7 dates marquantes sur Libération, le quotidien qui a fêté ses 50 ans
Le journal Libération a fêté mardi 18 avril dernier son cinquantième anniversaire. Retour sur 7 dates marquantes de l’histoire du quotidien national.
À l’occasion de son cinquantième anniversaire, le journal Libération, fondé en 1973, a publié un numéro spécial, mardi 18 avril dernier, dans lequel il est revenu sur les événements qui ont agité la rédaction, pendant ces cinq dernières décennies.
Quatre directeurs de publication se sont succédé depuis la naissance du quotidien : Serge July, Laurent Joffrin, Nicolas Demorand et Dov Alfon. A l’occasion des 50 ans du titre, ils se sont réunis lors d’une table ronde et sont revenus sur la genèse de « Libération » et les nouveaux enjeux du journalisme.
La rédaction de 7x7 press revient sur sept dates qui ont marqué l’histoire du journal Libération.
1 | Journal Libération : 18 avril 1973, la naissance du quotidien |
Le 5 février 1973, sort un manifeste qui annonce la création prochaine d’un nouveau « quotidien libre tous les matins » : Libération.
Le 18 avril, le premier numéro de 8 pages est publié et vendu à la criée : « La France bouge, libérons la presse », annonce la Une du journal.
Cofondé par Serge July, Jean-Paul Sartre, Philippe Gavi, Bernard Lallement et Jean-Claude Vernier, le journal est issu des mouvements de contestation de mai 1968. Il se veut sans publicité ni actionnaires, et sur le mode de l'autogestion : à cette époque, les salariés dirigent Libération et touchent tous la même rémunération.
Le nom du quotidien fait référence à un mouvement de résistance pendant la seconde guerre mondiale, appelé « Libération », qui avait créé en juillet 1941 un journal clandestin du même nom.
Au moment de son lancement en 1973, Libération se positionne comme un journal d’opinion. Le style est corrosif et provocateur : « Gabin est mort, Giscard est dans la merde, le beaujolais est bon, la France continue », titre le journal le 16 novembre 1976.
2 | Journal Libération : 12 mai 1981, une nouvelle formule |
Dès 1974, des divisions internes provoquent, le remplacement de Jean-Paul Sartre par Serge July, puis la suspension de la publication à partir du 21 février 1981.
Sous la direction de Serge July, un nouveau Libération reparaît le 13 mai 1981, trois jours après l’élection de François Mitterrand. Tout en conservant un ton décalé sur les questions de société, la nouvelle formule soutient désormais la gauche modérée.
Autre changement majeur : la publicité fait son apparition dans les colonnes du journal le 16 février 1982. Serge July, alors directeur de publication, souhaite justifier ce revirement : « Non, Libération ne change pas ; c'est la publicité qui a changé (…) Elle est un art. On ne sait plus très bien où commence la culture et où finit la publicité. »
Les ventes de Libération en 1982 s'établissent à 60 000 exemplaires.
3 | Journal Libération : 26 septembre 1994, un portrait en dernière page |
Depuis le 26 septembre 1994, Libération consacre sa dernière page à une rencontre avec une personnalité, connue ou inconnue, qui fait l’actualité.
Depuis presque 30 ans, la rubrique « portrait » a vu défiler des milliers de noms, de Mikhaïl Gorbatchev à la superstar Bruce Willis en passant par l’influenceuse Léna Mahfouf, Françoise Sagan ou dernièrement le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
Des portraits toujours fouillés et ancrés dans l’actualité, signés par les meilleurs journalistes de la rédaction, accompagnés par des images des plus grands photographes du moment.
Interviewé sur France Culture en 2013, Luc Le Vaillant, responsable de la rubrique Portrait explique : « C’est un portrait personnel et non sur l’action ou le métier de la personne. Par exemple, pour un ministre, on va plutôt chercher son rapport aux études, à l’école, etc., plutôt que détailler l’ensemble de son travail ».
Les portraits les plus marquants de Libération sont réunis dans un livre : « Portraits 1994-2009 », publié en 2010.
4 | Journal Libération : 22 avril 2002, un tirage record |
Le lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, Libération effectue le plus gros tirage et réalise la meilleure vente de son histoire, avec 1 million d’exemplaires imprimés et plus de 700 000 exemplaires vendus (contre 170 000 en moyenne).
A la Une de cette édition : le portrait de Jean-Marie Le Pen barré d'un énorme « Non » et juste derrière l’édito signé Serge July, intitulé « Affreux » : « La France est sens dessus dessous, comme au soir d'un séisme. Comme dans tous les séismes, il y aura une ou des répliques. La cohabitation, qui apparaissait improbable, redevient une éventualité : entre la culpabilité des abstentionnistes et des fossoyeurs de la gauche, la mobilisation d'un électorat choqué et les triangulaires à droite, les élections législatives prennent une nouvelle dimension. La démocratie française est comateuse ».
5 | Journal Libération : 13 juin 2006, Serge July démissionne |
En juin 2006, le quotidien perd l'un de ses co-fondateurs. Serge July, le patron emblématique, est contraint de quitter Libération, poussé vers la sortie par l’actionnaire principal de l’époque, Edouard de Rothschild. On lui reproche d’avoir tardé sur une relance du journal.
« Le chef d’orchestre que j’ai été vous dit adieu, le journaliste aussi, infiniment triste de ne plus pouvoir écrire ici », déclare-t-il lors de ses adieux à la rédaction du quotidien.
En janvier dernier, à l’âge de 80 ans, il fait son retour à Libération comme chroniqueur politique, 17 ans après l'avoir quitté.« Figure centrale du journalisme français, grand observateur de la scène politique depuis des décennies, auteur de biographies passionnées et passionnantes, documentariste multiprimé, Serge écrira des billets dans la page Éditos à partir du 23 janvier », écrit le directeur de Libération, Dov Alfon, dans un message interne.
6 | Journal Libération : 18 décembre 2015, le journal quitte son siège historique |
Installée dans des locaux proches de la place de la République depuis 1986, la rédaction de Libération déménage et s’installe dans le 9ème arrondissement, avant de rejoindre « l’Altice Campus », situé dans le 15ème, en octobre 2017.
Le journal se retrouve en collocation avec L'Express et L’Expansion, également propriétés de Patrick Drahi, le PDG d'Altice Media, qui avait racheté Libération en 2014.
En décembre 2022, Libération déménage à nouveau, cette fois dans le 13ème, au 113 avenue de Choisy.
7 | Journal Libération : 7 avril 2023, "50 ans dans l'œil de Libé" |
Pour ses cinquante ans, Libération publie aux Editions du Seuil : « 50 ans dans l’œil de Libé » : un ouvrage qui rassemble 300 photographies sélectionnées par la rédaction et qui relate un demi-siècle d’actualité.
Les clichés sont accompagnés de verbatim de journalistes et de photographes sur les coulisses des photos. L’occasion de plonger dans l'histoire de ces 50 dernières années, avec des photos percutantes. Les plus grands photographes français et internationaux, tous courants réunis, ont souhaité collaborer avec Libération et sont dans ce livre : Raymond Depardon, Henri Cartier-Bresson, William Klein…
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