7 tours en bois qui poussent en ville
C’est la nouvelle course à la hauteur, version écolo : qui aura le plus haut « gratte-ciel » du monde en bois ? Pas encore Burj Khalifa, mais ça monte en Europe.
Depuis les Trois Petits Cochons, les constructions en bois n’ont pas très bonne presse… Un bon loup, un peu de souffle, et patatras ! Vraiment pas solide ce truc ! Alors construire des tours en bois, franchement, c’est sérieux ? Sans compter que le bois, ça prend feu… En fait non, c’est même mieux que le béton. Les architectes, eux, foncent et nous refont le coup des Trois Petits Cochons, mais sans loup. Même notre gouvernement y croit dur comme fer. Le 7 juin 2016, deux ministres ont lancé un appel à manifestation d’intérêt "sites pilotes pour des immeubles à vivre en bois". Pour Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, et Emmanuelle Cosse, ministre du Logement, le bois c’est l’avenir. Leur objectif : structurer une filière encore faible malgré les nombreuses forêts françaises, des Vosges aux Landes. Pour participer à cet AMI du bois, il faudra proposer des constructions de plus de 10 étages, afin d’arriver progressivement à 30 étages d’ici à 2030.
Euh, 30 étages en bois, vraiment ? Jusqu’à présent, les techniques de construction ne permettaient pas d’immeubles de grande hauteur… Mais avec l’arrivée du CLT, le plus souvent connu sous le doux nom de "tripli" – procédé qui consiste à croiser plusieurs couches de bois – c’est en train de changer. Les projets essaiment dans le monde, avec une nouvelle course à la hauteur, où la France n’est pas si mal placée. Avantages de ces immeubles en bois : leur rapidité de construction et leur excellent bilan carbone, le bois stockant le dioxyde de carbone. Ah, au fait, si tous ces projets sont en structure bois, généralement leurs fondations et leur cœur sont en béton… Rassurés ?
1 | Oakwood Tower, l’écharde à côté du Shard |
Assurément l’un des projets les plus barrés du moment, et c’est à Londres, forcément. Les architectes de PLP ont dévoilé en avril 2016 cette tour de 80 étages et 300 mètres de haut, qui n’est encore qu’un projet de recherche mené avec l’université de Cambridge. Prévu dans le quartier d’affaires de Barbican, au cœur de la City, il est encore un peu haut pour être faisable techniquement. Mais le cabinet londonien assure travailler de façon plus concrète à une tour de 31 étages pour un site en Europe de l’ouest. En attendant, Londres abrite déjà l’un des plus hauts immeubles en bois du monde, même si les chiffres sont plus modestes : l’immeuble Murray Grove qui compte 8 étages sur une hauteur de 29,75 mètres, conçu par Thistleton Architects en 2009.
2 | Tour HoHo, roi des forêts |
Non, dans le Tyrol, on ne fait pas que des chalets. Cultivant leur fibre écolo et forestière, les Autrichiens donnent aussi dans la tour, avec le projet HoHo –pour Holzhochhaus, « tour en bois en allemand. Avec 24 étages et 84 mètres de haut, ce devrait être le plus haut bâtiment en bois au monde lorsqu’il sera achevé, a priori en 2018. Situé dans le nouveau quartier de Vienne Seestadt Aspern, ce building sera les pieds dans l’eau, au bord du lac.
3 | Maison de la culture, le feu et la glace |
Les immeubles en bois résistent au feu, on le sait, mais à la glace ? Les bien nommés White Arkitekter ne semblent avoir aucun doute là-dessus, en proposant un des plus beaux – et hauts – immeubles en bois au niveau du cercle arctique, en Suède. Le cabinet installé à Göteborg, tout au sud du pays, vient de remporter début juin la compétition internationale pour ce complexe de 76 mètres de hauteur comprenant un théâtre, une galerie d’art, une bibliothèque et un hôtel. Dans cette ville entièrement entourée de forêts, les températures descendent en hiver à des niveaux indécents. Mais pour White Arkitekter, « le bâtiment est conçu pour supporter tous aléas climatiques, avec une bilan énergétique record ».
4 | Hypérion et Silva, ivresse des sommets |
A Bordeaux, il y a du vin… et des pins. A ce jour, c’est ici que se situent deux des projets les plus aboutis en Europe. Dans le nouveau quartier d’affaires Euratlantique, près de la gare Saint-Jean, l’établissement public qui en gère le développement a finalement sélectionné deux projets de tours, à l’issue d’un concours international. Le premier lauréat est la tour Hypérion, avec l’architecte Jean-Paul Viguier et le promoteur Eiffage. Dans cet ensemble de plusieurs bâtiments, une tour de 57 mètres et 18 étages accueillera des appartements et quelques bureaux. Début prévu des travaux en 2017, pour une livraison espérée fin 2019. Le second projet sélectionné, une tour de 50 mètres baptisée Silva, mené par Kaufmann & Broad et les agences d’architecture Studio Bellecour et Art & Build, sera construit à portée de branche, de l’autre côté de la future place d’Armagnac.
5 | Ecocondos Origine et Brock Commons UBC, branches canadiennes |
Avec ses 310 millions d’hectares de forêts, le Canada dispose d’une réserve inépuisable de bois, dont 40 millions d’hectares de forêt boréale protégée. Côté francophone, les Québécois se sont lancés les premiers, avec une tour dont les travaux viennent de démarrer à la mi-juin à Québec, dans le quartier de la Pointe-aux-Lièvres. Sa livraison est prévue au printemps 2017. Ce complexe d’appartements conçu par Yvan Chouard, baptisé Ecocondos Origine, atteindra 13 étages et 40,9 mètres.
Sur la côte ouest, Vancouver travaille également son empreinte écologique, avec un premier bâtiment dont le cœur en béton vient de s’achever, pour une livraison prévue à l’automne 2017. Destiné aux étudiants de l’université de Colombie Britannique il atteindra 18 étages et 53 mètres. Une prouesse supervisée par l’architecte autrichien Hermann Kaufmann, mais en termes de design, on préférera l’actuel détenteur du record pour l’Amérique du nord (29,5 mètres) : l’élégant Wood innovation and design center, conçu par le pape canadien du bois Michael Green (ça ne s’invente pas), également à Vancouver
6 | Tour Treet, rigueur nordique |
Autre pays très boisé, la Norvège a pris une longueur d’avance en abritant le plus haut bâtiment construit à l’heure actuelle, même si le record risque de lui échapper par la suite. Livrée en 2015 par le cabinet d’architecture Artec, à Bergen, la tour Treet est un ensemble résidentiel de 42 appartements qui a fait sensation. Ce projet de 14 étages et 48 mètres a été imaginé en 2005 et n’a été approuvé qu’en 2009 par les autorités du pays, qui lui ont permis de dépasser alors les 9 étages réglementaires. Le rendu du bâtiment est digne de la qualité architecturale nordique, épuré et élégant. Toutefois, sa structure de lourdes poutres en CLT reste très présente à l’intérieur des appartements, voire pesante.
7 | Forté Living, l'écologie aux antipodes |
Un peu l’ancêtre de tous ces projets, il paraît forcément un peu rabougri. Mais ce bâtiment construit à Melbourne en 2012 est un pionnier, le premier à avoir approché la frontière symbolique des 10 étages. Seul hic sur son bilan carbone, l’Australie n’étant guère un pays de forêts, les panneaux de CLT utilisés ont dû être importés d’Europe… Pas génial pour l’argument écolo. Mais en termes de prouesse technique, avec ses 32,2 mètres, il a permis de démontrer, après le l’immeuble Murray Grove de Londres, en 2009, que le bois pouvait monter toujours plus haut.
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