Sept liqueurs de mémé trop swag
Ringard le Noilly-Prat ? Hors circuit la Suze ? Sûrement pas. Comme les autres vieux spiritueux français, ils occupent le haut du shaker dans les mains des barmen les plus courus.
Le petit apéro ou digeo qu’on servait à mamie le dimanche midi a changé d’univers. Le voilà noctambule, fréquentant les bars à cocktails et les milieux djeun’s. Les barmen mixologisent bénédictine, guignolet ou lillet au rythme de leurs shakers. Ces vieux classiques avaient disparu à la Libération avec le débarquement du mode de vie à l’américaine. Pour être in the mood, il valait mieux commander un whisky qu’une fine à l’eau. Ce sont des bartenders français qui ont ressuscité ces vieilles liqueurs, devenues la base de leurs combinaisons les plus secrètes. En voici sept, indispensables aujourd’hui aux mélanges nocturnes.
1 | Lillet, James Bond's shot |
Cet apéro plutôt doux (6 ou 8 °) a été imaginé à Podensac en Gironde en 1887 dans sa version blanche. Il est constitué à 85 % de vin et pour le reste d’écorces d’orange macérées et de quinquina. Il est élevé en fûts de chêne et existe en version blanc, en rosé et en rouge. Il a toujours été une liqueur branchée chez les Anglo-Saxons, James Bond commande ainsi un Kina Lillet Martini ou Vesper dans Casino Royale. Mais il a retrouvé toute sa popularité, aidé par une campagne publicitaire monstre qui s’est déployée notamment dans le métro parisien.
Exemples de cocktails :
2 | Sœur Bénédictine |
Un digeo normand. C’est un négociant en vins, Alexandre Le Grand qui l’aurait inventé à partir d’un vieux recueil de recettes médicinales provenant de l’abbaye de Fécamp. En 1863, le marchand lance son nouvel élixir de santé. La bénédictine (40 °) est composée de 27 épices orientales et de 21 autres ingrédients dont le safran, l’arnica et la noix de muscade.
Exemples de cocktails avec bénédictine :
3 | Grand Marnier plus rouge que jaune |
Encore une liqueur créée au XIXe siècle, en 1880, à Neauphle-le-Château (78). C’est en fait une combinaison de distillat d’orange amère et de cognac qui titre à 40 °. Si en France on associe généralement son nom aux crêpes Suzette, aux États-Unis, qui représentent 90 % des exportations, on la boit surtout en cocktail. Préférez le Grand Marnier Cordon Rouge au Cordon Jaune, où le cognac est remplacé par de l’alcool de grain.
Exemples de cocktails :
4 | Guignolet trendy aux US |
Une liqueur d’Anjou (16 à 18 °) fabriquée avec des cerises noires et amères (« guignes »). C’est une sœur bénédictine qui l’a créée en 1632 dans la région de Saumur. Pendant longtemps remisée au fond des placards, elle est réapparue sur les comptoirs autour de 2010. Ainsi, les ventes de guignolet de la Distillerie Combier ont triplé entre 2008 et 2015. Et les États-Unis en sont les premiers importateurs. Exemples de cocktails avec du guignolet :
5 | Secrète Chartreuse |
Une liqueur distillée par les moines de La Grande Chartreuse à Voiron, dans l’Isère. L’élixir (55°) est né en 1737. Sa recette exacte est encore secrète aujourd’hui et seuls trois moines la connaissent. On sait qu’elle est élaborée à partir de 130 plantes de montagne sans aucun additif. Et elle est vieillie dans des fûts en chêne. Elle a été longtemps servie en digestif.
Exemples de cocktails :
6 | Suze, l'or des Alpes |
C’est un Suisse qui l’a inventée et un Français qui l’a développée. En 1795, un herboriste crée une liqueur à base de gentianes jaunes et l’appelle Or des Alpes. Puis en 1885, le négociant français Fernand Moureaux la rachète et la commercialise à grande échelle. Son titrage est passé de 32° à 16° à la Libération. Elle est une des liqueurs préférées des barmen. D’ailleurs, Pernod-Ricard, désormais propriétaire de la recette, en profite pour lancer des variantes et des séries limitées.
Exemples de cocktails :
7 | Noilly-Prat, vin de lumière |
C’est tout simplement un vermouth, mais créé en France, à Marseillan (34) par un certain Joseph Noilly. L’idée de base était de retrouver la saveur du vin importé par bateau qui était exposé aux intempéries. Le Noilly-Prat est élaboré à partir de vins blancs issus de différents cépages. Après huit mois de vieillissement, ils restent un an en plein air. Puis, on les assemble et on leur ajoute des mistelles et des alcoolats de citrons et de framboises. Vient ensuite la dernière phase, où le mélange est additionné d'une vingtaine d’herbes macérées. Le résultat titre de 16 à 18° selon les variantes.
Exemples de cocktails :
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