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Les Femmes, avenir du ROCK ? 7 évident !

Inspirer Par Hervé Resse 06 mars 2019

Les Femmes, avenir du ROCK ? 7 évident !

Janis Joplin

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Elles sont déjà son présent. Et toutes sont en ordre de bataille pour assurer le renouveau de la Planète Rock. Non mais sans blague !

Il y a peu, nous nous inquiétions ici de la léthargie où nous semble ces temps-ci s’enliser ce qu’on appelait naguère encore la « Culture Rock », également dénommée « contre-culture ». Nous allions même plus loin, laissions entendre sa disparition inévitable, sa sénescence annonçant son obsolescence, deux mots terribles offrant une rime à ce terrible mot de silence -pour autant qu’il soit entêtant-.

Mais il ne sera pas dit que l’espoir nous abandonne ! Aujourd’hui, 8 mars, on salue partout, et sur tous les tons, « la femme qui est l’avenir de l’homme » comme l’affirmait « le poète qui a toujours raison ». Occasion pour nous de suggérer que peut-être, elle sera aussi, (j’ai failli écrire surtout avant de tempérer un peu cet enthousiasme gentiment démago), l’Avenir du Rock. 

En tous cas, elles en figurent déjà, notre sélection le démontre, un présent tout à fait présentable…

1 Femme Rockeuse : Beth Ditto, l’exubérante

Beth Ditto

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Beth Ditto n’est certes pas une nouvelle venue sur les scènes. Venue de son Arkansas natal, on l’a d’abord connue avec son groupe Gossip, séparé depuis 2016. Et pour vous rafraîchir la mémoire, nous avons glissé ci-dessus ce Heavy Cross, qui reste probablement leur plus gros « hit », - on disait jadis dans le jargon des rockeux ricains, « the Bullet ». 

Beth Ditto vient d’avoir 38 ans. La belle affaire ! À quarante ans, les Stones, Dylan, Bowie, Prince, Springsteen, combien d’autres encore, n’avaient écrit que quelques chapitres de leurs gigantesques sagas. Donc, la poursuite de sa carrière en mode soliste devrait permettre à la belle Beth de démontrer sa pleine et entière dimension créative. Dans tous les sens du terme. Beth Ditto est l’exubérance même ; elle illustre l’excès, déborde, énergise, dévore, bouscule. Elle n’a pas fait mystère de ses préférences sexuelles, ce qui avouons-le ne nous concerne que d’assez loin, mais peut pour qui le voudra, signifier une totale et complète aspiration à la liberté et la libération. 

De fait, son style de voix semble une ode à la vie, au plaisir. En juin 2017, sortait son premier album solo, Fake Sugar. On tient en elle un personnage, une voix, dont l’inspiration vient de loin, si le look extravagant rappelle aisément le Glam Rock du début des Seventies, la musique remonte aussi l’horloge des grandes heures du punk au garage rock et rock dur de la fin des sixties.

2 Femme Rockeuse : Anna Calvi, l’inquiétante

Anna Calvi

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A quelques mois près, Anna Calvi vient de la même génération. Elle dit avoir découvert le rock via son père, fan de Captain Beefheart mais aussi d’Hendrix. Ces deux influences s'entendent en effet. De Don Van Vliet rebaptisé Beefheart, elle a gardé ce côté déconcertant dans l’art de bâtir les morceaux. Il y a du bancal, de l’étrange, dans ses compositions. Et la retrouver guitare en mains, pas seulement pour gratouiller quelques accords en mode accompagnement, n’étonne pas davantage. Sans être une virtuose, elle tisse de véritables trames d’ambiances, inquiétantes ou obscures. Elle a du style, une couleur, à mi-chemin entre rock traditionnel et noisy-pop, si tant est que le mot signifie quelque chose, mais nous n’avons pas trouvé mieux. 

Anna Calvi est également une interprète établie, trois albums à son compteur. Je ne lui ferai (à titre personnel et purement subjectif), qu’un petit reproche : elle use de façon un poil excessive des « mid-tempos », qui à la longue peuvent installer un brin de monotonie lors des performances scéniques. Mais on peut se forger sa propre opinion, et goûter pourquoi pas l’intégralité d’un set à l’occasion de son passage au dernier festival Rock en Seine, millésime 2018. De façon un rien surprenante, ses vidéos sont d’une élégance et d’une recherche visuelle que ne laisserait pas forcément présager l’expérience audio seule. A la sortie de son troisième album, Anna Calvi a fait « son coming-out queer », qu’elle a commenté entre autres pour le magazine ChEEk.

3 Femme Rockeuse : Susan Tedeschi, rockeuse classique

Susan Tedeschi

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On la compare volontiers à deux aînées illustres, Janis Joplin (ce qui ne nous convainc guère, elle n’a pas en elle ce don pour la souffrance, cette pulsion de mort qui débordait de partout) ; et Bonnie Raitt, ce qui nous parait déjà beaucoup plus pertinent, les deux ayant en commun de s’inscrire dans cette longue tradition américaine qui emprunte tout à la fois au blues, au folk-rock, au rock heavy, à la country, même, parfois. Ce qu’on nomme alors souvent « l’Americana ».

Par ailleurs sans être aussi virtuose que la grande Bonnie (qui au passage n’a rien à voir avec celle du groupe Delaney and Bonnie, où officia Eric Clapton), Suzan Tedeschi ne plaisante pas sur un manche à six cordes. Accessoirement, on soulignera qu’elle est à la ville et à la scène la complice du guitariste Derek Trucks, tout à la fois première gâchette à ses côtés, leader du Derek Trucks Band, et excusez-nous du peu, membre de l’actuelle formation des désormais légendaires Allman Brothers, groupe mythique de la scène blues-rock depuis une bonne petite quarantaine (mais le gars Derek ne figurait pas dans le line-up original, il n’était même pas né, d’ailleurs). 

Suzan Tedeschi a cette voix qui vous colle le frisson. Elle est aussi une interprète hors pair, je ne pouvais résister à vous faire partager son éblouissante version du Don’t Think Twice de l’ami Bobby D. dit le Zimm.

4 Femme Rockeuse : Alison Mosshart, la tueuse

Alison Mosshart

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Lorsqu’on annonce, quand nous l’avions fait de façon certes provocatrice, que le rock est moribond, c’est naturellement aller un peu vite en besogne. On pourrait, de la génération des trentenaires-quadra, sortir quelques beaux noms du chapeau. Par exemple, tenez : Placebo. Last Shadow Puppets. Dead Weather. Primal Scream. Ou encore The Kills, groupe de la chanteuse Alison Mosshart, qui peut également revendiquer d’avoir enregistré, avec les quatre précédemment cités. Le nom de ce duo est une allusion à Florence Rey, la tueuse née qui frappa beaucoup les imaginaires outre-atlantique, lors de la folie meurtrière parisienne qui s’empara d’elle et son complice Audry Maupin au milieu des nineties.

Alison vient de la scène punk, elle est proche de l’excellent Jack White (d’où l’aventure Dead Weather). Avec son acolyte l’anglais Jamie Hince, cette ricaine expédie un rock chargé en riffs généreux, intrépide et sauvage. The Kills tournent depuis quinze années maintenant. On ne peut pas dire qu’ils encombrent exagérément les bacs, n’ont sorti que cinq albums, soit un tous les trois ans. Le dernier datant de 2016… Faites le compte, on ne devrait plus trop tarder à les voir de nouveau aux premières lignes. Tueuse un jour, tueuse toujours.

5 Femme Rockeuse : Laura Marling, folkeuse haute tension

Laura Marling

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Avec ou sans ses amis de Mumford & Sons, Laura Marling appartient à cette nouvelle vague de la scène folk anglaise, qui renouvelle le genre où trônaient bien avant eux des Fairport Convention ou Pentangle. Mais si les sonorités sont acoustiques, l’énergie qui s’en dégage doit tout ou presque à la fée électricité. 

Enfant précoce de la scène anglaise, Laura Marling sort son premier album à tout juste 18 ans, accède à une notoriété trop rapide, qui va dit-elle la transformer en une sorte de marque commerciale, ce qui finit par la déprimer : « j’avais l’impression de trahir la musique, la poésie, d’être radine sur l’art, que mon personnage public était ennuyeux… Le résultat a été Short Movie en 2015, un album très confus, qui a oublié d’où il vient, où il va… », confiait-elle sans fard au magazine les Inrockuptibles. 

On ne pouvait pas ce jour oublier de citer le nom de son dernier album (le sixième) paru en 2017 : « Semper femina ». Pour qui n’aurait point suivi l’option latin au lycée, le titre signifie simplement « toujours au féminin ». Ou « toujours femme ». Avouez qu’on ne pouvait pas le louper : d'autant que pour tous les observateurs, ce sixième chapitre signe déjà celui d’un authentique renouveau. 

Laura Marling possède une voix aussi douce qu’énergisante. Et de cette même chanson, Devil’s Spoke, nous vous proposons en bonus cette incroyable version en public, avec Mumford & Sons, et les musiciens indiens du Dharohar Project. Pur régal.

6 Femme Rockeuse : Beth Hart, la dionysiaque

Beth Hart

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Attention cette Beth est un fauve. Elle écume les scènes depuis 1993, décroche des hits, époustoufle par sa voix puissante, généreuse, débordante de « soul », comme on dit. Si vous tenez vraiment à trouver une Janis Joplin de notre époque, vous pourriez citer Joss Stone, ou Melissa Etheridge, voire les deux ensemble offrant leur tribut à Pearl lors d’une soirée Grammys de (comme le temps passe !) 2005. Joss paraissait bien partie pour emporter la queue du Mickey, jusqu’à ce qu’une Melissa E. fasse cette terrible apparition, plaquant tout le monde au mur, son oncologue y compris, probablement. Incroyable moment télévisuel.

Mais voyez comme le monde en rock sait jouer des hasards et des calendriers, 2005 fut également cette année où Beth Hart en termina avec son Enfer : « J'avais beaucoup de succès à cette période aux États-Unis et au lieu d'en profiter, j'ai fait l'inverse, je me suis effondrée, j'étais accro aux drogues, j'étais très mal. J'ai mis environ un an et demi pour redevenir sobre », confiait-elle dans une interview retranscrite chez nos amis de Wikipedia.

Son retour aux affaires se fit donc en 2005, dans la célèbre salle du Paradisio d’Amsterdam. Et oui, il y a bien du Janis dans cette Beth Hart, une Janis qui serait parvenue à revenir de nulle part. Elle a depuis sorti une kyrielle d’albums blues-rock à vous coller le frisson, souvent accompagnée du guitariste virtuose (un peu trop parfois) Joe Bonamassa. Avec ou sans lui, un des sommets des concerts de Beth Hart demeure chaque fois ce classique de la grande Etta James, « I’d Rather Go Blind ». Et pour ceux qui voudraient une version « il y en a un peu plus, je vous le laisse ? » nous vous offrons une des nombreuses versions avec le Joe Bonamassa ci-dessus cité. Ca ne fait pas dans la dentelle, mais comme dirait PhilMan, « ça envoie du bois ». Mais cette citation-là, je crois vous l’avoir déjà servie. Faudrait pas que ça devienne une habitude, Môssieur Resse.

7 Femme Rockeuse : Savages, les plus sauvages, précisément

The Savages

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Chez les filles ce ne sont pas les voix qui manquent, elles sont des dizaines qui savent chanter, disposent d’un timbre en parfait état de marche et du feeling ad hoc. On pourrait citer, La jeune Miley Cirus. Comment, elle a démarré sa carrière sur Disney Channel ? Et bien ?... Justin Timberlake également, et l’un comme l’autre chante largement mieux que tous ces zouaves issus des télé-crochets de France et de Navarre. Disons simplement qu’elle se situe dans une perspective grand public (en français : « main stream ») qui éloigne un peu de la culture rock à proprement parler. Encore que ! ne jugeons pas trop vite, écoutez cette môme se risquer dans une cover de Dylan. Elle y assure pleinement la mission. On pourrait aussi évoquer VV Brown, ou Katie Melua, dans cette belle reprise du Bridge Over Troubled Water de Simon & Garfunkel. Mais si tout cela assure très bien côté pop (Lady Gaga y trouverait également sa place), ça manque un peu de vitamines. N’allez pas me faire dire « de testostérone », ça tiendrait du procès d’intention.

Ceci posé, refermons plutôt le dossier avec ces filles « Savages » qui firent une apparition remarquée en 2016 le temps d’un album décoiffant, et qui assurèrent aussi un passage dévastateur au Festival de Glastonbury. Elles terminaient leur set par un morceau sobrement baptisé Fuckers. C’était punk, noisy, bien construit, et pour tout dire on se désole qu’elles n’aient pas persévéré. Car une chanteuse française qui chante en anglais sans accent à la con, que portaient des musiciennes anglaises à la cohésion diabolique, ça n’est pas si souvent qu’on en tient. 


On dit ici ou là que Tom Morello (Rage Against The Machine, The Night Watch Man, Springsteen, et Prophets of Rage) avait été impressionné par leur prestation, et Tom n’est pas vraiment le genre de gars à plaisanter.

Il faut donc souhaiter que ces Savages reviennent au plus tôt. 

En les attendant, et comme le disait en son temps l’irrévérencieux Reiser : « Vive les Femmes » ! Et bises à vous toutes, rockeuses ou pas !

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