7 conseils anti-gastro
Elle a trois mois d’avance par rapport aux normes saisonnières. La gastro s’invite dans nos intestins dont le charme devient brusquement moins discret que d’habitude. Comment faire pour la prévenir et la guérir ? Notre méthode en 7 points.
Que celui qui n’a jamais eu de gastro lève le doigt ! Nausée, vomissements… si ce n’est pas une grossesse, ça y ressemble, mais la durée est plus courte et l’issue moins émouvante pour la famille. A cela s’ajoutent parfois des crampes abdominales et la diarrhée, éventuellement la fièvre, des maux de tête et une grosse fatigue. La cause ? Dans les deux tiers des cas, un virus : rotavirus (surtout chez les enfants), norovirus dont une variante est connue sous le nom de « virus de Norwalk », un petite ville de l’Ohio (Etats-Unis) où elle a été identifiée pour la première fois en 1961, mais aussi adénovrius, calicivirus et adénovirus. Les plus jolis ? Les astrovirus, ainsi dénommés parce qu’ils ont la forme d’une étoile.
C’est à peu près la seule dimension poétique de ce qu’on appelle à tort « la grippe intestinale » : une inflammation aiguë de l’estomac et de l’intestin qui peut être aussi due à des bactéries contenues dans la nourriture ou des eaux souillées, dans le cas des « intoxications alimentaires » généralement sans gravité, sauf quand la bactérie en question est celle du choléra.
Mais l’épidémie que connaît la France aujourd’hui, particulièrement en Ile-De-France et dans le Sud Ouest, est assurément virale et sans gravité, à moins d’être bébé, âgé.e ou immunodéprimé.e (rien à voir avec une baisse de moral : c’est le fait d’être privé de ses défenses naturelles parce qu’on est déjà malade par ailleurs). Ce sont les enfants, ces pestes, qui en seraient les vecteurs, depuis qu’à la rentrée scolaire ils ont mêlé leurs mains, leur pipi, leur caca et que sais-je encore sous prétexte de s’instruire.
Vous voila forcément contaminés, ou sur le point de l’être. Peut-être parce que vous avez des enfants. Ou des frères, ou des sœurs. Ou que vous êtes vous-mêmes des enfants. Quoi qu’il en soit : c’est la merde. Sauf si vous suivez nos conseils à la lettre.
1 | En venir aux mains |
Depuis l’épidémie de grippe aviaire qui était rappelez-vous, une fausse alerte, l’hygiène manuelle est devenue le nouveau mantra de l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation à la santé).
Rien de cochon, hélas, il s’agit seulement d’une méthode en huit points pour se laver les mains où l’on apprend notamment qu’il faut se rincer en gardant les mains levées comme dans la série Grey’s Anatomy, pour laisser les virus s’écouler vers le coude et non vers le bout des doigts. Après, va savoir ce qu’ils font dans le coude. En tout cas, semble-t-il, ils y meurent de leur belle mort, pendant qu’on se frotte les ongles au creux des paumes, qu’on gratte entre les doigts et qu’on s’essuie dans une feuille de papier jetable, donc chacun sait qu’il n’y en a JAMAIS nulle part dans les lieux publics français.
A la place, on a une soufflerie inefficace qui ferait à la rigueur sèche-cheveux (mais sans bigoudis, à quoi bon ?), et qui réchauffe les virus au lieu de les éliminer. Si vous êtes comme 95 % des individus incapables, selon une étude menée en 2013 par l’université du Michigan de vous laver les mains correctement avant de manger, en sortant des toilettes, en revenant des transports en commun ou après avoir serré la paluche de tout l’open space alors que ça sent objectivement le vomi, ne vous étonnez pas d’avoir la diarrhée avant les fêtes.
Et si vous manquez d’eau, de savon, de papier, pensez à la solution hydro-alcoolique qui, elle, n’est pas anonyme, contrairement aux alcooliques qui préféreraient mourir que de mettre de l’eau dans leur vin. Surtout si vous avez l’intention de vous occuper d’un bébé qui ne vous a encore rien fait (il vous vomira sûrement dessus un jour où l’autre, mais c’est sa façon de vous témoigner de l’affection, un peu comme les chiens qui vous mordillent les chevilles ou les chats qui vous rapportent des souris mortes au petit déjeuner).
2 | Jouer à faire le ménage |
Se laver les mains, c’est bien. Se lever demain, c’est mieux. Pour ne pas vous réveiller terrassé.e par la gastro (et là on ne parle pas de l’abréviation du mot « gastronomie »), il faut aussi laver les objets qui vous entourent. Désinfecter les toilettes, bien séparer les brosses à dents si vous avez le bonheur de vivre à plusieurs, ne pas mélanger les serviettes et ne pas manger dans la même assiette, c’est la base.
Quand on en a, il faut aussi laver et même désinfecter ses jouets (non, je ne veux pas savoir lesquels). Et le cas échéant, ceux des enfants dont vous avez la responsabilité, que vous les ayiez ou non conçus dans un moment d’égarement. Pour ce faire, plusieurs méthodes : les laver (les jouets, pas les enfants) au lave-vaisselle à haute température pour les matériaux qui s’y prêtent, au savon de Marseille avec une éponge réservée à cet usage, et les asperger d’un mélange composé à 50 % d’eau et à 50 % d’alcool à 90 % avant de les essuyer avec un papier absorbant jetable. Plus économique et très efficace aussi : le vinaigre blanc, qui a l’avantage d’être comestible et écolo, contrairement à la javel.
Proscrivez en revanche la fausse bonne idée des lingettes désinfectantes, surtout pour les jouets qui pourraient être portés à la bouche (j’ai dit que je ne voulais pas savoir lesquels).
3 | Boire beaucoup |
Vous n’en avez fait qu’à votre tête et voilà : la gastro est là. Ça va durer 24 à 72 heures, mais ça peut aller du simple désagrément à l’enfer. L’urgence est alors de boire. Et… quand on dit boire, on ne dit pas bordeaux ou whisky, mais eau, tisane sucrée et bouillon salé.
Le Coca souvent préconisé doit être éventé au préalable. Et demandez-vous par la même occasion pourquoi il est réputé désinfecter votre système digestif. Le jus de fruit est proscrit, il irriterait l’estomac déjà pas de bonne humeur. L’idée, c’est à la fois de se réhydrater (car on se liquéfie, si vous avez remarqué) et d’éliminer le plus vite possible le virus et les toxines.
On peut éviter de manger au plus aigu de la maladie, mais pas de boire. Et il faut se réapprovisionner en sels minéraux. Pour les tout petits, le danger de la déshydratation est réel et potentiellement mortel, surtout chez un nouveau-né. Il faut toujours disposer au cas où d’une solution de réhydratation, à plus forte raison si l’enfant vomit tout ce qu’il avale.
4 | Manger léger |
Manger est bienvenu, si on a faim. Mais pas la peine de se forcer. L’aliment idéal en cas de gastro ? Des féculents – riz, pâtes, pommes de terre –, des carottes et des fruits bien cuits. Il faut en revanche éviter les fibres (céréales et légumes verts notamment), le pain complet, les légumineuses qui produisent des gaz sans être pourtant nazies, et tout ce qui est crudités et fruits crus.
Si on ne peut pas s’en passer (voir notre tuto végétarien), on peut manger de la viande ou du poisson maigre (poulet, jambon blanc…), de préférence bouillie ou à la vapeur. Youpi ! Quant aux œufs et aux laitages, en particulier les fromages fermentés, mieux vaut les oublier pour l’instant.
5 | Se reposer et rester chez soi |
Les médicaments sont inutiles, surtout administrés n’importe comment. A moins d’un inconfort sévère ou d’une migraine carabinée, on se contentera de rester allongé.e au chaud et, surtout, à proximité des toilettes. En deux jours, la plupart des symptômes s’estompent. Le repos s’impose aussi pour ne pas contaminer les collègues de travail. Et si l’on se croit vraiment indispensable, c’est le moment de passer au télétravail. Avouez que c’est mieux d’être chez soi dans ces cas-là.
Et n’oubliez pas de couper la webcam après la conférence Skype. Personne n’a envie de vous voir vous tordre de douleur en jouant à Street Fighter ou en surfant sur des sites porno, rebelles ou de rencontres. Ceci relève de votre vie privée. Et pas seulement votre vie privée du moindre agrément digestif ou sexuel, car la gastro, étonnamment, n’incite pas à la luxure. Sa spécialité, c’est plutôt luxation du colon.
6 | Trouver un sens à sa vie |
Parmi les solutions qui s’offrent au gastro-entéropode – ainsi qu’on pourrait appeler la personne frappée par un astrovirus – durant la phase active, je n’en vois pas de meilleure à part ouvrir un bon livre. Si vous voulez explorer les territoires méconnus de vos intérieurs tourmentés, plongez-vous par exemple dans le Charme discret de l’intestin, le best-seller de Giulia Enders, qui vous apprendra comment vaincre la constipation (qui n’est pas, pour le moment, votre souci principal, mais ça reviendra, on vous le jure).
Ou tombez sous le charme d’Elena Ferrante, l’anonyme et sublime romancière à qui l’on doit notamment « L’amie prodigieuse ». Bannissez Facebook et Twitter. Réécoutez l’intégrale de Dylan, dernier Nobel de littérature en date, dont notre collaborateur Hervé Resse est le grand adorateur. Parlez à votre plante verte et à vos animaux de compagnie. Méditez sur l’impermanence de toute chose, en particulier les aliments dans votre estomac. Refaites votre CV. Et songez à ce sort funeste qui vous a propulsé sur le trône sans que vous fussiez roi ou reine. Oh, et puis merde, binge-watchez Game of Thrones.
7 | Et finalement maigrir |
Si malgré tous nos conseils la gastro dépassait une semaine et s’accompagnait d’autres symptômes indésirables comme une repousse de cheveux orange ou des plaques de marbre qui vous poussent entre les doigts de pied, prenez rendez-vous chez le médecin, qui se fera un plaisir de vous prescrire 117 examens douloureux, dont une mammographie et un prélèvement d’urètre avec scanner, biopsie et coproculture (analyse des selles-pas-de-cheval, marrant comme tout à prélever, pas gênant une minute à présenter au labo).
Sinon réjouissez-vous : vous avez perdu 2 kilos. Encore quelques jours comme ça, et on entre dans les pantalons d’hiver qui avaient bizarrement rétréci après notre régime « mojito/spritz/cahouettes » de l’été. Ça se fête !
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