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Les 7 plus belles provocs de Gaby Cohn Bendit

Surprendre Par Eric Le Braz 22 mars 2016

Les 7 plus belles provocs de Gaby Cohn Bendit

Gaby s'interdit toujours de s'interdire

DR
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Le frère de qui vous savez est aujourd’hui un presque octogénaire fringant et flingueur. Découvrez cet électron libre qui vient de mettre en ligne toute sa prose… sans filtre.

Il y a deux Cohn-Bendit, celui qui parle et celui qui écrit. Le second est moins célèbre que le premier, mais il s’en fout : « Ça sert un frère célèbre », écrit aujourd’hui Gabriel Cohn-Bendit ; ça sert par exemple à publier des tribunes dans Libération, Le Monde, le Nouvel Obs, Ouest France ou le JDD... 

Gaby est peut-être l’aîné de la fratrie, mais c’est aussi le plus provoc des deux. En authentique libéral-libertaire, il s’interdit de s’interdire quoi que ce soit. 

Et aujourd’hui, il aggrave son cas en publiant un recueil de ses tribunes, explicitement intitulées « 80 ans ! Je persiste et signe... ». Quand on demande à Gaby, pourquoi il met en ligne aujourd'hui ce livre (en pdf), il répond : «J’avais envie de me faire plaisir. Je me fais un cadeau et je fais un cadeau aux copains ». Le cadeau explosif est accessible à tous sur son site gabycohnbendit.fr… et résumé dans ce qui suit. 

Accrochez vos ceintures !

1 Il soutient Faurisson

Les 7 plus belles provocs de Gaby Cohn Bendit

Avec un portrait de Gérard Fromanger en couverture

C’est la plus ancienne des tribunes (elle date de 1978) publiées dans ce recueil et pas la moins provoc’. L’un des plus célèbres juifs allemands de France prend la défense du négationniste Faurisson au nom de la liberté d’expression : « La seule façon efficace de combattre les ennemis de la liberté, comme on dit, est de leur accorder la liberté que nous revendiquons pour nous et de nous battre s’ils veulent nous la contester. Le fameux «pas de liberté pour les ennemis de la liberté» est en fait le Fourrier de tous les systèmes totalitaires et pas, comme on l’a cru, le rempart le plus efficace contre eux ». Certes, ça se défend.

Et Gaby de conclure : « Ce que je me refuse à faire, y compris aux néonazis, je ne suis pas prêt à l'accepter qu’on le fasse à des hommes comme Rassinier ou Faurisson dont je sais qu’ils n’ont rien à voir avec eux, et le procès intenté à ce dernier me rappelle plus l’Inquisition qu’une lutte contre le retour du pire. »

Quand on demande à Gaby s’il ne renie rien de ce texte, il en rajoute une couche: « Je suis contre la censure comme contre la peine de mort. Et pourtant je ne suis pas pour ceux qui assassinent des enfants. Je suis pas pour les idées négationnistes. Mais je veux combattre les idées pas les interdire ».  Gaby est vraiment Charlie.

2 Il veut supprimer l’orthographe

« Les gens devraient écrire comme ils veulent!... Qui a décidé que la langue écrite serait aussi loin de ce que l’on entend ? ». C’est une bonne question et nous le remercions d’y répondre : « La complexité de la transcription écrite du français est due aux académiciens à qui Richelieu avait donné la mission de faire ce travail. Ils ont dit clairement que «l’écrit devait permettre de distinguer le savant de l’ignorant et des femmes», d’où toutes ces références à l’étymologie, toute ces lettres muettes ».

L’aîné des Cohn-Bendit n’est ni femme, ni ignorant, mais il ne touche pas une bille en orthographe. Et d’ailleurs il remercie, dans son avant-propos, son épouse  d’avoir corrigé tous ces textes… dont ceux qui appellent à une révolte contre l’orthographe: « Aujourd’hui les élites préfèrent des textes sans la moindre faute d’orthographe et sans le moindre intérêt à un texte riche de sens mais plein de fautes, pas moi. Créons une académie de ceux d’en bas sans élection et costumes grand- guignolesque, dont feraient partie tous ceux qui le voudraient, on créerait «notre» dictionnaire. »

D’où un vaste programme auprès duquel l'éradication des accents circonflèxes passe pour une réformette riquiqui : « On supprimerait tous les «ph», les «th», les «y», fini les doubles consonnes, mourir et nourrir avec un seul «r» comme le voulait Voltaire qui par ailleurs écrivait «filosofe». Fini toutes ces lettres muettes comme les «s» ou «x», des pluriels des noms, car en français le nom propre est invariable ».  Bernard Pivot, au secours !

3 Il se fout de la République

Marianne a taxé de royaliste ce vieil anar  parce qu’il soutenait que les écoles des monarchies scandinaves étaient  meilleures que l’école élitiste républicaine avec « tous ces clivages sociaux ». Et ce spécialiste de l’éducation alternative d’enfoncer le clou en pilonnant le lycée, une invention du Premier Empire «  instauré pour fabriquer des fonctionnaires dociles et obéissants, en un mot des Papon et pas des Jean Moulin ».

Bon, mais pour Gaby, l’ennemi, ce n’est pas l’empire, c’est la République.  Démonstration : « La République ça n’existe pas, il y a des républiques et ces républiques sont aussi bien la Russie de Staline ou de Poutine qu’hier l’Allemagne de Hitler et aujourd’hui celle de Mme Merkel qui n’ont rien de commun ce que même Mélenchon reconnaîtra malgré son hostilité à l’Allemagne, enfin il y a la République Islamique d’Iran. Quelles valeurs ont en commun toutes ces républiques ? Quasiment aucune, si ce n’est que leurs dirigeants sont élus et que leurs fonctions ne sont pas héréditaires, contrairement à celles des monarques ».

Ce texte, prévu à l’origine pour Libé, n’a jamais été publié. S’attaquer à la République dont tout le monde se targue, semble bien un véritable tabou en France… 

4 Il s’attaque au coït et au phallus

Dans deux textes simultanés, notre pamphlétaire multicarte expose ses idés iconoclastes sur le sexe et l’amour. « Le premier a beaucoup plu aux femmes et beaucoup moins aux hommes », nous dit-il. Il faut dire qu’il entreprend d’émasculer le mythe du phallus, du coït et du Viagra-  au profit d’un panégyrique de la langue, car celle-ci «  contrairement au pénis, a cet avantage d’obéir à notre volonté, de rester en action le temps qu’il faut ». 

Conclusion : «L’orgasme masculin et féminin est possible sans coït, et à la portée de tous et de toutes.» D’où une certaine philosophie pratique : « Il faudra que l’homme s’y fasse: le pénis dont il est si fier se remplace aisément. En revanche, les mains, la bouche, les lèvres, la langue sont irremplaçables » Et une conclusion imparable : «  Tant que l’on ne vous aura pas coupé la langue, vous êtes des partenaires sexuels à part entière. Alors le Viagra, on s’en fout. ». Ce texte a donc reçu l’assentiment de ses amies… le suivant beaucoup moins. 

5 Mais il pilonne l’amour romantique

Les 7 plus belles provocs de Gaby Cohn Bendit

Gaby, période barbe rousse à Ouagadougou. Il a depuis obtenu la double nationalité franco-burkinabè.

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Reprenant une certaine conception de l’amour chez les grecs (anciens), il distingue différentes sortes de sentiments qui ressemblent aux distinctions entre agapè (l’amour universel), eros (le plaisir), storge (l’amour famililal) et philae (l’amitié).

« Être fidèle à un ami n’a jamais signifié n’en n’avoir qu’un », soutient Gaby Cohn-Bendit. Tandis que l’Amour est forcément exclusif. Une définition qu’il trouve profondement narcissique : « Tu n’adoreras d’autre Dieu que moi », voilà le désir profond et fou de tous les amoureux passionnés. » Et le coup de foudre alors ? « L’autre dans cette rencontre n’y est pour rien, on ne le connaît pas, il n’est qu’un portemanteau pour nos phantasmes. » Viennent des arguments pragmatiques : « Combien de couples préfèrent choisir de vivre dans l’ennui, la tristesse sans la moindre passion pourvu qu’il n’y ait pas de relations extraconjugales, plutôt que dans la joie, la passion avec le risque de relations extraconjugales ? ».

Mais attention, s’il glorifie le polymour, Gaby le pas si sage reste un libertaire qui ne veut pas pas imposer la tyrannie de ses théories : « Encore une fois, loin de moi l’idée de remplacer une vulgate par une autre, simplement affirmer que les voies de l’amour sont multiples, qu’il est d’autres pistes, tellement plus joyeuses et heureuses à mon goût. » 

6 Il est contre l'interdiction du voile à l’école

C’est une position qu’il soutient depuis la première affaire de Lila et Alma en 2003. Il n’a pas varié d’un iota depuis avec une position basique : « L’ école laïque, tolérante et ouverte, ce qu’elle n’est pas, loin de là, encore aujourd’hui – ce qu’on fait subir à Lila et Alma en est la preuve–se doit d’accepter tous les enfants avec ou sans voile, avec ou sans kippa, car c’est à l’école d’être laïque et non aux enfants. »

7 Et il brûle tout ce qu’il a aimé

Les 7 plus belles provocs de Gaby Cohn Bendit

Gaby, trublion des primaires de la droite : "S’il n’y a pas de danger je me ferai plaisir en votant pour mon amie NKM" 

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Déçu par les verts, il taille des costards à Duflot et Placé (le « politiburo ») et à peu près tous les ténors de l’écologie politique. Il lui arrive même d’égratigner son frère. Mais la cerise sur la tarte à la crème qu’il envoie à la face de la quasi totalité des ténors de la gauche, c’est son coming out ultime où, après avoir soutenu Hollande en 2012, il appelle tous ses « amis à participer aux primaires de la droite et à voter pour Juppé en tout cas au deuxième tour de ces primaires. S’il n’y a pas de danger je me ferai plaisir en votant pour mon amie NKM au premier. » 

Une position qu’il nous explique par la théorie du « moins pire ». Gaby se définit comme un traumatisé de 2002, élection pour laquelle il avait soutenu le candidat écolo d’alors, Noel Mamère, dont le beau score a probablement contribué à l’éviction de Lionel Jospin du premier tour. Cette théorie du moins pire l’a conduit à militer, lui le libertaire, pour l’autoritaire Ségolène Royal en 2007. Et aujourd’hui, ce franco-burkinabè (si, si, il a la double nationalité) terriblement déçu par Hollande et le débat sur la déchéance de nationalité, finit par  préférer Juppé ou NKM. Il votera pour l'un ou l'autre aux primaires de la droite pour ne pas se retrouver « dans un face à face Sarkozy Marine Le Pen ». Oui mais si ce face à face finit par avoir lieu ? Il a réponse à tout Gaby : « Je laisserai les Français faire leur choix ». 

Bon Gaby, pour éviter toutes ces contorsions intellectuelles, faudra peut-être dire à Dany d’aller au charbon…

Et bon anniversaire !

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