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Les 7 leçons de management de Didier Deschamps

Faire Par Eric Le Braz 04 juillet 2016

Les 7 leçons de management de Didier Deschamps

Au doigt et à l'oeil...

Action Images Panoramic
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Après la finale de l'Euro, La France remporte pour la seconde fois de son histoire la Coupe du Monde de football et réitère l'exploit de 1998. Merci qui ? Merci un sélectionneur hors pair dont les méthodes peuvent inspirer tous ceux dont le métier est de manager…

Alors que la France venait de se qualifier pour la Coupe du Monde en 2014, j’ai eu la chance d’interviewer longuement Didier Deschamps sur ses techniques de management pour le journal éponyme.  Il ne s’était jamais exprimé dans la presse économique alors qu’il inspirait déjà les managers. Or ce qu’il disait en 2014 s'est vérifié encore aujourd’hui…

Deschamps aime le management, la pratique mais aussi la théorie. Et il maitrise le sujet comme peu de cadres ou de boss savent le faire. C’est à la fois un excellent communicant – y compris dans la pratique au millimètre de la langue de bois - et un recruteur perspicace (il fallait oser Kanté ou risquer une première sélection de Samuel Umtiti en quart de finale contre l'Islande). DD est aussi capable d’endosser le survet’ du manager de proximité (il sait parler à l’oreille de tous ses joueurs) et le costard du stratège au long cours (il construit son équipe depuis quatre ans). Enfin,  c’est un leader qui sait déléguer (à son adjoint Guy Stephan ou à ses cadres) et un manager qui sait transmettre ses valeurs à commencer par la principale : la culture de la gagne. Celle-ci ne s’enseigne pas vraiment, elle se diffuse comme une huile essentielle. En revanche ces 7 autres principes sont à méditer, surtout si, vous aussi, vous managez

1 Préférer l’équipe au talent

Les 7 leçons de management de Didier Deschamps

Qui était capitaine lors du dernier Euro remporté par la France en 2000 ?

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Didier Deschamps a un vrai talent, c’est celui d’en donner aux autres. Joueur, il n’a jamais été un dribbleur époustouflant, un passeur transcendant et encore moins un buteur stupéfiant… mais c’était un capitaine remarquable. DD était un véritable berger basque, il aboyait tout le temps et mordillait les jarrets des brebis bleues quand elles ne suivaient pas le droit chemin. Car pour Deschamps, il n’y a que deux types d’hommes : « les leaders et les suiveurs ».

Le talent n’a rien à faire là dedans. Didier Deschamps n’avait pas un talent extraordinaire (et il le reconnaît lui même), mais il avait le don de faire gagner les autres.  La seule fois où je l’ai vu s’énerver pendant l’interview, c’est lorsqu’on a évoqué le talent :  «C’est quoi le talent ? C’est un mot que je ne supporte pas. Un gamin de 12-13 ans a du talent ? ça veut dire quoi ? Arrêtez avec ça. Il a des qualités, du potentiel, mais rien de plus. J’en ai vu des phénomènes, à 15 ans, qui deux ans plus tard disparaissaient.» La sortie foireuse de Cantona contre son supposé racisme est à lire au regard de ce principe. Cantona, c’est le talent à l’état pur, le meilleur joueur du monde… et le plus ingérable. Jacquet l’a sacrifié pour préserver l’équipe. DD n’a jamais oublié.  Canto, non plus d’ailleurs. 

2 Mettre le cégétiste dans sa poche

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Tiens-là comme Evra. 

« Il est exigeant (…). Il n’est pas là pour rigoler ». C’est Evra qui parle de DD en conf de presse jeudi 30 juin. Total respect du meneur de Krysna pour le coach. Il faut dire que Deschamps a repêché l’ex capitaine des Bleus-pire-période, alors qu’il était complètement déconsidéré. Car Didier a besoin de Patrice, pas vraiment pour ses qualités de joueur pré-retraité qui ne brille pas particulièrement dans cet Euro, sauf pour amuser les réseaux sociaux, mais pour son charisme de cador du vestiaire. Comme les patrons qui savent mettre les syndicalistes dans leur poche aux moments cruciaux, Deschamps a su retourner l’unes des pires caboches du foot français. Mais il ne l’a pas renommé capitaine… préférant Lloris un fidèle placide et serein avec le galon formel.

Reste à savoir qui est le troisième homme du système Deschamps qui pratique toujours la triangulation pour contrôler une équipe… Probablement Koscielny.

3 Ne rien lâcher

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Il peste, il s'énerve, il bougonne... mais ne plie pas. 

Les quatre premières mi-temps laborieuses de l’EDF dans cet Euro tapent sur nos nerfs... elles sont finalement très compatibles avec le management Deschamps. Il peste, il s'énerve, il bougonne... mais le désespoir ne fait pas partie de son paysage mental, ni de son vocabulaire. Souvenons-nous qu’en 2014, il avait réussi l’exploit de renverser une situation a priori désespérée après une défaite (2-0) contre l’Ukraine en match de barrage (3-0 en match retour). Deschamps  est capable de trouver les mots justes lors de ces moments cruciaux. "On n'a rien lâché" a dit DD à la fin de la demi-finale contre l'Allemagne. Il faut changer l'adage :  "Le football est un sport qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c'est Deschamps qui gagne".

4 Un seul dogme : le pragmatisme

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La meilleure attaque, c'est l'attaque.

Didier Deschamps était demi défensif, mais il ne pratique pas un jeu défensif. Comme avec Griezmann, Payet et Giroud,  il a surtout des bons attaquants sous la main, il privilégie le jeu offensif. Mais n’y voyez aucune religion. Simplement un état d’esprit que l’on pourrait méditer dans bon nombre d’entreprises. Il adapte la stratégie aux hommes, et pas l’inverse.

5 Incarner sans la ramener

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Qui est le seul capitaine d'une équipe française à avoir gagné la ligue des champions ? 

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Il a gagné tous les championnats et soulevé toutes les coupes comme joueur (de France, d’Angleterre, d’Italie, de ligue des Champions – deux fois, l’intercontinentale, la supercoupe d’Europe, le championnat du monde, l’Euro). Comme entraineur il a mené Monaco en finale d’une coupe européenne alors que le PSG ne passe jamais les quarts. Mais, comme le racontent ceux avec qui il travaille, il n’en parle jamais. On ne glose pas sur sa propre carrière, on ne commente pas son CV. L’expérience, on ne la raconte pas. On s’en sert.

6 Soutenir sans faillir

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ça c'était avant

On a tendance à l’oublier, sauf Hervé Resse qui a une mémoire d’éléphant, mais avant de lâcher Benzema, Didier Deschamps l’a sélectionné avec la persévérance du croyant.  Pourtant en Bleu, l’attaquant du Real Madrid  était aussi aphone devant les buts qu’il était bavard pendant ses calls avec Valbuena. Pareil pour Valbuena tiens. Alors que « Petit vélo, ne brillait pas en club, DD a fait preuve d’une constante fidélité en le vêtant de bleu pendant des années…

7 Et sacrifier sans état d’âme

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Au revoir et merci. 

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Plombé psychologiquement par la sextape et physiquement par les blessures, Valbuena, le joueur fétiche de DD n’est pas à l’Euro en raison d’ «un niveau de performance en-dessous de ce qu'il est capable de faire» dixit Deschamps qui sait toujours trouver les mots qu’il faut pour tacler sans trop faire bobo. En revanche Benzema qui a remporté la ligue des champions, avait les jambes. Oui mais  " l'exemplarité et la préservation du groupe"  primait pour la FFF & DD.

Là encore, le talent ne justifie pas qu’on le garde s’il est dangereux pour l’équipe. Didier Deschamps n’a pas cédé à la pression d’une « partie raciste de la France ». Il a sacrifié une partie pour préserver le tout.

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