7 beatmakers INCONTOURNABLES en 2020

Dans la mythologie grecque, les Dioscures sont les fils jumeaux Castor et Pollux de Léda, épouse du roi de Sparte. Deux demi-dieux protecteurs des marins, apparaissant pour solutionner les situations les plus désespérées et devenus au fil du temps le symbole des gémeaux. Lui aussi partage sa naissance avec un frère jumeau, et sa carrière ne semble se dessiner qu’en duos. Un premier, très prolifique, avec le rappeur Tortoz pour lequel il signe une quinzaine de sons. On y découvre déjà sa façon de mêler grosse influence trap et ambiances plus inspirées du R&B, toutes colorées de néons verts et sur lesquelles les voix planent au-dessus de grosses basses parfaitement maîtrisées. 

Et si Dioscures s’impose comme l’un des beatmaker les plus importants de cette première partie d’année, c’est grâce au second duo de sa carrière : celui qu’il forme avec le rappeur Laylow, dont l’album Trinity vient de paraître. 22 titres pour un album concept qui nous plonge dans les méandres du logiciel interne du rappeur, complexes, enfumés et instables. Dioscures prend à sa charge 12 morceaux du projet qui se veut comme l’un des plus inspirés de l’année à cette heure, mais offrait également à la toute fin du mois de janvier une production au rappeur Larry pour son featuring avec Zed sur son album Cité Blanche, avant de conclure son début d’année par le morceau “Cigarettes” sur le très attendu album de Sneazzy.

De notre classement, il est celui que vous pouvez retrouver chez le plus d’artistes différents. Le Grenoblois membre du label Seine Zoo créé par Nekfeu a déjà évidemment fait ses preuves en plaçant de nombreux morceaux chez ce dernier, mais aussi chez Sneazzy, Alpha Wann, Doums, S.Pri Noir, 2zer, Caballero et JeanJass... Responsable de la quasi-totalité du deuxième album du $-Crew paru en 2016, il est également l’auteur de la production de l’un des meilleurs titres du premier album de Nekfeu, “Egérie”.

En 2020, Hugz Hefner se retrouve donc logiquement à la production de l’un des nouveaux titres de Sneazzy, “La Vie Que Tu Mènes”, mais c’est surtout sur l’album postum de Népal qu’il expose tout son art du maniement des textures. Le titre “Millionnaire” en featuring avec Doums offre ainsi deux couches de claviers jouant avec les échos, qu’une rafale de hihats vient relancer au premier tier pour lui donner du tonus, sans quitter cette ambiance très planante qui emballe tout l’album. Au rayon de ses autres collaborations de l’année, Hugz se cache également derrière le nouveau “Balle Perdue” de 2zer, ainsi que le retour sur le devant de la scène de Framal et Mekra qui sortaient le 22 février dernier le titre “Modez”. Et l’année est loin d’être finie pour le Grenoblois, qui figurera également sur l’album à venir d’Infinit’ à la fin du mois !

239 millions de vue, c’est ce que totalise aujourd’hui sur YouTube le featuring entre Kalash et Damso “Mwaka Moon”. 239 millions de vues, c’est encore 60 millions de moins que ce qu’en compte “Réseaux”, le plus célèbre des titres de Niska. Le point commun entre ces deux titres, c’est le producteur Guadeloupéen Pyroman, véritable pilier du secteur en France qui s’est même exporté aux Etats-Unis pour travailler avec A$AP Mob. C’est dire si ses compositions sont réclamées en France comme ailleurs. Et c’est d’autant plus savoureux de pouvoir noter ses présences en cette première partie d’année sur quelques projets moins calibrés, comme la mixtape de la rappeuse Martiniquaise Meryl parue le mois dernier.

Une prod relativement simple, fonctionnant sur quelques notes étirées que les percussions viennent parfaitement rythmer, à l’image de celle que Pyroman place également cette année sur un autre projet atypique, celui du rappeur Mister V qui confirme avec son deuxième album tout le sérieux qu’il porte à la musique. La plus grande promesse de cette année 2020 pour Pyroman reste ce leak mystérieux d’un titre qu’il a produit et qui réunira dans le courant de l’année Gradur et SCH, dont on ignore encore sur quel projet il apparaîtra.

Contrairement à ses confrères que nous évoquons plus haut, c’est en son nom que le producteur de Lyon s’est fait connaître en ce début d’année, avec le projet Aggressive Distortion qui réunit ses collaborations de toujours pour 11 titres agressifs et hypnotiques aux textures complexes et aux basses dévastatrices. Un disque chaudement recommandé pour tous les auditeurs à la recherche de nouvelles ambiances et amateurs de flows mélodiques finement ciselés, qui présente comme tous les trop rares disques de beatmakers l’avantage de brasser large dans ses approches, tout en parvenant à garder une belle cohérence.

Très polyvalent, Izen offre également à l’EP du rappeur Jorrdee deux instrumentales beaucoup plus aérées qui fonctionnent tout aussi bien, et signe enfin celle du nouveau single de Retro X, dont l’album arrive bientôt.

Siboy, Shay, Damso, Benash… Junior Alaprod possède à son actif un grand nombre de collaborations de qualité avec les artistes du label 92i, fondé par Booba. Est-ce donc un hasard de le retrouver crédité sur l’album de Maes, un autre ami de Booba ? Comme sur bon nombre de ses instrus, le producteur dont le tag reste l’un des plus connus du rap français s’attèle principalement à livrer des titres à la basse sèche et courte pour rythmer des morceaux dansants, propices à fonctionner en soirée. C’est d’ailleurs lui qui signe les titres les plus ambiancé de la mixtape de Meryl, qui a décidément profité de la crème des producteurs pour sa première sortie.

Plus récemment encore, c’est le rappeur rennais Lujipeka, dont le premier projet réellement en solo va paraître à la fin du mois, qui a pu proposer sur une musique composée par Junior Alaprod le meilleur de ses trois singles avec “Lâche-moi La Main”, en featuring avec son crew Columbine. Là encore, une collaboration évidente quand on sait que Luji avait déjà pu compter sur Junior Alaprod pour le titre “Borderline”, son meilleur solo du dernier album du groupe avant que le duo qu’il formait avec Foda C ne se sépare.

Serait-ce parce qu’ils sont deux qu’ils se montrent si omniprésents cette année ? Non content d’avoir placé une prod sur l’album de Maes et une autre sur celui des Alchimistes, le duo de beatmakers que forment HoloMobb et Boumidjal se cache en plus derrière une bonne partie des nouveaux titres de la rappeuse Aloïse Sauvage, dont le premier album Dévorantes est paru le 28 février dernier. 

Un disque sur lequel s’expose toute la polyvalence du duo, qui alterne compositions dansantes, aériennes, et titres beaucoup plus profonds, à l’image du morceau “Tumeur”. Une belle réussite pour le duo que l’on retrouve également sur les projets de Chily et Hornet La Frappe parus cette année.

Maître des ambiances méditerranéennes, la collaboration de longue date entre Bersa et Maes est une évidence. Le beatmaker est à l’origine des mélodies de deux titres du rappeur de Villepinte, “Chromé” mais surtout “Mémoire” sur lequel il démontre toute sa maîtrise des compositions à la guitare en mineur qui se prête à merveille à la mélancolie. Une force qu’il met également à disposition de Benab pour son premier single de 2020, “J’ai Demandé à la Rue”, et de la rappeuse Imen Es sur son album Nos Vies sorti le jour de la Saint-Valentin cette année.

Sa plus grande démonstration de 2020 est en revanche à chercher du côté de l’album de Naps, sur lequel il signe l’instrumentale de “A la Mama”, un titre qui mêle cette guitare mélancolique à des percussions extrêmement dansantes pour aller cher un peu plus d'ambiguïté et de contraste.