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7 leçons à tirer de la démission de Nicolas Hulot

Décrypter Par Eric Le Braz 01 décembre 2022

7 leçons à tirer de la démission de Nicolas Hulot

Léa Salamé : "Vous êtes sérieux là ?"

Nicolas Hulot : "Oui, je suis sérieux".

Capture écran vidéo France Inter
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Le ministre de l’écologie a tiré sa révérence en direct avec la gorge nouée et une sincérité rare. Mais ce départ spectaculaire n’est pas surprenant. Car les histoires d’amour finissent mal, en général….

On a souvent moqué ses états d’âme. On peut aujourd’hui lui reconnaître une âme d’homme d’Etat. Nicolas Hulot a démissionné sur France Inter lors une incroyable improvisation où il a enfin démontré un certain courage et une véritable vision. Mais, on ne se refait pas, sans se départir d’un certain sentimentalisme…

1 Nicolas Hulot : Un amour inégal

Manu et Nico s’aimaient d’amour tendre. Mais ce n’était pas tout à fait le même amour. Nico admirait chez Manu son côté transgressif, l’impression qu’avec ce président tout était enfin possible, que rien ne résistait à Jupiter, à commencer par lui–même l'électron libre. Avec un type comme ça à l’Elysée on allait pouvoir make notre planet great again

Manu, l’ami des chasseurs, aimait surtout chez Nico le trophée qu’il pouvait exposer. Un peu comme un dragueur compulsif qui trimballe la plus belle fille du bled à toutes les soirées…. Lui, Manu avait été le seul à avoir fait succomber Nico qui se refusait à tous les présidents. Sacré Manu, trop sûr de lui. Pauvre Nico, trop ingénu.

2 Nicolas Hulot : Qui va à la chasse…

Pour la galerie, Manu était un amoureux idéal. Il complimentait Nico en public et répétait sur tous les toits qu’il était d’accord avec son écolo préféré. Mais en douce, il n’hésitait pas à le contredire, il lui imposait un cabinet pour le corseter, il approuvait son Travers de l’agriculture plus souvent qu’à son tour, et enfin dès qu’il avait quelque chose à dire… il oubliait complètement de parler d’écologie ou de réchauffement climatique, même pendant la canicule du siècle cet été. 

Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. 

Le pompon, ce fut cette nuit des chasseurs. Nico avait prévenu Manu qu’il ne voulait pas voir de lobbyiste à la réunion avec les fines gâchettes. Mais autour de la table, il découvre son pire ennemi, Thierry Costes, l’auto proclamé « Machiavel de la ruralité »

Il y a quand même un petit côté pervers narcissique chez Manu à inviter le tonton péteur à table…

3 Nicolas Hulot : Une emprise et ses limites

Tous ceux qui ont fréquenté Nico ces derniers mois ont été frappé par l’emprise que Manu exerçait sur lui. Hulot déversait des tonnes de louanges sur le Président devant ses proches, au point de manquer de discernement et de finir par baisser la garde sur les dossiers qu’il était censé défendre.  Cette emprise a fini par être tellement visible que Brigitte Bardot s’en est saisie cet été pour qualifier Nico de « trouillard de première classe ».

Sauf que cette addiction à Manu se soigne aussi. Il a suffi de quinze jours de vacances (et aussi peut-être la provoc de B.B) pour que Nico se désintoxique… Et finisse par se rendre compte de son impuissance comme il l’a témoigné sur France inter : « Je me surprend tous les jours à me résigner, à m’accommoder des petits pas ». Puis plus tard : « : Oui, ces douze derniers mois ont été une souffrance. Sauf à basculer, à devenir cynique, avoir une forme d’indifférence sur les échecs. Je me suis surpris par lassitude à certains moments à baisser les bras, à baisser mon seuil d’exigence. »

4 Nicolas Hulot : Le grand plongeon

Même si Nico était devenu lucide, cette forme de dépendance à Manu – si brillant-, et aussi à Eddy – si sympa, aurait pu durer très longtemps. Car l’écolo était psychologiquement incapable de rompre en face à face.  Il l’a d’ailleurs avoué en direct :   « Si je les avais prévenus avant, ils m’en auraient peut-être une fois encore dissuadé. Mais c’est une décision entre moi et moi. » Au point qu’après la goutte d’eau des chasseurs, il s’est jeté dans la vase sans préméditation. Il n’a prévenu personne, même pas sa femme, ni Macron, ni ses collaborateurs et encore moins Léa Salamé et Nicolas Demorand.

Ce plongeon d’un trouillard force le respect. Mais c’est bien parce qu’il avait les foies devant Manu et qu’il a eu un haut le cœur après les chasseurs, qu’il a fini par avoir les tripes de le faire.

5 Nicolas Hulot : Un égaré en politique

La démission surprise de Nicolas Hulot est surtout une surprise pour ceux qui ne le connaissent pas. Depuis quelques semaines, elle semblait inéluctable selon le microcosme écolo. Et elle était de toute façon prévisible car complètement raccord avec le personnage. C’est bien le même qui a surpris tout le monde en jetant l’éponge avant la présidentielle...

Il ne s’est pas démonté quand Lea Salamé lui a demandé s’il avait les épaules pour être ministre. « Peut-être pas. La question mérite d’être posée ». Et plus tard : « Je n’étais peut-être pas à la hauteur ». Au moins, il est honnête. Mais c’est bien son problème. 

Trop honnête pour faire de la politique. 

Trop Caliméro. 

Trop Don quichotte. 

Florilège lors de son interview testament :  « Où sont mes troupes ? ».  « Je n’ai pas un député, pas un sénateur pour me défendre » « Sur tous les sujets, j’avance tout seul ». Il ne s’est senti soutenu que par le monde associatif. C’est normal, il est l’un des leurs. Hulot est bien trop idéaliste, pas assez cynique pour faire de la politique, se trouver des alliés, éliminer ses adversaires et trahir ses proches…

6 Nicolas Hulot : Je t’aime moi non plus

L’absence ostensible de cynisme de Nicolas Hulot a pour corolaire son extrême sensibilité. C’est comme ça qu’on est capable de démissionner en direct après une « accumulation de déceptions ». Mais attention, il aime encore ceux qu’il quitte. 

Les paroles prononcées par Nico à leur encontre sont de véritables fragments de discours d’amitié amoureuse. Il a pour Manu et Eddy : « affection, loyauté, fidélité ». Il a « noué des relations personnelles » avec Macron, pour qui il garde « une profonde admiration ». « Jamais ils n’ont été aussi attentionnés à mon égard ». Et puis ce cri du cœur : « J’aime ce gouvernement ». 

Mais, en même temps, comme tous les hypersensibles, il aime poignarder ceux qu’il aime… Car il sait bien que quand il rentre dans le concret, il n’obtient que des clopinettes de la part des jolis cœurs de l’Elysée et de Matignon.

7 Nicolas Hulot : Et maintenant, on n’est pas dans la merde !

« J’ai eu un peu d’influences, je n’ai pas de pouvoirs » a murmuré, des sanglots dans la voix, Nicolas Hulot. C’est con et en l’écoutant, on se dit qu’il aurait peut-être fait un président décoiffant. Mais comme disait Mitterrand à propose de Chevènement : « S’il devient président, à qui va-t-il présenter sa démission ? ». Voilà bien le drame des écolos : leur meilleur représentant est trop sincère et trop pusillanime pour obtenir du pouvoir et pas seulement de l’influence. Et maintenant, on n’est pas dans la merde. Car comme le confiait Hulot à Coralie Schaub de Libé début août : « Macron et Philippe n’ont toujours pas compris l’essentiel ». Avant de rire jaune : « Si je m'en vais, il va y avoir 3 EPR de plus dans les prochaines années ».

Malgré un écolo-évangéliste à domicile, Macron, Philippe et les autres n’ont probablement pas mesuré l’ampleur du désastre climatique à venir et restent fondamentalement soumis au dogme nucléaire, cette « folie inutile économiquement et techniquement » comme disait Hulot sur France Inter.On peut s’attendre à des mesurettes, des petits pas, avec un second couteau au ministère de l’écologie puisque Juppé, le seul cador à peu près compétent sur ce sujet, a déjà décliné par avance le job.

Comme disait Chirac « Notre maison brûle et on regarde ailleurs »… sans qu’il fasse d’ailleurs grand-chose pour éteindre l’incendie. Hulot, lui a essayé. Mais un pompier sans eau à quoi ça sert ?

8 7 + sept prétendants possibles

Une verte très pale : Barbara Pompili

Un vert très très pale : François de Rugy

Un politique surdoué mais ingérable : Noël Mamère

Un écolo compétent : Pascal Canfin

Une écolo compétente : Corine Lepage 

Un Bardot-compatible : Yannick Jadot

Une Hulotte : Audrey Pulvar

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