Présidentielle 2022 : 7 raisons d’y croire pour Emmanuel Macron

Dès le début de son mandat, l’image de Macron s’est rapidement érodée par ses décisions politiques sociales : la réforme du Code du travail suivie de celle des retraites ne lui ont pas été favorables et ont généré de fortes tensions dans le pays, ayant favorisé la déferlante des Gilets Jaunes. 

N’ayant aucune chance de rebondir sur ses résultats dans la gestion des crises sociales, économiques et sanitaires, Emmanuel Macron tentera de conserver sa couronne en jouant la carte de la coalition. À l’heure actuelle, une hypothétique réhabilitation de la majorité de 2017 est donc en chantier.

Cela lui permettrait non seulement de redorer son blason, mais aussi de s'imposer comme rempart à Marine Le Pen puisque ni la France Insoumise, ni le PS ou les Républicains ne disposent de leader suffisamment rassembleur. Au niveau des chiffres, Macron a déjà un pied au second tour selon les sondages, malgré la réticence des Français à remettre les deux candidats face à face (68% veulent de nouvelles têtes).

À moins d’un scénario de type Trump versus Clinton, tout porte à croire que la partie 2022 se jouera entre les mêmes protagonistes et que les intentions de vote reflèteront la dynamique du prochain scrutin présidentiel. 

Si l’on revient sur les chiffres de 2017, Macron avait mené les débats avec 24% des voix contre 21,3 % pour Le Pen au premier tour avant de remporter la victoire avec 66,1%. Côté pressentiment, la victoire était, certes, donnée à Macron, mais avec un ratio plus tendu de 60,5% contre 39,5%. 

Aujourd’hui, le même synopsis semble se dessiner à 14 mois du scrutin avec un changement de rôle puisque les intentions de vote affichent entre 23 et 26% pour Emmanuel Macron et entre 24 et 27% pour Marine Le Pen au premier tour. Le « macronisme » est ainsi en perte de vitesse, mais peut encore redresser la barre de quelques points pour remporter la Présidentielle.

Du FN de Jean-Marie Le Pen au RN de Marine Le Pen, l’extrême droite s’est toujours illustrée comme un sérieux « challenger » à la présidence et semble aujourd’hui se rapprocher de très près à une première victoire de son histoire. Marine Le Pen a su ajuster les valeurs du parti en commençant par évincer l’image désuète du Front National.  Ce nom qui existe depuis 45 ans est un « frein psychologique », comme elle l’a annoncé au Congrès du FN à Lille en 2018 et doit faire l’objet d’une refonte pour rassembler et faire honneur aux « peuples européens qui se réveillent ». 

Depuis 2018, le RN voit ainsi sa côte de popularité croître, d’où les sondages positifs à l’orée du scrutin 2022 et le succès du parti aux européennes. Mais est-ce un argument suffisant ? Pas forcément. 

La faille se trouve au niveau de l’idéologie et du discours.  En effet, l’émancipation de Le Pen fille s’est uniquement opérée à la surface, mais la communication reste la même. En d’autres termes, le RN devra faire mieux que dénoncer le « vol » des emplois et du pain français par les immigrants pour rebondir. Dans la même rubrique, l’extrême droite est le seul parti à ne pas avoir d’expérience gouvernementale malgré ses 50 ans, ce qui semble faire peur à beaucoup de centristes qui préfèrent jouer la carte Macron en ces temps de crises économique et sanitaire.

En 2017, Emmanuel Macron a pu prendre le dessus face au Front National grâce à la conjoncture politique (l’émergence d’une nouvelle image pour remplacer un François Hollande décevant), mais aussi par le biais de ses appuis à savoir En Marche et le MoDem de François Bayrou.

Conscient de la faiblesse de son parti, Macron a déjà amorcé les travaux pour ressusciter sa majorité en ouvrant la porte à tous les indécis que ce soit les indépendantistes, les centraux, les brebis égarées du PS, ses fidèles lieutenants du gouvernement (dont Édouard Philippe) et pourquoi pas Nicolas Sarkozy qui semble très ambigu sur son positionnement. 

Bien évidemment, ces « services » sont loin d’être gratuits, car les règles du jeu ont été fixées à l’avance, soit une répartition équitable de la représentation dans les  institutions. Pour s’entraîner, Emmanuel Macron pourra déjà défier le RN aux régionales et départementales en vue de jauger la puissance de son Super Parti avant le match d’avril 2022.

Le bras de fer avec les gilets jaunes a estompé tous les programmes de refonte de Macron. Depuis, le Président a compris qu’à la fin de son mandat, il devra jouer les rassembleurs et proposer de nouveaux objectifs plus simples à comprendre pour gagner un second mandat.

Le ton a été donné dès février 2020 lorsque Macron a évoqué devant les députés de la majorité « Après les retraites, c’est le régalien et l’écologie »... deux sujets sensibles et prioritaires pour la droite et la gauche. L’annonce ne se limite pas à ces chantiers mais cible aussi les sujets les plus plébiscités par les Français en 2020 comme la santé, l’emploi, les impôts... Là encore, Macron pourrait grappiller quelques points en promettant une égalité de chance aux jeunes via les internats d’excellence ou le dispositif des « cordées de la réussite ».

Il a également relancé le défi Ma Santé 2022 pour revoir le système de santé de A à Z via des organisations territoriales, les modes de financement et de régulation, les ressources humaines, l'apport du numérique et la qualité des soins.

L’extrême droite est un marathonien politique hors pair qui avance lentement et surement dans l’échiquier politique. Tirant les leçons de ses défaites, le parti sait ainsi optimiser son image et fidéliser ses partisans à travers une communication pointue et incisive.

À quelques marches de la magistrature suprême, Marine Le Pen n’est pourtant pas prête d’atteindre le graal « sans coalition » et « sans ouverture » selon les déclarations de sa nièce Marion Maréchal Le Pen (ex-députée du Vaucluse). 

En d’autres termes, Marion Maréchal Le Pen soulève l’incapacité du parti à attirer les formations politiques républicaines (droite et centre droite) qui pourraient faire pencher la balance, contrairement à Emmanuel Macron qui courtise autant les orphelins de la droite que de la gauche.

L’immigration est « Le » domaine de prédilection de l’extrême droite. C'est l'un des sujets de clivage entre la gauche et la droite et Emmanuel Macron ne s'est jamais positionné sur la question pour mobiliser les électeurs, du moins en 2017.

Aujourd’hui, le chef d’État a changé de stratégie et remet la question de l’immigration sur la table. Dans son discours face aux parlementaires de la majorité, il fait part d’une idéologie, bien ancrée chez les Républicains, de réduire l’accueil des immigrés pour que la France ne soit pas un « pays trop attractif ». 

Le jeu du président est simple : appuyer sur le bouton sensible pour montrer aux conservateurs sa capacité à affronter les véritables défis de la France concernant l’immigration sans pour autant mettre de côté les valeurs démocrates et socialistes. Ainsi, la France ne peut pas accueillir tout le monde affirme-t-il, puisque son objectif est d’« accueillir mieux », une phrase qui pèsera lourd au moment du scrutin de 2022.