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Connaître les 7 souffrances au travail (pour s’en débarrasser)

Savoir Par Hervé Resse 07 septembre 2018

Connaître les 7 souffrances au travail (pour s’en débarrasser)

L'union fait la force

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Même si les risques psychosociaux n’ont pas été reconnus comme maladies professionnelles par la loi, les souffrances au travail existent bel et bien… Un petit tour d’horizon, vite fait bien fait ?

Olivier Delorme publie aux Editions Géréso un ouvrage de management d’une belle richesse, intitulé Humaniser la performance au travail, lequel propose en sous-titre des voies pour y « réconcilier bien-être et efficacité » … L’ouvrage est largement documenté, et peut concerner tout manager soucieux de confronter son regard aux connaissances. Or on sait qu’une des fragilités des cultures managériales en France, réside souvent dans le déficit de formation continue permettant leur bon exercice. Certes : tous les managers ne sont pas déficients ; et tous ceux qui le sont, ne le sont pas par bêtise ou par cruauté. N’en demeure pas moins que la souffrance au travail est une réalité, qui ne se soigne pas uniquement à coup de soirées festives, de séminaires ludiques supposés redonner peps, tonus, et motivation. Et qui par ailleurs, coûte chaque année, dans tous les pays d’Europe, entre 3 et 4 points de PIB.

Les RPS (risques psycho sociaux), sont une réalité avérée. Ils peuvent conduire au Burn-Out (épuisement professionnel), au Bore-out (angoisse et dépression pour cause d’inactivité constante), voire au Brown-out (sentiment constant d’inutilité, d’absence de sens). Nulle organisation n’est contre ces maux immunisée par nature : ils frappent également des entreprises privées ultra-concurrentielles, des administrations ou entreprises publiques ; des associations, des ONG. Plus généralement tout type d’organisation où le travail constitue le lien entre les participants, peut devenir un foyer de souffrance au travail. 

On peut la jouer facile, et partir du principe que le problème vécu par une personne relève de sa seule responsabilité : elle se plaint tout le temps, n’est jamais contente, rien ne se passe jamais comme elle veut. On s’accordera cependant sur ce postulat : les personnes authentiquement de mauvaise foi sont une infime minorité de celles qui souffrent ; tout comme les « faux chômeurs » ne sont pas la majorité de ceux qui cherchent un emploi. Par ailleurs il faut considérer, et nous l’avions fait, que le labeur n’est pas comme le disait un humoriste « la plaie des classes qui boivent », mais un élément clé de notre affirmation sociale, où nous sommes censés exprimer des talents, une utilité, et y trouver une reconnaissance, pécuniaire… mais pas seulement ! 

Au cœur de son ouvrage à la fois théorique et pratique, Olivier Delorme est amené à identifier les principales causes de souffrance. Les rappeler n’a ici de sens que pour aller à leur encontre. Or si la souffrance peut s’apparenter à un malaise global, c’est en pointant vraiment, dans l’organisation de son travail, les voies d’amélioration qu’on peut « lutter contre ». Et se réapproprier mieux-être, voire plaisir, à travailler.

1 Souffrance au travail : Le manque de reconnaissance d’un travail bien fait

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Les petits chefs qui s’imaginent déchoir en exprimant la moindre satisfaction, les pseudos managers persuadés qu’il n’y a pas d’autre moyen si l’on veut obtenir de chacun le meilleur, que d’exiger toujours davantage sans le dire, participent, consciemment ou non, à une déshumanisation des relations sociales au travail.


Étrangement, lorsque je remercie une personne pour la qualité de son accueil téléphonique, pour son écoute, pour la qualité de ses conseils, il est fréquent qu’en retour elle manifeste une surprise ; ou qu’elle réponde par une pirouette, telle que « c’est normal monsieur, je ne fais que mon travail ». De façon un peu surprenante, bien des gens semblent donc gênés, ou désarçonnés qu’on leur exprime une satisfaction pour avoir convenablement fait leur job.


Pourtant derrière cette posture sociale, il demeure certain que la reconnaissance ne peut provenir exclusivement du salaire touché (quel qu’en soit le montant). Qu’on soit client, supérieur hiérarchique, partenaire ou fournisseur, si l’on prenait davantage le temps d’exprimer par un mot, un compliment, la satisfaction qu’un travail ait été conduit à bien, en temps, et selon les critères espérés, il est probable que cette bienveillance par capillarité, porterait des fruits qui profiteraient à tous. En somme, il faut aussi savoir accepter les éléments de reconnaissance qui passent, et aussi s’autoriser à les rechercher.

2 Souffrance au travail : L'absence de moyens pour produire un travail de qualité

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Nous sommes d’accord, l’idéal n’est pas de ce monde. Et nous savons tous que la maîtrise des coûts fixes et variables est une « épreuve reine » dans toute entreprise post-moderne. Pour autant, personne ne peut durablement maintenir un haut degré de motivation s’il ne dispose pas des moyens convenables pour effectuer son travail. 


Souvent, un déficit de moyens finira par être ressenti comme un manque de considération pour l’utilité du travail produit… Puis en conséquence, pour la personne en charge de sa réalisation. Exprimer des demandes de moyens accrus suppose de les mettre en balance avec une vraie valeur ajoutée, qualitative ; ou plus encore, quantitative, qui pourra les justifier.

3 Souffrance au travail : Le manque de choix dans les méthodes

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Enfonçons une porte ouverte : la liberté d’action laissée à une personne débutante, (ou dont on n’a pas déjà évalué le degré de compétence), ne peut être la même que celle laissée à quelqu’un dont on connait la maturité et l’expertise. 


Ces nuances faites, il est différents styles de management, et s’y exprime aussi la personnalité du manager. On va du très dirigiste au libertaire le plus assumé, en passant par le délégatif, qui vous confiera une tâche, mais se considèrera toutefois légitime à suivre sa mise en œuvre. De même, existent des exécutants rassurés par le fait de n’avoir à prendre aucune décision, de n’être qu’obéissance et soumission ; alors que d’autres auront à cœur de s’affirmer, comme il est dit dans les petites annonces, en « force de proposition ». Ces différences individuelles doivent toujours être rappelées, dès qu’il est question de psychologie du travail. Pour autant, de même qu’on remplace progressivement les postes strictement répétitifs par des robots, et puisque les modes de travail tayloriens, « à la chaîne », ont démontré leur faible potentialité d’épanouissement de la personnalité au travail, une absence totale de choix conduit à ce que certains chercheurs appellent « amotivation », « a » signifiant bien sûr « absence de ». 


Or à l’évidence, s’il est question de remplacer une souffrance au travail, par le « plaisir » ou bien-être, la motivation en est bien le levier majeur. Platon l’affirmait déjà. Et nul ne s’est depuis risqué à le contredire. La motivation est le levier majeur de la performance.

4 Souffrance au travail : Le manque d’autonomie.

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Cette cause peut sembler très proche de la précédente. Disons qu’il y est davantage question de l’expression des savoirs être, d’une liberté portant sur l’action ; ainsi, à l’inverse que d’une obligation, totale ou peu s’en faut, de devoir rendre des comptes.


De même que l’autonomie d’un l’enfant ne se décrète pas d’un coup, découle de processus d’apprentissages et de cognitions, et se gagne avec l’âge et le temps ; de même, l’autonomie au travail s’acquiert progressivement, et ce même s’il faut toujours, généralement, « reporter » à une hiérarchie, et donc assumer le lien de subordination.


L’autonomie ne peut qu’assez rarement être totale et constante, dès lors que le travail impose l’interaction et l’échange avec autrui. En revanche, une absence totale et complète d’autonomie sera reçue comme un manque flagrant de confiance envers la personne, et un déni de sa maturité.

5 Souffrance au travail : La monotonie.

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Là encore règne la subjectivité de chacun. Il est des gens que la routine insupporte, d’autres qu’elle rassure. Entre ces deux extrêmes toutes les nuances sont possibles. Par ailleurs on doit ici distinguer ce qu’ont fait de nombreux chercheurs en psychologie et sciences sociales, la motivation intrinsèque, qui relève de la tâche elle-même, qui se vit comme source de plaisir en tant que telle ; de la motivation extrinsèque, liée à ce que rapportera le travail à celui qui l’a réalisé (félicitation, prime, gratification).


La monotonie conduit, peut-on penser, à l’appauvrissement intellectuel, désiré ou non, conscient ou inconscient, de celui qui s’y love. Elle peut devenir source d’un intolérable ennui. On pourra pour s’en convaincre relire « Le Passe-muraille » de Marcel Aymé, ou « Messieurs Les Ronds de Cuir » de Georges Courteline, qui nous dit-on fut au début du siècle dernier « fonctionnaire au ministère des Cultes où il s'ennuya ferme pendant quatorze ans », avant de de devenir ce fameux auteur de théâtre à la verve mordante, père de la fameuse sentence : « un ministère est l'endroit où ceux qui arrivent en retard croisent dans l'escalier ceux qui partent en avance.


"Le « bore-out", ou souffrance de s’ennuyer au travail naît probablement de cette monotonie, tout le monde n’ayant pas le talent d’un Courteline pour la dépasser. C’est probablement en développant les échanges, le travail partagé reposant sur des règles connues et comprises, l’esprit d’équipe, qu’on peut lutter contre ce mal sournois du « bore-out ».

6 Souffrance au travail : L'absence de formation

Connaître les 7 souffrances au travail (pour s’en débarrasser)

« Qui n’avance pas, recule ». Ici la souffrance dépend autant des attitudes de chacun, que du système où il travaille. Prenons l’exemple d’une des dernières véritables révolutions qu’a connue le monde du travail : l’arrivée dans les entreprises des premiers micro-ordinateurs et des outils qui y étaient rattachés, a pu constituer dans les années 80 une menace pour ceux qui craignaient de n’y rien comprendre, et une opportunité pour ceux qui y voyaient le moyen de se bâtir une expertise.


Au fil des ans, on aura vu comme la difficulté à maîtriser « l’outil informatique » devenait un marqueur fort d’inadaptation de certaines catégories de salariés. A mesure que ces cohortes sont parties en retraite, les ont remplacées les générations « Y » puis les Millenials, rompus depuis leur plus jeune âge à l’utilisation quotidienne des devices et des applis. Mais de nouvelles technologies peuvent demain devenir tout aussi « segmentantes », vécues par les uns comme un piège à éviter. Tout le monde ici est-il certain de tout comprendre aux « blockchains » ?


Ne pas – ou plus- apprendre peut générer différentes souffrances : celle découlant d’un refus de s’y mettre, va fragiliser l’individu résistant au sein même de son environnement ; mais celle de se sentir incapable de s’adapter, ou seulement de le craindre, stimulera l’angoisse de se voir frappé d’obsolescence. L’inadaptation devient une épée de Damoclès.

7 Souffrance au travail : Les risques liés à sa profession

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On pourrait multiplier les exemples, le policier intervenant dans un contexte de violence croiserait la professeure des écoles débutant dans un établissement « difficile », l’infirmier débordé, l’agriculteur fragilisé par la sécheresse, le sapeur-pompier face aux incendies de l’été, ou comme dans ce récent fait divers, face à la démence d’un individu : le danger, le risque peuvent être physiques, psychiques, sociaux. Les hiérarchies sont souvent incapables d’y répondre, participant -éventuellement- de l’aggravation à des souffrances dont elles pourront être également victimes, à leur propre niveau de responsabilité.


Dans un « nouveau monde » où les corps dits intermédiaires, le dialogue social et la représentation des personnes au travail sont, pour les uns menacés, pour les autres à moderniser, peut-on se passer de l’avis des acteurs sociaux eux-mêmes sur ces questions ?

8 Conclure ?

Pour répondre à ces différentes souffrances, les leviers sont nombreux, qui peuvent tenir à l’organisation du travail, à la coopération entre les personnes, à l’innovation. L’essentiel est de ne pas oublier, comme le rappelle Olivier Delorme dans son livre, que le travail résume trois pouvoirs : - Celui de transformer le monde ;- Celui de valoriser l’intelligence ;- Celui de transformer la personne.


Le travail, et plus largement l’ensemble des activités socialement utiles, ont faut-il le rappeler vocation à servir la société, contribuer au vivre ensemble, accroitre la civilisation.


Si possible, de manière durable (c’est-à-dire solide) et en n’oubliant surtout jamais de placer l’humain au cœur de ses évolutions.


Et en rappelant aussi, avec Laurence Vahnée, fondatrice du cabinet Happyformance, que les salariés heureux sont : 2 fois moins malades… 9 fois plus loyaux… 31 % plus productifs… et 55 % plus créatifs.

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