7 Xanax pour Didier Deschamps

Si je n’ai pas été sélectionné, c’est sur la pression d’une frange raciste de la population française, a dit en substance l’homme par qui la polémique va bon train…  Il fallait bien s’attendre à ce type de déclaration. A 7X7 nous avions annoncé le coup : quoi qu’il fasse, le coach des Bleus allait inévitablement se prendre la diatribe avant même d’entrer sur le terrain. Eut-il sélectionné  Benzema ? On l’eut inévitablement accusé de manquement à l’éthique et à la morale sportive. Et plus grave, de donner le mauvais exemple AUX JEUNES : car faire pression sur un coéquipier pour qu’il crache du pognon dans une affaire -supposée- de CHANTAGE à la sextape, ce n’est PAS BIEN.

Mais s’il ne le sélectionnait pas, arriverait forcément le moment où on l’accuserait de RACISME, ce qui est un manquement à toute morale sportive, mais donne aussi le mauvais exemple aux jeunes. Et ce n’est PAS BIEN. Quand on ne peut faire ni une chose, ni la chose inverse, on se retrouve pris dans cet étau que les psys nomment « double bind », en français, double contrainte. Quoi que tu fasses, tu as tout FAUX. Ca vaut bien un petit cachet, pour se remettre

Fut une époque pas si lointaine, où ce même Benzema demeurait en équipe de France incapable de planter le moindre but. Il avait dépassé le cap des 1000 minutes sans marquer. Et les journalistes, qui n’adorent rien moins que les polémiques à deux balles (on en organisera une gratinée, dès demain, notez sur vos tablettes) se déchiraient à l’envi : fallait-il le replacer sur le banc, ou mordicus lui garder sa confiance ?

A cette époque, Deschamps demeurait inébranlable, rabâchant au fil des conférences de presse que Benzema était un des meilleurs attaquants du monde (ce qu’il est, sans aucun doute), et qu’il convenait d’être patient. Tout ça pour se faire ainsi malmener… Rien n’est plus douloureux, et anxiogène que l’ingratitude humaine.

De ses temps incertains, il semble que « Benzé » ait tout oublié. Précisons que j’ignore totalement si on le surnomme ou non « Benzé ». Mais voyez comme c’est drôle (voir introduction) son nom commence comme la molécule que nous prescrivons aujourd’hui à son coach. Le hasard n’existe pas.

Plus modestement appelé Cantona. Cantona rien à dire ou à faire, pour sa propre renommée, on peut toujours s’essuyer les crampons sur celle de ses petits camarades. Il parait que l’inimitié entre Canto et la Dèche remonte sinon à Jésus-Christ quand il était gardien de buts, du moins à Aimé Jacquet quand il coachait les Bleus. Par deux fois, Cantona a jugé que ne sélectionner ni Benzéma, ni Ben Arfa, c’était clairement une preuve de racisme. Moyennant quoi, à ces deux joueurs il a préféré le jeune Coman, qui comme on disait jadis est « de couleur » ; et Payet, natif de la Réunion, probablement métis, ou sinon quarteron. D’un strict point de vue « statistiques », disons qu’on a connu des racismes plus virulents, plus « sélectifs »

La défense centrale de l’Equipe de France, voilà un vrai sujet d’angoisse qu’il est bon ! Raphael Varane s’est blessé (métis lui aussi, on dit ça pour Canto). Remplacé par Adil Rami (d’origine algérienne, on le rappelle juste aussi pour Eric. Nous on s’en tape, en fait : de notre point de vue tous ces braves garçons sont TOUS et également FRANCAIS).

Dans le même ordre d’idée, Deschamps a remplacé un autre blessé (Jérémie Mathieu, dont le nom a priori évoque plus le « de souche » que « l’africain »), par Samuel Umtiti, né à Yaoundé, (Cameroun). Quitte à accuser, autant jouer la précision. Mieux vaudrait évoquer une maghrébophobie (néologisme offert à tout polémiste en mal de sujet) ou d’islamophobie, ce qui aurait le mérite de la clarté. Quoi qu’il en soit Deschamps doit autant ressasser cette injustice,  qu’imaginer quelle putain de charnière centrale il pourra aligner contre la Roumanie : toutes celles essayées jusqu’ici sont soit impossibles à réunir pour cause de blessures, soit ont tourné au vinaigre par manque d’efficacité. Un petit Xanax, Didier ?

Comme un malheur n’arrive jamais seul (ils arrivent en escadrilles, aimait à dire Chirac, évoquant plutôt les emmerdes), voilà que Lassana Diarra, milieu de terrain, déclare à son tour forfait, blessé à un genou. Il sera remplacé par Morgan Schneiderlin, alsacien d’origine. Les ronchons diront que ah ! vous voyez bien ! C’était l’occasion ou jamais d’appeler BenArfa, histoire de montrer sa bonne volonté. Bon courage à Deschamps quand viendra l’heure d’expliquer que les deux joueurs n’évoluent pas, mais alors PAS DU TOUT, dans le même registre, et qu’une équipe c’est un équilibre entre une défense, un milieu, et une attaque. Les ronchons lui rétorqueront que QUAND ON VEUT, ON PEUT ! 

Didier n’y est pour rien. Mais il pleut des chats et des chiens, comme disent les Anglais. Les grèves de SNCF menacent de coller un merdier sans nom durant le tournoi, l’état d’urgence est maintenu, les menaces d’attentats bien réelles, et la loi El Khomri toujours sur l’avant-scène. Les Bleus encaissent trop de buts, on l’a dit.

On imagine notre Dédé, fredonnant Coluche dans cette chanson écrite pour Renaud, « il manquerait plus qu’un oiseau me chie dessus ». Consolons-le, d’une minute culturelle : XANAX est un médicament palindrome, le mot se lit de gauche à droite, et de droite à gauche. Pas facile à placer dans une conférence de presse, certes. Sauf si elle se déroule à Laval. Mais Laval, ça évoque aussi Pétain, alors n’en rajoutez pas s’il vous plait.

Pour terminer la préparation au tournoi, le sélectionneur et son staff avaient donc choisi de passer quelques jours en Autriche. On ne voudrait pas être insistant, mais ce pays, on le sait, a bien failli basculer du côté obscur lors d’un récent vote présidentiel. Il s’en est fallu de peu, mon p’tit Jean Mimi.

D’ici à ce qu’on demande à Didier Deschamps si ce choix révélait par anticipation une sympathie pour les « extrêmes »… il y aurait peut-être moins loin que jusqu’à soulever la Coupe d’Europe en juillet. Rappelons alors au sélectionneur l’aphorisme de François Mitterrand : « on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens ».  Didier : il y aura toujours une boite de Xanax pour toi à 7X7. Bon courage, et Allez Les Bleus. Les Bleus Clair comme les Bleus Foncé.