Les 7 puissances nucléaires dans le monde en 2021

Suivant le rapport de la Federation of American Scientists, la Russie détiendrait 6257 ogives nucléaires. Prenant la tête du classement, le plus grand rival des États-Unis reste très actif en termes d’exploitation nucléaire, que ce soit dans un cadre civil ou militaire. Dans les détails, la Russie disposerait de 1600 ogives déployées sur des missiles intercontinentaux et sur des bases de bombardiers lourds ainsi que de 2897 ogives non déployées.

L’histoire atomique russe remonte au lendemain de la deuxième guerre mondiale dans un climat de guerre froide avec les États-Unis. En 1961, sa bombe de 57 mégatonnes baptisée Tsar Bomba a été testée au-dessus du site de Novaya Zemlya (un archipel des mers de Barentz) et a été enregistrée comme la plus puissante de l’histoire.

Le développement nucléaire russe prend plusieurs visages. En dehors du contexte militaire, la Russie utilise beaucoup de ressources atomiques par le biais de Rosatom, un holding d’État destiné à la recherche sur les technologies nucléaires.

Rejoignant la Russie à la tête du classement, le pays de l’oncle Sam dispose d’un arsenal de 5550 ogives dont 1700 déployées et 3800 en stock. Les deux pays totalisent ainsi jusqu’à 80% de la puissance nucléaire mondiale.

A ce jour, les États-Unis sont les seuls à avoir utilisé l’arme atomique dans un contexte de guerre : les deux explosions du 6 et du 9 août 1945 ont ravagé les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, faisant plus de 110 000 morts. Après ce bilan dramatique, le pays a initié la course aux armements avec la Russie et mis en place un bouclier de défense nucléaire.

Face aux stratégies de désarmement, les États-Unis ont (à plusieurs reprises) tenté de respecter le pacte de non-prolifération. Ceci étant, la gestion de la diplomatie externe, guidée par ses présidents successifs aux visions contradictoires, a fait échouer la majorité des tentatives. En 2009, l’administration Obama avait ainsi promis un effort pour résoudre la question à travers le projet « sans arme nucléaire » baptisé Global Zero…, et ce, en vain.

A l’arrivée de Donald Trump, les conflits internationaux au Moyen-Orient reprennent et remettent les compteurs à zéro.

Classée 3^ème des pays détenteurs d’armes nucléaires, la Chine enregistre un inventaire total de 350 ogives nucléaires dont 0 déployée suivant le rapport de la Federation of American Scientists. Tout comme l’Hexagone, la politique du pays sur le nucléaire reste stratégique visant à garantir une position réelle dans la course à l’armement.

Ayant commencé ses recherches et développements nucléaires dans les années 1970, la Chine n’a pas expressément formulé ses ambitions militaires liées aux bombes atomiques et exploite cette ressource à des fins civiles et énergétiques.

En d’autres termes, les projets inhérents au nucléaire chinois se tournent actuellement vers l’écologie et plus précisément la transition depuis le charbon vers une source « moins polluante » et plus propre avec moins d’émission.

Malgré la politique passive de la Chine en termes d’armement nucléaire, les observateurs se méfient grandement de sa capacité à jouer sur les chiffres et les projets d’exploitation atomique… Une méfiance avérée, car en Novembre 2020, des rumeurs circulent sur la création d'un vaste réseau de tunnels souterrains pour transporter facilement et cacher ses bombes atomiques.

Talonnant la Chine de près, la France dispose d’un total de 290 ogives atomiques, dont 280 déployées. La France est un fervent défenseur du TNP et plus récemment de l’accord sur le désarmement total (TIAN) mais conserve une force de dissuasion militaire.

Pour expliquer cette dualité, Emmanuel Macron a éclairci la position de la France face aux vœux de désarmement, mais aussi face à la garantie de la sécurité européenne dans son discours du 8 décembre 2020.

Dans un premier  temps, il a ainsi déclaré : « La dissuasion nucléaire a joué un rôle fondamental dans la préservation de la paix et de la sécurité internationale, notamment en Europe. Je suis intimement persuadé que notre stratégie de dissuasion conserve toutes ses vertus stabilisatrices, et demeure un atout particulièrement précieux dans le monde de compétition des puissances, de désinhibition des comportements et d'érosion des normes ».

Par la suite, il a évoqué les attentes de la France en ce qui concerne le désarmement, qui serait pour lui essentiel pour résorber le climat d’insécurité, mais aussi impossible en cas d’engagement unilatéral.

« Ne soyons pas naïfs : un décrochage de la France, dont l'arsenal ne peut en aucun cas être comparé à celui des États-Unis ou de la Russie, n'aurait pas le moindre effet d'entraînement sur les autres puissances nucléaires […] Ce traité ne créera aucune obligation nouvelle pour la France, ni pour l'Etat, ni pour les acteurs publics ou privés sur son territoire », poursuit-il.

Moins offensif que la France en termes de stratégie nucléaire, le Royaume-Uni dispose de 195 ogives dont 120 déployées dans un contexte de dissuasion.

Comme les autres pays maitrisant la technologie nucléaire, le Royaume-Uni prône une utilisation propre du nucléaire en exploitant la puissance de ses 15 réacteurs pour subvenir aux besoins énergétiques du pays et limitait jusqu'à présent ses investissements au remplacement de ses sous-marins nucléaires et de son stock d’ogives vieillissantes.

Ceci étant, la stratégie de Boris Johnson semble s’écarter de cette ambition depuis l’annonce d’une augmentation de 40% du plafond d'ogives nucléaires le 16 mars 2021, ce qui contraste avec la volonté de ses prédécesseurs de s'engager dans une réduction de l'arsenal nucléaire et pose la question des intentions des Britanniques en matière de dissuasion.

Situé à la 6^ème place dans le classement de la Federation of American Scientists, le Pakistan revendique sa puissance nucléaire à travers ses 165 ogives non déployées. La raison pour laquelle le pays figure après Israël relève de l’incertitude des observateurs en  ce qui concerne la traduction de cette ressource en missile. En d’autres termes, on estime que le Pakistan dispose surtout d’un arsenal conservé dans un stockage central… qui devrait ainsi passer par de nombreuses étapes pour être considéré comme des armes.

Le Pakistan a commencé son programme nucléaire dans les années 70 sous l’égide du premier ministre Zulfikar Ali. La motivation du pays reposait notamment sur une stratégie de concurrence atomique avec l’Inde, qu’il devance largement aujourd’hui.

Non adhérent du TNP, le Pakistan reste un acteur contrôlé et surveillé par les Occidentaux sachant qu’il a bénéficié d’un soutien de la part de la Chine, de l’Arabie Saoudite, mais aussi de la Corée du Nord durant cette dernière décennie.

En concurrence directe avec le Pakistan, l’Inde figure à la 7^èmeplace du classement mondial des pays détenteurs d’armes nucléaires. Suivant le rapport de la Federation of American Scientists, le pays détiendrait 160 ogives non déployées.

En substance, l’Inde maintient une tension militaire avec le Pakistan et continue l’escalade au développement de son arsenal nucléaire, cependant il s’est engagé à ne jamais utiliser ses armes en premier et contre des attaques avec des armes classiques.

L’histoire de l’Inde et du nucléaire remonte aux années 50, mais les premiers essais dans le domaine de l’armement n’apparaissent qu’en 1974. Aujourd’hui, son programme prévoit un développement continu des ogives, sachant que le pays ne fait pas partie des signataires du TNP.