7 raisons de haïr le Festival de Cannes
Aïe, ça y est reparti pour un tour. Juste avant Roland-Garros (une autre plaie récurrente !), tu ne peux plus ouvrir un média sans croiser la croisette.
Non, mais on dit stop. Basta, y en a marre. Arrêtez de nous gaver de films imbuvables, d’interviews insipides dans de luxueuses paillotes pleine de paillettes et de types en pingouins sur red carpet. Yes... heu No, we cannes’t !
1 | Festival de Cannes : On te parle de films que tu ne peux pas voir ! |
Ben, non ils ne sont pas sortis sinon, ils ne seraient pas à Cannes. Mais c’est d’un pénible…
Pendant 11 longs jours, on va écouter des interviews (le plus souvent soporifiques) de stars et de metteurs en scène venus vanter leur dernière production encore invisible jusqu’en septembre, si tout va bien. On va supporter des pauv' petites filles riches nous asséner des platitudes obscènes sur la vie, l'amour, l'Afrique.
On va aussi entendre des critiques s’étriper sur des chefs-d’œuvre qui vont sortir cet hiver, - juste pour trois séances, hein, et à des heures indécentes -, dans le ciné d’art et d’essai paumé à l’autre bout de la ville, où tu vas une fois par an (les années bisextiles) et encore, c’est pour faire plaisir à une copine cinéphile.
Et puis, on va s’intéresser éventuellement à des bandes annonces intrigantes de cinéastes au nom imprononçable vivant dans des pays semi-démocratiques qui inventent des films totalement barges mais qui ne trouveront jamais un distributeur. Tout ça pendant des heures et des pages et des jours sur toutes les TV et radios et journaux et sites d’infos mainstream où sévissent les 2.000 journalistes français accrédités... Au secours !
2 | Festival de Cannes : C’est toujours Haneke qui gagne à la fin ! |
Tiens toi bien, devine qui vient à Cannes cette année. Yes, je sais c’est dans le titre. Michael Haneke, ne pas confondre avec une mauvaise bière batave, car le type est Allemand comme Arthur Schopenhauer, Friedrich Nietzsche, Harald Schumacher... heu. Non j'ai pas dit Mengele.
Et donc le revoilà pour la dixième fois – oui dix – d'abord, il venait à la Quinzaine des Réalisateurs, puis à partir de Funny Games, en compét’. À Cannes, Haneke a fait le plein : le grand prix, le prix de la mise en scène puis la Palme d'or à deux reprises ! Et il rempile !
Ce type te traumatise à vie dans ton fauteuil. T’as déjà vu un film de Haneke, toi ? Je veux dire jusqu’au bout. Moi j’ai pas pu, hein. Je tiens à ma santé mentale. Les frères Dardenne à coté, c’est du Michael Youn.
3 | Festival de Cannes : Les vraies stars du XXIe siècle ne sont pas sur le tapis rouge ! |
Vous avez déjà vu Peter Dinklage au Festival ? Non, l’immense interprète de Thirion Lannister n’est pas invité. Pas plus que Bryan Cranston (l’inoubliable héros de Breaking Bad), Krysten Ritter (la sexy et revêche Jessica Jones sur Netflix) ou Danai Gurira (l’extraordinaire Michonne de Walking Dead). On les tolérera peut-être un jour s’ils passent sur grand écran comme Georges Clooney.
Cannes ignore ostensiblement les héros comme les réalisateurs ou les scénaristes des séries qui font qu’on ne va plus au cinéma, comme Mad Men, Orange is The New Black, The Wire ou Life on Mars, sans parler de The Hour sur la télé britannique dans les années 50, ou Panam sur les débuts de la compagnie aérienne américaine en pleine guerre froide. D'accord, les séries ont leur propre festival, mais celui de Cannes et son cinéma à la papa nous donnent l'impression d'être restés coincés dans un couloir du temps en ayant oublié le code de narration et, donc, de sortie. Essayez de lire Rabelais en vieux françois et vous verrez ce qu'on veut dire, en fait.
4 | Festival de Cannes : T’es pas invité, bah moi non plus ! |
On n’essaye même pas d’obtenir une accréditation. On les laisse ente eux, les happy few et les biioutiful pipole. On n’a pas envie d’être humilié à l’entrée d’une after party parce qu’on n’a pas d’invit’. On ne veut pas piétiner sur le trottoir en compagnie de cagoles pathétiques qui veulent faire un selfie avec une sous-star d’un film de vampires.
Alors tu te rappelles l’ambiance à Jamâa El-Fna quand Shah Rukh Khan, le meilleur acteur indien de tous les temps, est venu rencontrer son public ? Au Festival du film de Marrakech, on projette gratuitement des films à Jamâa El-Fna.
Et en France, tu as vu des projos quelque part ? Ben non. Cannes est dans son bunker et ça ne va pas s’arranger avec les attentats. Même Canal +, qui nous saoûlait d'émissions glamour sur la Croisette chaque mois de mai a décidé cette année de jeter l'éponge. Cannes va bientôt s'écrire sans "s" comme dans "J'ai besoin d'une canne pour marcher, à mon âge". A ce compte-là, faut pas s'étonner que nos enfants connaissent mieux le nom des candidats de téléréalité que ceux des acteurs de ciné.
6 | Festival de Cannes : Cannes, c’est le Festival des feel bad movies ! |
Attention, hein ! On n’est pas forcément beauf quand on déplore le rapt des films ch… élitistes sur le palmarès et la sélection officielle. Perso, j’ai vibré en regardant le destin de Dheepan dans le film éponyme de Jacques Audiard, Palme d’or 2015. Mais bon. Dheepan, l’histoire de migrants tamouls à qui il n’arrivent que des malheurs, c’est pas vraiment un feel good movie.
Vous avez déjà vu un feel good movie sélectionné à Cannes ? On rit, on pleure, on frissonne en regardantGood Luck Algeria ou Eddie the eagle (non mais t'as vu le plan où Hugh Jackman s'élance du tremplin de 90 m, total drunk avec une clope à la main...?). Mais on n’a aucune chance de voir ces films à Cannes. A croire que le Festival est dirigé par des dépressifs chroniques. On a pourtant connu Papy Lescure plus porté sur la pop culture…
Pour gagner une palme, il faut des histoires très lentes dans un environnement glacial (Winter sleep, Palme d’or 2014) du docu-fiction filmé (Entre les murs, palmé en 2008), du drame social (4 mois, 3 semaines, 2 jours, Palme 2007, Moi, Daniel Blake en 2016), de la déchéance physique et mentale (Amour de Haneke palme en 2012) des histoires tristes (Le Pianiste, La Chambre du Fils…) ou carrément déprimante (le Dardenne style). Regarder Rosetta fait à peu près le même effet que manger une farandole de radis noirs chez des ascètes macrobiotiques : après tu te précipites sur un burger bacon ou tu recherches frénétiquement une redif de Bienvenue chez les ch’tis.
Cannes, c'est un Festival où des stars pétées de tunes viennent montrer des films sur les pauvres que ceux-ci n'iront jamais voir.
Depuis Pulp fiction (en 1994 !), y-a t’il eu un film un chouïa popu palmé ? Que nenni !
Regarde pourtant les palmipèdes dorés des décennies précédentes : Mission, Missing, Le Tambour, Apocalypse Now, Taxi driver, Kagemusha, Sailor et Lula, Conversations secretes, M*A*S*H, Un Homme une Femme, Les Parapluies de Cherbourg ou même Paris-Texas et le Guépard : que des chefs-d’œuvre, mais « grand public ».
Seulement, c’est fini tout ça. Le Festival de Cannes, c’est un peu comme si l’Eurovision couronnait chaque année un disciple de Boulez et de Stockhausen. D’accord, l’Eurovision, c’est pas une référence. Non, c’est juste un miroir inversé.
7 | Festival de Cannes : Les films que tu aimes ne sont pas palmés ! |
Cherche bien. Lucas, Spielberg… et, tiens toi bien, Hitchcock n’ont jamais raflé la palme. Même Woody Allen n’est jamais sélectionné. Il ne fait que les cérémonies d’ouverture comme (Spielberg plusieurs fois). D’accord, il y a quand même eu Almodovar, président du jury. Mais t'as remarqué, il n'a jamais eu la palme le plus grand réalisateur européen du monde... Et puis... on sait bien qui gagnera à la fin…
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