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7 explications de la décadence du système hospitalier français

Décrypter Par Philippe Kerforne 21 mars 2022

7 explications de la décadence du système hospitalier français
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La pandémie de Covid-19 a mis cruellement en lumière les faiblesses du secteur hospitalier français, longtemps considéré (surtout en France), comme le meilleur système de santé du monde ! Comment en est-on arrivé là ?

Les difficultés de prise en charge des malades pendant la pandémie du Covid-19 s'explique par des causes structurelles qui ne datent pas du quinquennat d'Emmanuel Macron, mais qui existent depuis des années ! Le bateau Santé prend l’eau de toutes parts et ne tient qu'au courage de l’équipage, le personnel soignant. Voici les principales causes auxquelles il faudrait s’attaquer de toute urgence pour éviter le naufrage !

1 Décadence de l'hôpital : Un déficit record à résorber

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L’un des principaux problèmes des hôpitaux publics est leur déficit abyssal. Ainsi, en 2018, celui-ci s’élevait à 569 millions d’euros. Si le déficit avait diminué par rapport à 2017, il était cependant supérieur à celui qui plombait les comptes des hôpitaux publics jusqu’en 2016 ! Ce déficit était causé par les investissements opérés par les hôpitaux pour s’équiper en matériel médical de pointe ! Depuis 2018, ce déficit a diminué (il était de 740 millions en 2017) et s’est stabilisé, en partie car les achats d’équipement médical ont été revus à la baisse.

Si l’effort d’investissement, ratio des dépenses d’investissement rapportées aux recettes, était de 5% en 2017, il n’était plus que de 4,6% en 2018. Cependant, même si le déficit global s’est réduit, le nombre d’établissements hospitaliers déficitaire est globalement identique. Même si les dépenses du secteur public ont été sensiblement réduites par rapport aux recettes durant les dernières années, il faudra, néanmoins, encore beaucoup de temps pour rétablir les comptes financiers des hôpitaux publics... en espérant que cela ne se fera pas au détriment de la qualité des soins !

Cela semble mal parti... peut-être à moins que ne coulent, à nouveau, les milliards d’euros dépensés pendant la pandémie pour maintenir l’économie française (provisoirement) à flots ! Ce déficit vertigineux a été souligné par un rapport de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques dépendant du Ministère des Solidarités et de la Santé), datant de 2020.

2 Décadence de l'hôpital : Une dette de plus de 30 milliards !

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Outre un déficit record, l’autre fléau qui pèse sur les hôpitaux est leur dette colossale qui ne date pas de l’apparition de la pandémie Covid-19, mais est endémique depuis plusieurs années ! Cette dette publique était de 29,8 milliards en 2016, un montant énorme bien qu’en légère diminution par rapport à 2015 (30,8 milliards d’euros). Elle était repassée au-dessus de la barre des 30 milliards en 2019, soit bien avant le début de la pandémie.

Le niveau de dette des hôpitaux reste malheureusement très élevé en regard de leurs capacités de remboursement, comme l’avait déjà souligné, à nouveau, la Cour des Comptes dès 2018 ! Devant la difficulté des hôpitaux à renflouer leur dette, l’État avait décidé en 2019 un allègement de celle-ci de 10 milliards d’euros en la prenant en charge d’ici 2022, soit 1/3 de cette dette.

Malheureusement, dans l'incapacité de le faire, le gouvernement annonçait, par une circulaire de mars 2021, qu’il allait plutôt procéder à une « restauration des capacités financières des établissements de santé » ! Dans ce plan, qui faisait suite au Ségur de la Santé en 2020, l’État s’engageait à débloquer 19 milliards d’euros pour relancer les investissement en santé, notamment 6.5 milliards d’euros pour alléger la dette des hôpitaux mais sur.... 10 ans ! Ce plan ira-t-il jusqu’au bout ? Cela pourrait ne pas être le cas, notamment si, lors des prochaines élections présidentielles, le président de la République actuel, Emmanuel Macron, n’était pas réélu ! Dans un cas comme dans l’autre, l’hôpital n’est pas près de se débarrasser de sa dette.

3 Décadence de l'hôpital : Un personnel sous-payé

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Outre la fatigue du personnel soignant (que le virus Sars-Cov-2 n’a pas créée mais accentué), une autre explication au manque de personnel à l’hôpital, notamment d’infirmiers et d’infirmières et des aides-soignants, est le fait que ceux-ci sont mal payés. Ainsi, selon le SNPI (Syndicat National des Professionnels Infirmiers), même après le Ségur de la Santé, qui s’est tenu en 2020 et qui devait pourtant aboutir à une hausse des salaires des infirmiers, la revalorisation des salaires des infirmiers est insuffisante. 

Malgré cette hausse des salaires, selon une étude de l’OCDE citée par le même rapport du SNPI : la France occupe la vingt-sixième place sur vingt-neuf pays en Europe pour le niveau de rémunération hospitalière. Seuls les infirmiers et infirmières travaillant en Hongrie et Lettonie sont plus mal payés ! Pour paraphraser une fameuse perle de l’humoriste Coluche, il semble qu’on pourra, aussi, continuer à dire, concernant le personnel soignant que : « Les fins du mois seront difficiles, surtout les trente derniers jours ! »

4 Décadence de l'hôpital : Des fermetures de lits en masse

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Le problème de la fermeture des lits d’hôpitaux a été l'un des sujets sensibles de toute la pandémie Covid-19, car la stratégie sanitaire du gouvernement a été principalement basée sur l’engorgement de l’hôpital et la peur d’une saturation des lits, en particulier, en réanimation. Alors, le gouvernement est-il responsable de la fermeture des lits et du manque de création de ces fameux lits ? Il semble bien, en effet, que, malgré ses dénégations, le gouvernement a sa part de responsabilité !

C’est ce qu’on constate, selon les chiffres donnés par la Statistique annuelle des établissements de santé (SAE), à l’issue d’une enquête annuelle menée par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) ! Ainsi, selon ces données, simplement en 2020, on comptait 17 900 lits en moins par rapport à 2016 où le parc était de 404 785 lits. Même si le gouvernement est fautif, cette diminution s’inscrit, malheureusement, dans une tendance à la réduction des lits d’hôpitaux dont le total s’élève à 75 000 fermetures en seize ans !

5 Décadence de l'hôpital : Une inflation d’arrêts maladie

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Le personnel hospitalier a, certes, été soumis à une forte pression depuis début 2020, départ de la pandémie Covid-19. Cette situation explique le nombre record d’arrêts maladies enregistrés à l’hôpital. Outre les nombreuses démissions et le renvoi des personnels non-vaccinés, cette inflation d’arrêts maladie peut aussi expliquer la décadence du système hospitalier français. Il n’est pas question, évidemment, de culpabiliser le personnel soignant, et notamment les infirmiers et les infirmières, car ils doivent supporter, depuis plus de deux ans maintenant, un rythme infernal avec des moyens limités.

Rappelons que, dès le début de la pandémie, les soignants ont dû faire face à une pénurie d’équipements. Il suffit de se souvenir, à cette période, du manque de masques et de l’utilisation de sacs poubelles servant de sur-blouses au personnel soignant. Depuis plusieurs années déjà, le fléau de l’absentéisme pour raisons médicales est largement dénoncé. Ainsi, par exemple, en 2018, un article du Figaro rappelait, qu’avec 10 jours d’arrêts maladie par an, le secteur hospitalier (aussi bien privé que public) était déjà l'un des secteurs d’activités ayant eu le plus recours aux arrêts maladie (à l’époque, la moyenne des arrêts maladie en France état de 7,9 jours par an !) Nul doute que, lorsque les comptes seront faits pour la période 2020-2021-2022 de la Covid-19, le total sera encore plus vertigineux !

6 Décadence de l'hôpital : L'impact des 35 heures

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Les débats sur la mise en place de la semaine de 35 heures par le gouvernement Lionel Jospin en 2000 sont encore vifs quant à son efficacité. Il est, néanmoins, un secteur où il n’y a pas débat tant l’impact de cette mesure a été... désastreuse ! C’est bien celui du système hospitalier ! Tout comme les autres explications, dénoncées ici, même si les 35 heures ne sont pas responsables de la crise hospitalière durant la pandémie Covid-19 depuis 2020, on ne peut pas dire que cette réduction du temps de travail ait arrangé les choses ! Selon une plaisanterie répandue, cette mesure n’était pas populaire chez la majorité des fonctionnaires.... car les obligeant à travailler plus.

Dans le système hospitalier où le personnel passionné par son travail, mais aussi, confronté à la baisse des effectifs, ne compte pas son temps de travail, cette réduction a fortement impacté l’efficacité des infirmiers, infirmières, aides-soignants et autres personnels. Cet inconvénient fut dénoncé dès le début de la mise en place des 35 heures. Ainsi, parmi les manifestations de ce mécontentement, des récriminations anti-35 heures se sont exprimées toutes les année en provenance du monde hospitalier. Par exemple, en remontant simplement à 2015, la FHF (Fédération hospitalière de France) demandait, une nouvelle fois, de remettre à plat les accords locaux de RTT et d’en réduire le nombre de jours ! Déjà, à l’époque, cette requête avait pour but de compenser la surcharge de travail à l’hôpital et... le manque de personnel médical !

7 Décadence de l'hôpital : Une dégradation des conditions de travail

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Si, effectivement, le fait que le personnel soignant soit mal payé explique le manque de soignants à l’hôpital, une autre raison de cette hémorragie réside dans les conditions de travail qui se sont dégradées avec le temps. Les pouvoirs publics ne sont pas intervenus pour changer cette situation de désaffection des infirmiers, des infirmières et même des aides-soignants, voire du personnel d’entretien. Encore une fois, la pandémie n’a pas été la cause de cette fuite du personnel vers le privé. Cependant, la tension hospitalière provoquée parle Covid-19 a mis en évidence l’état désastreux dans lequel se trouve le réseau des hôpitaux français.

Le manque de personnel vient s’ajouter aux autres causes endémiques déjà soulignées comme la réduction des lits et le niveau bas des salaires dans le secteur hospitalier ! Cette désaffection pour travailler à l’hôpital est telle qu’on ferme des lits à cause du manque de personne! ! Sur la seule région Île-de-France, il y avait 3000 postes vacants en janvier 2022. Il semble que la situation ne soit pas prête de s’améliorer car, entre 2018 et 2021 : 1 300 étudiants infirmiers ont démissionné !

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