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7 merveilles du ROCK des années 90

Recommander Par Hervé Resse 05 juillet 2019

7 merveilles du ROCK des années 90
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Si loin, si proches…  Risquons une théorie : les Nineties auraient marqué le Renouveau du Rock. Sa Renaissance… On se fait la preuve par 7 ?

Avoir depuis l’enfance dédié la plus grande moitié de son cerveau disponible à applaudir des fanfarons s’agitant sur des scènes pour y produire des sons bien au-delà des seuils de décibels tolérés par la Faculté. S’être goinfré de vinyles et CD que réprouvaient les honnêtes gens, plutôt portés vers les shows scintillants des Carpentier. Et ces braves citoyens, parfois, c’étaient nos parents. 

Et voilà qu’on se risque soudain, pour 7x7, à une périlleuse remontée dans le temps. En revenir aux sixties, aux seventies, voire aux eighties si controversées… Non, pas si loin… Mais allez savoir, nous y viendrons peut-être ? Pour l’heure contentons-nous des années 90 et (teasing) des deux décennies suivantes. 

Les premières nous semblent à la fois bien lointaines, - qu’est-ce qu’on écoutait, déjà ? - Et très proches, si l'on considère que Mick Jagger est désormais arrière-grand-père, Keith Richards toujours vivant, Bob Dylan octogénaire bientôt, et Paul McCartney encore fringant malgré une faiblesse manifeste au niveau des aigus. Nous avons évoqué cette crainte lancinante d’une possible fin du Rock, même si Neil Young persiste à affirmer qu’il ne mourra jamais.

Nous nous sommes également demandés si, là comme ailleurs, l’avenir du rock n’allait pas s’écrire au féminin d’abord.

Ces questions peuvent être posées. Mais contrairement à une légende aussi tenace que trompeuse, la culture rap / hip-hop n’a pas ces dernières décennies totalement submergé la culture rock. Et on le doit sans doute à cette période des Nineties. Celle de la révolte contre les boites à rythme et synthés Bontempi omniprésents, contre les coupes de cheveux façon garçon coiffeur, contre l’overdose de maxi singles remixés à n’en plus finir, ces batteries mises en avant, marquant le temps avec la délicatesse d’un escadron de la mort, histoire qu’on puisse s’agiter à fond sur les dancefloors avec peut-être un ou deux exta dans la boite à ragoût… Bref, saine révolte contre ces Eighties dont il faudra bien un jour ouvrir le procès. Ou sanctifier les rares groupes ayant su résister à toutes ces dérives.

Pour l’heure, régalez-vous jeunes gens, voici le tour des années 90, en 7 albums magistraux, iconiques ou parfois oubliés, à savourer encore et encore, tels les Madeleine à Marcel… Comme nous le répétons chaque fois, ces sélections sont à la fois parfaitement subjectives et assez précises au bout du compte. Mais il est toujours permis de n’être point d’accord. Et même, de le dire. Mais gentiment.

1 Merveilles Rock des 90’s : Nevermind de Nirvana

pixabay / Youtube

À tout seigneur, tout honneur. Album sorti en 1991. Incontournable, même si à titre personnel, le groupe de Seattle n’a jamais constitué une tasse de thé particulièrement délectable à mon goût. Mais :

1. Il faut bien admettre que l’on tient là la pierre iconique du mouvement Grunge, même si on a le droit de leur préférer Soundgarden ou Pearl Jam… 

2. Même si nous avons dit ce qu’on pouvait penser de cette fumeuse « Malédiction des 27 »ayant frappé Kurt Cobain, le chanteur demeure cette icône romantico-destroy pour toute une génération d’anciens ados. 

3. Ce disque est un équivalent au Fun House des Stooges, Au Kick Out The Jams des MC5, ou au Never Mind The Bollocks des Sex Pistols : un déferlement sonore emblématique de tous les doutes et mal-être qui à chaque époque tourmentent les jeunesses. Frustration, colère, rage, contre tout ou presque, familles, travail, patries, morale, etc.

À l’écouter de nouveau pour cet article, je perçois que né dix ans plus tard, ce deuxième album de Nirvana aurait constitué pour moi la perle équivalente aux trois précédemment citées. Un album éminemment générationnel !  Et puis...

4. ... Avec Dave Grohl, batteur, plus tard devenu chanteur et guitariste des excellents Foo Fighters, on a récupéré un artiste de premier plan, pour les années suivantes, même si Kurt a lâché un peu trop vite le mic.

2 Merveilles Rock des 90’s : (What’s the story) Morning Glory d'Oasis

PIXABAY / YOUTUBE

À réécouter avec la plus grande attention. Ce deuxième album des garnements de Manchester date de 1995. Il marquait un climax de ce que certains auront appelé l’« Oasismania », étant entendu que ce quintet fut et restera le héros côté pile du mouvement d'alors baptisé Britpop, réponse britiche au Grunge américain. 

Les types d’Oasis sont savoureux à bien des égards. Langues de pute comme le rock les aime, animés d’une haine verbale inextinguible contre leurs rivaux de Blur (voir plus bas) ; étonnamment prêts, par ailleurs, à reconnaître leur dette à l’égard de ce groupe ancien pourtant jailli de la rivale honnie de Liverpool (oui, on parle bien des mêmes). Groupe également pollué par la haine et rivalité que se livrèrent toujours les deux frères Gallagher, Noel et Liam, jusqu’à une rupture semble-t-il irréversible survenue un soir de concert à Rock En Seine, Saint-Cloud, France. 

Ajoutons pour les collectionneurs leur propension délirante à sortir des versions collectors de leurs hits, incluant différentes reprises des Beatles déjà évoqués.

Pour en revenir à ce deuxième album ? Une machine à tubes. De « Wonderwall » à « Don’t look back in anger », de « Morning Glory » à « Champagne Supernova », c’en est presque insensé. Cela prend place aux côtés des meilleurs Beatles, Kinks ou Rolling Stones. Ce qui frappe, c’est la richesse mélodique des morceaux, que viennent trancher des sonorités de guitares telles que tout rocker les rêve. A moins que la voix du chanteur vous insupporte (toujours envisageable) je parie votre chemise et vos bottes que celui-ci, dans un Top Ten des dix meilleurs albums anglais jamais sortis, figurerait chez 90% des personnes ayant accepté de répondre au sondage.

3 Merveilles Rock des 90’s : 13 de Blur

PIXABAY / YOUTUBE

Il est naturellement toujours possible de préférer d’autres albums de Blur que celui-ci. Tous sont excellents. Blur est le côté face de la Britpop, Damon Albarn s’avère, sous cet étendard autant que sous celui de Gorillaz, un auteur capable de se renouveler et d’oser sortir de sa zone de confort (ce que n’ont peut-être pas réussi à faire les ennemis jurés d’Oasis). Au reste, cet album sorti juste avant la bascule dans le troisième millénaire, fut considéré comme celui de leur renouveau. 

Si Oasis s’affirmait sous influence Beatles, Blur évoquait de son côté les mânes des frères Davies (Kinks) et de David Bowie. Cela s’entend notamment dans le deuxième morceau, Bugman, auquel venait s’ajouter une touche bruitiste bienvenue, comme une annonce d’apocalypse… Le premier morceau, Tender, est ce genre de bijou qui ennuie à la première écoute, vous séduit à la deuxième et ne vous lâche plus ensuite. Oui décidément, entre le Britpop de la Perfide Albion et le Grunge des Yankees, cette décennie marquait bien le retour aux affaires des guitares, sans lesquelles le rock ne serait au fond rien de plus qu’une piètre attitude.

4 Merveilles Rock des 90’s : Time out of Mind de Bob Dylan

PIXABAY / YOUTUBE

Pour ceux qui connaissent assez mal Dylan, les années 80 demeurent associées à une singulière traversée du désert créatif, marquée par la bascule du juif Zimmermann dans le camp (clan ?) des Born Again Christian… Ceci expliquant peut-être cela. Ceux qui le connaissent mieux préciseront que le principal intéressé ne nie pas ce creux de la vague. Mais il évoque tout de même, dans le premier tome de ses mémoires, l’importance de l’album Oh Mercy,sorti à la fin des années 80, où il fête un saine créativité retrouvée, notamment grâce à son producteur Daniel Lanois, un type ayant officié du côté de U2 (dans leur période « riche ».)

Par parenthèse, les amoureux de Dylan et ceux curieux de faire les bons choix peuvent toujours se référer à cet article proposé le lendemain du Prix Nobel surréaliste de Littérature, où nous déclinions 7 séries de 7 chefs d’œuvre du Maître.

Comme pour « Oh Mercy », Dylan fait pour Time out of Mind appel à Daniel Lanois qui a si bien su le bousculer dans le bon sens. Et le résultat est de nouveau miraculeux. L’album contient nombre de pépites que le Zim offre encore, vingt ans plus tard, à son public. Le gigantesque « Love Sick », « Standing in the Doorway » et « Million Miles » (tous deux merveilleusement repris par la grande guitariste et chanteuse Bonnie Raitt), « Tryin' to Get to Heaven », le poignant « Not Dark Yet », le sublime « Make You Feel My Love » (repris par Adèle), « Cold Irons Bound », ou « Can't Wait ». 

Enfin, pour ceux que cela ne perturbera pas, précisons que l’album se termine sur le plus long poème musical jamais enregistré par le Zim : ce « Highlands » frôle les 17 minutes. Suffit juste de s’abandonner à son rythme…

PS : On notera que le lien conduit ici, non vers l’album lui-même, mais vers une interprétation exhaustive en public, toute aussi magnifique, entrecoupée parfois de petites scènes du film Masked and Anonymous où Dylan jouait un faux double de Dylan, et où apparaissait l’immense John Goodmann.

5 Merveilles Rock des 90’s : Showbiz de Muse

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« Tu ne peux pas faire l’impasse sur Muse ». C’est ma fille qui l’a dit. Et quand elle parle rock, je dois bien admettre que si elle fut bien éduquée, elle a maintenant plus de légitimité que son père pour évoquer les trois dernières décennies, normal, O Tempora O Mores, ce sont les siennes.

Les anglais et les trios, c’est une vieille histoire, chaque décennie en a produit de très éminents, The Cream, The Jam, Placebo, Police. Je pourrais aussi évoquer Emerson Lake and Palmer. Mais est-ce encore vraiment du rock ? Vieux débat.

De Muse, il faut d’abord reconnaître la forte personnalité de son leader Matthew Bellamy, genre de croisement, côté voix, entre David Bowie, Freddie Mercury, Brian Molko (Placebo, encore). Reconnaître à ce même Bellamy qu’il s’y entend autant côté piano que côté guitares. Saluer ensuite la maîtrise dont le groupe entier fait preuve en matière de lyrisme. Chez d’autres cette tentation conduit souvent tout droit vers le ridicule. Comme dans la crème Chantilly sur la crème glacée : un peu c’est bien, trop ça vire vite indigeste. Mais chez eux, non. C’est parfois échevelé. Excessif, jamais.

Leur premier album est un indéniable réussite, qui parvient à ne pas faire son âge. Vingt ans ce n’est pas vieux pour entrer dans l’âge d’Homme, mais pour un disque, les années comptent parfois doubles ou triples. La magie d’un grand album, c’est qu’il défie les lois du temps qui passe. Témoins les meilleurs Beatles, Stones, Prince, Bowie, AC/DC, Springsteen, peu importent les styles. Showbiz est indéniablement de cette trempe, élégant, précieux, puis soudain brutal, explosif. Écoutez ou réécoutez : quitte à choisir une voix masculine haut perchée, celle-ci ne sombre jamais dans le pathos ou la mièvrerie.

6 Merveilles Rock des 90’s : OK Computer de Radiohead

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Radiohead est un de ces groupes britanniques qui font débat, comme on dit… Les deux premiers albums sont relativement quelconques, ni ratés ni bouleversants. Puis intervient un genre de miracle. Dix ans après leur création, ces anglais de l’Oxfordshire, avec leurs deux leaders Thom Yorke (chant, guitare et piano), et Jonny (sans « h ») Greenwood, sortent cet album qu’on affirme d’emblée comme l’un des tous meilleurs de la période. On y trouve réunis tous les éléments d’une alchimie réussie : compositions variées, qualités des orchestrations, une rencontre heureuse entre les fondamentaux de la pop anglaise et la modernité du moment. On aime la fragilité de la voix et l’assurance de la production. L’album regorge de morceaux parfaitement aboutis, Tels Karma Police, ou le très pinkfloydien « Subterranean Homesick Alien »… malgré son titre évoquant clairement Dylan. 

Avec cet album, on croit alors tenir un groupe parti pour durer longtemps au plus haut. Hélas, auront-ils pris le melon, seront-ils atteints d’une mégalo mal maîtrisée, malgré leur application et n’en déplaise aux fans, aucun de leurs albums suivants ne saura retrouver les bons ingrédients ou les divines proportions. Sur la durée, n’est pas Pink Floyd qui veut. 

Il n’empêche, OK Computer demeure un diable de bon disque, inspiré, planant, ambitieux sans sombrer dans le délire. On notera cette anecdote, citée par nos amis de Wikipédia : En juin 2019, 18 MiniDiscs représentant plus de 17 heures d'enregistrements, appartenant à Thom Yorke et recouvrant la période 1995-1998, soit celle de Ok Computer, sont piratés. (…)  Les hakers demandent au groupe une rançon de 150 000 US $ pour ne pas diffuser ces archives sonores. En réaction, le groupe met les contenus en diffusion libre (avec possibilité de téléchargement pour 18 £ sterling) sur un site spécialisé, pour une période de dix-huit jours. L'argent récolté est ensuite reversé à Extinction Rebellion, organisation luttant contre le changement climatique.

Les promesses non tenues sont monnaie courantes. Dans un registre plus proche du Britpop, on citerait volontiers The Verve, auteurs du mondialement reconnu Bitter Sweet Symphony, avec ce loop génial récupéré chez les Rolling Stones, qui laissait augurer du meilleur… Mais c’est comme ça. La magie n’opère pas toujours à tous les coups…

7 Merveilles Rock des 90’s : Grace de Jeff Buckley

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Il me semble bien avoir gardé le meilleur pour la fin. L’arrivée de Jeff Buckley, fils de son père Tim, est marquée par une même destinée désespérante. Dans les deux cas, un chanteur entre rock et folk, talentueux, va trop tôt disparaitre.  Tim le père a sorti quelques beaux albums folk-rock, tournant parfois vers le psychédélisme, riches de morceaux délicats et souvent mélancoliques. Mais débordé par le contexte de l’époque, il tente de hasardeux rapprochements vers le free-jazz, plonge dans la drogue et tout le tintouin. Meurt d’une surdose en 75. Laisse un fils de neuf ans qui de son vivant ne sortira qu’un seul disque, celui-ci. Tous les autres sont des captations live, séances de studio, maquettes plus ou moins bien arrangées et autres fonds de tiroirs. Mais ce disque-là est une illumination. La voix, les guitares, la sobriété des arrangements, tout est aérien, à la fois léger et profond, déchirant par moments. La densité des émotions omniprésentes rend l’ensemble renversant. Il y a cette hallucinante reprise du Hallelujah de Leonard Cohen, dont bien des auditeurs demeurent persuadés que c’est lui, Jeff, qui l’a composée, tant sa version est habitée, intense. 

Jeff Buckley un matin se prend d’une étrange idée, prendre un bain dans le Mississipi. Est-ce inconscience ou suicide, il sera happé par les roues ou les hélices d’un bateau passant à proximité. Jeff Buckley rejoint ainsi tous ceux qui furent rattrapés par Dame Faucheuse avant même leurs 27 ans… Buddy Holly, Eddie Cochran, Ian Curtis… 

Si vous cherchez un disque pour mettre l’ambiance en soirée, oubliez celui-ci. Mais pour tous ces jours où les questions existentielles vous taraudent, réécoutez ce Grace si bien nommé. On est au bord du voyage initiatique, étant à ce stade rappelé ce que suggérait l’immense Ravi Shankar lors d’un concert pop : « this music needs a little concentrated listening. So please, don’t clap your hands… » Faut-il seulement traduire ?

8 Merveilles Rock des 90’s : August and Everything After de Counting Crows

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Allez, un petit dernier, en bonus… Parce que dans toute liste de groupes et/ou disques, il convient d’exhumer un objet totalement oublié, pas même porté aux nues à sa sortie, sans être toutefois passé totalement inaperçu, sinon on perdrait toute crédibilité. 

Pour accrocher le spécialiste, rappeler que le disque est produit par l’immense T-Bone Burnett, une référence, un grand manitou, un taulier, connu et respecté chez tous les plus grands, autant comme guitariste que derrière une console. Pour rafraichir les mémoires, évoquer ce tube, Mr Jones, qui sut séduire le public le plus large. Et préciser enfin que tout l’album (et aussi les suivants) sont de ce niveau : le folk-rock US dans ce qu’il a de meilleur. 

Avec le sentiment du devoir accompli, recevoir alors les remerciements des trois lecteurs et demi qui avaient oublié l’existence dans leur discothèque de ces albums des Counting Crows.

Leur rappeler qu’au rayon Années 80, ils pourraient de même extraire quelques galettes des Plimsouls ou Crowded House, qui dans le même genre demeurent toujours hautement écoutables.

Bientôt on s’approchera des années 2000… 

Bonnes écoutes, et à très vite, comme on dit sur les emails…

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