7 effets DRAMATIQUES de la FERMETURE des frontières
La fermeture des frontières un peu partout dans le monde depuis mi-mars 2020 pour contenir la pandémie du coronavirus Covid-19 a engendré des situations tendues, voire dramatiques
La fermeture des frontières a eu des impacts directs et indirects tragiques et inattendues. Voici 7 conséquences décryptées par 7x7.
1 | Fermeture des frontières : Le Maroc refuse de rapatrier ses citoyens |
Depuis que leur pays a bouclé ses frontières mi-mars, près de 28 000 Marocains sont actuellement bloqués dans différents pays du monde.
Deux mois et demi plus tard, le royaume chérifien refuse toujours de les rapatrier. Courant mai 2020, des manifestations ont eu lieu aux quatre coins de l’Europe pour dénoncer cette situation. Des campagnes de sensibilisation ont également été lancées sur Internet par les citoyens marocains pour implorer le gouvernement de les faire rentrer. Depuis plusieurs semaines, les services consulaires marocains ont apporté leur aide en matière de logement, restauration et santé à près de 6000 citoyens à travers le monde.
Si le Maroc maintient la fermeture de ses frontières, c’est qu’il manque d’infrastructures médicales et veut éviter un débordement face à l’afflux potentiel de patients.
2 | Fermeture des frontières : Plus de 100 bébés nés par GPA bloqués en Ukraine |
La décision de l’Ukraine de boucler ses frontières mi-mars a plongé dans le désespoir des dizaines de parents ayant eu recours à une mère porteuse dans ce pays et qui sont aujourd’hui dans l’impossibilité de rejoindre leur enfant.
Selon les autorités ukrainiennes, plus d’une centaine de bébés âgés de quelques jours à plusieurs semaines se trouvent dans cette situation. Des enfants privés de leurs parents, qui sont actuellement pris en charge par des puéricultrices.
Leur nombre pourrait atteindre 1000 d’ici 6 mois si les frontières restent fermées. Un drame pour ces couples infertiles qui ont souvent déjà derrière eux un long et douloureux parcours de PMA et qui se sont tournés vers la GPA en Ukraine où cette pratique est autorisée et encadrée par un cadre légal.
Pour que ces parents puissent retrouver leur enfant et repartir avec lui, un sauf-conduit diplomatique serait nécessaire, ce que les autorités leur refusent pour le moment.
En France, plusieurs couples concernés ont lancé une pétition en ligne pour faire pression sur le Quai d’Orsay. Elle comptait 1621 signatures le dimanche 31 mai.
3 | Fermeture des frontières : Des millions d’Africains menacés de pauvreté extrême |
En Afrique, où le virus se propage rapidement dans certains pays (le continent a pour l'instant recensé seulement 2500 morts environ), des millions de personnes sont menacées par une plus grande précarité. Selon Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, la pandémie menace les progrès réalisés en Afrique et risque d’accroitre les inégalités existantes, d’accentuer la faim, la malnutrition et la vulnérabilité face à la maladie.« Déjà, la demande pour les produits africains de base, le tourisme et les envois de fonds sont en baisse. L'ouverture de la zone de libre-échange a été reportée et des millions d e personnes pourraient basculer dans la pauvreté extrême », alerte-t-il.
Pour éviter un désastre, Antonio Guterres appelle à une mobilisation internationale pour renforcer les systèmes sanitaires en Afrique, préserver les chaînes d'approvisionnement alimentaire, soutenir l'éducation, sauvegarder les emplois, préserver les ménages et les entreprises à flot et protéger le continent d’une crise financière suite aux pertes de revenus et de recettes d'exportation.
4 | Fermeture des frontières : Des pertes financières colossales de l’industrie aéronautique |
La pandémie a frappé de plein fouet les compagnies aériennes. Depuis la mi-mars, Air France – KLM aurait perdu près de 100% de ses recettes, a confié la compagnie au Monde.
Pour sauver la compagnie de la faillite, le ministère de l’économie et des finances a annoncé un soutien historique avec un prêt de 7 milliards d’euros.
La compagnie, dont les pertes s’accumulent, pourrait annoncer courant juin des plans de départ volontaires : plus de 2 000 hôtesses et stewards, ainsi que 350 pilotes seraient concernés.
Les avionneurs Boeing et Airbus subissent aussi les répercussions. Ce dernier a déjà diminué sa production de 30% et annoncé jeudi 14 mai 2020 que 30% des 45 000 salariés français seraient placés en chômage partiel jusqu’au 30 septembre 2020. Le PDG d’Airbus, Guillaume Faury a plaidé pour une réouverture des frontières afin de relancer le trafic aérien et sauver la filière aéronautique.
5 | Fermeture des frontières : L’effondrement du secteur du tourisme |
Fortement impacté par la pandémie, le secteur du tourisme en France qui pèse pour plus de 7 % du PIB a retrouvé un peu de couleurs après l’annonce le 14 mai 2020 d’un plan de relance massif représentant un engagement de 18 milliards d’euros pour les finances publiques.
Mais si les frontières entre l’Union européenne et le reste du monde restent fermées encore plusieurs mois, l’UE perdrait 18 % de ses revenus touristiques. Pour la France, les touristes extra-européens (hors de l’Union européenne et des pays du continent européen) représentaient 20 % des arrivées internationales et un tiers des recettes touristiques en 2017, soit un peu plus de 17 millions de personnes.
La situation est particulièrement dramatique pour certains pays du sud de l’Europe, où le secteur représente une part de la production de richesse et de l’emploi plus importante.
Selon la Banque mondiale, celui-ci pèse 13,1 % du PIB en Italie, 14,9 % en Espagne, 17,8 % au Portugal et 20,2 % en Grèce, contre 10 % du PIB en moyenne dans l’Union européenne (UE).
Le choc est brutal pour des pays déjà touchés de plein fouet par la crise des dettes européennes en 2012.
6 | Fermeture des frontières : Aggravation de la pénurie de médicaments en France |
L’épidémie de coronavirus a amplifié la pénurie de médicaments en France et remis sous les projecteurs la question de l’indépendance sanitaire du pays. « Il y a 10 ans, il manquait 40 médicaments en France, aujourd’hui c’est plus de 400 » déplore la sénatrice centriste du Pas-de-Calais, Catherine Fournier.
La sénatrice rappelle que la France est dépendante d’une chaîne de production qui est à 80% en dehors de l’Europe, notamment en Chine, aux Etats-Unis et en Inde et appelle l’État à négocier avec les industries pharmaceutiques pour qu’elles relocalisent, soit en les « incitant » mais aussi en les « forçant ». Elle propose notamment de conditionner la mise sur le marché d’un médicament à sa production sur le sol français ou européen. « Quand on donne l’autorisation de mise sur le marché d’un médicament, c’est l’État qui paye, c’est la sécurité sociale, ça peut être un levier de négociation ». Elle estime par ailleurs que la France pourrait rapidement relancer la production de ces produits sur son territoire.
7 | Fermeture des frontières : Des risques liés à la pénurie de drogues |
La pénurie de drogues est l'un des effets inattendus et néfastes de la pandémie et du verrouillage des frontières. En Europe, en Amérique du Nord et dans le Sud-ouest asiatique, une baisse de l’offre d’héroïne a été observée par l'Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (UNODC) qui redoute un changement de consommation des stupéfiants. Les consommateurs risquent de pallier ce manque avec des substances encore plus nocives produites localement.
Une situation qui préoccupe les professionnels de santé qui craignent un report vers l’alcool et les anxiolytiques qui ont un pouvoir addictif plus fort. C’est le cas de William Lowenstein, président de l'association SOS Addictions.
Jean-Michel Delile, psychiatre et président de la Fédération Addiction redoute aussi "des surconsommations et des overdoses", notamment de cocaïne.
Les structures d'addictologie contactées par l'AFP notent une augmentation des prescriptions de substituts, souvent réclamés par des usagers qui n'ont plus les moyens de se fournir dans la rue.
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