7 raisons d'INVESTIR de nouveau dans les CRYPTOMONNAIES ?
Après le long crypto-hiver de l'année 2018, les cryptomonnaies rebondissent nettement depuis le début de l'année 2019. Le cours Bitcoin est ainsi passé de 3000 € en décembre 2018 à plus de 4600€ début avril 2019. L'occasion d'examiner à nouveau la polémique des monnaies virtuelles toujours en quête de légitimité institutionnelle.
Après avoir été déclaré mort 90 fois en 2018, le Bitcoin semble en pleine forme pour démentir à nouveau les prédictions des nombreuses sommités qui le dénoncent inlassablement comme une arnaque sans avenir.Warren Buffet, Joseph Stiglitz se seraient-ils trompés ? La toute puissante Securities and Exchange Comission (SEC) américaine refuse certes d'officialiser la création d'un véritable ETF Bitcoin (Exchange Traded Fund, c'est-à-dire un fonds côté en bourse) mais la nouvelle proposition soumise le 20 mars 2019 à l'institution par la société d'analyse Bitwise Asset Management mérite d'être examinée en détail. Si les cryptomonnaies sont toujours caractérisées par une spéculation intensive qui entraîne une très forte volatilité des cours, le phénomène ne semble décidément pas prêt de disparaître.
1 | Cryptomonnaies : 95 % du marché de Bitcoin est factice ... |
...et c'est le chiffre tiré de l'étude de Bitwise ayant circulé dans les médias ces derniers jours...Un chiffre malheureusement trop souvent cité seul et sans préciser l'analyse qu'il introduit. A lui seul, Bitcoin représente la moitié de la capitalisation du marché des cryptomonnaies. Ce n'est rien de dire que quand Bitcoin s'enrhume c'est toute la cryptosphère qui éternue. Pour les analystes, la capitalisation de Bitcoin, qui représente la moitié des 150 milliards d'euros du marché des 2000+ cryptomonnaies existantes à ce jour, est artificiellement gonflée par le « wash trading »[1] et la spéculation reposant sur la manipulation des cours.
Cependant, cette large bulle spéculative repose sur un socle solide : « Le marché réel de Bitcoin est largement plus réduit, plus ordonné et plus régulé qu'il est réputé être. » Conclusion de l'enquête de Bitwise : le marché réel de Bitcoin représente même un exemple de marché auto-régulé bénéficiant d'une capacité arbitrale atteignant une efficacité encore jamais vue dans l'histoire. Du moins si l'on opère un tri entre les plates-formes et les marchés qui participent à la capitalisation de Bitcoin car c'est là que le bât blesse.
[1] Le fait de donner des ordres de vente et d'achat quasi simultanément pour induire en erreur les analyses de marchés et gonfler artificiellement sa valeur.
2 | Cryptomonnaies : Un marché et des cours faussés par les plateformes d'échanges aux pratiques douteuses |
Celles ou ceux qui se sont essayés au trading de cryptomonnaies ont remarqué les différences de cours, parfois importantes, qui peuvent exister entre ce qui est annoncé par le site Coinmarketcap, devenu presque l'index officiel des cours des cryptomonnaies et les cours qui sont pratiqués sur les plateformes de change et de trading.
La raison en est simple : Coinmarketcap calcule le cours du bitcoin et des autres cryptomonnaies en fonction d'une moyenne établie à partir des différentes platesformes de change sur lesquelles se vendent et s'achètent les cryptomonnaies. Et ces marchés ont des pratiques fort divergentes de l'un à l'autre, comme entendent le montrer, études et statistiques à l'appui, les analystes de Bitwise. Deux exemples en particulier sont mis en avant par le mémorandum adressé à la SEC.
Le premier est donné par la plate-forme Coinbase Pro, bénéficiant d'une licence accordée par le New York State Department of Financial Services, et représentant un volume d'échanges d'un peu moins de 27 millions de dollars par jour en moyenne. Le deuxième exemple est celui de Coinbene, la plus importante plateforme d'échange de cryptomonnaies au monde, avec un volume d'échanges de 480 millions de dollars par jour, soit dix-huit fois le volume traité par Coinbase Pro.
Les conclusions de l'analyse sont sans appel : alors que le marché observé sur Coinbase Pro présente les caractéristiques d'un marché sain, avec un écart entre le cours à la vente et à l'achat de 0,01 % ou moins ce qui représente, avance les rédacteurs du rapport l'un des plus faibles écarts observés dans le monde de la finance. Au contraire, les mouvements enregistrés sur Coinbene sur beaucoup plus suspects. Les analystes de Bitwise observe des successions d'ordres d'achat et de vente parfaitement alternées ce qui laisse suspecter un trade washing intense. Les ordres de vente s'établisse rarement en dessous de 0.43 bitcoin (actuellement un peu moins de 2000€) tandis que les ordres de vente ou d'achat sur Coinbase Pro varient très largement en valeur, pouvant fréquemment concerner des sommes de 5$ ou moins. Enfin l'écart entre le prix d'achat et de vente à un instant T est de 34$ soit 3400 fois l'écart observé sur Coinbase.
3 | Cryptomonnaies : Trop de capitalisation concentrée sur des plateformes douteuses |
L'exemple de Coinbase Pro et Coinbene est parlant. Pour les investisseurs modestes, les plateformes telles que Coinbase Pro, Kraken, Bitstamp, Bittrex, Poloniex ou Bitflyer présentent des volumes d'échanges suivant des évolutions normales et offrent des conditions et garanties de marchés équilibrés. En revanche, des plateformes comme Coinbene, IDAX, LBank, BitForex, Extrates ou OKEx présentent des mouvements de transactions extrêmement étranges, montrant l'alternance de périodes d'inactivité complète auxquelles succèdent des échanges caractérisés par des montants très importants et une alternance quasi symétrique des mouvements de vente et d'achat.
Tout laisse dès lors à penser que le petit investisseur n'a pas grand-chose à faire sur ces plateformes qui servent essentiellement à influencer artificiellement le cours des cryptomonnaies en mettant en jeu à des périodes précises de gros volumes de transactions. Dans l'espace, personne ne vous entendra crier et sur Coinbene, personne n'achètera vos miettes de bitcoin...Le problème, pour l'économie des cryptomonnaies, est que, si l'on s'en tient aux plateformes que les outils d'analyse de Bitwise catégorisent comme « honnêtes », cela représente un volume d'échange quotidien de 108 millions de dollars par jour.
Le marché totalisé par les plateformes, dont les volumes et mouvements de transactions sont catégorisés selon l'étude de Bitwise comme purement spéculatives, s'élève quant à lui à 1957 millions de dollars par jour. Au vu de ces résultats qui sont loin de prendre en compte la totalité des plateformes de transactions existant aujourd'hui sur le marché des cryptomonnaies, il n'est pas étonnant que ce dernier soit encore complètement faussé par une spéculation purement artificielle.
4 | Cryptomonnaies : L' « hiver crypto » est-il terminé ? |
C'est ce que laisse espérer le rebond impressionnant, le 2 avril au matin, du marché des cryptomonnaies. En l'espace d'une heure, de 6h à 7h du matin environ, le cours du Bitcoin a bondi de 3700€ à 4400€. Le cours n'a cessé de grimper dans la semaine, dépassant les 4700€ avant de se stabiliser à nouveau à 4400€ en fin de semaine.
L'envolée du Bitcoin entraîne à sa suite les autres cryptomonnaies : Ethereum, Bitcoin Cash ou Litecoin ont affiché des hausses de 20 à 60% en l'espace de 48h. Les spéculations vont bon train pour déterminer ce qui a pu provoquer cette flambée soudaine. Une commande d’environ 100 millions de dollars correspondant à un ordre unique d’environ 20 000 BTC aurait affolé les marchés cryptos, précise le site Cryptonaute.fr. D'autres sources ont même évoqué le « poisson d'avril » lancé par le site Finance Magnats, prétendant que la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine avait enfin approuvé la création tant attendue de l'ETF BItcoin (paniers de valeurs négociées en Bourse) proposé par les sociétés Bitwise et VanEck. L'annonce a sans doute contribué à l'euphorie soudaine des marchés des cryptomonnaies, donnant raison à l'analyse proposée par Bitwise et évoquée plus haut : si le marchés des cryptomonnaies s'appuie sur un noyau de transactions présentant un caractère relativement rationnel, il reste faussé par une folie spéculative qui peut prendre des proportions surréalistes en un temps record.
Les analyses de fonds du marché des cryptomonnaies et en particulier de l'évolution du cours du bitcoin montre cependant que la tendance à la hausse a été entamée de manière plus précoce et moins spectaculaire depuis le mois de décembre 2018. Depuis le cours du bitcoin est passé de 2800 à 3600€ en trois mois. Le coup de pouce du 1er avril ne ferait donc que confirmer de manière spectaculaire une énième résurrection de la cryptomonnaie. Un bon coup de pouce tout de même si l'on considère que le bitcoin et les principales cryptomonnaies ont dépassé en deux jours la progression accomplie en 90 jours.
5 | Cryptomonnaies : Une technologie réellement disruptive ! |
En quoi consiste Bitcoin et les cryptomonnaies en général ? Il s'agit – pour la monnaie virtuelle inventée par le mystérieux Satoshi Nakamoto – d'un protocole informatique permettant d'effectuer des transactions pair-à-pair, c'est-à-dire sans passer par une institution telle qu'une banque.
Bitcoin, et avec une grande partie des quelques 2000 cryptomonnaies nées à sa suite, s'appuie sur la technologie de la Blockchain, registre de compte distribué, répliqué et mis à jour (toutes les dix minutes sur le réseau Bitcoin) sur un réseau décentralisé comptant plus de dix milles nœuds accueillant une copie de la blockchain. Mais la blockchain seule n'est qu'un élément du protocole Bitcoin qui s'appuie sur une conjonction d'innovations technologiques qui a conduit Satoshi Nakamoto à concevoir un mode de transaction et d'investissement révolutionnaire en permettant tout simplement de créer pour la première fois un objet informatique non réplicable.
Si je vous adresse un bitcoin, le processus informatique qui me permet de l'adresser et au destinataire de le recevoir en fait un objet unique qui ne peut être à nouveau utilisé par celui qui vient de le dépenser. C'est la solution miracle trouvée par Nakamoto pour concevoir son protocole de paiement sans nécessiter l'intervention d'une tierce-partie tout en évitant le double dépense. Si la blockchain est un élément innovant de ce protocole de paiement virtuel, elle n'en est qu'un élément et le fait de déclarer, à l'instar de la financière Blythe Masters « Oubliez Bitcoin, embrassez la blockchain » revient en quelque sorte à commander une entrecôte sauce poivre en se délectant de la sauce poivre et en oubliant l'entrecôte.
Le protocole Bitcoin repose sur l'association d'innovations qui l'ont précédé, la blockchain n'en est qu'une parmi d'autres : preuve de travail, calcul décentralisé, paiement pair-à-pair, réseau de transaction décentralisé...Et les autres cryptomonnaies reposent, comme Bitcoin, sur des communautés qui s'activent à aller plus loin encore dans le développement de ces technologies, à l'instar d'Ethereum, Cardano, Tezos ou encore Stellar.
6 | Cryptomonnaies : Ce bouillonnement technologique et économique commence à intéresser les acteurs institutionnels et les grands du numérique |
Le suspens autour de la décision de la SEC quant à l'avenir d'un ETF Bitcoin n'est finalement qu'un exemple parmi d'autres de l'intérêt croissant que portent aux cryptomonnaies les institutions économiques et financières et les poids lourds de l'économie numérique. La bourse de Chicago avait déjà accepté avec prudence une cotation indirecte du bitcoin en 2017 mais le 2 avril dernier, c'est cette fois la société de la fintech Amun qui a lancé sur la Bourse suisse SIX un ETP ("Exchange Traded Product") sur la cryptomonnaie Ripple (XRM). Il s'agit, relève la start-up basée en Suisse alémanique, du "premier produit financier au monde" permettant d'investir dans cette cryptomonnaie, révèle l'agence de presse suisse AWP.
En décembre dernier, Bloomberg et le New York Times ont révélé quant à eux que Facebook travaillait sur son propre projet de cryptomonnaie. Pour permettre les paiements via messagerie privée comme l'avait annoncé Mark Zuckerberg ? Ou pour s'inspirer du modèle de Steemit, le réseau social qui rétribue ses utilisateurs ? Quoiqu'il en soit, avec ses deux milliards d'utilisateurs, le réseau social et la firme de Mark Zuckerberg disposent d'une base très solide pour conquérir à leur tour le monde des cryptomonnaies.
7 | Cryptomonnaies : une innovation qui répond à la crise de la confiance ? |
Ce n'est peut-être pas un hasard si le protocole Bitcoin a été publié par Satoshi Nakamoto en 2008, après la crise des subprimes aux Etats-Unis, et au moment où le monde basculait dans la plus importante crise économique depuis 1973, voire 1929.
Le système financier mondial n'inspire plus grande confiance à une grande partie de la population et dans un monde où, de surcroît, plus de la moitié des habitants de la planète n'ont pas accès à un compte bancaire, les cryptomonnaies offre le recours direct à un système de transaction et de micro-crédit planétaire. Encore faut-il bénéficer d'un accès Internet.
Ca tombe bien, si une bonne partie de l'humanité n'a pas accès à un compte bancaire, il y a plus d'un smartphone par habitant sur terre. Au-delà de l'irrationnel spéculatif, les cryptomonnaies ont peut-être un avenir qui s'appuie sur des éléments beaucoup plus concret. C'est d'ailleurs une partie de la thèse que développe le documentaire « Protocole », réalisé récemment par Rémi Crussière qui permet d'appréhender un peu mieux les cryptomonnaies, cette « production humaine sans cesse mouvante », comme la nomment Jacques Favier, Adli Takkal Bataille et Benoit Huguet dans leur ouvrage Bitcoin Métamorphoses.
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