Les 7 premiers pays qui investissent dans l'intelligence artificielle militaire

Avec leur budget de défense colossal et leur écosystème technologique de pointe, les États-Unis occupent une position dominante dans le domaine de l’intelligence artificielle militaire. Le Département de la Défense consacre annuellement des milliards de dollars à la recherche en IA appliquée à des fins militaires. Parmi ses plus grands projets figurent les systèmes de drones autonomes capables de naviguer sans pilote humain et d’exécuter des missions complexes en soutien aux avions pilotés.

Le Pentagone mise également sur l’intégration de l’IA dans la gestion du renseignement militaire. Le projet Maven, lancé en 2017, en est un exemple marquant. Il utilise des algorithmes pour analyser rapidement les images satellites et vidéos de surveillance afin de repérer des menaces. Par ailleurs, les États-Unis investissent dans des systèmes robotiques terrestres et navals. Le robot autonome MUTT (Multi-Utility Tactical Transport), par exemple, assiste les troupes au sol en transportant du matériel tandis que les navires sans équipage sont testés pour la surveillance et les missions de reconnaissance.

C’est le partenariat établi avec les géants technologiques comme Microsoft, Palantir ou Lockheed Martin qui accélère ces avancées et positionne durablement les États-Unis en tête de la course mondiale à l’IA militaire.

L’ambition de la Chine est de devenir la première puissance militaire mondiale d’ici 2049. Raison pour laquelle le président Xi Jinping soutient massivement l’Armée populaire de libération (APL) pour intégrer l’IA à tous les niveaux de ses opérations militaires.

Pour parvenir à ses fins, Pékin applique par exemple une stratégie dite de « fusion civil-militaire », qui pousse les entreprises technologiques civiles comme Baidu, Tencent, Huawei ou SenseTime à collaborer étroitement avec les forces armées. Ces sociétés créent des algorithmes avancés en reconnaissance faciale, traitement d’images, vision par ordinateur et modélisation comportementale applicables à la surveillance, au contrôle de masse, mais aussi au champ de bataille.

La Chine progresse aussi rapidement dans le développement de drones autonomes capables de coopérer sans intervention humaine dans les airs et en mer. Le projet GJ-11, drone furtif de combat, illustre bien cette montée en puissance. L’IA est aussi intégrée dans les systèmes de commandement et de contrôle (C2) pour accélérer la prise de décision sur le champ de bataille, un domaine dans lequel la Chine cherche à dépasser les États-Unis.

Le Royaume-Uni fait partie des pays européens les plus avancés en matière d’intelligence artificielle militaire. Le ministère britannique de la Défense a publié en 2022 une stratégie dédiée à l’IA, affirmant sa volonté d’en faire un levier stratégique à long terme.

Parmi les axes clés figurent l’autonomie des systèmes de drone et la collecte intelligente de renseignements. De gros budgets ont été alloués à des centres de recherche comme l’AI Lab du Defence Science and Technology Laboratory (Dstl) qui crée des outils d’analyse prédictive pour les opérations militaires. Le Royaume-Uni mise aussi sur l’IA pour amplifier la capacité de résilience de ses infrastructures face aux attaques numériques.

Par ailleurs, Londres établit des alliances avec de nombreux états pour établir une défense commune axée sur les nouvelles technologies. En font partie le programme AUKUS, une collaboration avec les États-Unis ou encore les projets comme le drone Tempest, développé avec l’Italie et le Japon, et qui intègre des systèmes autonomes de navigation et de combat fondés sur l’IA.

Comme d’autres États puissants, la Russie considère l’intelligence artificielle comme un outil pour multiplier de façon exponentielle la puissance militaire, notamment dans les domaines du renseignement, de la guerre électronique et de la surveillance. Ainsi, le Kremlin a officiellement intégré l’IA dans sa doctrine militaire avec un plan de développement accéléré porté par le ministère de la Défense et plusieurs instituts scientifiques affiliés.

Parmi les projets les plus importants figure le drone de combat S-70 Okhotnik développé par Sukhoi. Ce drone conçu pour agir en coopération avec des avions de chasse pilotés combine furtivité et autonomie de vol.

L’IA joue également un rôle crucial dans le traitement massif des données issues des satellites, des réseaux sociaux ou des interceptions électroniques. Dans ce cas, elle permet de contrer les opérations de désinformation et de guerre hybride. Les systèmes d’écoute automatisés et les logiciels de reconnaissance vocale permettent aussi un suivi plus précis des communications ennemies.

Depuis plusieurs années, l’Israël s’impose comme l’un des leaders mondiaux en matière d’innovation militaire et l’intelligence artificielle y a joué un rôle. Grâce aux start-ups technologiques, à sa culture de l’innovation et à une coopération étroite entre armée et secteur privé, le pays intègre l’IA à tous les niveaux de sa stratégie de défense.

Les Forces de défense d’Israël (FDI) utilisent par exemple l’IA depuis longtemps pour optimiser la surveillance des frontières, anticiper les mouvements ennemis et automatiser la collecte et l’analyse de données. Le système Iron Dome, célèbre pour intercepter les roquettes ennemies, repose sur une forme d’IA capable d’analyser en temps réel les trajectoires et de décider si une menace doit être neutralisée ou non.

Israël est également l’un des rares pays à avoir revendiqué l’utilisation de l’IA dans la planification d’opérations militaires réelles. Lors de l’opération "Gardien des Murailles" en 2021, les FDI ont affirmé s’être appuyées sur des plateformes d’intelligence artificielle pour sélectionner rapidement les cibles en fonction de données en temps réel.

L’Inde, bien que moins avancé par rapport aux États-Unis ou la Chine, a investi activement dans le développement de l’IA militaire. L’armée a notamment investi dans des outils d’analyse prédictive, de reconnaissance faciale pour la sécurité des installations, mais aussi dans la fabrication de drones autonomes pour la surveillance des frontières. L’un des axes les plus prometteurs concerne les drones armés et les systèmes sans pilote.

Dans un contexte géopolitique tendu avec la Chine et le Pakistan, l’Inde cherche à équiper ses forces de drones intelligents capables de patrouiller de manière autonome dans les zones sensibles, y compris les régions himalayennes. Des prototypes nationaux, comme ceux issus de l’initiative iDEX (Innovations for Defence Excellence), sont testés pour des missions de reconnaissance et d’attaque.

L’Inde collabore également avec des entreprises technologiques et des instituts universitaires pour renforcer son écosystème en IA. Des start-ups comme Tonbo Imaging ou IdeaForge proposent des solutions innovantes, la plupart soutenues par le gouvernement dans une logique de souveraineté technologique.

La France s’est lancée ces dernières années dans une modernisation de ses forces armées où l’intelligence artificielle occupe une place importante. À travers le ministère des Armées et avec le soutien de la Direction générale de l’armement (DGA), l’Hexagone investit dans des solutions d’IA destinées à améliorer la prise de décision, la gestion de l'information, la cybersécurité et l'autonomie des systèmes de défense.

En 2019, le ministère a publié sa stratégie de défense en matière d’IA en insistant sur un usage éthique, transparent et contrôlé de cette technologie. L’un des axes majeurs concerne l’analyse des données opérationnelles. Le pays développe également des systèmes d’armes intégrant de l’IA. Le char de combat du futur (MGCS), créé en partenariat avec l’Allemagne, intègrera une intelligence artificielle pour détecter automatiquement les menaces et assister le tir. De même, le programme Scorpion modernise les véhicules blindés avec des technologies d’analyse en temps réel. Dans l’aérien, le futur avion de combat européen SCAF (Système de Combat Aérien du Futur) reposera sur des essaims de drones autonomes et des systèmes cognitifs d’aide à la décision.

En 2021, la France a ouvert l’Agence de l’innovation de défense (AID), dont le rôle est de soutenir les projets innovants, y compris les projets IA. Bien que l’enveloppe budgétaire reste inférieure à celle des grandes puissances comme les États-Unis ou la Chine, le pays adopte une stratégie cohérente centrée sur l’autonomie technologique et la souveraineté numérique afin de rester compétitif sur le plan militaire dans un univers de plus en plus algorithmique.