7 conseils pour mieux communiquer dans son couple
Pour épargner sa vie de couple, mesurer le choix des mots avec son partenaire est vraiment indispensable. Si les mots ne tuent pas, ils peuvent blesser. Et bien souvent, bonjour les dégâts !
En rédigeant Ces phrases à dire (ou ne pas dire) dans son couple aux Editions Larousse, Lisa Letessier rappelle ce que chaque personne vivant à deux a pu expérimenter, sans en tirer souvent la bonne leçon : ce qu’on appelait jadis « scènes de ménage », aujourd’hui « prises de têtes », jaillissent souvent d’une simple phrase.
Maladroite ou provocatrice, innocente et sans grande importance pour qui l’a dite... mais vexante et parfois jusqu’à l’insupportable pour qui la reçoit.
S’il faut résumer ce dernier livre de Lisa Letessier, psychologue clinicienne aussi reconnue que précise dans ses recommandations, spécialiste entre autres des problématiques du couple, nous dirons avec elle « qu’une bonne communication est l’une des bases nécessaires pour qu’un couple dure ». Peut-être « LA » base la plus indispensable. Même s’il en est d’autres.
Dans un précédent livre dont nous avions parlé, l’autrice abordait le délicat sujet du mensonge dans le couple, éléments de communication parmi les plus difficiles à manier ! Mais maladresse, indélicatesse, exagérations, ironies, perfidies, gaffes, sont tout aussi hasardeuses.
Bien communiquer ? Vrai pour tous les âges, qu’on vive ensemble depuis six mois ou depuis quarante ans (noces d’émeraude). Vrai, que l’on soit couple hétéro ou homo, qu’on vienne de cultures semblables ou différentes. Vrai, que l’on s’imagine partis pour vivre ensemble une vie entière, ou simplement pour faire à deux « un bout de chemin » pas forcément voué à durer jusqu’aux trépas. Vrai, que l’on soit introverti, renfermé, timide, secret ; ou extraverti, communiquant, spontané, volubile. Vrai, qu’on soit deux personnes de même tempérament ; ou au contraire dissemblables, car les deux possibilités existent : on entend tout aussi bien dire « qui se ressemble s’assemble », que « les opposés se complètent et s’harmonisent ».
Communiquer à deux est nécessaire dans les périodes fastes, joyeuses ; et plus encore dans celles où le couple se retrouve confiné, sous contrôle, en télétravail, fragilisé par la pandémie… Comme le sont tous ceux qui vivent à deux, avec ou sans mioches, depuis bientôt un an et demi. Dans une promiscuité accrue et pour l’essentiel subie, soigner sa communiquer est encore plus indispensable. Et l’augmentation des violences conjugales en serait l’indicateur le plus déplaisant, insupportable. Fort heureusement il est toujours possible, disons carrément indispensable, de se l’interdire. Une communication attentive y contribue.
Oui, de simples phrases peuvent mettre le feu. Les partenaires deviennent adversaires, et ne contrôleront plus grand-chose jusqu’au moment du decrescendo : l’un exagère (tu m’as insultée !) l’autre généralise (c’est toujours pareil avec toi !) ou déforme (tu ne sais faire que des reproches) On ressasse ou ressort des placards les vieux dossiers, on se risque à des comparaisons douteuses (ah t’es bien comme ta mère !). Le léger désaccord initial déboucherait vite sur un tsunami de mots blessants, injustes ou cruels. Et à la fin, on ne saurait plus dire de quoi il était au départ question.
Rappel : comme chaque fois que nous écrivons un article inspiré par un livre, précisons qu’il n’est pas question ici de « spoiler » ou plagier. De pomper paresseusement les bonnes feuilles. Mais bien de pointer 7 clés qui, sans mentir, nous ont inspiré à sa lecture. En l’occurrence, ce petit guide déborde de formulations explosives, ironiques, méchantes, stupides, maladroites, évocatrices… Le regard acéré du psy nous éclaire alors sur ce que cela dit du couple… Et aussi de celui qui s’exprime.
1 | Mieux communiquer dans son couple : conserver la bienveillance |
Une vie à deux (ou plus avec les enfants) demande de produire des efforts et de l’attention. Personne n’a jamais promis que ce serait toujours facile. Si certains savent se calmer pour ensuite se réconcilier sur l’oreiller, ce n’est pas toujours aussi simple, et pas forcément garanti.
Au début d’une vie à deux, on prend soin de l’autre, et de la relation. L’amour (qui parait-il durerait trois ans au mieux, mais ce n’est pas non plus prouvé) nous épargne les vacheries, les perfidies, les méchancetés. Ou alors le couple ne durera guère plus que les cerises du printemps. Mais au fil du temps, la délicatesse et la bienveillance des premiers temps peuvent s’étioler, l’attention à l’autre s’effacer derrière les contraintes de la vie. Et si l’on oublie cette bienveillance qui s’exprimait naturellement « aux débuts », on en vient volontiers à lâcher les redoutables « Tu qui tuent ». Tu es un égoïste. Tu ne penses qu’à toi. Tu veux toujours avoir raison.
On a toujours le droit de faire des remarques ou critiquer l’autre. Mais apprenons à ne pas le placer telle une cible dans notre viseur.
Lisa Letessier suggère de toujours exprimer une critique en partant de sa propre émotion, en commençant par un « Je ». Je trouve que… J’ai envie de te dire ceci… On évite ainsi que ce qui serait perçu comme de l’agressivité, soit ressenti comme une agression.
2 | Mieux communiquer dans son couple : cultiver l’empathie |
L’empathie, rappelle notre experte, est « la capacité de se mettre à la place de l’autre. De comprendre, d’identifier, voire de ressentir ses émotions ». Quant à la compassion, assez voisine, ce serait « la sensibilité que nous éprouvons face aux difficultés de l’autre et le fait de souhaiter qu’il ne soit plus en souffrance ».
Voilà bien deux qualités dont nous sommes inégalement pourvus. Mais elles peuvent se travailler. On ne demande à personne de souffrir à la place du partenaire, ni même de pleurer à ses côtés, ce qui pourrait le conforter dans sa douleur. On propose de respecter ses émotions et de l’accompagner en trouvant des mots qui exprimeront ce soutien. Et quand la vie à deux peut déboucher sur une tentation de « se laisser à aller », comme disait Aznavour, prendre le soin de sa communication invite à l’inverse à vouloir s’améliorer. Si l’empathie n’est pas innée, elle se cultive.
On a donc toujours le droit de demander à l’autre ce qui l’a mis dans un tel état. De l’inviter à exprimer ce qui le chagrine. En douceur, et sans acrimonie.
3 | Mieux communiquer dans son couple : éviter de comparer |
Qui apprécierait d’entendre son compagnon le dévaloriser, en proposant par exemple que « son ex le faisait beaucoup mieux » (quel que soit le sujet, pas seulement celui des performances intimes). Mais comparer l’autre à soi-même n’est pas non plus une bonne idée, qui dévalorise l’autre à son propre profit. « Moi je, et toi tu… » sont toujours des façons d’engager un échange sur des bases mal engagées.
Attention aussi à ne pas mettre en parallèle les attitudes, paroles, de son (ou sa) chéri(e) avec celles d’un modèle plus ou moins proche, sur le ton du « pourquoi tu ne fais pas comme Michel… » ou « regarde Sonia elle y arrive bien, elle », qui deviendront vite exaspérants.
La comparaison peut aussi s’exprimer en mode négatif : le très tentant « t’es bien comme ta mère ! » est ce genre de fusil à deux coups qui vise aussi bien l’enfant que l’ascendant. Impeccable pour mettre aussi le feu aux poudres : trois coups pour le prix de deux !
4 | Mieux communiquer dans son couple : gare aux sujets sensibles ! |
Un classique du genre ? La belle-famille, donc. Et la sienne, du même coup. Tellement mieux ! Mais aussi l’argent, notamment pour exprimer des reproches. « Si tu gagnais un peu plus, on en serait pas là ! ». Cruelles également, les allusions sexuelles mettant en évidence les difficultés passagères ou plus durables éventuellement : « c’est déjà fini ? ».
Plus largement tout ce qui pourra contribuer à dévaloriser l’autre, à souligner ses fragilités. Le mettre en danger, en position d’infériorité, soit l’accablera, soit le poussera à une rébellion verbale d’où ne sortira rien de positif. Relire alors les points 1 et 2. Et n’aborder les sujets qui fâchent qu’avec prudence, à des moments choisis, en y allant pas à pas, avec quelques précautions…
Lisa Letessier approfondit évidemment, et propose maints exemples de phrases chocs, maladroites ou blessantes, parfois dites sans y songer, mais parfois clairement préparées. Dites pour calmer sa propre colère, se soulager (« prends déjà celle-là, tu l’as bien méritée ! ») Dans ce dernier cas, ne pas se plaindre des éventuels retours de bâton…
5 | Mieux communiquer dans son couple : repérer l’infraverbal |
Il y a ce que l’on dit… Et les manières dont on le dit. Qu’est-ce que l’infraverbal ? (On dit aussi « non verbal »).
C’est tout ce qui n’est pas dit clairement, mais envoie autant (voire plus) d’information que les mots employés eux-mêmes : les messages du regard (yeux accablés ou menaçants), le ton de la voix (lassitude, ironie, agressivité), la gestuelle, (mouvements de désapprobation en tous genres, des épaules, des mains), les expressions et micro informations du visage, (grimaces moqueuses, froncements de sourcils, rictus, hocher ou secouer la tête) contribuent à accroitre le désaccord. Parfois sans qu’on n’en ait conscience.
On ne maitrise pas toujours l’effet de ses propres comportements, mais avouons qu’on sait fort bien les lire chez « celui d’en face ». On sait aussi se sentir attaqué si l’autre décrypte nos attitudes, pour nous les reprocher. L’infraverbal peut être insidieux, ambigu, et peut néanmoins servir d’amplificateur. On le retrouve à l’œuvre quel que soit le thème de la discorde.
6 | Mieux communiquer dans son couple : exprimer sa gratitude |
Pour mieux communiquer, on le voit, il faut savoir contrôler, positiver, ne pas régler des comptes, sauf lorsque l’envie est tellement forte qu’on ne peut qu’y céder, comme on se reprendrait une deuxième assiette de frites. On sait qu’il ne faudrait pas, mais on en a tellement envie.
En revanche, on oublie trop souvent d’envoyer des messages apaisants quand tout va bien. Remercier pour une aide, un conseil avisé, exprimer sa reconnaissance ponctuelle ou plus durable, sont autant d’attentions qui ne sauraient nuire, mais dont on perd trop vite l’habitude. Peut-être parce qu’on ne les a pas suffisamment entendus pour soi-même ? Peut-être parce qu’on est trop centré sur soi.
La gratitude est indispensable rappelle Lisa Letessier. De même la politesse, trop souvent oubliée ! S’il te plait, merci, bonjour. Y renoncer, c’est le genre de faute technique qui se payera tôt ou tard.
7 | Mieux communiquer dans son couple : s’interdire de manipuler ! |
Toutes les formes de chantage dans un couple sont à proscrire. Les pires, si tu me quittes je me tue, si tu pars tu ne reverras jamais les enfants, indiquent qu’on a déjà franchi les frontières de la simple dispute. On patauge ensemble dans la vraie crise, pathétique, voire pathologique. Celle qui demande probablement l’intervention d’un tiers, médiateur, ou psychothérapeute, conseiller conjugal ou sexologue, à consulter ensemble. Avec ou sans les enfants selon qu’on s’en remette ou non aux approches systémiques.
Sans aller jusqu’à de telles extrémités, la manipulation peut consister à pratiquer des chantages, en appeler inutilement à la jalousie de l’autre, à le fragiliser par des mots qui « stigmatisent », c’que t’es parano ! ou en niant ses propres responsabilités, si je suis si jaloux c’est que je t’aime ! Désespérément nulle, celle-là…
8 | Pour aller plus loin |
Lisa Letessier décrit son livre comme « un petit guide », le mot « petit » est de trop, tant elle sait appuyer aux bons endroits. Pour ne pas divulgâcher, nous nous sommes interdits d’aborder les différentes faiblesses que peuvent révéler ces phrases sur celui qui les exprime. Ce qu’elle appelle « schémas » : d’abandon, méfiance, dépendance, ou d’imperfection, ce sont autant de talons d’Achille qui nous poussent à user à l’excès de certaines expressions ou attitudes contreproductives.
Ce guide, donc, peut être conseillé à tous ceux qui veulent améliorer leur vie à deux, la préserver… Ou à ceux qui voudraient la saboter, mais n’osent pas y mettre fin en le disant franchement.
Cette dernière option serait toutefois peu élégante, pensons donc positif, même si l’objet de l’autrice n’est pas de « faire la morale ». Elle ne dit jamais « ce qui est bien ou pas », « correct ou incorrect », éthique ou pathétique, n’est pas son sujet, sauf lorsqu’elle aborde le passage à l’acte violent, qu’elle affirme évidemment comme un interdit.
Certaines thématiques ou phrases types savent produire de si mauvais effets, révèlent souvent nos propres faiblesses. A cet égard, ce guide pourra ouvrir les yeux… autant que les oreilles.
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