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7 raisons d’oser plus d’autorité parentale !

Faire Par Hervé Resse 30 janvier 2019

7 raisons d’oser plus d’autorité parentale !
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La psychanalyste Claude Halmos a fait paraitre il y a déjà dix ans, un lumineux petit livre d’entretiens qui devrait être offert à tous les jeunes parents dans toutes les maternités. Et probablement faudrait-il aussi le voir pris en charge par la Sécurité Sociale ! L’ouvrage s’appelle « L’autorité expliquée aux parents ». On vous dit pourquoi il faut le lire !

On connait bien la voix de Claude Halmos. Cette psychanalyste a tenu chronique dans différentes émissions de TV, répond depuis des années aux questions des auditeurs sur France-Info. Elle tient aussi avec délicatesse et précision la rubrique Courrier des Lecteurs (qui le plus souvent semblent des lectrices) de Psychologies Magazine. Elle y répond aux adultes comme aux adolescents, parfois même à de très jeunes enfants, avec une sérénité tranquille dans l’art de dire les choses. Elle propose à chaque lettre une voie vers le mieux, que ce soit vers la réparation, la résilience, ou simplement vers une meilleure compréhension de soi-même et de ses difficultés d’un moment ; voire parfois des douleurs enfouies, souffrance d’une vie entière.

Claude Halmos est l’héritière des deux plus grands noms de la psychanalyse française, Jacques Lacan (voir sa bibliographie) et Françoise Dolto (voir sa bibliographie), auprès desquels elle fut formée. C’est dire qu’elle a quelque autorité lorsque elle s’exprime, sur ses sujets. Le mot psychanalyse ne doit ici produire aucune peur ou méfiance, on y parle avec les mots de tout un chacun, ce petit ouvrage de 186 pages, est toujours parfaitement clair et lisible.

Mais on pourrait par ailleurs estimer que Lacan, Dolto, tout cela ne date pas d’hier... ni même d’avant-hier. Madame Halmos étant désormais, sauf le respect qui lui est dû, une dame d’un âge certain, voilà qui pourrait suffire à disqualifier son propos. Nous pensons très exactement le contraire : il vise simplement à convaincre les jeunes parents de l’importance d’oser une certaine « autorité » dans cet art difficile d’éduquer à peu près correctement sa progéniture. Est-il pertinent de s'interroger ? Absolument.

Risquons ici un double stéréotype, osons même la caricature : les jeunes générations seraient soit totalement incultes, soit « boboïsées » jusque aux oreilles. Dans un cas comme dans l’autre, leurs enfants se verraient livrés à eux-mêmes, sans repère aucun, soit que leurs parents s’avèrent désarmés, dépassés ; à l’extrême, irresponsables et inconséquents… Soit qu’ils estiment moderne, cool, d’éduquer leur petits dans une absolue liberté, faisant alors pousser des spécimens d’insupportables « enfants-rois » pénibles pour leur entourage, ingérables ensuite pour les enseignants qui auront la lourde tâche de colmater les brèches. 

Étant rappelé que ces parents-là seraient souvent les rejetons des baby-boomers, eux-mêmes souvent nourris dans leur jeunesse aux mamelles de la rébellion à l’autorité, ou convaincus des bienfaits d’une liberté absolue, sans entrave, avec l'objectif aussi généreux qu'improbable qu'elle débouche sur un épanouissement de l’être et l’expression d'une  créativité totales.

Mais admettons aussi qu’aux rubriques faits divers et violences, les héros du jour au sein du système scolaire apparaissent assez souvent, plus jeunes et plus violents aussi, qu’ils ne l’étaient disons voilà trente ans. 

Réunir ces trois points dans une relation de cause à effets implacable serait évidemment réducteur. Trop facile. Mais, tout de même. Voici 7 raisons qui devraient inciter les parents à instiller dans leurs principes éducatifs, cette dose indispensable d’autorité qui d’une part leur rendra la vie plus facile… Mais surtout, (et insistons sur ce mot) qui aideront leurs enfants à GRANDIR, à s’épanouir, avec quelques repères qui les aideront ensuite à avancer…

1 Autorité parentale : On a souvent mal compris Dolto

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Françoise Dolto

Et l’on n’a souvent retenu de son message que la part la plus accessible. Claude Halmos rappelle comme cette personnalité a marqué son époque : en affirmant que l’enfant n’est pas cet être « inabouti », inférieur, qu’il faudrait dresser pour qu’il grandisse selon la toute puissante volonté parentale, elle délivra « un message révolutionnaire ». Il rencontra un écho extraordinaire chez tous ces hommes et femmes qui avaient eux-mêmes subi des éducations trop sévères, épuisantes, voire perturbantes. Pire : traumatisantes. Ou même : carrément destructrices. Éducations bâties sur trop de sévérité et d’autoritarisme. Mot qui - tout part de là-, n’est pas l’autorité : mais son abus, son excès déraisonnable.

Désireux de s’affranchir de ce qu’ils avaient eux-mêmes trop souvent connu, ces parents bien intentionnés découvrant le discours de Françoise Dolto, qu’on entendait souvent à la radio et à la télé, n’ont pas entendu la seconde partie du message, toute aussi essentielle : oui, l’enfant est bien une personne à part entière, et pas un singe savant que l’on dresse. Mais il est une personne, un être, en construction. Qui en conséquence a besoin de soutien, d’accompagnement, de repères. Et tout cela renvoie au rôle des parents. Soyons plus précis : cela relève de leur devoir.

2 Autorité parentale : Oser une autorité heureuse

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Claude Halmos rappelle Mai 68, et ce fameux slogan « il est interdit d’interdire », dont chacun croit qu’il avait jailli sur un mur d’université… Alors qu’il s’agissait d’un trait d’esprit du caustique et génial Jean Yanne ironisant sur l’actualité de l’époque. L’Homme et la Société suivent volontiers une tendance naturelle à passer d’un excès à l’excès inverse. A la société rigide, corsetée, punitive bien souvent, qui régnait après-guerre et jusqu’au début des années 60, allait succéder l’enthousiasme de sa contestation, la remise en cause de ses principes. Gauchisme, féminisme, libération sexuelle, tiers-mondisme, pacifisme, psychédélisme, l’alternative a connu partout ses heures de gloires et nos sociétés vécurent là quelques années de bouleversements, dont certains effets se constatent encore cinquante années plus tard, et ce de façon souvent salutaire. Dans ce grand nettoyage de Printemps, l’autorité fut elle aussi totalement remise en cause : celle des États, des Armées, des Polices. Celle aussi des professeurs et des parents. 

Pour autant nous l’avons dit, aucun enfant ne peut grandir et s’épanouir, de façon si possible harmonieuse, s’il n’intériorise pas qu’existent autour de lui des cadres, et que ces cadres doivent être respectés : non parce qu’ils ont une valeur punitive, ou destinée à brimer son être. Mais parce qu’ils vont l’aider à avancer en âge, dans un monde socialisé où existeront des principes ou valeurs tels que «respect de soi-même et des autres », ou « liberté de chacun s’arrêtant où commence celle d’autrui ». 

Ces principes évoluent naturellement dans le temps et dans l’espace, comme évoluent les sociétés. Il y a trente ans, on n’aurait par exemple guère eu l’idée, dans bien des familles, de faire respecter un principe d’égalité entre fille et garçon. Aujourd’hui, bien des familles seront promptes à considérer ce principe comme important, et donc à faire preuve d’autorité pour qu’il soit pris en considération et respecté par l’enfant.

L’autorité n’est donc pas répression : elle est l’affirmation sereine que tous les comportements, toutes les paroles, tous les caprices, ne sont pas également tolérables ou acceptables. Et que les parents sont (avec d’autres référents, comme les enseignants), ceux qui ont mission de les transmettre. Dans le respect de la personne qu’est l’enfant. En ce sens « autorité » est totalement compatible avec l’idée de former « une famille heureuse ».

3 Autorité parentale : Autorité n’est pas tyrannie

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On l’a dit, autorité n’est pas « autoritarisme », qui en est l’excès. Ce n’est pas non plus la tyrannie du parent tout-puissant, omniscient, sur l’enfant soumis. Mais à l’inverse, ce n’est pas non plus la soumission de parents dépassés à la tyrannie de « l’enfant-roi » ou «reine », en droit de tout exiger, de ne rien respecter, ni loi, ni contrainte, tout à son bon plaisir et à la satisfaction de ses moindres désirs. 

Non seulement cela n’est pas possible, car l’enfant devenu adulte ne se pliera de lui-même à aucune contrainte sociale s’il ne s’est pas habitué à en faire l’expérience préalable (on trouve ici les troubles de comportements d’ados ou jeunes adultes ingérables). 

Mais il faut de plus faire comprendre à l’enfant qu’accepter cette autorité demande de sa part cet effort : saisir et comprendre pourquoi est fixé l’interdit. Admettre que l’éducation est un processus où les parents fournissent leur part du travail, mais où l’enfant lui aussi est impliqué, doit fournir sa part, c’est précisément cela, le considérer comme une personne, et non comme un animal de compagnie.

4 Autorité parentale : Offrir des repères stables et expliquer

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Naturellement, les parents auront d’autant plus de facilité à exprimer une autorité « naturelle » qu’elle leur paraitra légitime. Mais cela implique forcément qu’ils puissent expliquer à l’enfant pourquoi telle chose est acceptable dans un certain cadre, et pas dans un autre : on fait ses besoins aux toilettes, on ne les fait pas devant les invités, ni sur la moquette, parce que cela n’a pas à concerner quelqu’un d’autre que soi, que cela salit et impose au parent un surcroit de travail inutile et désagréable ! L’éducation doit fournir des « cadres », à l’intérieur desquels l’enfant peut exister, créer, découvrir, apprendre, et trouver du plaisir. 

Mais les parents oublient trop souvent un deuxième élément : ces repères doivent être cohérents et stables dans le temps ! Trop souvent, les parents confondront expression de l’autorité et refus net et sans explication, soit qu’ils n’aient pas le temps, la patience de proposer une explication, soit qu’ils n’aient simplement pas l’envie d’accéder à la demande. Mais quand ce qu’il refuse tel jour peut être autorisé le lendemain, simplement parce que le parent est mieux disposé, plus cool, le repère disparaît. L’enfant ne peut se construire harmonieusement sur des règles fluctuantes, au gré des humeurs de Maman ou Papa.

En revanche bien évidemment, ces règles sont amenées à évoluer avec l’âge de l’enfant, son degré d’autonomie, sa capacité d’apprendre, sa maturité à comprendre. A ce sujet, on oublie probablement un peu trop l’importance symbolique des petits « rites de passage », ces premières fois où ce qui était jusque là hors hors de question, devient possible « parce qu’on a grandi ». Il faudrait leur redonner leur place, expliquer, illustrer... Et aussi, « répéter » ! Il ne suffit pas de dire une chose une fois pour qu’elle soit entendue, comprise, intériorisée, acceptée.

5 Autorité parentale : L’enfant a aussi besoin de s’opposer !

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Hé oui ! Et c’est là que les choses se complexifient. En même temps que l’enfant intériorise qu’existent des limites, et qu’il doit les respecter, il ressent le désir de s’en affranchir, de contester cette autorité. Et cela fait partie d’un fonctionnement normal : un enfant totalement soumis n’est jamais un enfant heureux. Il y a donc un travail d’équilibriste à conduire, que décrit fort bien Claude Halmos dans son livre, et qui justifie sa lecture. Poser des cadres, fixer des règles. Mais aussi admettre que l’enfant veuille les remettre en question. On pourra alors l’aider à « penser les règles », ce qui l’aidera à avancer dans son processus d’évolution…

« Et en même temps », pour reprendre l’expression en vogue, il faudra lui faire entendre que toute remise en question de toute règle n’est pas toujours possible. On voit bien que les mots-clés sont ici « dialogue », « échange », « patience », et confiance en soi. Il est permis aux parents de douter de certains de leurs principes, probablement est-ce même tout à fait sain. Mais ils ne doivent pas douter de leur légitimité à fixer les limites. Même (et surtout !) si elles ne sont pas toujours conformes à leur « idéal », leur « rêve », dans un monde qui serait « parfait ».

6 Autorité parentale : Pas (ou plus) de violence physique

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La société évoluant, un débat récurent agite nos sociétés depuis des années, déjà clos dans d’autres pays, proche de l’être chez nous. En effet le 30 novembre 2018, l’Assemblée Nationale approuvait en première lecture une loi relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires, depuis examinée par « la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement » nous est-il précisé. L’idée est de bannir gifles et fessées de l’arsenal répressif à disposition des familles. 

On n’évoque pas ici les maltraitances physiques et psychologiques répétées, les tortures, les violences habituelles, qui naturellement relèvent déjà des tribunaux et ne recueillent que réprobation sans équivoque de la part de toute personne sensée. 

On parle ici de cette bonne vieille gifle ou claque sur les fesses qui « n’aurait jamais fait de mal à personne », et serait parfois compréhensible, on n’est pas des saints la patience a des limites, etc.

A ce sujet Claude Halmos se révèle assez « old school ». Pour elle un coup n’est pas nécessairement un drame, s’il est expliqué, s'il est « proportionné », et de nature dirons-nous symbolique. Mais se pose alors la question du degré et de la nature du châtiment : entre la tape sur la fesse, la « fessée déculottée », la raclée à coups de martinet, qu’est-ce qui fonde une frontière entre l’admissible et l’inacceptable ? La volonté de faire mal ou non peut être un critère : mais à quel degré de violence distinguerait-on alors maltraitance et simple punition ? Le caractère répété ne conviendrait pas davantage : plutôt qu’une éducation fondée sur le principe « de gré ou de force », mieux vaudrait comme on l’a dit, privilégier le dialogue, l’explication.

Dans une époque où la violence sociale est omniprésente, on perçoit que la violence privée doit toujours être découragée : comment admettre qu’on puisse frapper son enfant, si l’on considère par ailleurs, et à raison, qu’il n’y a pas de place pour la violence d’un parent contre l’autre, dans une immense majorité des cas, du père contre la mère ?

Sur ce point précisément, on s’éloignera de la position de Claude Halmos : il nous semble inéluctable que cette loi passera, sous une forme ou sur une autre. Ce qui ne signifiera pas que toute gifle entraînera la prison ou la déchéance de l’autorité parentale ! Mais puisque il a été ici question de « cadre », ils nous semble que les parents devront apprendre à comprendre que ce « cadre » exclut le principe du châtiment corporel.

7 Autorité parentale : Un principe qui vaut pour tout type de famille !

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Pour autant, punir n’est pas un drame, tant que « la sentence » conserve sa valeur éducative, proportionnée, expliquée, juste. Car l’enfant doit aussi intérioriser l’existence d’une « loi symbolique », où va se bâtir son surmoi si cher à Sigmund Freud (désigné dans le dernier roman de Michel Houellebecq comme... « le guignol autrichien »!) La famille, nous dit le psychanalyste Michel Plon, n’est pas un concept en psychanalyse. La famille ça n’existe pas, il n’y a que des relations entre les différents membres qui la constituent. De même explique-t-il que le mot « famille monoparentale » n’existait pas il y a trente ans, et « homoparentale » encore moins. Rien n’est donc figé. 

Dans la famille « traditionnelle », « à l’ancienne », il était généralement convenu que l’autorité était le fait du père, qui disait la Loi et l’incarnait, jusque dans des excès parfois, ou des caricatures. Ainsi de la fameuse phrase « Tu verras ce que va dire ton père ce soir quand il rentrera ». On conçoit bien sûr que ces schémas anciens ne s’appliquent plus de la même façon qu’autrefois. Pour autant, il faut que l’idée de Loi demeure, et que quelqu’un l’incarne. Et ce référent, sans être prisonnier du rôle, confiné à l’exercer et à n’exercer QUE celui-là, doit être identifiable. Les deux parents peuvent-ils l’incarner ? Pourquoi pas, comme dans le partage d’une autre « tâche » à accomplir. Encore faut-il qu’ils se mettent alors d’accord, et soient solidaires des décisions prises. Car si la Loi n’est pas la même, dite par l’un ou par l’autre, l’enfant ne l’entendra plus comme telle. Il y verra une faille dont il jouera à l’évidence pour imposer « sa » loi. 

Si le dialogue avec l’enfant est indispensable, il l’est donc encore plus entre les deux parents. Cela semble de bon sens, mais reste difficile à mettre en œuvre… Et ce, quel que soit le type de famille…

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