7 chantiers urgents pour réglementer le Web 2.0
L'immense taille des géants de l'Internet, couplée à leur ingérence dans notre économie, nos industries et nos vies, obligeront à réglementer. Sept chantiers majeurs sont parfaitement identifiables. Mais, les schémas de pensée du passé pénaliseront sans doute toute tentative, si elle-même ne tend pas vers une évolution de la manière de réglementer.
Tout a commencé aux Etats-Unis, comme souvent, il y a quelques années. L'histoire se passe à San Francisco : "Mince... Je me suis encore fait piquer la place". Qui n'a pas ragé de voir une voiture se garer justement là où nous voulions garer la nôtre ?
A San Francisco, la société à l'origine de l'application MonkeyParking l'avait bien compris. Son application permettait à un automobiliste sur le point de prendre sa voiture, d'informer les autres utilisateurs de l'application, qu'il allait libérer une place et de vendre cet emplacement.
Petit problème, en faisant cela la société introduisait un problème juridique inédit : elle rendait possible la commercialisation par les particuliers de parcelles appartenant au domaine public, et donc à tous.
Derrière cette situation apparemment anodine, se cache un changement de fond qui appelle une prise de conscience de nos gouvernements, pour réguler ou non, dans sept domaines au moins, que l’avènement des plateformes a transformés
1 | Réglementation 2.0 : L'accès aux plateformes |
Par-delà le fait d’interdire l’accès à certaines plateformes aux gens parce qu'elles sont illégales, parce qu'ils y seraient en danger, parce qu'ils sont trop jeunes... c'est un autre problème qu'il convient de résoudre : celui de l'exclusion. Exclusion de certaines franges de la population, mais aussi exclusion de certaines entreprises, rejetées par les plateformes elles-mêmes.
Les exemples fleurissent : des entreprises chinoises écartées par Alibaba Group, qui pèse 80% du e-commerce en Chine ; des entreprises pénalisées par la marketplace d'Amazon car considérées comme pas assez performantes ; exclusion des autres éditeurs de jeux qu'Electronic Arts par Sony, Microsoft et Nintendo en contrepartie du soutien de cette première à leurs plateformes respectives ; exclusion du langage Java de Sun Microsystem par Microsoft ; exclusion de certaines applications mobiles par certains operating systems ; ...
2 | Réglementation 2.0 : La tarification |
La stratégie des plateformes est assimilable à une concurrence déloyale, puisque grassement financées par un capital risque hyper dynamique, elles peuvent s'offrir le luxe de proposer des services de qualité exceptionnelle, tout en ne gagnant pas d'argent. De quoi bloquer toute entreprise établie, ou ne bénéficiant pas des même largesses financières, qui voudrait s'installer comme concurrente desdites plateformes
3 | Réglementation 2.0 : La sécurité et la protection des données |
Facebook en sait quelque chose. Les technique de scraping permettant à une entreprise d'aller récupérer les données collectées par une autre sont la norme sur Internet. Facebook se serait largement fait pirater des données sur ses utilisateurs par la, ou les sociétés ayant utilisé les nouvelles technologies pour influencer le vote américain en faveur de l'élection de Donald Trump (cf. l'affaire Cambridge Analytica).
4 | Réglementation 2.0 : Le contrôle national |
Parce que les plateformes sont transnationales, un chevauchement des droits nationaux a lieu. Il en ressort un imbroglio juridique produisant un flou dont savent largement profiter les plateformes pour suivre, non plus les lois de leurs propres pays, mais leurs propres lois.
5 | Réglementation 2.0 : L'encadrement du travail |
Le recours à une plateforme conduit très souvent l'individu à jouer un nouveau rôle historiquement encadré juridiquement et engendrant des droits et des obligations. Avec les plateformes, tout un chacun peut devenir marchand, travailleur indépendant, journaliste, formateur, coach, hôtelier, chauffeur de taxi..
6 | Réglementation 2.0 : La Manipulation |
Les plateformes ont entre leurs mains de tels leviers, permettant d'influencer potentiellement les foules, que le sujet devient préoccupant. Quelle ne fut pas la surprise des utilisateurs de Facebook qui, en 2014, apprirent que deux ans plus tôt 700 000 d'entre eux avaient délibérément été manipulés dans le cadre d'une expérimentation psychologique avec le concours du professeur Jeffrey Hanrock de Cornell et d'employés de Facebook, afin de démontrer qu'en intervenant sur l'algorithme de la société, il était possible de faire évoluer l'humeur d'une foule entière.
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