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Bilan économique de la voiture électrique en 7 points

Décrypter Par Philippe Kerforne 04 décembre 2022

Bilan économique de la voiture électrique en 7 points
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Pour contribuer à la réduction des émissions de CO2, notamment celles des véhicules neufs, l’Europe a décidé d’interdire la construction de voitures thermiques à partir de 2035 au profit de véhicules électriques. Or, pour beaucoup de professionnels, cette décision relève d'une utopie. Voici 7 raisons pour lesquelles la voiture électrique n’est pas si économique que cela !

Il est certes, louable de vouloir réduire la pollution, mais la tendance actuelle est de culpabiliser le conducteur. Celui-ci est une cible facile ! Nénamoins, il est souvent difficile, pour la majorité de la population, notamment en province, de se passer de sa voiture, en particulier pour aller au travail.

La voiture électrique est, souvent, présentée comme une baguette magique pouvant solutionner tous nos maux écologiques. Dans la réalité, ce n’est pas prêt de l’être, même selon des patrons de grands groupes automobiles et de nombreux experts.

(Article non financé par l’industrie automobile ou le lobby pétrolier et gazier :))

1 Voiture thermique : Un impact limité sur le dérèglement climatique

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L’objectif principal de toutes les mesures, visant notamment les véhicules thermiques, est de réduire la pollution et de lutter contre le dérèglement climatique. Or, il semblerait que la voiture électrique n’ait qu’un impact restreint dans ce domaine ! Selon un rapport de la Commission européenne, le secteur polluant rejetant le plus de CO2 est celui des transports. Il totalise, à lui seul, 30% des émissions de ce gaz dans l’Union Européenne.

Le domaine des transports inclut les secteurs aériens, maritime et routier. Sur ces 30%, le transport routier compte pour 70% des émissions de C02. Les rejets de CO2 par les automobiles comptent pour 60% de ces rejets du transport routier. Ce qui réduit ceux-ci à une part infime de la pollution par le CO2. En définitive, selon la Commission Européenne, le pourcentage total des émissions de CO2 dans l’atmosphère par les véhicules et utilitaires légers, ne représente qu’1,45% des rejets de CO2 au niveau mondial ! Devant ce bilan, doit-on vraiment sacrifier les véhicules thermiques ?

2 Voiture électrique : Un coût élevé de l'installation de bornes de recharge

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Au vu de la marche forcée vers le développement du marché de la voiture électrique, et de l’interdiction de construire des voitures thermiques en 2035, un autre défi coûteux se présente : celui du rechargement des véhicules électriques. De nombreux experts, et notamment l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), s’inquiète de la faisabilité de la construction d’un nombre suffisant de bornes de recharge.

Il ne faut pas y voir un réflexe corporatiste des constructeurs automobiles, car ils sont dans l’obligation de passer à la fabrication d’automobiles électriques ! Mais, en tant que professionnels du secteur, ils s’inquiètent de ce problème de recharge électrique ! Or, il semble que le retard pris n’augure pas d’un avenir radieux quant à la construction d’un parc suffisamment important de bornes de rechargement !

Le but du programme européen de développement de ces bornes est de disposer de bornes de 300 kW tous les 60 km. Non seulement, cet objectif semble difficile à réaliser rapidement mais, de plus, il ne concerne que les grandes axes routiers (les autoroutes). Quid des nationales ?

Le gouvernement français prévoit de compenser cet inconvénient par un plan d’accompagnement du déploiement des bornes de recharge électrique pour les véhicules en lui allouant 100 millions d’euros. Cependant, le délai de réalisation effectif de ce plan d’équipement reste encore très vague. On ne sait pas s’il arrivera à suivre le développement croissant des ventes de voitures électriques.

3 Voiture électrique : Une production d’électricité carbonée

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La fabrication, mais, surtout, la recharge et l’alimentation de véhicules consommant de l’électricité soulèvent un autre problème. En effet, cette production d’électricité n’est pas vraiment verte et dépend, principalement de l’utilisation de combustibles fossiles et de l’énergie nucléaire.

Ainsi, l’abandon de cette dernière filière, notamment en Allemagne, a conduit à une utilisation intensive ou à la réouverture de centrales à charbon. Ce mouvement s’accélère, à cause de la crise énergétique actuelle, notamment provoquée par le boycott, par l’Union Européenne, du gaz et du pétrole russes. Or le charbon est une source d’énergie des plus polluantes au monde. Ce combustible fossile produit 3,5 tonnes de CO2 par tonne consommée, soit des émissions 1.5 fois supérieures à celles du gaz et 1,3 fois supérieures à celles du pétrole.

Quant au nucléaire, une énergie non carbonée, l’abandon par la France de son programme nucléaire depuis une dizaine d’années a entraîné une grande négligence dans l’entretien des centrales. Le résultat est, qu’à date, une centrale sur deux est à l’arrêt. Qui plus est, le programme de construction de mini-centrales nucléaires ou RPE (Réacteur pressurisé européen) devrait prendre un certain temps.

Il est prévu la construction de six EPR2 en France pour...2050 ! De plus, le développement et le rendement des énergies renouvelables (éoliennes, panneaux solaires, barrages hydroélectriques...) est notoirement insuffisant (8,4% de la production d’électricité au 1er trimestre 2022). Ce qui ne laissera le choix, dans les mois à venir, que d’utiliser massivement le charbon pour produire l’électricité nécessaire à l’alimentation d’un nombre croissant de véhicules électriques.

4 Voiture électrique : Une voiture très consommatrice de matières premières

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L’augmentation de la vente de voitures électriques pose un autre problème : celui de la fourniture de matières premières servant à la fabrication des batteries. Il n’est pas certain que la vitesse d’extraction de ces matières premières suive celui de la production de véhicules électriques. Se poseront inévitablement des problèmes d'exploitation des ressources mondiales existantes, mais aussi de l’exploitation, voire de la mise en esclavage, des populations qui extraient ces ressources, notamment, des enfants, et de la pollution de l’environnement des mines exploitées. Or ces ressources ne se trouvent pas en Europe et, pour l’instant, 70% de la production mondiale de batteries électriques vient de Chine !

La fabrication d’une batterie électrique nécessite l’utilisation de lithium, de cobalt, de manganèse, de terres rares et de nickel. Le lithium vient à 59% d’Amérique du Sud, le cobalt est, principalement, originaire de la République démocratique du Congo. Le nickel vient, majoritairement, d’Indonésie, des Philippines et de Russie. La Chine est le principal producteur de terres rares avec 60% de la production mondiale. 

Face à la pénurie prévue et à la hausse du prix des matières premières entrant dans la composition des batteries électriques, l’annonce du groupe Imerys de l’exploitation, d’ici 2027, d’une des plus grandes mines européennes de lithium dans l’Allier a soulevé une vague d’espoir. Même si cette entreprise pense extraire assez de ce minéral pour fabriquer des batteries électriques pour 700 000 voitures par an, cela reste une prédiction hasardeuse. Qui plus est, cette extraction sera, de toute façon, insuffisante pour couvrir la demande en lithium pour alimenter les batteries électriques.

5 Voiture électrique : Une augmentation du prix de l’électricité

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Si la voiture électrique est apparue, pendant un moment, comme une solution idéale pour réduire la hausse des températures et celle des gaz à effet de serre (notamment le CO2), de nombreux facteurs amènent à modérer l’enthousiasme initial. La voiture électrique n’est pas à rejeter, mais est un moyen parmi d’autres pour lutter contre le réchauffement climatique.

Parmi les autres facteurs qui ne rendront pas le véhicule électrique vraiment économique, on peut citer le prix de l’électricité qui n’est pas prêt de s’arrêter de monter. Ceci, en grande partie à cause des sanctions prises contre la Russie. Cette hausse aura un fort impact pour les particuliers quant à l’achat d’un véhicule électrique. Il semble, en effet, y avoir un paradoxe entre les mesures de sobriété énergétique prônées par le gouvernement et l’incitation massive, notamment par les aides étatiques et la publicité, à l’achat de véhicules électriques !

Ainsi, en plein mois de novembre 2022, les responsables du réseau de transport d’électricité (RTE) mettaient en garde contre une possibilité, durable et très forte, de tensions (pour ne pas employer le mot de « coupures» ) en France dès Janvier 2023 ! Il semble osé, dans ces conditions, de pousser à l’achat de voitures électriques quand on parle déjà de probables interruptions, voire de plusieurs heures, chez les particuliers ! il serait, donc, pour l’instant, plus prudent de mettre la pédale douce, au moins temporairement, sur l’achat de véhicules électrique.

Ceci, même si le gouvernement a mis en place un bouclier tarifaire, mais qui ne pourra pas être prolongé éternellement. Le bouclier tarifaire pour les particuliers s’arrêtera pour le gaz, le 1er janvier 2023, et, pour l’électricité le 1er février 2023. Ensuite, l’augmentation devrait être au minimum de 15% ! Ce qui rendra la recharge beaucoup plus chère, notamment aux bornes publiques où l’augmentation pourrait atteindre 50% !

6 Voiture électrique : Production de GES et particules nocives

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Cette affirmation pourrait sembler erronée alors que la faible émission de gaz à effets de serre est l’argument principal de l’achat d’un véhicule électrique. En effet, de nombreuses études ont montré qu’il émettait moins de CO2 qu’un véhicule thermique.... Au pot d’échappement !

Ainsi, un véhicule électrique produit, en moyenne, 77% d’émissions de CO2 de moins qu’une voiture thermique. Cet argument valable fait l’impasse sur la fabrication des véhicules et des batteries électriques qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre ! La production d’électricité est un atout en France, car celle-ci, peu carbonée, présente un fort avantage écologique.

Le bémol est le prix de l’électricité qui, en augmentant, rendra le véhicule électrique moins économique. Cet avantage national d’une énergie non carbonée est, hélas, à relativiser par les modes de production électrique chez la plupart des autres pays européens. Par exemple, l’Allemagne qui utilise majoritairement des centrales thermiques à charbon, un combustible fossile très polluant. Par ailleurs, le poids des batteries alourdit la voiture électrique et augmente la consommation d'énergie et l’émission de particules nocives dans l’atmosphère selon le rapport de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) ! Cette émission toxique dans l’air est aggravée par la production de particules causée par l’abrasion provoquée par les freins, l’usure des pneus et de la chaussée plus importantes avec un véhicule électrique plus lourd.

7 Voiture électrique : Vers une probable augmentation des impôts et des taxes

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Si la voiture électrique est un des moyens pour réduire la pollution et lutter contre le réchauffement climatique, elle risque de devenir encore moins économique si le gouvernement ne prend pas les bonnes mesures fiscales. Il se peut, en effet, que les impôts et les taxes augmentent considérablement au fur et à mesure que la voiture électrique se développera. Ce qui s’ajouterait au coût supplémentaire de la recharge des batteries électriques avec les hausses des prix de l’électricité à venir ! 

Il faut, en effet, tenir compte des rentrées fiscales de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Selon les estimations du ministère des Finances, les recettes cumulées TICPE/ TVA en 2022 devraient rapporter plus de 41 milliards d’euros ! L’État devra trouver un moyen de compenser cette énorme perte pour le budget national. L’État subventionne déjà le passage à l’électrique par des bonus à l’achat et des primes de reconversion. En 2020, ces dépenses avaient été de 700 millions d’euros, montant qui devrait augmenter dans les mois à venir. Il n’y aura pas d’argent magique pour compenser la perte fiscale des taxes sur les énergies fossiles. Il y a fort à parier que les impôts et la TVA augmenteront et que l’État inventera de nouvelles taxes, notamment sur... les voitures électriques !

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