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7 raisons de détester Halloween

Surprendre Par Hervé Resse 29 octobre 2019

7 raisons de détester Halloween
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Ils reviennent… C’est chaque année la même chose, déjà qu’il fait un temps de Toussaint ! Voilà qu’en plus ils font leur éternel retour. Qui ça ?... Les Chrysanthèmes ? Mais non !

Pire que la taxe d’habitation dont vous vous imaginiez exclu(e) mais à votre grande surprise vous découvrez faire partie des privilégiés qui continueront d’y contribuer ! Pire que ces chrysanthèmes qui vous collent le blues chaque matin quand vous ouvrez les fenêtres, quelle idée, aussi, d’habiter face au cimetière, c’est vrai les voisins sont reposants, mais ces tombereaux de fleurs violettes, c’est d’un sinistre… Pire que les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle et vous feraient glisser sur la chaussée pour peu qu’un rien d’humidité s’en mêle ! Et pire que tous ces méfaits ensemble réunis, il faut haïr ce début de novembre… 

Car comme chaque année, la fête des Morts chrétiens se voit précédée de cet ultime rite pseudo païen à la mords-moi la citrouille. Les nigauds sont lâchés.  Leurs fichus coups de sonnette pour réclamer leur compte de bonbecs. Leurs déguisements grotesques! Dites, j’ai une tête à travailler aux bonbons Krema, les mioches ? 

Si comme moi vous exécrez, abhorrez, détestez, haïssez Halloween, restez ! Ci-dessous nous pesterons ensemble. Et si vous êtes parents d’enfants élevés à cet énième avatar de la soumission au diktat sub-culturel nord-américain, si vous les trouvez adorables avec leurs looks effarants de sorcières à la noix, laissez-moi seul avec ma haine… et mon courroux coucou, viendrait à cet instant ajouter le fantôme d’un Desproges glapissant, vrai méchant celui-là. Le seul bienfait d’Halloween, c’est que l’épidémie ressemble à celles de la gastro. Ne dure qu’une ou deux semaines. Pour le reste...

Voilà mes 7 raisons de haïr Halloween…

Mais avant je peux vous le faire en mode rap, aussi...

Trempe un peu la plume dans le fiel,
Joue-là façon Gargamel, 
Je hais, j'abomine,
j'éxècre Halloween.
Que tous les enfants maquillés de la planète
en quête de bonbons et sucettes,
aillent en Enfer cultiver leur diabète!
Mais? Dis moi que c'est pour rire, hein!
Yes, j'ai,  pour mes petits voisins,
un stock entier de dragées...
Au poivre, vous pensez bien!

1 Halloween, insipide citrouille

7 raisons de détester Halloween
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En soupe ou en gratin, cette plante annuelle dont le fruit volumineux est de couleur jaune orangé, famille des Cucurbitaceae, reste probablement ce qui peut se consommer de plus insipide, en dehors d’un nouveau tube de Christophe Mae. Et encore, pas sûr.

La citrouille est un genre de potiron mais plus encombrant, sans grossophobie aucune. Il faut bien s’y reprendre à deux fois pour en venir à bout. Reste ensuite à la creuser, la découper, pour qu’elle prenne cette figure de monstre convenue, qui ne ferait peur à aucun enfant bien construit de quatre ans, même avec la lampe glissée dedans pour appuyer l'effet maléfique. 

J’entends déjà les mamans protester. M’expliquer les « vertus nutritionnelles » de la citrouille. Je le sais, j’ai lu l’article, moi aussi ! Manquerait plus qu’une chronique de Michel Cymes, tiens, cherchant à me convaincre qu’avec un peu de sport, la citrouille est un légume (ou fruit) parfaitement conseillé pour mes kilos superflus. Le cauchemar halloweenesque serait alors complet, la vraie vie étant toujours plus terrible que la pire des fictions. Déguiser les enfants en Christophe Mae ou Michel Cymes serait plus effrayant. Mais leurs parents le sont déjà, souvent.

2 Halloween, la Grande Distribution nous nettoie le fond des poches

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Inutile de citer les noms des coupables, dix minutes sur la première radio commerciale venue, les noms défilent en boucle, et la plupart d’entre nous y passons chaque semaine déposer notre obole. Avec ou sans carte de fidélité. Mais avec carte bleue, assurément. 

Ce sont eux qui dès le 15 août vous rappellent la prochaine rentrée scolaire, où vous laisserez votre chemise en fournitures qui finiront salopées deux semaines plus tard au fond des tiroirs des mouflets. Après quoi viendront les traditionnelles foires au vin (à ce sujet lire ou relire notre excellent interview avec Emmanuel Delmas. Lui ne fait pas peur, il régale) qui épongeront vos économies laborieusement constituées entre avril et mai. Jadis, vous vous prépariez à devoir assumer ensuite Noël, ses cadeaux pour petits et grands, auxquelles devaient s’ajouter la mise à jour de quelque parure pour « les réveillons », et un stock de boules et guirlandes multicolores pour le damné sapin. Du moins aviez-vous un mois ou deux, avant, pour souffler.

Sauf que restait effectivement cet espace vacant entre fin octobre et décembre. Tous les épiciers cotés en bourse s'y sont jetés comme morts de faim. Au point où nous en étions, nous pouvions accueillir avec bienveillance cette fête venue de chez Disney en passant par Vegas, non? D'où ce mois où les enseignes vous saignent dorénavant le portefeuille avec en tête de gondole déguisements convenus, masques ridicules, maquillages sinistres mais qui feront TROP mignons sur la frimousse du petit dernier. Et puis, la foultitude d’agences qui accompagnent les marchands dans leur animation de rayons… Avec ou sans faute d’orthographe sur leurs affiches…

3 Halloween, ses hordes de marmots jeteurs de sort

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Que vous habitiez en zone pavillonnaire, en immeuble cossu d’un quartier fréquentable, ou en cité dortoir au 17ème étage, vous n’y couperez pas. Ils viendront vous tirer la clochette, la sonnette, de jour comme de nuit, réclamer « un sort ou un bonbon ». Et si vous n’ouvrez pas, ils reviendront, comme le feront ensuite les braves pompiers et les gentils éboueurs au moment des étrennes. Pas moyen d’avoir un instant la paix. Il faut leur ouvrir, s’extasier devant leurs bobines gribouillées de noir et de rouge, comme s’ils jouaient à s’enlaidir alors qu’ils le sont déjà tellement, au naturel. Les enfants, c’est un peu comme les pets : seuls les siens sont supportables. Je leur glisserais bien des bonbons au poivre dans le sac à malice, des fois. Sinon, un paquet de sucre en poudre ferait aussi l’affaire. Ensuite, leurs parents, qui toute l'année les gavent de sodas et de pizzas surgelées, pleurnicheront qu’ils sont en surpoids. Et adolescents, leur engeance dénoncera « la grossophobie » ambiante, sans songer aux années où ils se baffraient d’infects produits chimiques emballés chez Haribo.

4 Halloween, ses Adulescents décérébrés

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Avec l’adolescence, cette grotesque soumission au rite annuel halloweenesque se calmerait un peu : montée des hormones, désir du péché de chair, confrontation de chacun chacune aux dures réalités de la question des « genres », du coup, ils passeraient d’un rite de passage à un autre.

Mais c’était sans compter les lounge-bars, boites à tapas et autres débits de boissons ambiancés qui pour donner du fun à notre belle jeunesse, en réalité (voir plus loin) des raisons supplémentaires de sacrifier au Festivisme universel, refont fin octobre leur déco en mode cimetière, Enfer, salon de torture BDSM (également appelé « donjon »), pour refourguer leurs stocks de mojitos mal dosés et surchargés en glaçons.

Aujourd’hui, l’adolescence se prolongeant au-delà de toute raison, il est fréquent de voir dans nos rues des personnes proches de la trentaine, ces fameux « adulescents » placés sous les sunlights dans le sillage de l’inénarrable Stevie Boulay et son doudou, qui rejouent une autre fois le mythe d’une « éternelle jeunesse »,  grimés façon sorcière ou zombie, nostalgiques des damnés sorts et bonbons. On ne s’étonnera pas qu’ensuite Cyril Hanouna vide sans vergogne et tout le restant de l’année le peu de cerveau encore disponible chez ces trentenaires; également pourvus d'une carte d'électeur (ou trice). 

Au moins les mômes auraient-ils la circonstance atténuante de l’immaturité. Halloween est bien ce temps de communion où chacun chacune peut régresser « pour de rire » sur la pente abrupte de l’infantilisation. Quand viendra le temps des vrais enterrements, ils feront moins les malins, tous.

5 Halloween, vivent les sorcières… les vraies ?

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Les personnages postulant au casting d’un Halloween réussi ne manquent pas. Nabots difformes, diablotins psychotiques, apprentis serial killers, zombies et goules, trolls et lutins, pourvu qu’ils soient laids, grimaçants, sordides, font de leur mieux. Mais la Fête ne serait pas complète s’il y manquait la figure archétypale dite de la « sorcière », qui n’a pas toujours besoin d’être déguisée pour faire peur, il en est qui n'ont qu'à parler, mais en ont-elles seulement conscience... On me dira que je frôle ici de très près la sortie de route sexiste. Ce qu’à Satan ne plaise! Or telle n'est pas mon attention.

Car nombre de féministes reprennent cette figure jadis "honnie" pour lui redonner sinon des lettres de noblesse, du moins sa légitimité. On en voit parfois, ainsi déguisées, pour protester en groupe contre tout un tas de sujets qui les défrisent. Je ne saurais leur en vouloir vraiment. D’ailleurs, ma mère elle-même était un temps surnommée « ma sorcière bien aimée » par un de ses chéris.

Femme, je vous aime, disait aussi Julien Clerc, qui lui sait leur causer. Les vraies sorcières ont toute mon affection. Si, si. En revanche… tout de même, X, Y et Z, me collent vraiment les jetons ! Ici, chacun de vous pourra remplir avec les noms qui lui viennent à l’esprit: à chacun ses cauchemars !

6 Halloween, énième avatar Festiviste

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Velocité

On ne parle jamais suffisamment de Philippe Muray. Ce visionnaire atrabilaire et grinçant sut mieux que tout autre décortiquer son époque (la nôtre) marquée notamment par ce qu’il appela le « Festivisme », révolution anthropologique qu’il considérait comme la dictature molle du monde post-historique.

Le festivisme n’est pas « la fête » comme moment de rire et de joie partagé entre convives heureux de se retrouver, une parenthèse agréable dans un monde par ailleurs suffisamment cruel. 

C'est la Fête avec majuscule, rassemblement obligatoire, indépassable, célébration unanimiste du « Ensemble » de gré ou de force. Le Festivisme est le mode de convergence imposée de populations zombifiées, assignées à résidences identitaires tout en étant gavées d’individualisme égocentré. Cela pourrait paraitre contradictoire mais ne l’est pas. Car Homo Festivus est hanté, au sens propre, par cette conviction, cette certitude même, qu’il est toujours et tout le temps dans le camp du « Bien ». du « Bon ». Du « Juste ». Et quiconque pense différemment de lui n’a qu’à bien se tenir. Pour se sentir plus fort, Homo Festivus transforme le vieil instinct grégaire en communion païenne où il rencontrera du « même » en même temps qu’il chantera sur tous les temps son « respect de l’autre » et de « sa différence ». 

Du 1er jour de janvier au dernier soupir d’une année qui s’en va, nous y sommes tous soumis, que nous le voulions ou pas. Du diktat de la Fête, impossible de s'extraire: quand bien même vous refusez de vous y rendre, c’est elle qui vient à vous, et s’impose par toutes les voies médiatiques disponibles. 

Et Lucifer sait qu’il y en a.

Fête des Voisins. Prides en tous genres, défilés, avec ou sans techno, avec ou sans vélo, avec ou sans bobos. 14 juillet. Coupes du Monde en tous genres. En modes masculin, mais aussi féminins désormais, y a pas d’raison, et alter aussi. Fêtes religieuses. Fêtes païennes. Défilé de Saint Ceci et de Sainte Cela. 

Vous me direz qu’il n’y a rien là de très nouveau. Muray sut déceler que désormais, la Fête est d’abord l’occasion d’opérer un contrôle sur la pensée des masses. La religion est l’opium du Peuple, disait Marx. Depuis, sont venus le crack, les métamphétamines et les drogues chimiques, les religions toujours plus dures, les sectes apocalyptiques, avec ou sans terrorisme associé. Halloween qui se voudrait disent certains, « un retour au paganisme celtique , jadis parti d’Europe avec les premiers émigrants pour rejoindre la Grande Amérique, mais revenant à ses origines (donc du coup, bénéfique) n’est qu’un moyen de faire avaler la pilule festiviste dès le plus jeune âge… disons... Dès l’instant que Père Noel se trouve mis au rancard. 

Quand plus tard ils seront convoqués à se retrouver « tous ensemble», en mode supporter ou végan, à patinette ou en rollers, ils auront pris l’habitude. Derrière tout gamin déguisé pour Halloween, il y a donc un mouton de Panurge qui s’éveille. Muray n’aurait pas été dupe, l'avènement d’Halloween dans « notre » culture est tout sauf un hasard. Le Diable ne se cache pas que dans les détails. Il sait aussi passer en force.

7 Halloween, une sous-culture ça va, trois bonjour Lady Gaga !

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disneyland

La malheureuse n'est là que pour la rime, pastichant un slogan publicitaire signé Denis Robert. Slogan que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaitre… et d’ailleurs cette dernière expression elle-même ne peut-être captée que par ceux de cinquante. Aznavour est mort, et Lady Gaga n’y est en réalité pour rien, encore qu’elle adore les looks improbables. Au départ je pensais plutôt viser Mylène Farmer, qui fait peur elle aussi. Mais son apparition ne rimait avec rien. Comme ses chansons ? Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas même osé penser. Il ne faut pas stigmatiser.

Ah L’Amérique ! Nouveau monde, « terre d’opportunité », patrie d’un « rêve ou chacun aura  chance » … « Je veux l’avoir et je l’aurai », s’époumonait Joe Dassin qui n’y voyait qu’une face de la médaille, question de strabisme, peut-être. Démocratie moderne? Oui. Mais qui s’est quand même construite, au nord comme au sud, sur le génocide organisé des populations autochtones, en plus d’avoir longtemps reposé sur l’esclavage importé d’Europe et d’Arabie (ne les oublions pas). Pour Halloween, on pourrait, histoire de changer un peu, déguiser les moutards en Algonquins, Iroquois, Comanches ou Cheyennes, non?  En Apaches, Sioux, Séminoles... Ce n'étaient pas les tribus qui manquaient. Et les plumes sur la tête, ça va colle au poil avec les maquillages pour enfants.

Mille sous cultures nous viennent d’Outre-Atlantique.Halloween n’est qu'une parmi toute celles que Disney (qui ne se prive pas d’en user) ou Lukas nous refourguent avec application: super héros, rap hardcore ou satanisme rock n'roll... , films de mafia, fast-foods, Barack versus Trump, suprémacisme blanc avec ou sans néo-nazisme dedans, voire en mode "ku-klux-klan le retour" ; mais aussi sa contestation, dénonciation, importée par quelques pseudos idéologues racialistes désireux de faire croire que la situation des afros descendants d'ici est identique à celle de là-bas. Y a un marché.

Oui mais il y a aussi, la culture folk, pop, blues, jazz… Le cinéma indé, la littérature foisonnante... L'Amérique offre le meilleur et le pire, à chacun de faire son tri… Et c’est peut-être là le fond du « vrai » problème. Peut-être est-ce pour échapper à ce permanent déversoir que d’aucuns se lancent à corps perdu, dans d’autres impasses alternatives, avec autres déguisements associés. 


Je ne vise personne, mais bon…  Suivez mon regard...

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