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7 raisons de redouter la fin du ROCK

Anticiper Par Hervé Resse 15 février 2019

7 raisons de redouter la fin du ROCK

Les papis du rock

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On a beau rester positif et optimiste, les raisons de craindre la lente extinction de la « culture rock » sont quand même plus nombreuses que celles qui parieraient sur son renouveau… Est-ce grave ?

Ouvrons cette chronique qui n’est pas tout à fait nécrologique, par une pensée reconnaissante pour l’ami Neil Young. S’il ne porte plus vraiment son nom sur le visage, - même si le cœur et la foi sont intacts -, il persiste et signe, bien qu’ayant désormais passé les 70 printemps canadiens :

Hey Hey My My !
Rock n’Roll will never die…
My My Hey Hey !
Rock n’Roll is here to stay !...


« Le Rock'n Roll ne mourra jamais, il est là pour y rester ». Vraiment ? L’hymne est certes tonique et réjouissant. Mais il date lui-même du siècle précédent, et pour autant qu’on puisse en juger, les indices d’un vrai renouveau de la vie en rock sont ces jours-ci aussi convaincants qu’un élan de bonté lors d’un discours du nouveau président brésilien. 

Voici 7 raisons de craindre une longue entrée dans l’hiver… En attendant le prochain revival qui nous rajeunirait tous... Et ce ne serait pas de refus !

1 Mort du Rock : Même si Sir Paul n’y croit pas

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Fin 2018, Paul McCartney a sorti un nouvel album, c’est toujours une bonne nouvelle. Mais à vrai dire l’événement de cette fin d’année était plus encore la sortie en version « De Luxe », ou « Super De Luxe » célébrant le cinquantième anniversaire du célèbre « double album blanc », du groupe le plus fameux de toute l’Histoire. 

Venant conclure ces deux temps forts, un concert (de plus) vint réjouir la scène parisienne, pas celle de Bercy ou du Stade de France, mais celle de la nouvelle U-Arena de la Défense. En l’occurrence le lieu lui-même était probablement la seule véritable nouveauté offerte. On le sait avant même d'y aller, rien ne ressemble plus à un concert de Sir Paul que celui qu’il avait proposé deux ans plus tôt, lequel rappelait étrangement le précédent. C’est d’ailleurs tout ce qu’espère le public forcément « transgénérationnel » : ce cocktail ingénieux de standards et chefs-d’œuvre des Beatles, savamment joués par le combo de tueurs qui l’accompagne; entrecoupé de succès des Wings, et de quelques titres issus des derniers à Paulo. 

Le public chantera la la la sur Hey Jude, allumera les iPhone sur Let It Be. Tout cela emplira de bonheur petits et grands, et tous repartiront joyeux... Et est-ce que tout cela a encore quoi que ce soit à voir avec le rock'n roll, ou s'agit-il d'une messe païenne célébrant une divine nostalgie ? Loin de moi l'idée de reprocher à Macca de continuer de tourner, à bientôt 78 ans, de parvenir à presque faire semblant d’avoir la même pêche qu’il y a trente ans. 

Les Stones en sont d’ailleurs au même point. 

Bob Dylan lui ne fait pas semblant d’être en 1966. Quand il interprète un vieux classique, il fait en sorte de le jouer tel qu’il le ressent « ici et maintenant ». Quelque part, c’est plus honnête. Mais quelque part, c’est plus frustrant pour qui voudrait vivre face à lui un beau et grand retour en arrière. 

Le rock n'est-il plus désormais, qu'« une musique pour les vieux » ? Et précisons avec une mise à jour inspirée par le grand Eric Le Braz : le présent article serait-il écrit par un vieux con, pour d'autres vieux cons ?

2 Mort du Rock, et panne de leaders

Libertines

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On ne demanderait pourtant pas mieux que de s’enthousiasmer pour des groupes charismatiques des temps présents, pour des chanteurs capables de faire se lever une salle aussi bien qu’un Springsteen, pour des chanteuses aussi démesurées qu’une Patti Smith... mais des qui annonceraient quarante années de moins au compteur. 

On ne voudrait pas la jouer « c’était mieux avant », mais c’est quand même un peu l’idée… Entre tous ceux qui sont morts autour des fatidiques 27 ans (de Robert Johnson le bluesman à Amy Winehouse, sans oublier Jimi Hendrix ou Kurt Cobain), et ceux qui ont eu le front de vieillir et de l’assumer, on a toute une génération qui n’a pas tenu la distance. 

David Bowie et Prince sont morts. Mais l’un allait tout droit vers 70, et l’autre approchait les 60. U2, probablement le groupe le plus célèbre de la génération précédente, n’a pas sorti un album intéressant depuis vingt années. Au moins.

Les derniers groupes qui ont fait vibrer nos enfants filent allègrement vers la quarantaine, voire plus si affinités. 

Les Libertines du duo Pete Doherty / Carl Barat sont parfaits, mais ne peuvent assurément pas porter seul l'étendard. Et leur premier album aura bientôt vingt ans.

Un Pockey Lafarge a bien du talent, mais probablement pas le charisme d’un leader générationnel, et son répertoire n’a pas vocation à remplir les grandes salles. Sans doute faudrait-il retourner frayer du côté underground pour dénicher de nouvelles promesses, de nouveaux talents prêts comme disent les politiques « à renverser la table ». Ou alors aller les chercher aux rayons électro, hip-hop. 

Sinon, ils sont où les nouveaux Clash, Ramones, New-York Dolls ? Oui, je sais. "#DTC". Ce qui ne nous avance guère…

3 Mort du Rock : On fait du neuf avec du vieux

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Bien sûr, qu'il y a de nouveaux groupes. On pourrait par exemple saluer l’énergie de Greta Van Fleet, quatuor américain originaire du Michigan. Il se sont formés en 2012, et comme disait le grand Philippe Manœuvre du temps de La Nouvelle Star, « ils envoient le bois ». 

Mais si ça ne vous rappelle pas certain groupe de la fin des 60’s qui prit le large dans la décennie suivante, inventa le hard rock et la toute belle grande démesure, il faut vous rendre au plus tôt chez Audika. Le chanteur chante pile poil comme Robert Plant, le quatuor visite les mêmes terres que Led Zeppelin, à un point tel qu’on pourrait les imaginer portant perruques, partis pour un genre de show « Tribute Bands ». Pour qui l’ignorerait, le principe est de réunir quatre ou cinq bons musicos, de les déguiser en (au choix) Beatles, Queen, Doors ou Genesis, et de leur faire jouer le patrimoine du groupe en question, en mode « plus vrai que nature ». C’est un concept. Qui parfois peut donner des résultats étonnants: avoir vu les Fab Four en scène, je le confesse, c’est « presque » aussi bien qu’avoir vu les vrais Beatles. 

Si doués qu’ils soient, les quatre de Greta Van Fleet ne font guère avancer la discussion : à quand le renouveau ?

4 Mort du Rock : des bons qui peinent à décoller

Vintage Trouble

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Il y a déjà quelques années, avoir vu Vintage Trouble en première partie des Who (autre groupe des septuagénaires toujours actifs) fut comme on dit une « grosse claque ».

Imaginez un chanteur noir influencé par toutes les grandes voix Rythm & Blues des années 60. C’est Ty Taylor, un showman épatant que soutient un groupe saignant et déterminé. Sur scène, ils déploient une énergie qui se nourrit de toutes les bonnes influences du vieux RnB et du Rock. Pour autant, leur carrière n’a pas tant que cela décollé, et peut-être les goûts du public ont-ils changé. Peut-être les jeunes préfèrent-ils écouter?...

Réponse A : autre chose que du rock, par pitié!

Réponse B : du rap, juste du rap! Booba, boss de Boulbi...

Réponse C : de la bonne grosse soupe variétoche, Kenji machinchose...

Réponse D : les disques de leurs parents. 

Vous avez quatre heures…

5 Mort du Rock : Mumford & Sons, le syndrome U2-Cold Play

Mumford & Sons

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Quand leur premier album est sorti, les quatre de Mumford & Sons, groupe anglais de folk-rock, ont épaté leur monde avec cette idée simple, et diablement efficace: remplacer la guitare électrique par un bon vieux banjo, et lui donner toute l’énergie d’un groupe punk, transcendant ainsi un répertoire a priori plus sage. 

Leurs deux premiers albums ont fait se lever des foules. Bob Dylan et Bruce Springsteen les ont adoubés, et le public français a mordu à l’hameçon sans hésiter. On a toutefois craint la fausse bonne idée quand est sorti le troisième album : au revoir le banjo, retour des guitares électriques, qui loin de dynamiter l’ensemble, l'ont plutôt affadi. On s’est demandé si le groupe n’allait pas nous développer un syndrome U2 : début de carrière avec un son, une identité, une véritable originalité… Puis, peu à peu, dissolution de la dite identité dans des recettes « mainstream », grand public, probablement plus rentables et compatibles avec des audiences de type stadium, puisqu'il faut bien vivre: quand les disques se vendent moins, il faut se rattraper sur les tournées…

Les fans auront sans doute attendu avec grande impatience le quatrième album de Marcus Mumford et ses amis. Sorti en fin d’année dernière, et la déception aura été cruelle : ce n’est plus U2 qu’ils veulent concurrencer, c’est carrément Cold Play. Et Cold Play, c’est autant du rock que je suis archiduc. 

Résumons: passer d’une promesse enthousiasmante à un vrai style durable, qui puisse « aussi » évoluer sans se renier, devient en soi un vrai challenge créatif. Qui saura le relever ?

6 Mort du Rock : OK GO, ou l’art du clip au sommet

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S’il est un groupe qui aujourd’hui m’épate voire me stupéfie, c’est sans doute ce quatuor américain, OK GO. Mais pas à cause de sa musique : on a affaire à un groupe pop élégant, qui enregistre des albums des plus écoutables, mais qui ne bouleversent en rien le paysage musical. 

En revanche, le groupe s’est fait une spécialité de révolutionner l’image et le clip. Chacune de leurs créations est proprement étourdissante. La plupart sont tournées en plan séquence, sans AUCUN raccord, et s’apparentent chaque fois à un véritable show de quatre ou cinq minutes maxi, mariant inventivité, prouesse technologique, virtuosité de la mise en scène. Tous les clips de OK GO que vous pourrez voir sur YouTube sont un moment unique. Outre celui présenté ci-dessus, on vous en sélectionne trois autres tout aussi incroyables :

The One Moment

Upside Down and Inside out… 

Et mon préféré ! This too shall pass

Et voici leur chaîne YouTube. Dans leur genre, ce sont des petits génies. 

7 Mort du Rock ... ou triomphe du Hip-Hop ?

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Il semble bien qu’après trente années de réelle existence, la culture hip-hop, rap, qui a longtemps grandi dans le sillon de la scène rock, aujourd’hui la supplante.

Il parait qu’on le surnomme le Roi du Hip-Hop, ses clips sont particulièrement léchés, il a déjà raflé une douzaine de Grammy Awards, et il apparaît cette année dans la liste des 100 personnes les plus influentes du monde. Qui ? Kendrick Lamar.

Il aurait dit-on influencé l’ultime album de David Bowie, et a également reçu un Prix Pulitzer. 

En France, le seul succès Rock récent qu’on ait constaté, fut ce  retour aux affaires de trois anciens Téléphone, ce qui ne nous rajeunissait guère. Il semble acquis que les rois du pétrole sont plus à trouver désormais du côté des rappeurs. 

En fait, han, et pour conclure (provisoirement), ce qui manque du coup c’est un mouvement de fond. Une mania. Un vent de folie. Un blitzkrieg rock. Voilà.

Gilets Jaunes Rock ? Un concept à expérimenter...

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