7 choses que vous ignorez (peut-être) sur l’histoire du changement d’heure
Feuilles qui tombent, journées qui raccourcissent sont le signe que le changement d’heure approche à grands pas. Sujet de nombreux débats politiques, son histoire vous réserve bien des surprises. Voici 7 choses que vous ignorez (peut-être) sur le changement d’heure.
Comme chaque automne depuis des années maintenant, vous vous apprêtez à passer à l’heure d’hiver dans la nuit du 25 au 26 octobre. Derrière ce rituel bien ancré se cache une histoire mouvementée. Né d’idées farfelues, relancé en temps de guerre, puis défendu au nom des économies d’énergie, le changement d’heure est depuis toujours au cœur de débats passionnés. Entre anecdotes surprenantes, décisions politiques et effets parfois inattendus sur notre quotidien, voici 7 choses que vous ignorez (peut-être) sur l’histoire du changement d’heure.
| 1 | Le changement d’heure, une idée née au XVIIIeme siècle |
Vous avez peut-être l’impression que le changement d’heure est une mesure assez récente, pourtant cette dernière est née il y a plusieurs centaines d’années maintenant. En effet, le changement d’heure vient d’une idée qui a émergé au cours du XVIIIème siècle. On la doit à l’un des Pères fondateurs des États-Unis, Benjamin Franklin. En 1784, il publie une lettre satirique dans laquelle il suggère que les Parisiens pourraient économiser des bougies simplement en se levant plus tôt pour profiter de la lumière naturelle. Même si cette idée était une plaisanterie, elle a planté les bases du changement d’heure actuel : adapter nos horaires de vie aux rythmes naturels de la lumière.
Près d’un siècle plus tard, d’autres penseurs comme l’entomologiste néo-zélandais George Vernon Hudson à la fin du XIXème siècle reprennent la réflexion de façon sérieuse et concrète. Ce dernier, passionné par la chasse aux insectes, a rédigé un mémoire dans lequel il propose d’avancer les horloges de deux heures en été. Il souhaite ainsi pouvoir bénéficier de soirées plus longues pour collecter des spécimens. Quelques années plus tard, en 1907, l’homme d’affaires britannique William Willet reprend le concept et mène une véritable campagne pour convaincre le gouvernement anglais d’instaurer l’« heure d’été ». Le changement d’heure possède donc une riche histoire qui s’étend sur plusieurs siècles.
| 2 | Le changement d’heure, une mesure adoptée en temps de guerre |
Si la genèse du changement d’heure remonte à plusieurs centaines d’années, son adoption officielle est, elle, bien plus récente. En effet, cette mesure a été mise en vigueur pour la première fois en temps de guerre par le camp ennemi. En 1916, au cœur de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie décident d’avancer leurs horloges d’une heure pendant l’été afin d’économiser le charbon, ressource stratégique pour l’industrie et l’armée.
L’objectif était simple : réduire l’éclairage artificiel le soir et diminuer la consommation d’énergie dans un contexte de pénurie. Ces deux pays seront vite imités par leurs adversaires sur le champ de bataille.
Ainsi, la France, le Royaume-Uni et d’autres pays européens vont suivre le mouvement et ce jusqu’à la fin des conflits. Si certains pays décident finalement d’abandonner cette mesure après la guerre, elle reste dans les mémoires comme un véritable outil stratégique. La Première Guerre mondiale aura donc marqué le véritable début officiel du changement d’heure.
| 3 | Le changement d’heure, abandonné puis réintroduit |
Si le changement d’heure a été officiellement adopté pendant la première guerre mondiale, durant les années qui ont suivi la fin du conflit les choses se sont un peu compliquées. Plusieurs pays ont décidé d’abandonner cette mesure. C’est le cas de la France qui a préféré s’en passer pendant plusieurs décennies. Mais, le changement d’heure a tout de même fini par être remis en place, en temps de guerre une fois de plus.
Ainsi, pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime de Vichy instaure à nouveau cette mesure. Une période de confusion s’installe où différentes régions appliquent des horaires différents. C’est véritablement dans les années 1970, à la suite du choc pétrolier de 1973, que le changement d’heure est réintroduit de manière systématique et plus organisée.
La hausse du prix du pétrole et la recherche d’économies d’énergie poussent les gouvernements à harmoniser les horaires : l’idée est de réduire la consommation d’électricité en exploitant davantage la lumière naturelle en soirée. Ce cycle d’abandon et de réintroduction nous montre que le changement d’heure est une mesure qui dépend beaucoup du contexte économique, énergétique et politique, plutôt qu’une tradition universelle.
| 4 | Le changement d’heure, un système qui n’est pas universel |
Après des années d’introduction et d’abandon, le changement d’heure a bel et bien été mis en place officiellement et de manière harmonisée dans les années 1970. Seulement, ce système n’est toujours pas universel aujourd’hui que ce soit dans le monde ou bien même sur le territoire français. Dans les régions proches de l’équateur, la durée du jour varie très peu au fil de l’année. Avancer ou reculer l’heure n’apporte donc quasiment aucun bénéfice énergétique.
C’est pour cette raison que des pays comme Singapour, la Malaisie ou l’Indonésie n’ont jamais adopté le changement d’heure. Même au sein de pays qui appliquent le changement d’heure, certaines régions peuvent en être exemptées. Par exemple, aux États-Unis, Hawaï et la majeure partie de l’Arizona ne suivent pas l’heure d’été.
En France, les départements et collectivités d’outre-mer n’y sont pas soumises non plus car la variation de la lumière du jour y est beaucoup moins marquée. Ainsi, la Réunion, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et Mayotte restent à l’heure normale toute l’année, sans changement saisonnier. Ce manque d’universalité entraîne parfois des complications pour les transports, les communications internationales et les entreprises multinationales.
| 5 | Le changement d’heure, un calendrier qui n’est pas harmonisé |
Vous l’avez compris, le changement d’heure n’est pas un système universel aujourd’hui, et ce même au sein d’un même pays. En plus, ce système repose sur un calendrier qui n’est pas harmonisé lui non plus. Même entre pays voisins, les dates de passage à l’heure d’été et à l’heure d’hiver peuvent varier. Si depuis 1998, l’Union européenne a harmonisé les dates pour ses États membres, cela n’a pas toujours été le cas.
Avant cette harmonisation, chaque pays choisissait ses propres dates. Par exemple, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ne changeaient pas toujours d’heure le même jour, ce qui compliquait les transports ferroviaires et les communications internationales. Aux États-Unis et au Canada, le calendrier n’est pas le même qu’en Europe. Une différence qui peut être à l’origine de nombreuses confusions. Ainsi, cette absence d’harmonisation rend indispensable la vérification des horaires pour les vols, trains et visioconférences internationales et ce, même au sein d’un même continent.
| 6 | Le changement d’heure, des effets contestés sur l’énergie |
Si le changement d’heure a été mis en place à l’origine c’est bel et bien pour économiser de l’énergie et des ressources. L’objectif était de diminuer l’éclairage en profitant au maximum de la lumière naturelle dès les beaux jours. Seulement, ces dernières années ses effets sur l’énergie sont de plus en plus remis en question. Il faut dire que de nos jours, l’éclairage représente une part beaucoup plus faible de la consommation énergétique des foyers et des entreprises, grâce aux lampes LED et aux bâtiments mieux isolés.
De plus, le développement des écrans et autres appareils électroniques a aussi changé la donne puisqu’on les utilise indépendamment de la luminosité extérieure. En dépit de ce constat, une étude menée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a estimé que le changement d’heure permettait encore d’économiser environ 440 GWh d’électricité par an, soit la consommation annuelle d’une ville de 800 000 habitants.
Pour ce qui est de l’énergie, aucune économie significative n’a été observée. Bien que les économies permises par le changement d’heure restent intéressantes, elles diminuent de plus en plus. C’est pour cette raison que cette mesure est aujourd’hui remise en question par de nombreux experts, et ce depuis plusieurs années déjà.
| 7 | Le changement d’heure, une mesure en sursis |
Au vu des effets contestés du changement d’heure sur l’énergie, cette mesure est remise en question depuis plusieurs années. Si bien que le changement d’heure est aujourd’hui en sursis partout en Europe. Ainsi, en mars 2019, le Parlement européen a voté à une large majorité la fin du changement d’heure saisonnier d’ici 2021.
Chaque État membre devait choisir de rester définitivement à l’heure d’été ou à l’heure d’hiver. Ce vote faisait suite à une consultation publique organisée en 2018 par la Commission européenne, à laquelle plus de 4,6 millions de citoyens avaient répondu : 84 % s’étaient prononcés pour l’abolition du système. Malgré ce vote, la réforme n’a encore jamais été appliquée.
La crise sanitaire de 2020 puis les divergences entre États membres sur l’heure à conserver (été ou hiver) ont repoussé la mise en œuvre de la décision. De son côté, la France a organisé elle aussi une consultation nationale en 2019, où plus de 80 % des participants se sont prononcés pour la fin du changement d’heure et une majorité en faveur du maintien de l’heure d’été. Mais comme au niveau européen, aucune décision définitive n’a été prise : la France reste dans l’attente d’une harmonisation avec les autres pays membres.

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