Les 7 secrets de Francis Lai !

Le futur compositeur fétiche de Claude Lelouch arrive de Nice, sa ville natale, et s’installe à Montmartre. Il rencontre le poète Bernard Dimey et ne va pas tarder à devenir l’accordéoniste d’Edith Piaf et l’un de ses compositeurs.

« Francis me racontait qu’il n’avait pas le téléphone et qu’Edith Piaf téléphonait parfois très tard au bar d’à côté de chez lui pour qu’on vienne le prévenir qu’elle souhaitait sa présence. Il traversait alors Paris avec son accordéon sur le dos pour faire de la musique jusqu’au bout de la nuit avec la célèbre chanteuse, dont il disait qu’elle était particulièrement rigoureuse », indique Thierry WOLF, FGL PRODUCTIONS.

Edith Piaf présenta même Francis Lai pour la première fois aux téléspectateurs d’une émission de TV en France « L’école des Vedettes » en ces mots « Il a un style particulier, quelque chose qui me touche énormément. C’est un compositeur de grand talent dont vous allez entendre parler… ».

La star française lui demanda de chanter en direct pour la première fois à la télévision une chanson jazzy de sa composition « Piano Bar ». Si le compositeur se retrouva parfois à faire des duos, notamment avec Nicole Croisille ou Mireille Mathieu, il n’aimait pas beaucoup être propulsé devant les caméras.

Le compositeur oscarisé était très rare sur scène, préférant la douceur de son studio pour composer. Il n’a donc jamais joué au Grand Rex. A la fois salle de cinéma et de music-hall, c’est ainsi que sa famille a décidé de faire jouer sa musique dans l’une des plus belles salles parisiennes.

Le 5 novembre 2021, un orchestre sous la direction de Jacques Ferchit et Jacky Delance, avec comme invités Nicole Croisille, Anne Sila, Calogero, Elsa Zylberstein, joue les plus célèbres œuvres du créateur d’Un Homme et d’une Femme, presque trois années jour pour jour après sa disparition.

Pour l’occasion les meilleurs musiciens français sont réunis autour des chanteurs invités… Claude Egéa et ses cuivres, Christophe Dubois à la batterie, Philippe Hekimian aux synthés, Antonin André Requana et ses cordes, ou encore Jacky Tricoire à la guitare et Tony Bonfils à la basse, musiciens de prédilection de Francis Lai. Toutes ces pointures de la musique jouant les plus fameux thèmes parmi les 100 films et 600 chansons composées par celui que les américains surnommèrent « l’aristocrate de la mélodie ». Un programme concocté par l’épouse de Francis elle-même (Dagmar) ainsi que ses enfants Fréderic, Olivier et Laura et le producteur Thierry Wolf, qui gère ses masters depuis trente ans. Avec le pianiste virtuose Jacky Delance et à l’accordéon, instrument de Francis Lai, Jacques Ferchit qui accompagna longtemps Charles Trenet. Un bel hommage au fameux mélodiste qui contribua au soft-power français avec ses musiques qui résonnent encore de Tokyo à Los Angeles ou de Moscou à Pékin.

« Un concert hommage à Francis Lai, c’était pour moi comme une évidence (nous dit Thierry Wolf, producteur de l’évènement avec les Éditions 23). Francis n’était pas seulement ce génial mélodiste capable de composer les plus douces musiques que la planète entière allait fredonner, il était d’abord un homme bon et généreux. D’une simplicité rare dans ce milieu où l’égo est parfois inversement proportionnel au talent.

Francis s’exprimait toujours d’une voix très posée, très douce, avec une bonne dose d’accent niçois qu’il n’a jamais perdu. Francis Lai ressemblait à un vieux sage, à un homme accompli qui sait qui il est. Un homme qui n’a pas besoin de paraître pour être, Francis était juste lui-même... Se transportant dans Paris sur sa petite Honda dax des 70’s dont il était si fier. J’aimais qu’il me raconte les petites histoires de ses créations, les autres grands noms avec lesquels il avait travaillé. Jamais une seule parole amère, toujours de la bienveillance pour ceux qu’il avait croisé. Francis était une belle âme, à l’image de la musique qu’il composait, à la fois doux et romantique ».

Francis Lai s’intéressait beaucoup aux jeunes artistes et était éclectique dans ses choix. C’est ainsi que son épouse Dagmar a demandé à une chanteuse vedette de l’émission de TF1 « The Voice » de venir interpréter l’un de ses titres sur la scène du Grand Rex, car le compositeur adorait sa voix.

Celui qui était aussi célébré dans le monde pour ses musiques romantiques adorait notamment le groupe de rock Muse et s’était même aventuré incognito à l’un de leurs concerts dans une grande aréna à Paris !

Né sur les collines de Nice, Francis Lai allait triompher sur celles d’Hollywood où on lui décernerait deux des nombreuses fameuses récompenses qu’il reçut durant sa carrière : Un Academy Award ou « Oscar » pour la musique du film « Love Story » dont la chanson fit aussi le tour du monde (Where do i begin en anglais) et Un Golden Globe ! Francis Lai sera aussi nommé 5 fois au César, fait chevalier des arts & lettres, Prix de la meilleure chanson étrangère au Japon, Prix d’honneur du festival de Moscou pour l’ensemble de sa carrière, primé au Festival de Berlin, Prix Henri Langlois, World Soundtrack Award, Ibis d’Or du cinéma français, etc. 

« A l’issue de la projection de Love Story - racontait Francis Lai - j’ai craqué : le film était simple et poignant. En rentrant chez moi, je me suis installé à mes claviers et, tout de suite, en pleine nuit, j’ai trouvé les premières mesures du thème ». Le producteur ne cessait de me répéter" : "Francis, on va bientôt se retrouver à Los Angeles !"

C’est le compositeur de musiques de films français ayant vendu le plus de disques sur la planète… A titre indicatif, citons : Un Homme et Une Femme 5.000.000 d’exemplaires… Vivre Pour Vivre 2.000.000 d’exemplaires, Love Story 6.000.000 de disques vendus, Emmanuelle II 1.000.000 d’exemplaires, Les Uns et Les Autres 2.000.000 ou Bilitis 7 millions de disques vendus ! Sans compter les ventes des légendaires chansons composées et chantées par Yves Montand (la Bicyclette), Mireille Mathieu (Une histoire, d’amour) ou ses œuvres pour Ella Fitzgerald, Elton John, Tom Jones, Ray Conniff, Petula Clark, Demis Roussos, Maurane, Serge Reggiani, Jacques Dutronc, Johnny Halliday, Marie Laforêt, Nana Mouskouri, Patricia Kaas, Dalida, Juliette Greco, Françoise Hardy, Mylène Farmer…

Marié au mannequin Dagmar Puetz, père de trois enfants (Fréderic, Oliver, Laura), ses proches savaient qu’il aimait travailler la nuit et que les vacances de ses enfants étant sacrées, il refusa de très nombreuses propositions pour rester avec sa famille notamment durant l’été !

Il fonda aussi sa maison d’édition en 1970 (dont ses enfants et son épouse s’occupent aujourd’hui), les Éditions 23, qui travailla deux années durant en collaboration avec FGL PRODUCTIONS, la société de Thierry Wolf (également producteur des Chœurs de l’Armée Rouge, Iggy Pop, Petula Clark, French Mademoiselles, etc) pour mettre en place un concert hommage à Paris avec, en invité d’honneur, son réalisateur fétiche Claude Lelouch.

Le célèbre réalisateur qui a coutume de dire « Francis Lai était l’homme de ma vie, un ange, déguisé en accordéoniste. Nous avons fait 35 films ensemble et nous avons vécu une grande histoire d’amour de création qui a duré plus de 50 ans. Il a fait battre le cœur de tous mes films... Quand mes films décollaient, c’était grâce à lui ». Le réalisateur fait référence à toutes ses musiques « Un homme et une Femme », « Itinéraire d’un enfant gâté », etc… 35 musiques de films que son meilleur complice allait lui offrir…. Comme une histoire d’amour par la création d’œuvres par deux des plus fameux artistes français reconnus de par le monde.

C’est grâce au célèbre acteur français que Francis Lai enregistra la musique de « Love Story ». Le compositeur ayant refusé à de nombreuses reprises les demandes des producteurs du film, notamment parce qu’on lui demandait de venir enregistrer à Los Angeles donc de prendre l’avion. Alain Delon récupéra des bobines du film, téléphona au compositeur en lui donnant rendez-vous chez lui pour visionner les premières images et le convaincre d’accepter cette proposition. Francis reçut à la clef les plus belles récompenses du cinéma : Un oscar et un Golden Globe !

Francis Lai travailla avec toutes les stars de son époque, notamment de jolies femmes comme Brigitte Bardot (pour laquelle il composa le fameux « St Tropez » devenu générique culte de l’émission de Thierry Ardisson), Claudia Cardinale, Micheline Presle ou encore Sylvia Kristel, la divine Emmanuelle qui fit chanter pour la bande originale du second opus des films culte de la divine néerlandaise.

Après un atterrissage dramatique qu’il n’oublia jamais, le compositeur oscarisé ne voulait plus prendre l’avion. Cela devint tellement une phobie qu’il refusa de très nombreuses propositions de réalisateur s’il devait prendre l’avion pour les rejoindre ! Le destin se joua de cette peur de manière assez comique puisque son fils aîné devint Commandant de bord et pilote toujours sur Air France ! « Quand c’est mon fils Fréderic qui pilote, je n’ai plus peur de prendre l’avion » racontait Francis Lai.