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Les 7 pays d'Afrique où la science décolle

Savoir Par Anthony Audureau 05 février 2018

Les 7 pays d'Afrique où la science décolle

La Fondation Bill Gates finance des fonds de recherche sur les biotechnologies en Afrique du Sud.

Flickr/Gates Foundation
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Quand on pense au développement de la science, l’Afrique n’est pas la première région du monde qui vient à l'esprit. Pourtant, depuis le début des années 2000, les progrès sont réels 

La science en Afrique n’est pas encore au niveau de l’Europe ou même de l’Asie du Sud-Est. Alors qu’elle accueille 13,4% de la population mondiale, l'Afrique ne fait travailler que 2,4% des scientifiques et produit 2,6% des articles dans le monde. Toutefois, le continent a progressé ces dix  dernières années : selon les chiffres de la Banque Mondiale, cette production d’articles scientifiques a doublé entre 2003 et 2012. Tirés vers le haut par une Afrique du Sud qui fait office de locomotive, plusieurs autres pays développent leurs capacités scientifiques. 

Cette lente mais durable évolution scrutée périodiquement par le site afriscitech.com se joue essentiellement dans quelques pays que voici…. 

1 L’Afrique du Sud : championne toutes catégories

Les 7 pays d'Afrique où la science décolle

Peu de pays en Afrique sont dotés d’un observatoire spatial. Mais l’Afrique du Sud en possède plusieurs, comme celui-ci, l’Observatoire Astronomique Sud-Africain, situé au nord du Cap

Wikipédia

Le pays arc-en-ciel est installé à la première place en ce qui concerne la recherche scientifique en Afrique. Avec 9 000 articles scientifiques publiés en 2014, plus gros total du continent selon le dernier rapport sur la science de l’Unesco, cette place n’est contestée par personne. En 2015, 15 articles dont les auteurs provenaient d’Afrique du Sud ont été publié dans Nature ou Science, journaux de références dans le domaine. C’est autant que le Kenya, l’Egypte, le Sénégal, le Ghana et la Guinée réunis, pays suivants du classement. Et avec près de 5 milliards de dollars dépensés pour la recherche en 2012 (3,5 milliards de plus que le Nigéria, deuxième plus gros investisseur), chiffre appelé à monter chaque année, la présence de l’Afrique du Sud dans les publications de premier rang devrait continuer à progresser. 

2 Le Mali : champion francophone de l’investissement

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Cheick Modibo Diarra qui fut salarié de la Nasa est l’un des rares astrophysiciens à avoir été homme d’Etat. 

@cheickmdiarra / Twitter

Consacrer 1% de PIB à la recherche et développement d’ici à 2030, c'est le seuil fixé par l’ONU dans les Objectifs de Développement Durable (ODD), entrés en vigueur en janvier 2016. Mais cet objectif n’est pas si facile à atteindre. En Afrique, le pays francophone qui s’en tire le mieux est le Mali. Avec plus de 150 millions de dollars investis, soit 0,7% de son PIB, il est le troisième pays le plus performant derrière le Kenya et l’Afrique du Sud (la France frôle les 3% quand la Corée du Sud domine le classement avec 4,1%). Cependant, ces chiffres ne sont pas tout à fait représentatifs du niveau scientifique réel. Avec 29 chercheurs par million d’habitants, le Mali a du retard sur ses voisins : le Kenya en possède 230, 404 pour l'Afrique du sud. Quant aux publications, la tendance est la même. Le Kenya (30,2 publications par million d’habitants) et l’Afrique du Sud (175), sont très au-dessus du Mali qui n’en compte que 9 par million d’habitants. Malgré tout, cela prouve la volonté du gouvernement malien de développer la science et d'atteindre les objectifs fixés par l’ONU et l’Union Africaine.

Il reste qu’avec Cheick Modibo Diarra qui fut premier ministre en 2012 et candidat à l’élection présidentielle en 2014, le Mali est l’un des rares pays où un astrophysicien a pu connaître un destin politique. 

3 Le Sénégal : beaucoup de chercheurs mais des moyens limités

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L’université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal, une des plus ancienne d’Afrique de l’Ouest, et principale université du pays.

©Wikipédia

Si l'on s'intéresse au nombre de chercheurs, le pays francophone africain qui arrive en tête est le Sénégal, avec 361 scientifiques par million d’habitant. C’est même le deuxième meilleur total derrière l’Afrique du Sud en Afrique subsaharienne. Pour ce qui est du nombre de publication, avec  338 articles en 2014, il est seulement dépassé, côté francophone, par l’explosion des publications camerounaises (707 en 2014). L'écart est toutefois moins impressionnant lorsque l'on prend en compte la taille des populations : 31,7 articles publiés par million d’habitants au Cameroun, contre 24 au Sénégal. De plus, alors que la majeure partie des recherches sur le continent concernent la santé et l’agronomie, le Sénégal veut se diversifier, en investissant notamment dans la construction d’un observatoire astronomique. 

Les investissements suffiront-ils ? Avec seulement 0,5% de son PIB consacré à la recherche, tous les domaines scientifiques n’en profiteront pas. Résultat, le nombre de chercheurs augmente chaque année, mais le nombre de publications stagne depuis 2011, avec même une légère tendance à la baisse, quand tous ses voisins sont en augmentation. Pour optimiser la recherche au niveau national ainsi que dynamiser les universités, deux réformes ont été adoptées en 2014. L’une des principales mesures consiste à créer des conseils d’administration dans les universités, dont la moitié serait composée de personnes extérieures, y compris des représentants du secteur privé.

4 Le Nigéria : un développement solide mais paresseux

En 2014, le Nigéria est devenu la plus grande économie africaine. Son PIB a atteint 510 milliards de dollars et a dépassé celui de l’Afrique du Sud, estimé à 370 milliards. En août 2016, victime de la crise du pétrole, le Nigéria redevient le dauphin. Ces deux-là sont les rivaux africains en termes de développement, mais pour ce qui est de science, l’Afrique du Sud continue de dominer largement le duel. Le Nigéria est logiquement le deuxième pays le plus avancé scientifiquement au sud du Sahara, pourtant, l’on pourrait attendre plus du pays rendu riche par le pétrole. Avec ses 1 961 publications sur l’année 2014, il est largement au-dessus des autres pays d’Afrique subsaharienne. 

Mais 1,4 milliard d’euros investis dans la recherche font relativement peu, seulement 0,2% du PIB, pour une économie en telle progression. Pourtant, en 2009, le gouvernement avait mis en place une “vision” pour placer le pays parmi les 20 premières puissances économiques mondiales. Celle-ci comprenait 5 milliards d’investissements pour la Fondation Nationale de la Science, qui n’ont finalement pas été dépensés. Tout comme ce fameux 1% de PIB alloué à la science, voté dès 2011, cinq ans avant les ODD, mais qui n’est, lui non plus, pas atteint.

5 Le Ghana : symbole du développement exponentiel du continent

Lorsque l’on parle du développement de la science en Afrique, le Ghana est l’exemple parfait. Le nombre de ses publications scientifique a plus que doublé entre 2005 et 2014, faisant grimper le pays à la deuxième place des pays les plus prolifiques en Afrique de l’Ouest, derrière l’inatteignable Nigéria. Et cela vaut aussi pour la création d’emplois. Entre 2007 et 2010, le nombre d’employés dans la recherche et le développement est passé de 1 430 à plus de 3 000. La politique scientifique du Ghana est tournée vers le pragmatisme. 

En 2014, une loi est promulguée pour accentuer la science “pratique” destinée par exemple à réduire la pauvreté ou améliorer la compétitivité des entreprises. Loi qui a eu pour effet de motiver la Banque Mondiale à donner huit millions d’euros à l’Université du Ghana pour former des agriculteurs avec le niveau master ou doctorat… quitte à laisser la recherche fondamentale de côté, du moins pour le moment. Le Ghana a fait un choix pragmatique dans ce qui est l’une des grande problématiques des politiques scientifiques sur le continent. 

6 Le Kenya : moteur de l’Afrique de l’Est

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Trois chercheurs du Livestock Research Institute, spécialisé dans la recherche relative à l’agriculture et basé à Nairobi, Kenya.

wikipedia

En Afrique de l’Est, un pays se démarque nettement des autres : le Kenya. À lui seul, il publie presque autant que les deux autres plus prolifiques de la zone (1 374 articles en 2014 contre 1 622 pour l’Ouganda et l’Ethiopie réunis). Et il ne compte pas s’arrêter là. En 2013, une loi nommée Science, Technology and Innovation Act a permis l’augmentation des dépenses dans la recherche. Non seulement pour respecter les objectifs de développement de l’ONU, mais également pour faire évoluer l’économie kényane. Résultat, le pays dépense 0,8% de son PIB dans l’innovation, plus que n’importe quel pays africain. 

Un exemple de ces investissements : la création d’un pôle de recherche et d’industrie technologique à quelques kilomètres de la capitale Nairobi. Le but de cette “Silicon Savannah” : créer 200 000 emplois dans le secteur de la technologie de l’information et de la communication d’ici à 2030.

7 L’Egypte : quand l’Afrique du Nord tient tête à l’Afrique du Sud

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L'université Al-Ahzar, haut lieu de recherches en sciences humaines en Afrique.

Les pays d’Afrique du Nord sont eux aussi très performants. En tête, l’Egypte. Indicateur de développement parmi d’autres : on dénombre 42% de femmes chez les chercheurs. Les seuls pays du continent à faire mieux sont la Namibie et … l’Afrique du Sud, avec 43,7 % chacun. Avec plus de 8 000 publications en 2014, le pays suit presque la cadence de l’Afrique du Sud. Et il publie plus à lui tout seul que la Tunisie, l’Algérie et le Maroc réunis. Pourtant, après les révolutions et bouleversements politiques qui ont secoué le monde arabe et l’Egypte ces dernières années, cela n'allait pas de soi. Nature titrait même en 2015 Après le Printemps Arabe : la science dans la tourmente. Mais depuis, le pays a été félicité par l’Unesco dans son rapport sur la science, qui note que “la ferveur révolutionnaire s’est répandu dans la science”.

La principale différence avec les autres pays africains réside dans l'importance de l'investissement en sciences humaines. Un phénomène que l’on retrouve dans le Monde Arabe en règle générale. Au pays des pharaons, 51% des étudiants à l’université ont intégré des filières en sciences humaines en 2013 (archéologie, histoire, géographie...), contre moins de 20% en moyenne au sud du Sahara. L’importance du tourisme lié à l’histoire de l’Egypte y est pour beaucoup : à chaque découverte majeure, la présence des touristes occidentaux augmente. Pas étonnant que le gouvernement décide de stimuler ce secteur : le tourisme est l’un des moteurs de l’économie, représentant plus de 7 milliards d’euros de revenus en moyenne par an. Mais ce n’est pas la seule raison. Le pays connaît une longue tradition universitaire dans ces branches de la science. L’université Al-Ahzar, née en 975 ap. JC, est même l’unes des plus anciennes du monde, et la seconde bâtie en Afrique.

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