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7 explications sur le Système de Crédit Social en Chine pour fabriquer de bons citoyens

Décrypter Par Philippe Kerforne 23 mai 2022

7 explications sur le Système de Crédit Social en Chine pour fabriquer de bons citoyens
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Le 8 février 2022, le documentaire Ma femme a du crédit, était diffusé sur LCP (la chaîne de l’Assemblée nationale) qu’on ne peut pas taxer de complotisme. Ce documentaire, réalisé par Sébastien Le Belzic, journaliste français habitant à Pékin depuis 2007, faisait le point sur un thème qui suscite beaucoup d’interrogations et de fantasmes : le SCS ou Système de Crédit Social à la chinoise.

L’établissement du pass sanitaire pendant la crise du Covid-19 a réveillé les craintes d’une société totalitaire orwellienne. Cette dystopie est clairement décrite dans le fameux roman de l’écrivain anglais George Orwell 1984, paru en 1949, et dans le film éponyme réalisé en 1984 ! Les deux œuvres montrent une société totalitaire où les citoyens sont placés sous une étroite surveillance. C’est, dit-on, ce qui se passerait en Chine avec la mise en place d’un SCS ou Système de Crédit Social. Doit-on craindre une exportation de ce modèle vers l’Europe, voire dans le monde entier ? Voici ci-dessous les principaux moyens employés par la Chine pour fabriquer de «bons» citoyens !

1 Le SCS en Chine : Interdiction de voyager

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Vous avez oublié de payer vos impôts ? Des amendes pour excès de vitesse ? Vous n’avez pas été un(e) bon(ne) citoyenne pour une toute autre raison (vous avez insulté une personne dans la rue ? Vous avez promené votre chien sans laisse ?...). Logiquement, vous vous attendez à payer une majoration dans les deux premiers cas et à une amende ou à une réprimande dans les autres ? 

Eh bien, en Chine, vous pourriez être privé(e) de voyage ! Ainsi, depuis 2014, avec la mise en place du SCS (système de crédit social) par le Parti communiste chinois : une telle mesure peut interdire de prendre l’avion ou le train. 

Selon l’Associated Press (agence d’information américaine,) 23 millions de Chinois auraient subi ce traitement dont 5,5 millions privés de train et 17,5 millions interdits de monter dans un avion ! Les autorités empêchèrent, même, 128 personnes de quitter la Chine. Selon le Parti communiste chinois, ces mesures n’ont rien à voir avec des brimades, mais sont censées améliorer le comportement social des mauvais citoyens.

2 Le SCS en Chine : Imposition d’une monnaie numérique

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La possession de cryptomonnaies permet de contrôler son argent sans intervention d’aucune banque, d’aucun organisme supranational ou d’aucun gouvernement. Devant le danger que représente, pour ces derniers, la perte de contrôle sur notre argent, de nombreux états sont en train de prendre les devants !

Ainsi, beaucoup de gouvernements se lancent dans la création et l’utilisation d‘une MNBC (monnaie numérique de banque centrale). Si l’Union Européenne et les USA en sont encore en phase de test d’un euro numérique pour la première, et de réflexion pour la seconde, la Chine a pris une longueur d’avance avec l’institution du e-yuan ou yuan numérique ! 

La banque populaire de Chine (PBOC ou People’s Bank of China) a banni le minage de cryptomonnaies depuis octobre 2021 et déclaré illégales les transactions en monnaies numériques depuis novembre 2021, à part le yuan numérique. L’application e-CNY, développée par le Digital Currency Research de la PBOC a été lancée le 4 janvier 2022 pour effectuer les transactions dans la monnaie numérique, l’e-yuan ! Cette imposition met, non seulement en danger le contrôle de leur argent par les Chinois, mais pose aussi la question du stockage des données privées par l’État chinois !

3 Le SCS en Chine : Si vous êtes Chinois(e), n’achetez pas sur cette application !

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Le contrôle du gouvernement chinois s’étend peu à peu à tous les secteurs de la vie des Chinois. Ainsi, même les grandes compagnies et les acteurs financiers nationaux doivent se soumettre aux injonctions de l’État chinois.

Ainsi, en novembre 2021, le gouvernement de l’Empire du Milieu interdisait l'introduction en bourse, à Hong-Kong et à Shanghai, Ant Group, la filiale financière d’Alibaba et de sa maison-mère Alipay. Cette compagnie est un mastodonte du paiement digital en ligne, fondée par le célèbre Jack Ma, un milliardaire charismatique.

Suite à cette interdiction, Jack Ma refit surface trois mois plus tard avec une modération dans ses propos qui tranchait avec le ton libéral qu’il employait précédemment ! Coïncidence ? Cette attitude en retrait du multimilliardaire correspondait avec la prise de contrôle d’Ant Group, sous le nom d’Ant Financial, par la banque populaire de Chine (PBOC ou People’s Bank of China). Devant la surprise des milieux d’affaires, la banque, sous le contrôle de l’État, prétextait lutter, ainsi, contre le blanchiment d’argent et contre le terrorisme.

Que ce soit un prétexte ou non, les Chinois peuvent, quant à eux, s’inquiéter pour la protection de leurs données privées et la confidentialité de leurs achats en ligne ! Cette inquiétude est d’autant plus crédible que selon, entre autres, l’article cité dans le lien ci-dessus, que Alipay est, avec WeChat, l’autre tête de pont de la récupération des données des citoyens chinois. Qu’en est-il des données des utilisateurs non-chinois d’Alibaba ?

4 Le SCS en Chine : Si vous êtes Chinois(e), ne téléphonez pas avec cette application !

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Doutez-vous encore de la mise en place du système de crédit social après la prise de contrôle d’Ant Group du célèbre Jack Ma par la People’s Bank of China ? Si c’est le cas, l’exemple d’une autre application célèbre devrait finir de vous convaincre. Avez-vous déjà entendu parler de WeChat, appartenant au géant chinois Tencent Holdings Limited ?

WeChat est une messagerie instantanée sur téléphone mobile. Cette application, permettant aussi les appels audio et vidéo, est très utilisée en Asie et, particulièrement en Chine avec plus d’un milliard d’utilisateurs !

Depuis novembre 2021, le gouvernement chinois a pris le contrôle des données enregistrées sur WeChat. Il exige, de même, du groupe Tencent d’avoir un droit de regard sur toute nouvelle application créée par cette puissance société high tech ! Comme « par hasard »; Tencent est le second groupe chinois de stature internationale, qui a servi aux essais concernant le système de crédit social ! 

Officiellement, selon les autorités chinoises, suivant le fameux principe que «Lorsqu’on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage ! », ce géant de l’internet se serait rendu coupable de plusieurs infractions dont la nature n’a, bien sûr, jamais été révélée ! De même, un programme sur WeChat permet de géolocaliser et de rendre publiques les coordonnées des mauvais payeurs. Qu’en est-il des données des utilisateurs non-chinois de WeChat ?

5 Le SCS en Chine : Comment réussir à imposer des mesures autoritaires ?

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Outre les preuves économiques de la prise de contrôle de toute une société par un État, il existe aussi un facteur culturel expliquant cette acceptation générale de toutes ces mesures ! Au cours de toute leur histoire, les Chinois n’ont jamais connu un régime démocratique tel qu’on le conçoit en Occident.

Après le temps des empereurs (2852 av. J-C. (?) - 1912), les citoyens de l’Empire du Milieu sont passés, pratiquement sans transition, après une période très troublée, au régime du Parti communiste unique. Ce qui a eu lieu avec la création de la République populaire de Chine en 1949. Il est vrai que le régime du parti unique ne facilite pas l’expression d’une quelconque opposition et, a fortiori, le déclenchement de grèves et de manifestations.

De plus, les autorités ont réussi à convaincre ou à forcer la population à rentrer dans ce SCS, notamment par un système de récompenses. De plus, la pensée chinoise est fortement marquée par le confucianisme et le légisme. Selon la première, inspirée par Confucius (551 av. J.-C. - 479 av. J.-C.), pour résumer : tout individu doit se conformer à l’obéissance aux puissants pour vivre dans une société civilisée et harmonieuse. Selon le légisme (autre pilier de la pensée chinoise), toute organisation sociale doit se baser sur un système de punitions et de gratifications. Logiquement, le SCS est une parfaite synthèse de ces deux doctrines. Toutes ces raisons expliqueraient pourquoi peu de Chinois se lèvent contre le système du crédit social, voire la raison expliquant son acceptation par nombre d’entre eux !

6 Le SCS en Chine : Un système pour combattre la défiance envers les entreprises

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Le système du crédit social semble critiquable et inacceptable d’un point de vue occidental (bien que le pass sanitaire instauré durant la Covid-19 y ressemble un peu). Une raison pourrait jouer en sa faveur. En effet, le système de crédit social s’adresse, certes, aux personnes privées mais, aussi, morales (les entreprises ou les établissements publics).

Les personnes morales chinoises souffrent, en effet d’un manque de confiance de la part des citoyens, suite à de nombreux scandales récents comme celui du lait frelaté en 2008. Cette défiance est dû à la médiocrité, encore assez répandue, de nombre de produits et d’aliments fabriqués en Chine. Cette amélioration qualitative est voulue par les autorités chinoises. Elle serait, selon elles, facilitée par l’adoption massive des nouvelles technologies nécessaires à l’instauration du SCS

7 Le SCS en Chine : Une mise en place facilitée par les nouvelles technologies !

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Les intentions réelles du gouvernement chinois reposent-elles sur une véritable envie d’aller vers une société plus harmonieuse et/ou vers un contrôle strict de la vie publique (voire privée) des citoyens chinois ?

En tout cas, les gigantesques efforts des Chinois pour développer les nouvelles technologies leur facilitera incontestablement la tâche. Les autorités chinoises utilisent des moyens techniques très avancés comme la reconnaissance faciale, l’identification biométrique, le plus grand réseau au monde de caméras de surveillance...

De même, la Chine est un des leaders mondiaux dans le développement de l’intelligence artificielle et l’emploi d’une robotisation accélérée. Toutes ces avancées technologiques facilitent, évidemment, la collecte et l’intégration des données, donc le possible contrôle des personnes privées et morales. Cette volonté de surveillance est même, selon, entre autres, l’institut Thomas More, officiellement assumée, suivant le journal officiel « Global Times «, dans des documents officiels du Conseil d’État, autrement dit : le gouvernement chinois.

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