Les 7 surprises de Paul McCartney à Paris
Se rendre au concert de Paul McCartney, c’est un peu comme aller à la messe, ou au Parc des Princes pour un match du PSG face à Troyes. A priori on sait ce qui va se passer...
Le septuagénial taulier sera entouré d’un groupe de tueurs implacables : les deux guitaristes en remontreraient à beaucoup. Le batteur, énorme dans tous les sens du terme, est peut-être le meilleur du monde. Et le claviériste virtuose te remplace aussi bien les violons qu’un saxophone ou qu’un quartet de cuivres. Il joue aussi de l’harmonica (voir point 4).
On sait naturellement que Sir Paul piochera allègrement dans le répertoire des Beatles, dont tous les incontournables (Hey Jude, Let It Be, Yesterday) ; qu’il placera d’affectueux hommages à George et John, qui feront vibrer la foule à l’unisson ; qu’il enverra d’indispensables morceaux des Wings (Band On The Run, ou le tellurique Live and Let Die et son déluge de feu) ; qu’il saupoudrera le tout de quelques titres récents, qu’un public enthousiaste accueillera joyeusement, sans pouvoir toujours les situer dans la pléthorique discographie du gaucher.
Dans ce qui tenait donc autant du rituel nostalgique que du concert de rock, 7 surprises (ou quasi surprises, ne chipotez pas) auront pimenté la set-list d’hier (30 mai 2016, Accor Arena, Paris), riche de 40 morceaux. Le spectateur attentif les aura-t-il repérés ?
1 | A hard day’s night |
Que Paul impose en ouverture un classique des Fab Four, rien de plus évident. Les possibilités ne manquaient pas. Mais dans cette tournée One On One 2016, il choisit d’attaquer avec A hard day’s night. Un titre qu’il n’avait plus chanté, dit-il, depuis cinquante ans. Pour les plus jeunes de nos amis lecteurs, c’était aussi le titre de leur premier film… En 1963.
2 | Foxy Lady |
Enchaîné à l’excellent Let Me Roll it (des Wings), le public aura-t-il repéré cet hommage à Jimi Hendrix? Paul a troqué sa fameuse basse violon contre une six cordes et c’est lui qui envoie un solo qui, sans être à franchement parler hendrixien, montre qu’il n’a de leçons à recevoir de personne. Ce clin d’œil à Jimi, l'autre plus grand gaucher de l'histoire du rock, est une tradition dans le show. Pas sûr que tout le monde le voit réellement passer...
3 | In Spite of All The Danger |
Au cœur d’un épisode plus apaisé, Paul se remémore le skiffle de ses jeunes années, et nous gratifie de ce titre qu’il annonce (on peut lui faire confiance) comme « le TOUT premier jamais enregistré par les Beatles… » avant même qu’ils se fussent baptisés comme tels. John, Paul et George avaient alors dans les 15 ou 17 ans, s’appelaient Quarrymen, et avaient enregistré ce morceau, qu’on peut d’ailleurs écouter ici, vu que Google et YouTube sont nos amis. Ça nous met la rareté au prix du kilo octet, le mythe y perd ce qu’y gagne la démocratisation de la culture.
4 | Love me do |
Autre titre qui n’apparaissait JAMAIS dans les précédentes tournées que Paul et son groupe alignent depuis une quinzaine d’années. Mais cette année, c’est différent. George Martin, le producteur, l’architecte sonore, le seul réel 5ème Beatle pour l’éternité, est passé de l’autre côté. Pour lui rendre l’hommage dû, quel meilleur choix que le premier quarante-cinq tours officiel de la discographie du groupe ?
5 | Being for the Benefit of Mr Kite! |
On le sait, tous les titres écrits par Lennon ou McCartney sont signés de leurs deux noms, et dans cet ordre. Mais longtemps, Paul n’a pris du répertoire beatlesien que des titres où il avait tenu la première voix, ce qui indiquait qu’il en était aussi le principal auteur. Mais il emprunte désormais « au répertoire de John ». Lors d’un précédent passage à Paris il interpréta le dantesque A Day In The Life.
Cette fois, également tiré de Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band, il a choisi la surréaliste et psychédélique évocation d’une affiche de cirque du XIXème siècle, qui terminait en beauté la Face A du disque. On ne sait toujours pas si le fameux Henry The Horse dont il était question, était là juste pour le rythme sonore, ou pour désigner l’Héroïne, qui se trouve souvent baptisée « Horse » en jargon junkie...
6 | Four Five Seconds |
Paul a cosigné l’an dernier ce titre avec le couple Rihanna - Kanye West. Pas sûr que ce soit ce qu’il ait créé de plus abouti. Reste qu’il le présentait hier comme « un nouveau titre », dont les paroles du refrain furent affichées « pour aider le public » à le chanter. Nettement moins RnB que la version originale, et du coup plus acceptable. Mais sans doute pas le sommet de la soirée.
7 | The End… mais pas de Helter Skelter |
S’il faut être honnête, j’aurai passé la plus grande partie du concert à me demander si « LA VOIX » allait tenir. Dès le deuxième morceau, inutile de « se mentir », on la sentait peiner dans les aigus, cordes vocales en souffrance. Le groupe assurait (rattrapait, à certains moments) les harmonies vocales. Mais le poids des ans commence à se faire sentir, et Paul n’a jamais qu’un an de moins que Bobby D. Et voilà pourquoi, sans doute, au final apocalyptique qu’offrait naguère Helter Skelter, la sagesse impose désormais un départ plus mesuré. L’enchainement Golden Slumbers-Carry That Weight – The End, qui terminait Abbey Road, fait tout de même une bien belle conclusion.
« Mec, tu porteras longtemps cette charge… Et au bout du compte, l’amour que tu reçois vaut celui que tu donnes ». Ok, Paul. C’est bien noté
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