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7 CLES pour comprendre la DEPRESSION

Savoir Par Hervé Resse 13 juin 2019

7 CLES pour comprendre la DEPRESSION
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Voici déjà une maladie bien difficile à envisager : inutile de s’encombrer en plus d’idées fausses sur le sujet !

Ici, nous aimons bien cette collection intitulée « Idées reçues » qu’édite la maison Le Cavalier Bleu. Elle se penche sur des thématiques complexes, les explicite toujours de façons claires et argumentées, sans tomber jamais, nous semble-t-il, dans la simplification excessive. 

Elle évite également l’autre travers symétrique, celui des discours d’experts inaccessibles. Comme il est indéniable que l’hyper connexion nous soumet au flux ininterrompu de l’information, nous nous trouvons gavés d’infos sur mille sujets « dans l’air du temps ». Et devenons, en toute bonne foi, réceptifs aux idées simplistes ou caricaturales, entrainant souvent vers des conclusions fausses ou très imprécises.

Comme nous avions abordé grâce à cet éditeur l’épineux sujet du Burn-Out, d’autant plus difficile à cerner qu’il n’est toujours pas reconnu comme maladie professionnelle, arrêtons-nous le temps d’un article sur les affres de la dépression, qui, loin de toucher seulement les (trop) nombreuses personnes concernées, atteignent aussi leur entourage, familles, amis, collègues. 

Comme nous le précisons chaque fois qu’un de nos articles est inspiré d’un livre publié, notre but n’est jamais de plagier le texte, mais de relever des informations qui nous sont apparues centrales. Sans jouer les divulgâcheurs, pour le dire comme les québécois.   

Ici, l’auteur Bernard Granger est professeur de psychiatrie à l’Université René Descartes (Paris V) et praticien hospitalier à l’hôpital Cochin.  Il est également l’un des rédacteurs en chef de la revue Psychiatrie, Sciences humaines et Neurosciences. Il aborde et étudie les troubles mentaux dans tous leurs aspects : biologiques, psychologiques et sociaux.

1 Dépression : Juste un malaise passager ?

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La dépression a existé de tout temps, elle n’est pas une maladie de l’ère post-moderne. Le Professeur Granger rappelle qu’on l’appelait jadis « mélancolie », mot qui de son côté évoque aujourd’hui plutôt un bref état de tristesse ou de nostalgie. (Léo Ferré disait : « La mélancolie c’est un désespoir qu’a pas les moyens »). 

La dépression ne doit pas être confondue avec une déprime, « un coup de moins bien », pour employer le jargon cycliste, qu’on ressent suite à des événements inattendus ou douloureux, deuil ou déception. Mais on pressent qu’elle s’atténuera "avec le temps" et un peu de patience. 

Dans la dépression, la souffrance est quotidienne, récurrente. On se situe  là bien loin de qu'on appellerait volontiers, aujourd'hui, une simple « bobologie ». 

La dépression est une « modification de l’humeur » conduisant vers une « tristesse pathologique ». Les symptômes doivent alerter lorsque ils sont associés, qu’on les ressent de façon durable et entêtante. Au premiers rangs des symptômes qui en sont les indices : troubles somatiques comme une grande fatigue, troubles du sommeil ou de l’appétit ; lassitude, découragement, anxiété, sont également au programme. Et cette tristesse pathologique peut fort bien s’accompagner d’idées suicidaires.

Il faut la distinguer de la dépression « maniacodépressive », qu'on appelle aujourd'hui « trouble bipolaire ». Là, alternent des phases de dépression et d’autres d’excitation. 

Mais insistons : on ne parle pas ici d’un « léger passage à vide », mais bien d’une « affection mentale ». Et ce mot ne doit pas faire peur ou repousser, comme si la dépression se ramenait à ce qu’on appelait autrefois « la folie ». Ce mot doit simplement, mais réellement, conduire à prendre le problème au sérieux.

2 Dépression : Est-ce un aveu de faiblesse ?

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Ramener la dépression à un simple défaut de volonté, y voir le signe d’une faiblesse, associée ou non, pourquoi pas, à des stéréotypes sexistes (« encore un problème de bonnes femmes »), serait vraiment méconnaitre cette affection. Si les symptômes sont nombreux, ils peuvent varier selon les individus, et atteindre toutes les sphères de leur vie : professionnelle, personnelle, sociale et relationnelle, morale. Les symptômes peuvent s’avérer particulièrement pénibles ou douloureux : les rythmes biologiques, le sommeil, l’appétit, en sont perturbés et « échappent au contrôle de celui qui en souffre ». De sorte qu’elles peuvent déboucher sur des épisodes d’angoisse, crises de larmes, exprimant tout à coup la profondeur du désespoir, et l’incapacité à le maîtriser. 

Or contrairement à ce qu’affirment certaines paroles de chansons, ou titres de livres : ça peut pleurer, un homme ! Et pleurer n’est pas ici indice de faiblesse, encore moins un caprice ou une posture visant à être plaint(e). Il s’agit bien de l’expression d’une souffrance et d’une difficulté, voire d'une incapacité, à en sortir.

3 Dépression, et suicide, quelles relations ?

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Allons-y franchement : page 29, l’auteur affirme que « La dépression est l’une des principales causes du suicide, pour ne pas dire la première ».

Le suicide touche toutes les tranches d’âges. Il constitue la première cause de mortalité chez les 25-34 ans, la deuxième chez les 15-24 ans. Or la dépression, souvent mal dépistée, notamment chez les adultes jeunes, constitue parmi d’autres troubles mentaux, le premier motif du passage à l’acte, que la tentative échoue ou non. Là n’est pas le sujet de notre article, mais notons ceci : la façon souvent maladroite, ou imprudente, dont on parle du suicide notamment dans les médias et sur les réseaux sociaux, peut avoir des effets négatifs, notamment chez des jeunes gens fragiles. 

Les sources d’informations sur la mortalité par suicide en France sont constituées par les certificats de décès établis par les médecins. Et là citons l’ouvrage : « il concernerait 1,6 % de l’ensemble des causes de mortalité, soit un taux de 14,9 suicides pour 100.000 habitants. Sur ces décès, on relève une surmortalité masculine (6 661 hommes décédés pour 2 224 femmes en 2014). Le taux de suicide pour les hommes est trois fois supérieur à celui des femmes (23,1 pour 100 000 habitants pour les hommes ; contre 6,8 pour 100 000 habitants pour les femmes) ». Cette remarque souligne s’il en était encore besoin, que la dépression et ses conséquences concernent bien tous types individus, au-delà de leur sexe et âge. 

On estime que 95 % des suicidés sont atteints de troubles mentaux. Parmi ces troubles, la dépression occupe une place majeure. La fréquence des troubles psychiatriques est importante chez les suicidés, mais également chez les auteurs de tentatives de suicide. Raison de plus pour ne pas rester inactif lorsque on voit monter les symptômes, ou des signes avant-coureurs, pour soi-même, ou chez un proche.

4 Dépression : Voir un psy ou un psychiatre ?

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Tout ce qui, de près ou de loin, ramène au mot « psy », peut chez certaines personnes susciter méfiance et rejet de principe, fondés là encore sur des stéréotypes : « Moi, voir un psy ? Mais je ne suis pas fou ! » Quitte à persévérer dans l’erreur, on croit qu’on saura s’en sortir « seul » : il suffirait de faire preuve d’un peu de « volonté » …. Précisant dans le chapitre qu’il consacre à ces problèmes que le titre de « psychothérapeute » n’est pas encadré, et que les différents métiers, psychologues, psychanalystes, proposent chacun des approches très différentes, Bernard Granger conseille très fermement, pour s’appuyer sur un diagnostic sérieux, d’entrer en relation avec un médecin psychiatre, qui lui saura déceler s’il s’agit bien d’une dépression, ou d’un autre trouble mental. 

Dans un second temps, le diagnostic étant posé, il pourra conseiller son patient sur les mesures les plus appropriées : médicaments, ou travail thérapeutique. Là encore, insistons : le mot psychiatre ne doit pas faire peur. Au contraire, consulter sera un premier pas en avant dans la bonne direction, celle qui consiste à ne pas nier le problème, mais bien à le prendre en compte, à s’y attaquer. 

Ensuite, comme décidément les idées toutes faites se retrouvent partout dans cette thématique, on a parfois tendance à penser que la dépression repose sur une cause unique. Voir un psy permettrait de la mettre à jour, et identifier la cause suffirait à résoudre les problèmes. La réalité est autrement complexe. Les causes de la dépression sont souvent nombreuses, le travail en thérapie (longue ou brève) aidera à la résolution de certaines d’entre elles, mais d’autres moyens existent : examiner ses habitudes alimentaires, son rapport au corps et à l’exercice physique, les relations sociales, peuvent constituer autant de pistes de travail. Le livre y consacre de nombreuses pages, et fidèle à sa promesse, s’attache à dépasser les idées reçues. Le message ? Il n’y a pas de méthode magique à disposition, mais dire que les thérapies ne servent à rien serait parfaitement absurde.

5 Dépression : Faut-il ou non se fier aux antidépresseurs ?

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Nombre d’entre nous y ont recours, au point qu’on entend parfois que nos concitoyens seraient les « plus gros consommateurs au monde » de petites capsules ou pilules aidant à lutter contre la dépression. 

De quoi parle-t-on ? Il y a quatre grandes classes de psychotropes : les antidépresseurs, les neuroleptiques, les anxiolytiques, et les régulateurs de l’humeur. Les antidépresseurs ont connu la plus grande croissance de leurs ventes depuis vingt ans. L’arrivée sur le marché de nouveaux antidépresseurs (type Prozac), ont si l’on ose dire, dopé le marché. On parle ici des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, célèbre depuis que Michel Houellebecq y a puisé son inspiration. On se risquerait volontiers à préciser que la sérotonine est (nous dit Wikipédia) « Une monoamine de la famille des indolamines ; qu’elle est un neurotransmetteur dans le système nerveux central et dans les plexus intramuraux du tube digestif, ainsi qu'un autacoïde (hormone locale) libéré par les cellules entérochromaffines et les thrombocytes ». Mais est-on certain d’en savoir plus après cette définition ? 

Le Professeur Granger estime « qu’un grand nombre de patients déprimés ne reçoivent pas de traitement par antidépresseur alors que leur état le justifierait ». Il ne considère pas pour autant que ces médicaments puissent constituer des « traitements miracles de la dépression ». Chacun a ses limites, contre-indications et effets secondaires éventuels. Comme tout médicament, oserait-on ajouter. Mais au regard de la variété des molécules disponibles, on peut s’interroger : un médecin généraliste est-il assez informé pour distinguer dans cette diversité, qui comprend amitriptyline, amoxapine clomipramine, dosulépine, doxépine, imipramine, maprotiline, trimipramine, moclobémide, citalopram ; escitalopram, fluoxétine, fluvoxamine, floxyfral, paroxétine, sertraline, agomélatine, duloxétine, miansérine, mirtazapine, tianeptine, venlafaxine, vortioxétine… lequel répondra plus précisément à tel cas particulier, le vôtre éventuellement ? 

La réponse de bon sens se ferait alors en deux temps : ne pas négliger par principe l’apport de médications, parmi d’autres voies de changement à envisager. Et s’en remettre ensuite à l’avis d’un médecin psychiatre ou neurologue, avant celui du seul médecin traitant, si compétent soit-il par ailleurs.

6 Dépression : Les autres peuvent-ils nous comprendre ?

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Du début à la fin de l’ouvrage, l’auteur s’applique à faire passer le message, ici repris, que les sentences définitives sont TOUTES insuffisantes. La complexité des ressentis, des comportements, des histoires individuelles et familiales, sont autant d’éléments qui déjà, peuvent perturber le regard et la compréhension du déprimé lui-même. Il est évident que sa famille se trouvera forcément, à un niveau ou un autre, impactée par l’état de dépression qui touche un de ses maillons. L’une des difficultés à ce stade, est qu’un des comportements classiques sera le repli sur lui-même du sujet déprimé, sa difficulté à communiquer avec autrui, et souvent ce ressenti entêtant: personne ne peut le comprendre. 

A l’autre extrémité, les membres de la famille peuvent voir constater l’état de douleur, en subir pour eux-mêmes les contrecoups, manifester leur bonne volonté, leur empathie. Ou à l’inverse leur désapprobation. Le danger d’ajouter à la « crise » une mécanique de reproches et culpabilisations mutuelles peut donc s’inviter dans le tableau... "comme si cela ne se suffisait pas"...

On voit bien que « comprendre » n’est de toute façon qu’un élément du problème : quelle que soit l’attitude des proches, ils ne sont pas pour autant de bon conseil, et la simple bienveillance ne suffira probablement pas pour aider vraiment le dépressif dans sa lutte contre le mal-être qui l'a envahi.

7 Dépression : A chaque histoire, ses voies de guérison.

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Le Cavalier bleu

Citons l’auteur dans sa conclusion : 

« d’un sujet à l’autre, la dépression n’est jamais la même, tout en gardant de grandes caractéristiques communes. Au-delà de son aspect médical, elle constitue une expérience humaine à la fois terrible et riche parfois d’enseignements. Elle peut déboucher sur un renouveau fécond, une fois que le déprimé est sorti de ses ténèbres et a retrouvé la lumière ». 

On le remerciera de conclure sur une note d’optimisme, comme d’indiquer de nombreuses pistes de thérapies possibles, par exemple celle des thérapies familiales, ou de couples. Naturellement elles supposent que l’entourage accepte de devenir partie prenante au travail. D’autres approches relèvent du registre des « thérapies cognitivo-comportementales », abordant des aspects précis de la dépression : atténuation de l’expression des émotions, amélioration des comportements et des pensées inadaptées, évaluation des symptômes, l’entraînement aux habiletés sociales… 

Pour qui est concerné par ce douloureux problème, cet ouvrage de 120 pages offre une meilleure compréhension des causes, des effets, et surtout des voies de résolution, pour peu qu’on veuille s’en donner quelques moyens, notamment au plan de l’énergie positive. A lire donc, sans hésiter, si l'on est soi-même - ou pour quelqu'un qui nous est cher-, concerné.

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