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7 arguments pour interdire la voiture à Paris (et ailleurs)

Décrypter Par Eric Le Braz 26 septembre 2016

7 arguments pour interdire la voiture à Paris (et ailleurs)

Armes de destructions massives

Oilman
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Anne Hidalgo boute les automobiles hors de la Seine et les automobilistes se déchaînent. Mais elle pourrait aller encore plus loin... Imaginez 365 journées sans voitures.

C’est un « passage en force » d’un  « projet aussi bâclé que léger » qui va sacrifier les banlieusards « aux intérêts des seuls Parisiens».

Et si on n’est pas d’accord, Anne Hidalgo vous sermonne, « telle une institutrice devant une classe de CP». Ouais, on imagine le tableau.

Mais pourquoi tant d’acrimonie sur le web envers la maire de Paris ? Parce qu’elle a passé outre l’avis d’un conseil consultatif et imposé la piétonnisation des berges de la Rive droite. Le mercredi, 14 septembre, elle entérine ce Paris Plage permanent en inaugurant une expo sur la Cop 22 avec Ségolène Royal. Et ce 26 septembre, le Conseil de Paris a entériné la décision

Les Hidalgophobes s’égosillent d’indignation et je n’en suis pas. Mais je ne suis pas non plus Hildagophile car elle est finalement un peu timorée sur ce coup-là… Et voici pourquoi. 

1 Moins de routes, c’est moins de voitures

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No comment.

La voie express Georges Pompidou portait le nom d’un Président qui estimait que "la cité devait s'adapter à l'automobile" et pas l’inverse. Et c’est ainsi que la ville s’est retrouvée balafrée par une autoroute  urbaine. Il va probablement falloir aujourd’hui rebaptiser quai René Dumont ou promenade Ivan Illich cette berge redevenue douce, au moins pendant six mois de test.

Les opposants à la transformation de la voie soulignent que les 42.000 voitures qui l’empruntaient vont devoir s’embouteiller et donc polluer les arrondissements centraux. On prévoit l’apocalypse sur les quais de la Mégisserie et boulevard Saint Germain.

J’en reviens. Et ça roule. Il se passe un phénomène bien connu. Quand on limite la voirie, les voitures s’évaporent. C’est très bien expliqué sur l’excellentissime blog d’Olivier Razemon. Plus on construit de routes, plus le trafic augmente. C’est ce qu’on appelle le paradoxe de Braess, un mathématicien allemand qui a observé le phénomène dès 1968. Et ça marche dans les deux sens : plus on réduit la voirie disponible pour les voitures, moins les automobilistes utilisent leur véhicule. C’est ça l’évaporation.

Et c’est pour cela qu’il faut aller plus loin…  Les automobilistes qui ne se sont pas évaporés râlent parce qu’ils roulent moins vite sur le boulevard Saint Germain que sur la Voie Express ?  OK, transformons aussi le boulevard Saint germain et les quais de la Rive droite en voirie limitée avec une voie pour les voitures et le reste pour les bus, les trams, les taxis et les vélos. L’évaporation continuera…

2 48.000 morts, ce n’est pas une paille

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Flou artistique...

Et c’est une poutre dans l’œil des accrocs à l’automobile qui honnissent ces immondes bobos parisiens armés de leur trottinette entre les dents. Plus d’un décès par pollution sur deux dans la métropole parisienne vivait en banlieue : « En France, la pollution de l’air extérieur entraine environ 48 000 décès prématurés chaque année. A Paris, elle entraine environ 2500 décès chaque année et retire plus de 2 ans d’espérance de vie à 30 ans. À l’échelle de la Métropole, ce sont 6600 décès qui seraient évitables chaque année ». Ce sont cinq pneumologues qui l’écrivent dans une tribune publiée par le JDD pour soutenir les voies sur berge piétonnes.

Le lobby automobile soutient que les mesures de restriction de la circulation sont une atteinte à la liberté. OK. Mais la liberté des uns ne doit-elle pas s'arrêter là où commence la mort des autres ?

3 Non, la banlieue n’est pas (toujours) enclavée

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dans le RER C, c'est Versailles !

Les arguments avancés par les habitants de la banlieue qui doivent se rendre à Paris abordent souvent l’état déliquescent des transports en commun. C’est parfois vrai. Et j’avoue que dans une vie antérieure, il m’arrivait de prendre ma Visa (c’est dire si ça date) pour aller bosser à Evry et éviter la ligne C.

Depuis, j’ai changé comme disait Sarkozy en 2007, 2009, 2012 ou 2014. Mais je vais toujours en banlieue plusieurs fois par mois. Il m’arrive régulièrement de revenir de Villiers-le-Bel par la ligne D après 23 h. Zéro tracas. Certes, la situation des trains de banlieue n’est pas mirifique  en attendant le grand désenclavement et la ligne 13 est un cauchemar éveillé. Mais pour paraphraser qui l’on sait, un con debout sur la ligne 13 va beaucoup plus vite qu’un intellectuel assis dans les bouchons de Saint-Ouen.

4 Oui, on peut se passer de voiture à Paris

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Cyclistes pas dopés sur les Champs. 

Velib

Les lecteurs de Figarovox se sont délectés de « l'appel d'un Parisien de gauche à Anne Hidalgo » qui s’insurge contre la piétonnisation des voies sur berges. Parmi les arguments d'un « adhérent du Parti Socialiste pendant plus de 15 ans », on trouve cette phrase maintes fois entendues sous différentes variantes : « Je suis patron de PME et amené à ce titre à me déplacer 4 à 5 fois par jour dans Paris pour des rendez-vous professionnels, sans que les transports en commun ne m'offrent de solution réelle pour les organiser efficacement ». 

Eh bien, cher Parisien de gauche, figurez-vous que je suis aussi patron de PME et amené à ce titre à me déplacer 4 à 5 fois par jour dans Paris pour des rendez-vous professionnels, or les transports en commun, velib’, les Autolib', les taxis et les VTC m'offrent toutes les solutions possibles pour les organiser efficacement.

Ce n’est pas parfait, je peste quand je ne trouve pas de Vélib, mais ça me prend beaucoup moins de temps que de chercher une place pour me garer (j’ai connu ça aussi, si, si). J’occupe à peine un mètre carré d’espace (contre 5 –si c’est une Mini-  à 25  – quand on utilise un parking - pour un véhicule comme le votre.). 

Il y a une telle offre de transports alternatifs à Paris qu’une telle mauvaise foi est juste un plaidoyer pour un mode de vie confortable et capitonné qui fleure bon le XXe siècle. Mais voilà, ça c’était avant. 

5 C’est le sens de l’histoire

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Ici, c'est (bientôt) Paris.

Bon, je ne vais pas faire mon instit’ comme Anne Hidalgo. Mais quand même…

Les accidents de la route provoquent la mort d’1,25 millions de personnes par an dans le monde, dit l’OMS. Les transports routiers, c’est environ le quart des émissions de gaz à effet de serre. Pour les morts précoces par pollution, voir la deuxième capsule. Bref, il faut savoir ce que l’on veut et dans quel monde on veut vivre (ou survivre).

L’écologie punitive n’a pas bonne presse mais c’est la seule qui fonctionne. Nous vivons dans un monde confortable mais intenable. Ce sont des sacrifices ? Oui. Très relatifs. Le véritable sacrifice, ce sont nos enfants qui vont le vivre.

6 Dans le Nord, d’autres villes donnent l’exemple

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Amsterdam, car free. 

Voyager comme Ulysse

D’accord, on n’est pas des vikings. Mais à Oslo, les Norvégiens, pourtant producteurs de pétrole, vont interdire la bagnole à l’intérieur de leur périf. Helsinki a pour objectif de devenir une ville sans voitures d’ici 2025. A Amsterdam qui est déjà un gigantesque vélodrome, on imagine un avenir sans moteur thermique… Bon sinon, il y a Londres et son péage, Copenhague et ses 497 kilomètres de pistes cyclables… bref, les Khmers verts sont partout. Et du coup, à Paris ils semblent encore bien pâles...

7 Dans le sud, d’autres villes vont suivre

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La Place de la Victoire a Bordeaux, c'est  peu minéral mais sans pot d'échappement à proximité des monuments...

Bordeaux Metropole

A Bordeaux, comme à Amsterdam, il faut vraiment le vouloir pour conduire dans le centre. Il n’y a pas de voie sur berge, les piétons y sont déjà, mais on peut toujours tenter de suivre le tram’ en stoppant à tous les feux rouges. A Bordeaux comme à Niort, des dizaines de volontaires ont expérimenté de vivre deux mois sans voiture. La plupart des participants ont revendu leur caisse à l’issue du test. Et ils en profité pour découvrir l’auto partage. C’est la Maif qui a initié l’expérience et qui la renouvelle cette année à Dijon et Grenoble. Plus au sud, encore, Barcelone a un plan pour rendre la ville aux piétons...

Maintenant, ce serait une bonne idée de tenter des expériences à Marseille avec ses autoroutes qui déboulent au cœur de la ville et ses 8 mois d’espérance de vie en moins à cause de la pollution de l’air...

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