7 patrons présidentiables
Donald Trump est bien en finale de la présidentielle US… Alors pourquoi pas Niel, Bolloré, Drahi et les autres ? Le magazine Management a organisé la primaire des patrons made in France. Et le casting vaut le déplacement.
Tout fout le camp. Le pays de la Commune, de juin 36, des nationalisations de 81, des 35 h et de l’ISF… ce pays, adoooore les patrons. 88 % des Français jugent utiles les dirigeants de PME alors que les politiques sont jugés inutiles pour 84 % des sondés ! Au final, deux Français sur trois voudraient voir un patron au gouvernement.
Et pourquoi pas à l’Elysée ? C’est la pertinente question que s’est posée le magazine Management de novembre.
C’est vrai pourquoi pas ? De Gaulle était militaire, Pompidou maître des requêtes honoraire au Conseil d'État, prof et ancien DG de la Banque Rothschild, VGE inspecteur des finances, Mitterrand avocat, Chirac auditeur à la Cour des comptes, Sarkozy avocat encore et Hollande, auditeur à la Cour des comptes (et avocat). En fait, De Gaulle et Pompidou exceptés, tous ont surtout été politiciens toute leur vie.
Un entrepreneur serait-il plus qualifié pour diriger un pays ? Quand on voit Donald Trump, on se demande. Mais une chose est certaine : parmi tous les prétendants actuels, pas un seul n’a un passé d’entrepreneur. Pire : aucun, à part l'ouvrier Philippe Poutou du NPA et Arnaud Montebourg après son stage à l’INSEAD et son CDD chez Habitat, ne semble avoir été salarié dans le privé.
Management compare donc les performances des grands patrons français aux qualités requises pour s’installer à l’Elysée. Sauf qu’ils n’ont sélectionné que six patrons à leur primaire de papier. Alors qu’on sait bien qu’une primaire, c’est comme le rugby olympique ou une bande de nains, ça se joue à sept !
1 | Bolloré, des racines du zèle |
Pour Management, il trois atouts : D’abord, « il produit et innove français (et breton) » Et c’est vrai que le « grand timonier incontesté » a su transformer son entreprise familiale bientôt bicentenaire en grosse pépite innovante qui fabrique (en Bretagne) les batteries électriques des Bluecar. Ensuite, il contrôle l‘info. En taillant à la serpe, certes. Mais son mécano dans les médias (de Canal à Vivendi) lui permet de se poser… en Berlusconi ? Enfin, «son groupe contrôle la manutention de 14 ports en Afrique « sur un continent où plus de 90 % de l’import-export s’effectue par voie maritime ». Face à la Chinafrique, Bollo, c’est le retour triomphant de la Françafrique.
L’avis de 7x7 : Pugnace, teigneux et rancunier comme Copé, ridé et tanné par les ans comme Juppé, mais surtout flibustier flamboyant à l’instar de Méluche ou de Sarkozy, il part à l’abordage des entreprises comme si c’étaient des galions chargés d’or. Puis il s’empare du butin et jette à la mer les mutins...
Il a tout pour faire un parfait président. La tête dans le futur, les pieds dans la vase de l’Odet. Mais la morale de l’histoire, c’est que la morale n’est pas son histoire. Business is business. Seulement, la politique, c’est une autre histoire : on ne peut pas confier le ministère de la jeunesse et des sports à Morandini, celui de la recherche à un Bogdanoff et celui de la culture à Eric Zemmour...
2 | Xavier Niel : tous free ! |
Si Bolloré est un flibustier, Niel est carrément un pirate qui, rappelle Management, « n’a pas hésité à pirater les bases de données de France Télécom pour lancer son premier service Minitel ». Déréguler, c’est le credo de ce patron atypique qui a su foutre un boxon monstre dans le secteur des Telecom avec Free. Mais Niel, c’est aussi l’école 42 qui expérimente de nouvelles formules d’enseignement out of the box. Et c’est un forcené de la déréglementation qui veut supprimer les CDD et déclare à Society : « Si vous créez plus d’entreprises, vous réglez le problème du chômage ». Vu, comme ça paraît simple. Limite simpliste. Mais why not : « S’il appliquait à la France sa stratégie d’entrepreneur, elle deviendrait la première puissance mondiale en cinq ans », s’enflamme Nicolas Lecaussin, directeur de l’Institut de recherches économiques et fiscales (Iref).
L’avis de 7x7 : La question est de savoir si la France a envie de devenir la première puissance mondiale en absorbant la potion magique mais Ô combien amère de Xavier Niel. Ce Macron radical pourrait enrôler une galaxie de politiques startupophiles frustrés : de Frédéric Lefevbre à Fleur Pellerin. Mais comme disait Villepin, « La France est un vieux pays » qui aime les patrons qui cassent les prix… tant que ce n’est pas son propre patron qui casse les lois.
3 | Patrick Drahi, la grosse dette |
Chez Management, on a du mal à imaginer Drahi se lancer, lui qui « n’aime pas les projecteurs ». Sauf que ce patron mondialisé, né à Casablanca, « résidant fiscal en Suisse, franco-israélien, propriétaire d’une holding à Guernesey, actionnaire d’une société cotée à Amsterdam, » pourrait « mondialiser le CAC » et lever « 300 milliards » pour croitre à tout prix. Car, dit-il, « La dette sert à croitre. Si j’arrête les acquisitions, dans cinq ans, j’ai tout remboursé. Mais cinq ans sans croissance, ce n’est pas une bonne stratégie ». Donc ; allonzy ! Et tant pis pour la casse : « Je n’aime pas payer les salaires, j’en paye le moins possible », avoue ce patron discret et vorace.
L’avis de 7x7 : Plus fort que Fillon, ce cost killer réduira de manière drastique le budget de l’Etat… tout en s’endettant un max. « Moi je vote pour Drahi, nous dit un fin connaisseur du patronat et de la politique, il fait un peu figure de Sarkozy dans ce classement (il fait peur à tout le monde mais en réalité c'est lui qui inspire les autres) : c'est le seul qui propose une vraie relance keynésienne ». En endettant l’Etat, on relance la machine… tout en réduisant les coûts ? Les fonctionnaires apprécieront ce mélange détonnant de Keynes et de Thatcher. Ça peut marcher d’accélérer sans carburant ? On en doute un peu quand même.
4 | Frédéric Mazzella, pas de bla bla, car… |
C’est un des outsiders de la présidentielle des patrons pour Management. Le leader mondial du covoiturage dirige l’une des rares licornes made in France. Il a prouvé son talent à lever de l’argent (200 millions d’euros en 2015) et à trouver des clients (20 millions de membres dans le monde). Aura-t-il autant d’électeurs ?
L’avis de 7x7 : Mazzella, c’est un peu le Le Maire de gauche, moderne, mais pas trop. Sans cravate, mais pas sans talent, comme BrunoLeRenouveau, c’est aussi le plus jeune de l’équipe et l’unique normalien de la bande. Le Maire a une plume, Mazzella le sens des formules. Les punchlines qui servent de valeurs à l’entreprise tendent à le prouver : « Fun and serious », « Think it, build it, use it », « fail, learn, succed »… oui mais en français, ca rend moins.
5 | Delphine Ernotte, relançons le service public ! |
A défaut de patron de gauche emblématique, Management a choisi une boss du service public qui a prouvé ses capacités dans le privé : « L’ex DGA d’Orange sait tenir un cap et rassurer ses troupes, comme elle l’a fait lors de la vague de suicides qui a marqué France télécom ». C’est aussi la maman de Franceinfo qui révolutionne les chaines d’infos en continue. Bref « que de bonnes qualités pour relancer la machine France ! ».
L’avis de 7x7 : La présidente de France Télévisions sait prendre des risques… et les payer au prix fort. Elle sait s’entourer de fidèles comme Michel Field et les soutenir dans la tempête. Elle a la trempe d’une présidente. D’une candidate, c’est moins sûr
6 | Sophie Bellon, la parité, sinon rien |
C’est un peu l’Hillary Clinton du Cac 40. A la fois connu et reconnue grâce à son nom, la fille ainée du fondateur de Sodexo qui a remplacé Alstom au sein de l’indice boursier, « milite très activement en faveur de l’accession des femmes au pouvoir ». Elle dirige l’entreprise la plus féminisée et, souligne Management, « En 2015, le groupe comptait 38, 5 % de femmes au conseil d’administration ».
L’avis de 7x7 : La parité, c’est chouette. Mais comme Sophie Bellon vient de prendre les commandes du groupe, on va attendre un peu avant d’avoir un avis.
7 | Jacques-Antoine Granjon, le dernier des Mohicans |
C’est notre septième larron. Il n’est pas sélectionné par Management comme un patron présidentiable et le boss de vente-privee.com n’est ni le plus social, ni le plus médiatique, ni le plus performant, ni même le plus sympa des boss ci dessus citées. Mais il a trois trucs en plus. D’abord un look. On rêve d’un G7 ou 8 avec un président qui ressemble à un Hell’s Angel : « Mieux vaut avoir des cheveux longs et propres que courts et sales. », qu’il dit.
Ensuite, il a du gout. Comme Pompidou, c’est un fou d’art contemporain. Mais il n’en fait pas, encore, des musées ou des fondations. Il expose dans ses entrepôts.
Enfin, et surtout, c’est l’un des rares, sinon le seul avec Niel, à ne pas avoir revendu la boite qu’il a crée. Aufeminin, Dailymotion, Meetic, PriceMinister, Marmiton, Pixmania, Cdiscount, SeLoger.com… toutes les pépites du web français se sont vendues au plus offrant. Et savoir rester indépendant, quand on veut devenir président, c’est une véritable qualité. Enfin, c’est juste notre avis...
8 | 7 + 5 qui pourraient aussi postuler à l'Élysée |
Bernard Tapie, notre Donald Trump à nous.
François Pinault, le vrai Juppé du lot, avec la mondialisation heureuse du luxe et un tropisme chiraquien
Jacques Maillot, le fondateur de Nouvelles frontières est un peu rangé des voitures, mais quelle grande gueule, quel tribun, un vrai Mélenchon !
Renaud Dutreil, pas vraiment un patron mais le seul ex ministre à avoir choisi le privé. Depuis, il vote Macron.
Jean-Yves Grandidier, fondateur de Valorem, une grosse PME française leader des énergies renouvelables. Il serait le seul candidat qui a réussi à concilier la viabilité économique d'une entreprise, l'écologie et l'innovation sociale
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