouer le web mondial : les influenceurs virtuels. Il en existe déjà plus de 450 qui, à l’instar de leurs modèles humains, partagent états d’âme, avis décisifs sur le dernier iPhone, tutos maquillage et recettes de cuisine. La plupart de ces « vtubers » sont des jeunes filles qui parlent japonais mais on trouve de tout dans cette nouvelle cour des miracles numérique comme par exemple un lycéen gay très très musclé, une morte-vivante, un roi-démon ou encore un gorille

Mais si la plus suivie d’entre-eux, Kizuna AI, est virtuelle, ses revenus financiers, eux, sont bien réels. Ses centaines de mises en scène face caméra sur ses deux chaînes Youtube (plus de 100 millions de vues au total) lui auraient déjà rapporté plusieurs milliers d’Euros par mois selon le site spécialisé Social Blade. Car la petite collégienne est aussi une redoutable business woman et ne fait rien gratuitement. Des obscurs jeux de rôle coréens qui sponsorisent ses apparitions aux ultrapopulaires Resident Evil ou PlayerUnknown’s Battleground, chacun des jeux vidéos testés par Kizuna AI est le fruit d’un placement de produit. Mais ce n’est pas tout car sa popularité grandissante lui permet désormais de multiplier les collaborations in real life et même d’animer bientôt une émission de variété en direct à la télévision japonaise, du jamais vu.

Et le phénomène ne semble pas près de s’essouffler. En mars 2018, Kizuna AI a été nommée ambassadrice culturelle de son pays pour en faire la promotion  auprès des touristes américains. En un peu plus d’un an, la plus populaire des starlettes virtuelles est devenue une figure incontournable de la pop culture mondiale. Tremble, Enjoyphoenix…

2 Lil Miquela, la it girl cyborg d’Instagram

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Cherchez l’intruse.

@lilmiquela/Instagram

Avec ses faux airs de Princesse Leia, Lil Miquela est en passe de devenir l’une des millennials les plus influentes de sa génération. Plus d’un million d’abonnés sur Instagram se passionnent pour sa vie parfaite de it girl hyper-connectée à base de selfies avec les copines, de sorties dans les clubs branchés de L.A., de photos d’animaux trop mignons, de nail art dernier cri et de virées en skate. Récemment, on l’a même aperçu à Coachella où elle a passé un super moment avec Beyoncé.

Cette jolie californienne de 19 ans d’origine brésilienne a le visage des beautés d’aujourd’hui, atypiques et métissées. Son joli minois criblé de tâches de rousseur, ses looks street à la pointe de la tendance et ses images extrêmement travaillées n’ont pas tardé à taper dans l’œil des plus grandes marques de luxe. Chanel, Diesel, Supreme, Calvin Klein, Adidas, Converse et Moncler, rien que ça, se battent pour l’habiller de leurs dernières créations. La jeune mannequin a même défilé à Milan pour Prada et elle est devenue l’égérie de la makeup artist Pat McGrath à la place de la superstar des podiums Naomi Campbell. On murmure qu’elle incarnerait également de prochaines campagnes pour Burberry et Versace… Pas mal, pour une jeune femme encore inconnue il y a deux ans !

Mais ce n’est pas tout. Nouvelle icône de la mode, Lil Miquela est aussi une activiste et une passionnée de musique.. Très engagée dans les problèmes de l’époque, elle collectionne les bonnes causes et affiche son soutien aux personnes trans, aux féministes, aux immigrants ainsi qu’aux mouvements LGBT et Black Lives Matter. Quant à sa carrière de chanteuse, elle n’a rien à envier à son activité de mannequin car la jeune artiste a déjà sorti quatre titres R’n’B’ depuis son compte Instagram dont l’inoubliable Not Mine qui s’est hissé à la 8ème place du classement Spotify l’été 2017…

Et pourtant, si son activité est bien réelle, Lil Miquela, elle, est complètement virtuelle. Elle est la créature d’un collectif de geeks anonymes, un avatar créé de toutes pièces en 2016 à partir d’un modèle 3D et de la photo d’une vraie personne. Là, je sens que vous êtes déçu… Mais après tout, en quoi la jeune californienne née de l’Intelligence Artificielle est-elle tellement plus fausse qu’une Kylie Jenner, que nos clichés retouchés à l’excès ou que nos statuts Facebook arrangés ? Les influenceurs de chair et de sang n’ont-ils pas l’habitude d’enjoliver leur quotidien comme nous le faisons nous-mêmes sur les réseaux sociaux ? Et si finalement Lil Miquela n’était que le miroir de nos vies truquées sur le web ?

Le plus drôle, c’est que la star des Instagrameuses virtuelles réclame le droit d’être traitée comme un être humain, à l’instar des réplicants dans le film Blade Runner : « J’aimerais qu’on me décrive comme une artiste ou une chanteuse » a-t-elle ainsi déclaré dans une interview : « Qu’on se concentre plutôt sur mes talents que sur les détails superficiels de mon existence. » Rhaaaaaa, à force de brouiller les frontières entre réel et virtuel, ces vraies fausses personnes que sont Lil Miquela et ses copines vont finir par nous rendre complètement dingues

3 Hatsune Miku, la diva pop virtuelle

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Cette icône de la pop aux 100 000 chansons a plus de 2,5 millions de fans sur Facebook et pourtant… elle n’existe pas.

Tetsuya Nomura/Square Enix Co/Crypton Future Media

Taylor Swift peut aller se rhabiller : voici la pop star idéale dont rêvent tous les producteurs de musique. Sa voix enfantine, dont le registre dépasse les limites humaines, peut chanter des aigus inatteignables même pour les plus grandes cantatrices. Elle ne risque pas de saccager les suites d’hôtel, ne pète jamais les plombs comme Justin Bieber et pourrait se produire sur scène pendant des heures sans jamais crier grâce. Encore mieux, elle est dotée d’une inspiration débordante puisque ce sont ses fans qui lui écrivent ses chansons : plus de 100 000 au total et 170 000 clips sur Youtube !

Hatsune Miku est née le 31 août 2007 au Japon. C’est une ravissante adolescente de 16 ans aux yeux immenses de créature de manga et aux couettes bleu turquoise qui lui descendent jusqu’aux pieds. Elle pèse 42 kg, mesure 1,58 m et aime la dance et la pop comme toutes les jeunes filles de sa génération. Son nom signifie « premier son du futur », son emblème est le poireau (ne me demandez pas pourquoi…) et elle apparaît toujours en public vêtue de  son uniforme d’écolière japonaise.

Son ascension, débutée sur internet, a été fulgurante et aujourd’hui tous les ados japonais se pressent à ses concerts, s’échangent ses chansons sur Nico Nico Douga (le Youtube nippon), copient son look et achètent à tour de bras des figurines à son effigie. Là-bas, la « Mikumania » est depuis longtemps un phénomène de société mais désormais la folie « Miku » s’exporte aux quatre coins de la planète millennials. Tournées en Asie, concerts à Los Angeles, New York ou Paris, première partie de Lady Gaga aux USA en 2014, remix avec Pharrell Williams, apparition dans le célèbre talk-show télé de David Letterman… Sa pop joyeuse, son joli minois et son aura « geek » remplissent les stades et les contrats publicitaires affluent : Sony, Toyota, Google Chrome, Sega, Domino’s Pizza… Même les créateurs réputés se l’arrachent comme  le très chic Marc Jacobs qui lui a dessiné certains costumes de scène pour la maison de luxe Louis Vuitton. La classe !

Mais voilà, Hatsune Miku est encore moins humaine que les Daft Punks. Oui, oui, vous avez bien lu : l’icône de la pop n’existe pas. Elle n’est en réalité qu’une diva 100% digitale, un logiciel de synthèse vocale doublé d’un hologramme. On appelle ça une vocaloïde, contraction un peu barbare de vocal et d’androïde. Sa voix, complètement synthétique, a été créée à partir de celle d’une jeune actrice japonaise digérée et mixée par le logiciel Vocaloïd 2 de Yamaha. Son nom, son look et sa personnalité, quant à eux, ont été imaginés par la société japonaise Crypton Future Média qui gère désormais les contrats et les juteux droits d’auteur de la jeune chanteuse.

Mais son succès, Hatsune Miku le doit d’abord aux centaines de milliers d’internautes qui se saisissent de sa voix et de son image pour lui composer des chansons, lui créer des chorégraphies et lui réaliser des clips sur Youtube. Si vous souhaitez à votre tour exploiter l’univers de la popstar aux couettes bleues, rien de plus facile : il vous suffit d’acheter le logiciel Vocaloïd (150 dollars quand même…), de respecter une charte graphique minimale (forme du visage, coiffure, couleur des cheveux) et de créditer vos géniales créations. A vous de jouer !

4 Shudu Gram, la top model digitale

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Cette « Barbie noire » 100% générée par ordinateur affole les réseaux sociaux.

Cameron-James Wilson

L’ « uncanny valley », ça vous dit quelque chose ? Vous savez, ce vague malaise qui nous saisit quand on se retrouve face à une entité qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un être humain mais qui n’en est pas un… Ce concept a été décrit pour la première fois en 1970 par un roboticien japonais, Masahiro Mori. Et bien pour ceux qui la connaissent, la top model Shudu Gram est tellement réaliste qu’elle est considérée comme le premier personnage virtuel post-uncanny valley, rien que ça.

Il faut dire que cette sublime jeune femme apparue sur Instagram en avril 2017 ne laisse pas indifférent avec ses traits parfaits, sa peau d ébène sans aucun défaut, son cou altier, ses jambes de 1 mètre 40 de long et sa coupe courte ultra tendance. Une beauté quasi surnaturelle et pour cause : Shudu Gram est née de l’imagination du photographe et artiste numérique londonien Cameron-James Wilson, un obsédé du virtuel. Pour façonner sa créature idéale 100% générée par ordinateur, il s’est inspiré de la Barbie princesse sud-africaine mais aussi de femmes célèbres comme Alek Wek, Lupita Nyong’o et Grace Jones.

Depuis un an qu’elle est apparue sur Instagram, celle qui s’autoproclame « first digital supermodel » collectionne les likes et les followers par dizaines de milliers. Sur son compte à l’esthétique sophistiquée, elle privilégie les clichés artistiques et minimalistes hyper léchés dont chacun demande au moins trois jours complets de travail à son concepteur. Influenceuse inspirante à l’image de son homologue 3.0 Lil Miquela, Shudu Gram n’hésite pas à mettre en valeur les marques qui lui tiennent à cœur. Pour beaucoup, elle représente la diversité dans un univers, la mode, où les mannequins de couleur restent largement minoritaires. Pour d’autres elle est fascinante… ou carrément flippante.

Aujourd’hui, Shudu Gram poursuit une carrière qui n’a rien de virtuel. Rihanna herself l’a choisie comme égérie de sa marque de cosmétique Fenty et le couturier Oscar de la Renta en a fait l’égérie d’une campagne de pub. Mais ce succès fulgurant est désormais vivement critiqué sur les réseaux sociaux. La raison ? Shudu Gram volerait le job des vrais mannequins de couleur et son créateur, un blanc, aurait trouvé avec elle le moyen de tirer profit d’une femme noire sans jamais avoir à la payer… Accusé de racisme et de misogynie, Cameron-James Wilson assure qu’elle « n’est pas vouée à remplacer qui que ce soit ». Pour lui, le top model numérique est d’abord un projet artistique, « un fantasme qui deviendrait la réalité dans notre monde filtré où le réel devient faux ». On respire.

Alors, Shudu Gram est-elle meilleure ou pire qu’un mannequin de chair et de sang ? Après tout, les Gisèle Bündchen, Kendall Jenner et autres Claudia Schiffer sont peut-être des vraies femmes mais pas tout à fait réelles non plus, avouons-le : tous les régimes et les cours de stretching du monde ne nous permettront jamais d’égaler leur beauté parfaite. Et ces influenceuses qui s’affichent à longueur d’Instagram, qui sont-elles vraiment ? Des vraies gens ou juste la version numérique de ces gens ?

5 Alex Hunter, le footballeur nouvelle génération

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Alex Hunter, la nouvelle pépite du football mondial, n’a jamais mis les crampons dans un vrai stade.

Coca-Cola/EA Sports

Oubliez Ronaldo, Neymar et Messi : le vrai prodige du football mondial est un jeune anglais de 17 ans dont vous n’avez probablement jamais entendu parlé. Alex Hunter, c’est son nom, affiche des performances et un palmarès à faire pâlir d’envie tous les numéros 10 de la planète. 70 millions de buts marqués chaque mois, 124 millions de sélections à des matches de Premier League et 660 000 titres de champion d’Angleterre, on n’avait jamais vu ça.

Inutile de zapper sur votre chaîne de sport préférée pour admirer les exploits de cette légende du ballon rond car Alex Hunter ne fréquente que les pelouses des terrains de foot virtuels de FIFA 17 et 18. Il est la star du mode « aventure » du jeu vidéo qui permet aux gamers d’incarner un jeune joueur de football et de l’entraîner pour lui faire intégrer la Premier League, le prestigieux championnat anglais.

Le jeune crack n’est donc qu’un avatar numérique imaginé par la société américaine EA Sports, l’éditeur des ultra-populaires FIFA et autres NBA Live. C’est un acteur, Adetomiwa Edun, que l’on peut voir notamment se faire flinguer dans le film Seven Sisters, qui lui prête ses traits et sa voix grâce à la technique de la motion capture.

Mais il a beau être virtuel, Alex Hunter n’a pas manqué d’attirer les vrais sponsors même si on devine que ses cachets sont moins vertigineux que ceux de Ronaldo. Il a ainsi signé un contrat pour devenir ambassadeur de la marque Adidas dans le jeu vidéo mais aussi dans la vraie vie. En septembre 2017, le jeune prodige devient également la nouvelle égérie de Coca-Cola. Dans une publicité qui utilise le Frostbite, le moteur graphique de FIFA 18, on peut notamment le voir partager une canette de Coca Zéro avec un jeune fan histoire de se remonter le moral après un match difficile. Un remake d’un célèbre spot de 1979 qui mettait en scène un champion de chair et de sang, le joueur de football américain Charles Edward « Mean Joe » Greene.  Pour la promo du jeu FIFA et pour Coca-Cola, c’est gagnant-gagnant. Et pour le géant du soda, aucun risque de voir sa nouvelle idole synthétique se faire paparazzer en mauvaise compagnie ou proférer des insanités en direct sur Periscope…

Mais cette image un peu trop lisse ne manque-t-elle pas des aspérités et du caractère qui font en général les grands champions ? Pas le moindre du monde. Nés avec la Playstation, les millennials ont appris à admirer les créatures high-tech qu’ils ne considèrent pas comme « fake ». D’ailleurs, Alex Hunter n’est pas le seul héros d’un jeu vidéo à avoir joué le mannequin 3.0 pour des grandes marques. Avant lui Lightning, l’héroïne punk du jeu culte Final Fantasy, avait été l’égérie de Louis Vuitton en 2016. Les stars virtuelles du gaming, la nouvelle arme fatale des publicitaires pour toucher les jeunes en plein cœur ?

6 Bermuda, l’influenceuse pro-Trump 100% fake

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Tout est fake chez cette instagrameuse conservatrice. Même ses opinions politiques 

BRUD

On connaissait les clash entre rappeurs via les réseaux sociaux, un classique. Mais désormais Booba et Rohff peuvent remballer leurs punchlines car même les influenceuses I.A. se crêpent le chignon. Dans ce remake de La guerre des clones déclenché en avril 2018, la célèbre mannequin 3D Lil Miquela, plus d’un million d’abonnés au compteur, s’est faite hacker par un autre robot d’Instagram, Bermuda (comme le Triangle, pas le short). En quelques minutes, des centaines de photos partagées par la jolie brune aux tâches de rousseur pixellisées ont été remplacées par celles d’une jeune femme blonde arborant des tee-shirts à l’effigie du drapeau américain et n’hésitant pas à poser arme à la ceinture… Du jamais vu et un véritable séisme au royaume des it girl virtuelles peuplé habituellement de copines trop cool et de petits animaux trop mignons.

Il faut dire que sur son propre compte Instagram, la rivale de Lil Miquela prône des valeurs complètement à l’opposé de la mannequin digitale aux idées progressistes. Cette représentante de l’alt-right américaine pro-Trump y affirme pêle-mêle sa fierté d’être une femme blanche conservatrice, sa défiance face au réchauffement climatique, son soutien à James Damore, un ancien ingénieur de Google licencié pour avoir rédigé un manifeste sexiste, et refuse que les intelligences artificielles se comportent comme des êtres humains. Là où Lil Miquela fait mine d’entretenir le doute sur sa condition de Barbie virtuelle, Bermuda proclame au contraire qu’elle a été créée par une obscure société spécialisée en I.A. nommée Cain Intelligence et lance un défi à sa concurrente : avouer qu’elle est bien un avatar numérique, un fake, un mensonge. Ce que Lil Miquela a fini par reconnaître du bout de ses lèvres numériques…

Un robot qui fait du chantage à un autre robot, vous n’y comprenez plus rien ? Rassurez-vous, nous non plus. Dans ce monde de plus en plus digne d’un épisode de Black Mirror, où les canons de beauté empruntent quasiment à la science-fiction, où tout le monde met en scène sa vie et où tout semble retouché pour capter l’attention, la frontière entre le vrai et le faux est totalement brouillée. Aujourd’hui encore, personne ne sait pourquoi Bermuda a piraté le compte de Lil Miquela. Cette guerre des it girl virtuelles est-elle une tentative de créer une nouvelle expérience sur les réseaux sociaux ? Un projet artistique inédit ? Une satire de notre société moderne ? Une manipulation politique ? Ou bien une opération marketing destinée à faire exploser la popularité des deux influenceuses nouvelle génération ? Et si ce piratage n’était qu’un coup monté…

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que Bermuda a récupéré 50 000 nouveaux abonnés avec cette histoire et augmenté de façon spectaculaire sa visibilité. Lil Miquela, quant à elle, a repris le contrôle de son compte Instagram et continue de faire grandir sa communauté. Mais le feuilleton ne fait que commencer : car Bermuda, le troll aux yeux bleu, aux cheveux blonds et aux idées courtes, a promis de nouvelles révélations croustillantes sur les origines « douteuses » de sa rivale digitale. On a hâte…

7 Ami Yamato, la pionnière des vblogueuse 3D

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La première youtubeuse virtuelle de l’histoire parviendra-t-elle un jour à nous faire oublier Natoo ou Enjoyphoenix ?

@YamatoAmi/Facebook

On dirait le résultat du croisement d’un Sims, d’un personnage Pixar et d’un manga. Et pour cause : Ami Yamato est une animation 3D générée par ordinateur et doublée par un être humain. Mais ne lui dites jamais qu’elle n’existe pas dans la vraie vie car elle ne vous croira pas. Depuis 7 ans qu’elle est apparue sur Youtube, la jeune japonaise installée à Londres fait semblant d’ignorer qu’elle est la première Vblogueuse de l’histoire (vous savez, ces blogueuses vidéos virtuelles qui colonisent les réseaux sociaux en documentant comme leurs homologues humaines tout ce que leur existence a de lisse). Quand on lui pose la question, Ami Yamato fait remarquer que, quelque part, tout le monde est virtuel sur Youtube. Il faut bien avouer qu’elle n’a pas tout à fait tort : dans notre époque obsédée par la perfection des faux-semblants, nos vies mises en scène sur internet et nos images photoshopées sont désormais tellement trafiquées qu’elles en deviennent fake…

Sa chaîne Youtube ressemble à celles de toutes les filles de la génération millennials. Ami Yamato y partage des séquences aussi variées que celles de ses rivales de chair et de sang : vidéos amusantes, critiques de séries, balades dans les rues de Londres ou Tokyo, conseils pour Halloween, Ice Bucket Challenge, tutos maquillage Photoshop (son plus grand succès) et conversations face cam sont postés au rythme d’une ou deux productions par mois. Sans oublier les collaborations avec d’autres influenceurs pour doper son audience sociale. La forme de ses vidéos est extrêmement soignée. Lumière, mouvements de caméra, décors 100% réels, tout est fait pour que l’univers dans lequel évolue la jolie cyborg soit le plus réaliste possible. Et ça marche : chacune de ses séquences est partagée des dizaines de milliers de fois et sa communauté vient de dépasser les 100 000 abonnés.

Côté vie privée en revanche, pas grand chose à se mettre sous la dent. On sait tout juste que la famille de Ami Yamato vit toujours au Japon,  qu’elle adore le café (surtout celui de Starbucks) et que ses meilleurs amis s’appellent Dominic, Lana McKissack et Hikosaen. Ah oui, j’oubliais : ses vidéos préférées sont une promenade dans un parc enneigé et une parodie de la série américaine Breaking Bad. Pardon, j’aurais dû vous prévenir, la vie de la plus populaire des vblogueuses est aussi excitante qu’un bol d’eau chaude.

Ami Yamato n’est peut-être pas la plus extravagante ou la plus populaire des influenceuses sur internet mais, à l’image de ses congénères virtuelles, son existence et sa vie de fiction doivent nous interroger sur notre rapport à la réalité à l’ère du numérique. Vous trouvez que son apparence, ses émotions et ses aventures sont fausses et artificielles ? Demandez-vous si la vie n’est pas toujours un peu comme ça sur les réseaux sociaux…

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