7 explications à la guerre en Ukraine

Une des raisons principales ayant poussé le président russe Vladimir Poutine à envahir l’Ukraine est la violation des promesses faites par les Occidentaux, notamment les Américains, dominateurs au sein de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique nord). Cette organisation avait promis de ne pas étendre son influence en Europe de l’Est. Cette promesse avait été faite après la chute du Mur de Berlin en 1989.

Or, depuis, l’OTAN n’a pas cessé de passer des accords avec de nouveaux pays d’Europe de l’Est. Même un document officiel « Renforcer la présence de l’OTAN à l’est et au sud-est » de l’OTAN le reconnaît. Je cite : « La présence militaire dans les parties est et sud-est du territoire de l'Alliance est une composante importante de la posture de dissuasion et de défense renforcée de l'OTAN. Les Alliés ont mis en œuvre les décisions prises au sommet de Varsovie, en 2016, à savoir établir une présence avancée de l'OTAN en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne...». Brisant son serment, l’OTAN n’a donc pas arrêté son expansion. La crainte du président russe était que l’Ukraine entre dans l’OTAN. Ce qui signifiait, pour la Russie, des bases de missiles américains à ses frontières.

Les « Accords de Minsk » (appelés aussi Minsk II) ont été signés en 2015 pour faire cesser la guerre dans le Donbass (Est de l’Ukraine). Ce traité de paix faisait suite à l’échec du «Protocole de Minsk» (Minsk I), paraphé le 5 septembre 2014. Ce premier accord était nécessaire pour stabiliser les frontières et ramener la paix après l’invasion de la Crimée par les Russes en mars 2014. Minsk I échoua. Aussi, le 12 février 2015, les « Accords de Minsk » furent signés par Vladimir Poutine et le président ukrainien de l’époque, Petro Porochenko, pour régler définitivement le problème, notamment le respect des cessez-le-feu.

Cette cérémonie eut lieu en présence du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel. L’objectif, non-atteint par Minsk I, était de faire enfin respecter le cessez-le-feu prévu par Minsk I dans le Donbass. Malheureusement, les accords de Minsk II, au nombre de 13, ne furent pas respectés dès la mise en place, notamment par les Ukrainiens. Ce qui a entraîné, depuis 2015, la poursuite des hostilités dans le Donbass, à la une de l’actualité aujourd’hui...

Le « Protocole de Minsk» (Minsk I) fut signé le 5 septembre 2014. Les « Accords de Minsk (Minsk II) » le furent le 12 février 2015. Ils étaient censés mettre fin aux problèmes dans le Donbass (région pro-russe mais ukrainienne). Ces deux traités de paix avaient été conclus suite à une réunion diplomatique appelée « Le format Normandie », le 6 juin 2014, au château de Bénouville en Normandie. Étaient présents le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Petro Porochenko.

Malheureusement, ni Minsk I, ni Minsk II n’eurent un grand effet sur les hostilités dans le Donbass qui est en feu depuis 2014 ! Depuis lors, ni l’Union Européenne, ni les présidents français qui se sont succédés (François Hollande et Emmanuel Macron), ni la chancelière allemande n’ont levé le petit doigt pour faire en sorte que les Ukrainiens arrêtent de violer ces accords. Cette inaction européenne, mais aussi américaine, était déjà soulignée en 2015, par Jean de Gliniasty, expert à l’Iris (Institut de relations internationales) et ex-ambassadeur de France à Moscou. De même, la mauvaise volonté ukrainienne à respecter Minsk I et II fut aussi attestée par Jean de Gliniasty à L’AFP (Agence France- Presse).

En fait, c’est la question de base du conflit en Ukraine. Même les plus grands spécialistes de la Russie et de la géopolitique à l’Est de l’Europe se perdent en conjectures sur les véritables raisons ayant poussé la Fédération de Russie à envahir l’Ukraine. En réalité, personne ne sait exactement ce qui a incité le président russe a déclenché un conflit de cette importance. Certains disent qu’une telle guerre ne s’était pas produite en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale (1939 - 1945). Ils oublient, cependant, un peu vite que le continent européen avait été le théâtre d’une série de guerres terrible entre 1991 et 2001 en ex-Yougoslavie. Ce qui avait abouti à la partition du pays.

Pour revenir à Poutine, personne n’étant dans sa tête, et lui, sachant bien cacher son jeu, on ne peut se livrer qu’à des suppositions. Parmi les plus courantes, on évoque : l’envie de reconstituer l’Empire Russe des tsars ou l’URSS. D’autres experts pensent qu’il va annexer purement et simplement l’Ukraine. D’autres encore estiment que Vladimir Poutine retirera les troupes russes d'Ukraine une fois fois les conditions suivantes remplies. Il faudrait, selon le président russe, que l’Ukraine soit démilitarisée.

Son président Volodymyr Zelensky devrait renonce à entrer dans l’OTAN, reconnaître l’autonomie des régions de Donestsk et de Louhansk, en respectant les accords de Minsk. D’autres, encore, vont jusqu’à dire que Vladimir Poutine veut envahir toute l’Europe ou provoquer une Troisième Guerre mondiale, sinon vitrifier l’Europe. En fait, personne, à part le président russe, ne sait exactement ce qu’il veut. Les pseudo experts parcourant les plateaux de télévision feraient bien de se montrer moins péremptoires dans leurs déclarations ! Tout ce que l’on peut faire est de se référer à ce que déclarait Vladimir Poutine, lors de l’annonce, le jeudi 24 février, d’une opération militaire en Ukraine : « J'ai pris la décision de mener une opération militaire spéciale. Son objectif sera de défendre les personnes qui, depuis huit ans, subissent des persécutions et un génocide de la part du régime de Kiev.»

Les accords de cessez-le-feu entre l’Ukraine et le Donbass ne furent jamais respectés par les Ukrainiens ni après le signature du premier accord de paix en septembre 2014 sous le nom de « Protocole de Minsk », ni après celle du deuxième accord sous le nom des « Accords de Minsk» en 2015. En conséquence, la guerre dans le Donbass (région pro-russe située à l’est de l’Ukraine) dure depuis 2014 avec un bilan d’environ 14 000 morts. Or, jusque-là, cette catastrophe humanitaire n’émouvait ni les gouvernements occidentaux, ni l’Union Européenne, ni les bonnes consciences courant habituellement les plateaux de télévision.

Pourtant si, la région pro-russe du Donbass réclame une certaine autonomie, les habitants se sont toujours considérés comme ukrainiens. Ainsi, les bombardements ukrainiens des populations civiles dans le Donbass n’ont pas cessé depuis près de huit ans dans l’indifférence générale. Cette tragédie était déjà dénoncée par Amnesty International qui mettait en cause à la fois les Russes, mais aussi les Ukrainiens... depuis 2015.

On peut aussi trouver une autre explication à ce conflit... en 2004, dans la fameuse révolution orange Maïdan. Celle-ci renversa le président ukrainien de l’époque, Viktor Ianoukovitch, jugé trop pro-russe par les révolutionnaires ukrainiens de l’époque. Ainsi, en novembre 2004, son concurrent à l’élection présidentielle, Viktor Louchtchenko, soupçonnant le premier de fraude, contesta le résultat. Dans la foulée, une immense foule se rassembla sur la place Maïdan à Kiev, en arborant des tenues et des drapeaux oranges. Cette couleur donnera d’ailleurs son nom à ce soulèvement qu’on appelle la « Révolution orange ».

Pendant deux mois, les grandes puissances s’y affrontèrent par Ukrainiens interposés, notamment les États-Unis, l’Union Européenne et la Russie. Après deux mois de contestations et d’affrontements dans une véritable guerre civile fratricide, le 23 janvier 2005, Viktor Louchtchenko accédait à la présidence de l’Ukraine. Officiellement, les Américains et les Européens se félicitèrent de ce mouvement «spontanée» qui avait instauré la démocratie en Ukraine.

Or, dès 2005, on apprenait que la « Révolution orange » avait été largement financée par les USA à travers les ONG et des fondations américaines, dont celle de Georges Soros, milliardaire américain à hauteur de 75 millions de dollars. Cette ingérence,  déjà, à l’époque, n’avait pas de quoi rassurer les Russes sur les intentions des Américains. Ces soupçons furent renforcés (entre autres) par les actions de l’OTAN poursuivant son avancée vers l’Est, malgré les promesses faites après la chute du Mur de Berlin en 1983.

En fait, on ne comprend rien au conflit entre la Russie et l’Ukraine si on ne se penche pas sur l’histoire de ces deux peuples qu’on pourrait, même, qualifier de frères... ennemis ! Au-delà des raisons militaires et géopolitiques évoquées précédemment, une des motivations de Poutine serait... spirituelle.

En effet, la Russie et l’Ukraine sont des pays orthodoxes. Or, Kiev, la capitale de l’Ukraine, est le berceau de l’orthodoxie, tout comme Le Vatican est le Saint-Siège du christianisme, La Mecque, l’endroit le plus sacré de l’Islam et Jérusalem, le Lieu Saint du judaïsme. Vladimir Poutine est un croyant et veut, sans doute, refaire de Kiev, la capitale de l’orthodoxie pour tout le monde slave.

Ce serait, selon lui, aussi un moyen de réunifier deux peuples (russe et ukrainien) qui ont une même origine historique et spirituelle. Comme le rappelle l’historien Antoine Arjakovsky : « L’idéologie du monde russe (...) établit un lien de continuité entre la Rous de Kiev, premier état russe (...) entre 882 et 1240 et qui adopta l’orthodoxie en 988, et la Fédération de Russie.» Kiev est la résidence du primat de l’Église orthodoxe ukrainienne rattachée au Patriarcat de Moscou ! La capitale ukrainienne abrite trois des lieux les plus saints de l’orthodoxie. Nul doute, cependant, que l’aspect spirituel, même s’il n’est la principale cause du conflit, est à prendre en compte.