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7 leçons TRAGIQUES à tirer du CORONAVIRUS

Décrypter Par Eric Le Braz 26 mars 2020

7 leçons TRAGIQUES à tirer du CORONAVIRUS

Carte de propagation du Covid-19 dans le monde

Wikimedia Commons
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Il est un peu tôt pour instruire des procès mais pas pour réfléchir à ce qui nous arrive afin de ne pas réitérer les mêmes erreurs la prochaine fois. Et pour atténuer vite celles que l’on vient de commettre.

Soyons clair : le gouvernement a grave merdé face au coronavirus et il en paiera probablement le prix. Mais il a quelques circonstances atténuantes, Macron, Philippe et Véran ont hérité d’un pays totalement inapte à lutter contre une épidémie telle que le COVID-19 et il n’est pas du tout certain que nous eussions été plus performants à leur  place.

Car les erreurs multiples, les décisions tardives, les atermoiements funestes et les confusions burlesques que nous avons observés en direct ne sont pas la conséquence d’un cumul d’inconséquences ou d’un trop plein incompétences. Même si ça a pu jouer.

 Non, la catastrophe que nous vivons est d’abord la résultante d’une façon de penser. Nous avons failli ensemble car nous avons oublié quelques règles élémentaires qui ont permis à l’espèce humaine de survivre depuis 2,5 millions d’années quand nos ancêtres du genre Homo (c’est-à-dire les erectus, les habilis et les sapiens, hein !) ont commencé à développer ce neocortex qui nous distingue des australopitèques et des autres primates plus primaires. Depuis le paléolithique, on s’est laissé pousser un pouce plus long pour manipuler les silex et écrire la liste de course ; on a développé un larynx performant pour passer des borgborygmes aux discours martiaux ; et on a donc stimulé un cerveau enrichi en neurones pour imaginer faire du feu avec des silex, aligner des mots avec notre larynx et surtout apprendre de nos erreurs, transformer la mémoire en pouvoir et l’expérience en savoir.

Hélas, nous finissons toujours par oublier nos précédents fourvoiements pour les rééditer en mondiovision. Il nous faut aujourd’hui méditer sur nos plus  sérieuses bévues et en retenir quelques leçons pour ne pas renouveler les conneries. En voici 7 et il y en a sans doute bien plus….

Avertissement au lecteur et à la lectrice : n’ayant pas fait d’études de médecine - au grand désespoir de ma mère -, je m’abstiendrai dans cet article d’écrire la moindre analyse sur l’utilisation de la chloroquine. En revanche, je sais lire des stats et en tirer quelques conclusions ...

1 Coronavirus : L’imagination n’est pas au pouvoir

Pas la peine de rappeler dans le détail l’addition vertigineuse des décisions - ou plutôt des indécisions - néfastes qui nous ont amenés à ce scénario catastrophe. Listons simplement :

- le refus de la quarantaine pour les passagers arrivant de pays à risques,

- l’absence ahurissante de stocks de masques, de gants, de blouses,

- les tests délivrés au compte-goutte, puis plus du tout parce que, finalement, il est trop tard puisque nous sommes au stade 3 et enfin la tenue des élections municipales en plein stade 3 ! 

- la décision trop longtemps retardée de confiner la France,

- les cafouillages dans l’énoncé des mesures (« Si les ordres ne sont pas clairs, alors le général est à blâmer » Sun Tzu, l’Art de la guerre)

- les injonctions contradictoires (« va travailler », « reste chez toi »),

- les mensonges sur l’inefficacité des masques et l’inutilité des tests pour cacher le fait qu’on en n’avait pas avant de finalement décider sous la pression d’en importer,

- le maintien des liaisons ferroviaires pour bien répandre le virus dans tout le territoire.

- et enfin ce cas d’école, ce symbole de la faillite républicaine : le cluster de l’Assemblée Nationale. 

Un article du Monde raconte comment le Palais Bourbon est devenu un foyer de l’épidémie sous la houlette de l’effarant Ferrand. On a laissé les députés rejoindre leurs circonscription, serrer la paluche de leurs militants et soutenir leurs candidats pendant les municipales sans les tester alors qu’il y avait déjà deux cas déclarés dans l’hémicycle. 14 jours plus tard, on compte officiellement 26 contaminés dont 18 députés. Mais on a toujours pas testé les députés qu’on convoque de nouveau le jeudi 19 mars ! Mention spéciale à la député LR Valérie Boyer qui a distribué des bonbons aux assesseurs toute la journée des municipales provoquant un tsunami de contaminations à Marseille. Il ne faut jamais faire confiance à un adulte qui distribue des bonbons.

Ce process délirant semble relever d’une incapacité à anticiper. Gouverner, c’est prévoir qu’ils disaient. Mais pour faire des prévisions, il faut des données et un peu d’imagination. Or nos dirigeants n’en ont aucune. Pour en avoir, il n’est pourtant même pas nécessaire de lire de la science fiction. Il suffisait d’écouter Bill Gates expliquant depuis des années que «Nous avons énormément investi dans la dissuasion nucléaire, mais très peu dans un système pour arrêter les épidémies. Nous ne sommes pas prêts pour la prochaine épidémie".

Mais non, gouvernants comme gouvernés, nous avons tardé à imaginer le pire contre l’épidémie car cela bousculait nos habitudes mentales. Même les sachants ont séché. Des médecins médiatiques comme Michel Cymes ou Laurent Alexandre ont débité des dizaines d’âneries pendant des dizaines de jours sur cette « petite grippe » avant de se rétracter (saluons ces deux là au passage, ils reconnaissent leurs erreurs, poke Sibeth Ndiaye). « Nous avons eu le temps de nous préparer à cette pandémie », explique cet article passionnant de The Atlantic qui raconte comment l’Occident a gâché le mois de février : « mais nous avons dilapidé cette avance en raison de notre incapacité de penser à des systèmes complexes». 


Tout le monde est responsable de cette panade et pas seulement les pouvoirs publics. Les citoyens comme les médias se moquaient de la grippette. Même l’OMS a eu du retard à l’allumage. Car même si les symptômes du Covid-19 sont comparables à la grippe, le souci, c’est que notre système de santé sous équipé et sous staffé est incapable de supporter une gripette en plus. A fortiori si elle est indétectable en raison porteurs sains.

Bref, le COVID-19 nous fait sortir de notre zone de confort. Il faut désormais apprendre à piloter sans véritables repères en devançant les obstacles. Mais quand on n’a pas d’idées, on regarde ceux qui en ont. Quand on ne sait pas conduire, on piste ceux qui ont su négocier les virages et on évite de suivre ceux qui se crashent en direct. Or c’est tout le contraire qui s’est produit. La France a préféré suivre l’exemple lombard plutôt que coréen…

2 Coronavirus : L’Occident n’a plus la main

7 leçons TRAGIQUES à tirer du CORONAVIRUS
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Il y a un siècle, après une guerre mondiale (et une grippe espagnole) le Royaume-Uni laissait son leadership mondial aux Etats-Unis. Dans quelques années, les livres d’histoires nous enseigneront probablement que la Chine est (re)devenue maître du monde à la suite de la crise du coronavirus qu’elle a réussi à ne pas faire appeler virus chinois. 

Le décompte des morts du COVID-19 illustre notre faillite depuis que l’Italie caracole en tête de ce sinistre classement. Le confinement de tout un pays ne suffit pas. Les nations asiatiques ont adopté avec succès une autre méthode basée sur la prévention et l’intelligence artificielle. Certes la Chine a confiné Wuhan, mais avec une véritable ampleur et a assorti cette quarantaine d’une batterie de tests et de suivi des personnes testés dans tout le pays. La Corée du sud, Singapour, le Japon, ont développé des réponses équivalentes.

L’Occident a répondu aussi, mais à côté de la plaque. Pourquoi ? Sans doute car on a des trous de mémoire.

3 Coronavirus : L’Europe a la mémoire courte

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La peste médiévale

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1347, 1363, 1398, 1412, etc… Depuis la noire, il y a eu des dizaines de pestes par siècle en Europe. Grâce aux mesures de quarantaine, les infections étaient souvent circonscrites à une seule zone, Venise, Paris, Marseille ou Vienne, mais elles n’en étaient pas moins présentes dans tous les esprits. Les populations et les élites étaient mentalement préparées à affronter l’épidémie à défaut de savoir médicalement la combattre. 

Depuis 1894 et la découverte du bacille par le bon docteur Yersin, la peste ne fait plus que quelques fugaces apparitions par ci par là et on a oublié le danger. La dernière pandémie vraiment meurtrière, la grippe espagnole et ces 50 millions de morts (plus que la peste noire quand même) date d’il y a un siècle. Depuis, l’humanité a baissé la garde. Mais pas partout. 

Si la Chine a finalement réussi à contrer le COVID-19, c’est grâce à un bonne mise en jambes les années précédentes avec le SRAS et le virus H1N1. Le cas de la Corée du Sud est aussi révélateur. C’est parce que le pays avait mal géré une précédente crise qu’il a su contenir le Coronavirus.

En 2015, un homme d’affaires était revenu malade du Moyen-Orient. Avant qu’on comprenne l’origine de sa maladie, le  syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), il a été transféré dans trois hôpitaux différents… où il a contaminé des dizaines de personnes et provoqué 36 décès. Un scandale plus tard, la Corée du Sud a transformé l’expérience en savoir-faire efficace. Dès les premières contaminations, Séoul a mis en place le protocole gagnant : tests massifs, mise en quarantaine des étrangers et confinements ciblés des zones touchées. 

Après notre catastrophique gestion de crise, espérons qu’on saura désormais imiter cette méthode qui a fait ses preuves. A condition d’avoir un stock de masques bien sûr.

4 Coronavirus : La négation du principe de précaution

« Les masques sont un stock de précaution », se défendait Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, quand on l’accusait en 2010 d’avoir dilapidé les deniers publics : « Et ce n’est pas évidemment au moment où une pandémie surviendra qu’il s’agira de constituer les stocks. Un stock, par définition, il est déjà constitué pour pouvoir protéger ».

Roselyne n’avait pas lésiné pour protéger les Français puisqu’elle avait commandé, près d’un milliard de masques chirurgicaux et plus de 700 millions de modèles FFP2. Dix ans plus tard, on a découvert que l’Etat ne disposait plus d’aucune réserve en masques FFP2, et seulement 117 millions de masques chirurgicaux adultes en stock. Le principe de précaution gravé dans le marbre constitutionnel par Chirac en 2005 n’a pas survécu à la valorisation impératifs budgétaires et au dogme du zéro stock...

Le tournant a lieu en mai 2013,  quand le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a changé de doctrine. « La logique était de dire : faisons plus comme dans l’industrie et ne gérons pas des stocks inertes mais ayons des stocks à flux » explique un expert à 20 Minutes.

Les évangélistes du zéro stock ont cru que leur théorie diffuse était une science infuse et on a laissé s’évaporer le milliard de masques de Bachelot par économie et idéologie.« L'habituel défaut de l'homme est de ne pas prévoir l'orage par beau temps » écrivait Machiavel... Cette foi, forcément irrationnelle comme toutes les croyances, trouve son apothéose dans les confessions d’Agnès Buzyn.

L’ex ministre affirme ainsi au Monde avoir alerté le directeur de la santé dès décembre. Quand en janvier elle avertit le Président puis le Premier ministre de la catastrophe à venir et des mesures à prendre, non seulement ceux-ci ne l’écoutent pas (selon elle) mais elle-même plonge dans le déni. Agnès Buzyn quitte le navire ministériel pour couler devant la Mairie de Paris. Avant de faire un burn out assorti d’un coming out pour dénoncer « la mascarade » à laquelle elle a participé… Ce reniement de toutes les valeurs qui président au principe de précaution est aujourd’hui paradoxalement démenti par la politique actuelle de confinement. Mais c’est trop tard et trop mal. Le véritable principe de précaution eût été de confiner drastiquement des zones ciblées, de commander des tests, des gants, de gels hydroalcooliques dès janvier  pour ne pas être démuni en mars… et d’avoir conservé un stock d’un milliard de masques.

5 Coronavirus : La démocratie est une maladie mortelle

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Statue de la liberté à New-York

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Le constat est violent, mais il faut aujourd’hui admettre qu’en période de pandémie, la démocratie n’est pas « le pire des régimes, à l’exception de tous les autres ». C’est le pire des régimes tout court. Au début de la propagation, c’est pourtant bien l’un des piliers de notre système qui est le plus efficace : la liberté d’informer. Si la police de Wuhan n’avait pas fait taire le docteur Li Wenliang qui avait le premier lancé l’alerte sur le coronavirus, des mesures de protection auraient prises plus tôt et le monde aurait peut-être échappé à l’épidémie.  

Mais une fois que le virus se répand, la dictature se révèle bien plus performante. Quand des Parisiens s’agglutinent gare Montparnasse, quand des Bordelais font du running le long de la Garonne, quand des Dionysiens discutent en grappe, quand des Milanais se barrent pour confiner bronzé à Rimini, le parti communiste chinois séquestre des dizaines de millions personnes (mais dans des résidences désinfectées tous les jours), ferme les gares, les aéroports, les tunnels, les ponts…

A Wuhan, tous les transports privés sont interdits. Tu veux quitter ton domicile ? Il faut un laissez-passer délivré par le « comité de quartier » et un masque sur ta fabrique de postillons (t’inquiète pas, en République Populaire de Chine, on a du stock). En prime, on te prend la température à l’entrée et à la sortie du domicile. De toute façon, tu n’as pas besoin de sortir puisque tous les commerces de Wuhan sont fermés. Les courses de ta résidence sont faites par le fameux comité de quartier et quelques volontaires qui disposent de masques, gants, lunettes et combinaisons de protection.

Cet ultra confinement qui va jusqu’au transfert des testés positifs dans des stades est une méthode radicale mais c’est la seule efficace selon le médecin Philippe Klein qui a bossé dans les hôpitaux de Wuhan et dont la vidéo est assez convaincante.

Deux mois plus tard, il n’y a plus un seul coranaviré à Wuhan. Et les droits de l’homme ? La doctrine chinoise, c’est que le premier des droits de l’homme, c’est de rester en vie. Si les chiffres de Pékin ne sont pas truqués, l’amère conclusion de cette année qui se chiffrera peut-être en millions de morts dans le reste du monde, donnera raison à Xi Jinping. Le parti sauve des vies tandis que la démocratie est une maladie mortelle.

6 Coronavirus : Méthodes marocaines, techniques coréennes

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Place Jamaa el-Fna

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Ah si, Benjamin Grivaux avait gardé son kiki au chaud et était devenu un jour maire de Paris, nous aurions au moins des managers de rue pour remplacer les comités de quartier. 

Tiens, au Maroc, ils existent déjà ces managers. On les appelle des moqqadems, sorte de RG de proximité défrayés pour fliquer les pâtés de maisons ; ce sont eux qui délivrent les laissez-passer en ce moment. Les démocraties relatives, à la marocaine, où la sécurité prime sur la liberté seront-elles plus performantes que les démocraties libérales à l’heure des comptes ? D’autres facteurs importent (civisme des citoyens, corruption des fonctionnaires, état du système de santé…), mais à ce stade, on peut constater que la stratégie marocaine est plus prometteuse que, disons, l’improvisation trumpo-johnsonienne, la stratégie du laissez-passer contre celle du laissez-aller. 

Tirant les leçons du retard à l’allumage et des hésitations mortelles des pays européens, le royaume a dégainé plus vite que son ombre en verrouillant ses frontières pour empêcher les touristes de déposer leur Covid-19 sur les jus d’orange de Jamaa el-Fna, en fermant les bars, les hammam et les mosquées dare dare, en désinfectant les lieux publics, en limitant les laissez-passer à une seule personne par foyer et les déplacements à trois personnes dans les grands taxis auparavant bondés. Mohammed VI a aussi pris l’initiative de lancer un fond qui a recueilli des milliards d’euros pour soutenir l’économie. Le roi, comme d’hab a fait le premier chèque, les milliardaires ont embrayé et tous les ministres, haut-fonctionnaires, officiers supérieurs et parlementaires ont donné un mois de salaire… Le Maroc est ainsi devenu le N°4 mondial de la mobilisation financière en pourcentage du PIB avec 2,7 % des ressources.

Ah, j’oubliais, le Maroc fait fi des doutes et des controverses sur la chloroquine et a réquisitionné ses stocks disponibles de Nivaquine et Plaquenil, fabriqués dans le site industriel de Sanofi Maroc à Casablanca…

Certes, tout ne fonctionne pas comme une montre suisse : mes amis marocains me racontent qu’ils n’ont toujours pas reçu le laissez-passer délivré par les moqadems et quelques salafistes suicidaires manifestent pour avoir le droit de prier dans les mosquées.  Mais à ce stade, le pays a géré la crise avec une transparence, une anticipation et une efficacité bien loin des hésitations et du cafouillage français, au point que l’hebdomadaire TelQuel souvent critique à l’égard du pouvoir a titré « IRREPROCHABLE ».

Si on n’a pas encore les résultats de la méthode marocaine, on peut continuer à s’inspirer des techniques coréennes. Ce ne sont pas seulement les tests en open bar qui ont permis au pays de juguler l’épidémie alors qu’il était parti sur les chapeaux de roues. C’est aussi l’utilisation de l’intelligence artificielle et du big data  pour identifier les chaînes de transmission. Grâce aux applis dans nos smartphones, les médecins peuvent suivre les déplacements d’un contaminé et donc retracer ses contacts et avertir les personnes potentiellement infectées.

Avec le marquage à la coréenne, on est plus proche d’un scénario de Black Mirror que de la déclaration des droits de l’homme. Mais cette atteinte à la liberté - et surtout à l’intimité – est le prix à payer pour préserver des vies. Il vaut mieux un citoyen fliqué que mort. A condition que la surveillance soit transitoire. Le Covid-19 nous fait découvrir les troublantes perspectives des DDD : dictatures à durée déterminées. 

C’est grave ? Pas si on est en guerre peu de temps. Pendant la République romaine, le dictateur avait les plein pouvoirs pendant six mois si la patrie était en danger. Le système a parfaitement fonctionné pendant près de cinq siècles. Jusqu’à ce qu’un certain Jules César se fasse nommer dictateur à vie.

7 Coronavirus : La solution de Venise

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Grand Canal à Venise

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Si c’est à Raguse (aujourd’hui Dubrovnik) qu’on a institué en 1377 l’isolement pour les voyageurs arrivant d’une zone infestée par la peste, c’est à Venise la même année qu’on a institué ce confinement sur un ilot pendant 40 jours. D’où le nom de quarantaine.

Ce traitement soft de la prévention des épidémies (avant, on avait plutôt tendance à brûler les Juifs pour conjurer le sort) formalisé par la Sérénissime est toujours utile aujourd’hui. C’est comme ça que la Chine se prémunit du retour de l’épidémie quand des Européens débarquent...

La quarantaine a aussi été instituée à Vo’Euganeo, en Vénétie toujours, où est morte la première victime italienne du Coronavirus le 21 janvier dernier. Les 3300 habitants de ce bourg ont été rapidement confinés en zone rouge. Mais les élus ont pris une décision en plus : fin février, ils ont testé tous les habitants du bled, les malades et les cas suspects comme les bien portants : 88 personnes avaient bien le virus et on les a isolées pendant 15 jours.

Résultat : depuis plus d’une semaine, un seul nouveau cas a été enregistré à Vo’Euganeo. Alors que le reste du pays compte ses milliers de morts, le bourg est devenu « l’endroit le plus sain d’Italie ». Le tests systématique permet en effet de placer en quarantaine les porteurs asymptomatiques : les infectés invisibles ne contaminent plus et l’épidémie s’éteint. Au début de l’expérience, des médecins trouvaient la mesure exagérée. Mais les autorités de Vénitie ont soutenu les élus de Vo’Euganeo qui apportent aujourd’hui un nouvel espoir au monde.

On peut donc étouffer cette épidémie sans passer par un Etat policier pendant six mois. Mais pour cela, il faut des tests. En Italie, on produit les fameux longs coton tiges nécessaires pour les mener. En France, on en est aussi dépourvu que de masques. Le 21 mars, Olivier Véran, le nouveau ministre de la Santé a enfin annoncé des « dépistages massifs »… mais  à la fin du confinement. 

« L’expérience, instruit toujours », écrivait Jean-Jacques Rousseau dans les Rêveries d’un Promeneur solitaire, avant d’ajouter « mais elle ne profite que pour l’espace qu’on a devant soi. Est-il temps au moment qu’il faudroit mourir d’apprendre comment on auroit dû vivre ? ». C’est une bonne question Jean-Jacques et je vous remercie de la poser à tous ceux qui auront bientôt retenu les leçons de ce qui est en train nous arriver pour être enfin prêt… lors de la prochaine épidémie (à condition de survivre à celle-ci). 

Ne désespérons pas, il reste un espoir pour plier le match avant la sortie d’un lointain vaccin, la diffusion d’un médoc miracle et surtout avant les prochaines mutations du virus. Il n’est pas trop tard en France et dans la plupart des pays du monde pour continuer à confiner tout préparant un « plan d’action éclairé » tel qu’il est décrit dans « le Marteau et la danse », l’interminable mais ô combien passionnant article de Thomas Pueyo sur Medium (prévoyez une demi-heure de lecture quand même).

Pour résumer, il faut une distanciation sociale un peu plus contraignante, complétée par des mesures de réductions effectives de l’épidémie : traçage des contacts, tests généralisés. En attendant, malgré l’accumulation de conneries et de maladresses, la France ne semble pas la plus mal partie. Et il vaut mieux vivre séquestré dans un deux pièces sombre à Paris plutôt qu’en plein air à Amsterdam où la stratégie d’immunité collective apparait comme une sorte de roulette russe avec une seule chambre de barillet vide…

PS : si cet article vous a déprimé, sachez que j’ai aussi découvert 7 bienfaits du coronavirus

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