7 initiatives CITOYENNES et SOLIDAIRES face au coronavirus

Une des initiatives citoyennes qui s’est développée sur tout le territoire français concerne le prêt d’appartement.

Avec le confinement, de nombreux particuliers propriétaires ont fui les grandes villes, laissant leurs logements vacants. Il semble que le discours du 16 mars 2020 d’Emmanuel Macron ait été un élément déclencheur pour beaucoup d’entre eux. Le Président de la République y applaudissait notamment les “héros en blouse blanche” que sont les soignants. Il a également parlé de réquisitionner certains hôtels pour faciliter leur quotidien. 

Le personnel soignant a effectivement payé un lourd tribu dans la lutte contre l’épidémie. Nombreux sont les médecins et infirmiers qui se sont isolés de leurs familles par peur de les contaminer. D’autres luttent encore aujourd’hui entre leurs longues journées et les trajets à rallonge. 

Pour tous ceux-là, de nombreux citoyens citadins mettent à disposition leurs logements en centre-ville ou à proximité des hôpitaux. Il s’agit là d’un geste solidaire, et donc gratuit. Certaines agences immobilières se prêtent également au jeu. C’est le cas en Belgique, par exemple, où l’agence Latour et Petit a décidé de s’occuper gracieusement de la partie administrative de la démarche. Elle gère ainsi la vérification des pièces d’identité, l’état des lieux et les problématiques d’assurance.

Avec le confinement, les enjeux liés à l’isolement des seniors ou de personnes fragiles se sont exacerbés. Encore aujourd’hui, ces citoyens restent dans une situation de confinement, tributaires de l’aide extérieure.

Pour toutes ces personnes, l’entraide s’organise. De nombreux bénévoles effectuent des tournées de livraison de courses partout en France. Pour orchestrer ces initiatives citoyennes orientées ravitaillement, plusieurs idées voient le jour :

- le groupe Facebook Les coursonnettes permet aux seniors, aux personnes fragiles ou aux soignants de déposer leurs demandes d’aide ;

- la réserve civique permet aux jeunes volontaires de participer à la distribution alimentaire ;

- la startup Wi Pharma a mis en place une application smartphone qui permet d’organiser la livraison gratuite de médicaments ; 

- la start-up Mon Emile et la chaîne de solidarité Mamie Boom organisent le travail de bénévoles qui font les courses pour les personnes âgées, ou qui les aident à passer des coups de fil.

Le sujet des masques de protection fait encore aujourd’hui couler beaucoup d’encre. Les soignants ont subi de plein fouet la pénurie de masques FFP2 nécessaires pour assurer leur parfaite protection pendant l’épidémie. Ils se sont ainsi rabattus sur les masques chirurgicaux. Ceux-ci assurent une moindre protection. Ils se réservent d’habitude aux professionnels non-soignants, qui en ont ainsi été exceptionnellement privés. 

Alors que des tutoriels sur la fabrication artisanale de masques inondent le web, des centaines de bénévoles se sont ainsi mis à coudre des masques pendant le confinement. Il s’agit de masques en tissu, qui permettent de préserver les stocks hospitaliers pour les soignants, tout en offrant une protection aux non-soignants. Ces masques respectent les normes AFNOR pour assurer un bon niveau de filtration des particules virales.

Reste à préciser ici que ces masques en tissu n’assurent qu’une filtration partielle de l’air, comme le soulignait encore récemment 60 millions de consommateurs. La petite taille des particules virales implique effectivement d’utiliser des tissus dont le maillage assure une forte filtration, tels que les sacs d’aspirateur ou les torchons. Malheureusement, respirer à travers ce type de matière relève quasiment de l’impossible. Les tissus dorénavant utilisés, t-shirts ou taies d’oreiller, constituent, certes, une première barrière pour éviter la diffusion des gouttelettes. Pour une vraie protection, cependant, les mesures de distanciation sociale restent indispensables.

Le confinement a vu naître un mouvement citoyen sans précédent de livraison de repas aux personnes Sans Domicile Fixe. Il s’agit là notamment du projet #Poureux, qui a connu un gros succès dans plusieurs grandes villes. 

Le principe est simple et ne souffre d’aucune rigidité organisationnelle. Des bénévoles profitent de l'inactivité imposée par le confinement et le chômage partiel pour cuisiner des petits plats à destinations des sans-abris. Ils se déclarent ensuite auprès du réseau via un formulaire.

Un livreur est dès lors prévenu de la possibilité d’un ravitaillement. Il récupère les victuailles, et parcourt sa ville à la recherche d’une personne dans le besoin. Cette initiative citoyenne a permis à beaucoup de confinés de donner du sens à la période d’enfermement. Ce système de solidarité entre cuisiniers, livreurs et bénéficiaires a également déchargé les associations traditionnelles.

Avec le confinement et l’impossibilité de se déplacer loin de son domicile, de nombreuses initiatives de solidarité spontanée ont vu le jour entre voisins. Comme souvent dans ces cas-là, ces projets ont trouvé le support d’individus inspirés, qui leur donnent une structure :

- En première ligne est un site web éphémère créé par Grégory Grellet. Cette plateforme permet de se désigner volontaire pour aider les populations à risque près de chez soi, ou le personnel soignant qui a besoin de faire garder ses enfants. Ce site web a vocation à disparaître avec la fin de l'épidémie de coronavirus. Il ne génère donc aucun profit commercial. 

- le site internet Voisins Solidaires propose un “kit” d’entraide entre voisins. C’est Atanase Périfan, le fondateur de la Fête des voisins, qui l’a fait naître. Il s’agit d’une affiche à placarder dans le hall de son immeuble pour organiser la solidarité de voisinage. Ce dispositif centralise les demandes d’entraide de proximité, sans pour autant générer de contact direct entre personnes.

Avec le confinement, les craintes quant à une possible pénurie alimentaire ont poussé nombre de Français à acheter leurs denrées dans des quantités inhabituelles. Il n’y a pourtant pas, pour le moment, de réel problème d’approvisionnement. Il n’en reste pas moins, cependant, que les agriculteurs ont manqué de main d’œuvre pour mener à bien leurs missions quotidiennes.

Wizifarm Mission est un site internet qui a vu le jour grâce à la collaboration des organismes agricoles et de Pôle Emploi. Des bénévoles y proposent leurs services, munies de leur CV. Si elles sont embauchées, elles reçoivent un salaire et opèrent dans le respect des règles sanitaires. 

Cette plateforme permet aux agriculteurs de chercher des travailleurs pour des tâches aussi diverses que le semis, la plantation, la cueillette, ou pour des missions plus techniques, comme la conduite d’engins agricoles. Ils accèdent ainsi à un vivier de volontaires classés par compétences.

Si certains se portent bénévoles sans savoir ce que leur réservent leurs futures missions, d’autres décident de mettre à profit leurs compétences. C’est le cas de l’ingénieur informatique Lior Perez, qui mobilise une communauté de data scientists et de développeurs autour de la collecte de données sur l’épidémie de coronavirus en France. 

Depuis début mars 2020, des centaines de passionnées de la donnée se rassemblent ainsi sur Slack au sein du groupe « Data Against Covid-19 ». Ils échangent sur les données COVID-19 du jour. Certains épluchent les communiqués de presse des ARS et les dépêches locales. D’autres se chargent d’appeler directement les hôpitaux.

Etalab, une administration publique chargée des données publiques, a rejoint la communauté de geeks en cours de route. Elle se charge d’informer le gouvernement des travaux en cours. Data Against Covid-19 compte aussi des médecins, des fonctionnaires du ministère de la Santé et des soignants.

Toutes ces participations permettent de dresser une « veille-coronavirus », qui cartographie quotidiennement les hospitalisations, les places en réanimation et les décès liés à la pandémie de COVID-19. Le projet vise ainsi principalement à aider les professionnels de santé à détecter les hôpitaux où des lits sont encore disponibles en réanimation.

Ce travail de collecte permet de soulager la Direction Générale de la Santé. C’est donc logiquement que Santé Publique France a ouvert ses bases de données à cette communauté le 22 mars 2020. Si bien qu’elle est devenue le tableau de bord officiel du gouvernement depuis le 28 mars 2020.