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7 raisons pour lesquelles le remaniement ministériel pourrait ne rien changer !

Décrypter Par Philippe Kerforne 31 août 2020

7 raisons pour lesquelles le remaniement ministériel pourrait ne rien changer !

L’Hôtel Matignon : résidence du Premier Ministre

gouvernement.fr
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Le 6 juillet 2020, Emmanuel Macron chargeait son Premier Ministre surprise, Jean Castex, de former un nouveau gouvernement. Ceci pour impulser un nouvel élan à une ancienne équipe en panne et afin de rebondir face à la terrible pandémie planétaire de la Covid-19. Mais, sans doute aussi, dans la perspective de préparer les élections présidentielles de 2022 en présentant un bon bilan. Bon ou mauvais calcul pour le Président ?

Tel le choix d’un Premier Ministre sorti de son chapeau, le Président Emmanuel Macron a pris un gros risque qui pourrait bien fonctionner ou se retourner contre lui ! il n’est pas question ici de prendre partie pour ou contre ce remaniement ministériel mais d’évaluer les chances de réussite de l’équipe Castex. Or, après une étude, à partir d’éléments objectifs et subjectifs, voici 7 raisons pour lesquelles il y a de fortes raisons de penser que le nouveau gouvernement ne pourra pas changer grand-chose à la situation actuelle. En espérant comme le dit le fameux proverbe que : « Nul n’est prophète en son pays ! »

1 On prend (presque) les mêmes et on recommence !

7 raisons pour lesquelles le remaniement ministériel pourrait ne rien changer !

Conseil des ministres 29 juillet 2020

elysee.fr

En fait, si on analyse la liste du nouveau gouvernement nommé le 6 juillet 2020 et si on ne se laisse pas aveugler par les effets d’annonces dans les médias et les projecteurs braqués exagérément sur les quelques entrants, il n’y a que peu de changements par rapport au précédent gouvernement ! Nous ne parlerons ici évidemment que de ceux qui jouent en ligue 1 (les ministres) et non de ceux qui évoluent en ligue 2, sans leur faire injure (les secrétaires d’état).

Ainsi, pour différentes raisons, on a essayé de faire oublier que le « nouveau gouvernement » n’est en fait « nouveau » qu’au tiers de son effectif ! Ce bouleversement numérique mineur a été occulté principalement à cause des nombreux émissions et articles consacrés aux principaux entrants (le Premier ministre : Jean Castex, le ministre de l’intérieur ; Gérald Darmanin) et le ministre de la Justice ou Garde des Sceaux (Éric Dupond-Moretti). De même, la soi-disant nouveauté de ce mini-remaniement ministériel ressemblerait à un non-évènement si on n’y ajoutait pas les entrées de deux « revenantes » : Roselyne Bachelot au ministère de la Culture et Barbara Pompili au ministère de la Transition Ecologique.

2 Un Premier ministre ? Quel Premier ministre ?

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Jean Castex, Premier ministre

wikipedia creative commons

Prenant à contrepied tous les pronostics des commentateurs politiques, la nomination de M. Jean Castex au poste de Premier Ministre a surpris tout le monde, car presque personne ne s’y attendait. De nombreux noms avaient circulé précédemment à cette nomination. Pour avoir suivi une grande partie des débats, notamment sur les chaînes d’information en continu, je ne me souviens pas avoir entendu prononcer ce nom. Qui plus est, quand M. Jean Castex a été nommé, beaucoup de personnes, y compris parmi les « spécialistes », ont ouvert de grands yeux à l’énoncé du nom de ce quasi-inconnu !

Ceux qui avaient travaillé leurs dossiers se rappelaient vaguement que cette personne avait été le « Monsieur déconfinement » ; un nombre encore plus infime aurait pu dire à l’époque que M. Jean Castex avait été secrétaire adjoint de la présidence de la République entre 2011 et 2012 dans le gouvernement Sarkozy ! Ceux qui savaient alors que Jean Castex était maire de Prades devaient se compter sur les doigts d’une main.

Que va-t-il changer à la politique précédente, apparemment pas grand-chose vu le temps qu’il reste avant les élections de 2022 et le fait que beaucoup de commentateurs le considèrent comme le VRP du Président. Certaines mauvaises langues prétendent même qu’il a été nommé pour ne pas faire d’ombre à Emmanuel Macron, échaudé par l’expérience avec Edouard Philippe. L’ancien Premier ministre avait réussi à devenir plus populaire que celui qui l’avait nommé !

3 Un temps trop court pour des réformes

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pixabay

Une autre raison pour laquelle, le nouveau gouvernement ne pourra pas faire grand-chose est que le temps joue contre Emmanuel Macron avant les élections présidentielles de 2022. Cet argument pragmatique peut permettre de supposer que le remaniement ne pourra faire que peu de changements ! En effet, le Président Emmanuel Macron avait entamé tout un train de réformes qui ont rencontré, et rencontrent encore, de nombreux obstacles bien avant le déclenchement de la pandémie Covid-19.

Avant le coronavirus, il y avait eu le mouvement des Gilets Jaunes, une longue grève (un des plus longues dans l’histoire de la Vème République) contre la réforme des retraites. puis le coronavirus est arrivé et a tout bouleversé depuis janvier 2020. Non seulement la réforme des retraites a été reportée, ainsi que, sans doute, de nombreuses autres, mais l’économie du pays a été mise à genoux et aura du mal à reprendre son rythme avant longtemps. Qui plus est, avec le chômage de masse qui menace et la baisse annoncée du PIB, le gouvernement aura de quoi faire. Il paraît difficile qu’il puisse, en parallèle, mener les réformes annoncées. Nous lui souhaitons, sans ironie, bon courage !

4 Un cap inchangé mais difficile à tenir !

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Une autre raison pour laquelle le nouveau gouvernement ne pourra pas faire grand-chose rejoint certaines de celles précédemment exposées comme les nouvelles priorités causées par la pandémie ; la principale : remettre l’économie du pays en marche. Il faudrait une à deux années pour y parvenir, soit 2021, pour les plus optimistes, voire 2022 ou plus tard suivant d’autres économistes.

Or, les élections présidentielles se déroulent en 2022, donc les délais semblent un peu serrés, non seulement pour remettre la France sur pied, mais aussi pour entamer de nouvelles réformes. Qui plus est, le Président Emmanuel Macron a, de toutes façons, déclaré qu’il ne changerait pas de cap ! c’est-à-dire qu’il poursuivrait coûte que coute ses réformes. Or, ces réformes annoncées avaient été faites avant le début de la pandémie. Il est donc difficile d’expliquer comment, dans les nouvelles conditions économiques actuelles, le Président pourrait être en mesure de respecter ses promesses.

Malgré ce nouveau contexte, M. Emmanuel Macron persiste et signe comme si rien ne s’était passé, comme s’il n’y avait pas une crise sanitaire d’une ampleur mondiale quasiment unique dans l’histoire de l’humanité. Le Président a sans doute ses raisons…

5 Beaucoup de déplacements mais peu d’actes !

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Le Président Emmanuel Macron, le Premier ministre (Jean Castex) et nombre de ses ministres (notamment Gérald Darmanin à l’Intérieur et Éric Dupond-Moretti à la Justice) nous promettent qu’il y aura de grands changements dans les mois à venir. On ne demande pas mieux que de les croire mais, à cette date, on n’a pas vu grand-chose. Il faut leur accorder effectivement le bénéfice du doute, car les réformes ne se font pas facilement et prennent du temps et en prendront certainement vu l’ampleur des tâches qui attendent les différents ministres.

Il est attendu du Premier ministre une restauration de l’image de marque du gouvernement et une plus grande cohérence dans ses actions, donc moins de dissonances entre les différents ministres. M. Gérald Darmanin doit renouer le lien rompu avec les forces de l’ordre mais aussi avec les Français qui attendent un retour de l’autorité. M. Éric Dupond-Moretti sera évalué sur sa capacité à remettre en place le système judiciaire souvent montré du doigt pour son laxisme (réel ou supposé) mais qui manque cruellement de moyens tout comme le ministère de l’Intérieur d’ailleurs.

Même s’il faut leur laisser du temps, les ministres se font surtout remarquer par leurs nombreux déplacements au moindre prétexte et, souvent, à retardement. Il est évidemment important qu’ils aillent sur le terrain mais il est cependant à noter que, malgré leurs discours et leurs menaces du bâton, les choses n’ont pas vraiment changé… outre l’impact carbone et les dépenses engendrés pour le citoyen par leurs innombrables déplacements ! Trop de communication tuerait-il la communication ?

6 Une crise économique, sanitaire et psychologique qui va durer !

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Même si personne ne peut prévoir l’avenir, on peut prédire, sans trop de risque de se tromper, qu’il s’annonce très sombre ! La liste des prévisions pessimistes devrait refroidir même le lecteur (ou la lectrice) le (ou la) plus optimiste ! Ainsi, les prévisions de croissance vont de -12,5% pour le Fonds monétaire internationale (FMI) à – 9% pour l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee) en passant par -10% pour la Banque de France. Quelle que soit l’estimation choisie, on ne peut pas vraiment avoir beaucoup d’espoir pour un redressement avant 2021, voire même en 2022 !

Or, c’est l’année des élections présidentielles, donc le temps est plus que compté pour un gouvernement qui sera bien occupé à redresser la situation, voire à ce qu’elle ne s’aggrave pas plus ! Loin de moi l’idée de vous casser encore plus le moral mais on n’a pas encore parlé du chômage. En effet, l’arrêt du pays pendant le confinement et son redémarrage très difficile vont grossir inéluctablement les statistiques du chômage, malgré les mesures de chômage partiel. Celui-ci a certes empêché l’écroulement total de l’économie mais, bien qu’il soit reconduit jusqu’en décembre 2020, il aura du mal à freiner les plans de licenciements et à empêcher de voir grossir les rangs des chômeurs.

Toujours selon la même liste de prévisions, le taux de chômage pourrait atteindre un pic de 11,5% de la population active à l’été 2021 !  Bref, la crise sanitaire puis économique risquent de créer une crise sociale massive au sein de la population se retrouvant avec peu de ressources.

7 Le régime présidentiel : un régime monarchiste ?

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Une autre raison, cette fois-ci structurelle, qui pourrait empêcher le gouvernement de changer la situation actuelle, est la nature même de la constitution de la Vème République. De nombreux spécialistes des institutions déclarent depuis de nombreuses années, voire décennies, et même depuis l’instauration de la République en France, que le Président est, en fait, un autre nom pour le Roi ! Celui-ci aurait été renversé, à la Révolution, pour mettre fin au régime monarchiste, mais aurait finalement aboutit à un nouveau régime monarchiste ! La Vème République, au-delà et à cause de ses institutions, aurait permis de renforcer encore plus le pouvoir d’un Président qui serait un roi qui ne dirait pas son nom.

Il est un fait que les institutions confèrent au Président des pouvoirs très grands. A part le fait qu’il soit élu par le vote au suffrage universel direct, ses prérogatives sont proches de celles d’un roi ! Une fois élu, le Président, selon la constitution, a quasiment tous les pouvoirs. Il nomme le Premier ministre qu’il « charge » de former un nouveau gouvernement. En fait, le Premier ministre n’a aucune chance d’intégrer dans le gouvernement quelqu’un qui ne plairait pas au Président ! De même, celui-ci peut révoquer son « employé » (le Premier Ministre) quand bon lui semble sous le prétexte qui lui plaira, même s’il trouve toujours évidemment une raison officielle pour cela ! Le Président peut également dissoudre l’Assemblée Nationale à tout moment mais la réciproque n’est pas possible.

La liste de ses prérogatives régaliennes est très longue. Qui plus est :  quelles que soient ses malversations réelles ou supposées, un Président bénéficie de l’immunité judiciaire durant la durée de son (ou de ses) mandat(s) ! De plus, il possède le droit de Grâce qui lui permet de gracier toute personnes, même malgré l’avis de la magistrature.

Or, Emmanuel Macron, lui-même, semble regretter la disparition du roi. Si le Président est vraiment dans cette disposition d’esprit de se comporter comme le « souverain actuel » : il peut décider de mener ses réformes coûte que coûte. Cependant, si la situation économique ne s’améliore pas, on ne voit pas comme le nouveau gouvernement pourrait changer grand-chose d’ici les élections présidentielles de 2022 ; délai qui pourrait être trop court pour faire aboutir des réformes de fond !

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