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7 mensonges d’État ayant conduit à des guerres injustifiées

Savoir Par Philippe Kerforne 13 juillet 2023

7 mensonges d’État ayant conduit à des guerres injustifiées

Avion de chasse

PIXABAY/WikiImages
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Depuis la nuit des temps, les nations utilisent la désinformation et la propagande pour galvaniser leurs populations et les entraîner dans des conflits armés. 

Certains mensonges d’État peuvent même conduire à des guerres dévastatrices, causant des souffrances humaines incommensurables.

Découvrez sept des manipulations les plus choquantes utilisées pour manipuler l’opinion et aboutir à des interventions militaires injustifiées.

L’histoire regorge d’exemples de mensonges d’État et de manipulations de l’opinion publique comme prétexte à des interventions armées. Qu’il s’agisse de l’incident du Golfe du Tonkin pendant la guerre du Vietnam, des prétendues armes de destruction massive en Irak ou de l’explosion du Lusitania pendant la Première Guerre mondiale, des gouvernements n’hésitent pas à déformer la vérité pour servir leurs intérêts géopolitiques. 

Tous ces exemples illustrent cyniquement la fameuse formule «  Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. » qui fut attribuée au Général de Gaulle.

1 Mensonge d'État : des armes de destruction massive en Irak

7 mensonges d’État ayant conduit à des guerres injustifiées

Colin Powell

PING NEWS.COM

Le scandale des soi-disant armes de destruction massive en Irak fut un prétexte trompeur pour déclencher une guerre dévastatrice. Elle reste un exemple emblématique d’un conflit basé sur des mensonges. 

En 2003, les États-Unis envahirent l'Irak en prétextant que le régime de Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive qui menaçaient la sécurité internationale. Le secrétaire d’État Colin Powell présenta des preuves devant le Conseil de sécurité de l'ONU, affirmant que l'Irak cachait des armes chimiques et biologiques. 

Pour convaincre les Nations Unies, durant son discours, Colin Powell agita une petite fiole sous le nez des participants, prétextant qu’elle contenait de l’anthrax (agent d’une maladie infectieuse grave) en provenance d’Irak. C’était supposé être la preuve que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive. Personne n’osa le contredire ou analyser la fiole. Une seule chose est certaine à ce jour : si on ne sait pas ce qu’il y avait dans cette fiole, elle n’était en tout cas pas remplie d’anthrax. 

Cependant, c’est sur la base de ces allégations mensongères qu’une coalition dirigée par les États-Unis lança l'opération « Liberté irakienne » en mars 2003. 

Or, après l'invasion, les enquêteurs ne trouvèrent aucune arme de destruction massive en Irak. Le rapport final de la Commission d'enquête sur les armes de destruction massive en Irak conclut, en 2005, que les services de renseignement américains avaient (intentionnellement ?) surestimé les capacités de l'Irak en matière d'armes de destruction massive. Colin Powell, lui-même, admit, par la suite, que sa présentation devant l'ONU contenait des informations erronées. 

Hélas, il était trop tard ! En effet, ce mensonge sur les armes de destruction massive entraîna une guerre injustifiée, durant près de dix ans, avec des conséquences catastrophiques. Des centaines de milliers de personnes perdirent la vie, les violences intercommunautaires s’intensifièrent et favorisèrent la montée en puissance de Daesh

La guerre en Irak coûta la vie à plus de 100 000 civils irakiens et à 4 491 soldats américains, selon les estimations. Qui plus est, cette guerre plongea l'Irak dans le chaos et déstabilisa durablement la région. La décision d'envahir l'Irak sur la base de fausses allégations concernant des armes de destruction massive est largement considérée comme l'une des pires erreurs stratégiques de l'histoire américaine récente.

2 Mensonge d'État : les incidents du golfe du Tonkin, guerre du Vietnam

7 mensonges d’État ayant conduit à des guerres injustifiées
FLICKR/Manhhai

Pendant la guerre du Vietnam, les États-Unis utilisèrent un incident présumé dans le golfe du Tonkin en 1964 pour justifier une intensification de leur présence militaire. 

Les événements du golfe du Tonkin comprenaient une confrontation avérée, le 2 août 1964, menée par les forces nord-vietnamiennes en réponse à des opérations secrètes dans la région côtière du golfe.

Une deuxième confrontation eut lieu le 4 août 1964 entre des navires du Nord-Vietnam et des États-Unis dans les eaux du golfe du Tonkin. À l'origine, les autorités américaines accusèrent le Nord-Vietnam d'être responsable des deux attaques. En conséquence, sur la base de ces mensonges, le Congrès américain adopta la résolution du golfe du Tonkin. Cela conféra au président Lyndon B. Johnson l'autorité nécessaire pour soutenir tout pays d'Asie du Sud-Est dont le gouvernement serait considéré comme menacé par « l'agression communiste »

Cette résolution servit de justification légale à Johnson pour déployer des forces conventionnelles américaines et se lancer dans une guerre ouverte contre le Nord-Vietnam. 

Cependant, des investigations ultérieures révélèrent que la deuxième attaque n'avait jamais eu lieu et que les affirmations américaines à son sujet étaient basées sur une interprétation erronée de communications interceptées. Ces révélations remettent en question la justification de l'escalade militaire basée sur ces incidents. 

Il n’en reste pas moins que ces fausses allégations conduisirent à une entrée en guerre massive des USA contre le Vietnam du Nord et le régime communiste d’Ho Chi Minh.

3 Mensonge d'État : une attaque chimique contre Bachar El Assad

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Portrait de Bachar El Assad

FLICKR/Abode of chaos

En 2013, le gouvernement syrien de Bachar El Assad fut accusé d'utiliser des armes chimiques contre des civils. Cette accusation hâtive fut utilisée pour justifier une possible intervention militaire étrangère. Elle eut des conséquences potentiellement graves, alimentant les discussions sur une éventuelle intervention militaire étrangère. 

En réalité, des doutes importants émergèrent quant à la véracité de ces allégations, remettant en question la responsabilité exclusive du gouvernement syrien dans l'utilisation de ces armes mortelles. En définitive, certains rapports suggérèrent que des groupes rebelles pourraient également être impliqués dans de telles attaques chimiques.

Les déclarations émanant des États-Unis et de la Grande-Bretagne furent qualifiées de « mensonge éhonté » par le ministre syrien de l'Information. Celui-ci affirma que les accusations ne correspondaient pas à la réalité et que Damas n'avait jamais utilisé d'armes chimiques. 

Cependant, des preuves indiscutables ont été avancées pour étayer l'utilisation répétée de gaz sarin par le régime syrien. L'enjeu politique et économique autour de la situation syrienne conduisit certains à penser que la peur des armes chimiques était exploitée par le lobby anti-Assad à l'ONU pour exercer une pression sur le gouvernement syrien. Il convient de noter que la Syrie, bien qu'elle n'ait pas ratifié la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, a ratifié le protocole de Genève, s'engageant ainsi moralement à ne pas utiliser d'armes chimiques en temps de guerre. 

Le fait que la Syrie possédait un arsenal chimique militaire solide est indéniable. Le régime syrien initia son programme dans les années 1970 et l'intensifia dans les années 1980. Des pays tels que l'Égypte, l'Iran et l'Union soviétique auraient potentiellement apporté leur soutien à ce programme. 

L'arsenal syrien comprenait des neurotoxiques organophosphorés tels que le soman, le sarin et l'agent VX. La controverse subsiste quant à la quantité exacte d'agents chimiques dont dispose la Syrie, bien que l'on estime qu'elle soit de plusieurs centaines de tonnes. 

Toutefois, il est également possible que des groupes rebelles aient mis la main sur des stocks d'armes chimiques non conditionnées, prélevées sur les stocks du régime syrien. Pour vous faire votre opinion, consultez ces deux sources, l’une concernant de l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien, une seconde attestant du contraire.

4 Mensonge d'État : la Guerre du Koweït et la manipulation du Congrès américain

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Saddam Hussein au tribunal

PING NEWS.COM

Selon certaines rumeurs relayées dans les médias avant l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, des témoignages affirmèrent que les soldats irakiens avaient commis des atrocités, y compris des massacres de civils koweïtiens. 

Un des témoignages en question fut rapporté par une adolescente de 15 ans, Nayirah Al-aba, devant une commission du Congrès américain le 14 octobre 1990. Elle délivra, en pleurs, un témoignage choquant sur des atrocités prétendument commises dans un hôpital koweïtien par les troupes irakiennes de Saddam Hussein. Elle affirma que les soldats irakiens jetaient les bébés hors des couveuses ! Ce témoignage fut largement relayé par les médias internationaux, suscitant une vague d'indignation. 

Cependant, il s'avéra que ce témoignage était faux et que la soi-disant scène des couveuses mentionnée n'avait jamais eu lieu. Elle avait été montée de toutes pièces par des agences de communication commanditées par les États-Unis et le Koweït. Cet épisode fut utilisé pour justifier l'intervention militaire internationale, connue sous le nom d'opération de « Tempête du désert », déclenchée le 17 janvier 1991. 

Les forces internationales, sous la pression de l'administration Bush père, lancèrent une offensive majeure contre l'Irak, déversant 88 500 tonnes de bombes sur le pays. L'opération visait à sauver le Koweït, en particulier ses puits de pétrole. 

Cette manipulation eut des conséquences dramatiques, tant sur le plan humain que sur le plan géopolitique. L'embargo imposé à l'Irak par l'ONU dès 1990 eut des répercussions sanitaires et sociales catastrophiques sur la population irakienne, notamment sur les enfants. De même, l'insurrection des opposants chiites et kurdes fut réprimée violemment, entraînant un exode massif.

5 Mensonge d'État : la provocation des USA pour s'emparer de Cuba et des Philippines

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Wreck of the USS Maine - low tide - Havana Harbor Cuba

FLICKR/Tim evanson

Même si les États-Unis avancèrent des faux prétextes pour envahir Cuba et les Philippines, la véritable motivation derrière le conflit était l'ambition d'expansion territoriale et l'influence économique des États-Unis. 

À la fin du XIXème siècle, l'Espagne avait déjà perdu une grande partie de son empire colonial et ne possédait plus que quelques territoires en Afrique, dans l'océan Pacifique et les Indes. Il ne restait aux Espagnols, comme principales colonies, que Cuba et les Philippines. 

Qui plus est, une guerre d'indépendance avait éclaté en 1895 à Cuba, affaiblissant encore plus l’influence espagnole. Ceci attira l'attention des États-Unis en raison de ses plantations de canne à sucre et de son potentiel économique. Ils décidèrent que c’était une occasion unique d’étendre leur influence. Les intérêts économiques américains à Cuba étaient importants, avec des investissements d'environ 50 millions de dollars américains dans les plantations de canne à sucre et les raffineries. 

De plus, certains stratèges américains considéraient Cuba comme une zone propice à la création de bases navales. La situation à Cuba était marquée par la misère et les troubles sociaux aggravés par la concurrence du sucre de betterave européen, la baisse des prix du sucre et la réforme douanière Wilson-Gorman de 1894. Les souffrances sociales et le mécontentement envers la domination espagnole conduisirent à une rébellion en mars 1895, marquant le début de la guerre d'indépendance cubaine. 

Dans le contexte d’une opinion publique américaine favorable à l'indépendance cubaine, les médias exploitèrent l'explosion du navire de guerre USS Maine pour accuser l'Espagne, bien que les preuves n'étaient pas concluantes. Cet évènement servit néanmoins comme prétexte pour justifier l'intervention militaire américaine. 

Les Américains envahirent Cuba et, dans la foulée, en 1898, ils en profitèrent pour prendre les Philippines aux Espagnols après la défaite de l’Espagne à la bataille navale de Manille.

6 Mensonge d'État : Laos, théâtre d’une guerre chimique secrète menée par la CIA

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Life Magazine, 12 mars 1971

FLICKR/MANHHAI

Le gouvernement américain a menti sur les attaques chimiques au Laos, dissimulant les horreurs infligées aux populations civiles. Dans le cadre de la guerre secrète menée par les États-Unis au Laos dans les années 1960 et 1970, des bombes au napalm et des armes chimiques furent utilisées contre les forces communistes et les villages locaux. 

Malgré les preuves accablantes, le gouvernement américain a catégoriquement nié l'utilisation d'armes chimiques, créant ainsi un mensonge d'État pour cacher les véritables activités militaires et les conséquences désastreuses pour la population civile. 

En effet, les attaques chimiques au Laos eurent des effets dévastateurs sur les communautés locales, causant des pertes humaines tragiques et des souffrances inimaginables. Des produits chimiques extrêmement toxiques furent utilisés. Ceux-ci causèrent des brûlures, des maladies graves et des malformations congénitales chez les survivants et les générations suivantes. 

Ces attaques sur le Laos eurent également des conséquences environnementales catastrophiques, contaminant les terres agricoles et les ressources en eau entraînant une détérioration durable de l'écosystème. Ceci, à l’instar des dégâts humains et environnementaux provoqués par le terrible agent orange, ce défoliant utilisé massivement au Vietnam par les Américains de 1961 à 1971. 

Pendant des décennies, le gouvernement américain a maintenu sa version mensongère, niant toute responsabilité dans l'utilisation d'armes chimiques au Laos. 

Cependant, des preuves irréfutables, des témoignages de victimes et des investigations indépendantes ont finalement révélé la vérité choquante derrière ce mensonge d'État. La CIA (Central Intelligence Agency) participa activement à cette tragédie humaine.

7 Mensonge d'État : le Lusitania, navire de ligne civil transformé en navire de guerre

7 mensonges d’État ayant conduit à des guerres injustifiées

Lusitania

wikimedia.org

En 1907, le Lusitania, un des bateaux les plus luxueux et les plus rapides de l’époque, était mis en service. Ce navire, appartenait à la compagnie Cunard, une entreprise de croisière britannique. Il allait, hélas, rester célèbre à cause de son rôle dans l’entrée en guerre des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. 

Factuellement, le 7 mai 1915, le Lusitania, transportant plus de 2 000 passagers, fut torpillé par un sous-marin allemand, l'U-20. Le navire sombra en seulement 18 minutes, causant la mort de près de 1 200 personnes, dont 128 Américains. 

Dans les semaines suivant le naufrage, la presse américaine condamna vivement l'Allemagne pour cette attaque contre des civils d'un pays neutre. Les États-Unis et la Grande-Bretagne crièrent vengeance, incitant les hommes en âge de combattre à s'enrôler dans l’armée. Les Allemands répliquèrent en affirmant que le naufrage était justifié car le Lusitania transportait des munitions. Les autorités britanniques nièrent initialement cette affirmation. 

Des preuves ultérieures révélèrent, qu'en réalité, le navire transportait clandestinement des munitions, des obus et d'autres explosifs, ainsi que des armes. Ces chargements auraient été embarqués, selon des gouvernements britannique et américain, à leur insu, soi-disant par des agents des services secrets… Ce qui semble étonnant ! Ces derniers auraient voulu passer les armes en fraude. 

Quelle que soit la véritable raison, il n’en reste pas moins que les passagers du Lusitania furent utilisés comme boucliers humains. 

Cette tragédie choqua profondément l'opinion publique. Les révélations ultérieures sur le mensonge entourant le naufrage suscitèrent un tollé mondial. Le Lusitania est devenu un symbole exemplaire de la manipulation de l'opinion publique par les gouvernements.

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