7 fake news spectaculaires propagées par les médias !

Même si elle ne se situe pas dans le domaine politique, cette fausse nouvelle est sans doute une des plus frappantes et des plus spectaculaires. Elle montre la puissance des médias et l’influence qu’ils peuvent avoir sur les peuples ou les sociétés. Le 30 octobre 1938, le fameux réalisateur, auteur, producteur Orson Welles (1915 – 1985) travaillait sur la station de radio américaine CBS (Columbia Broadcasting System). Dans les années 30, la radio était le média le plus puissant et le plus écouté aux USA car la télévision n’en était qu’à ses balbutiements. Ainsi, la première émission de télévision n’avait eu lieu que le 7 avril 1927 !

Tout ce que disaient les médias étaient, en ce temps-là, (encore) parole d’Évangile. Imaginez, alors, l’effet qu’a pu faire à l’antenne d’une des plus puissantes radios des États-Unis, l’annonce par Orson Welles que les Martiens avaient débarqué dans le New Jersey ! Il s’ensuivit une panique et un grand nombre d’auditeurs s’enfuirent de New York par la route, persuadés de l’armée martienne avait envahi la Terre !  En fait, il s’agissait d’une adaptation radiophonique du roman La Guerre des Mondes de H.G Wells par la troupe de théâtre d’Orson Welles, le Mercury Theatre relatant effectivement une invasion extraterrestre de notre planète.

En décembre 1989, des images, passées en boucle devant les yeux horrifiées de téléspectateurs du monde entier, allaient susciter une indignation générale et précipiter la chute du régime du président de la Roumanie Nicolae Ceausescu, puis son exécution sommaire, ainsi que celle de sa femme. Ces scènes horribles montraient des centaines cadavres dans des « charniers » retrouvés dans la ville de Timisoara.  Ces corps étaient présentés par les médias comme des victimes politiques du régime de Ceausescu qui aurait ordonné de les torturer puis de les exécuter de manière sommaire avant d’être jetés dans des fausses communes.

Les médias parlaient de près de 4000 morts En fait, il fut prouvé que ces cadavres n’étaient qu’une centaine et qu’ils avaient été déterrés d’un cimetière de cette ville pour organiser cette scène macabre. En fait, c’était une manipulation horrible qui n’honorait pas ses instigateurs… et les mettaient au même rang que le dictateur qu’ils voulaient renverser. Les coupables ne furent jamais identifiés. Cette « information » provenait d’une dépêche de l’agence de presse yougoslave reprise, sans vérification, par les plus grandes agences de presse dont l’Agence France Presse, et par tous les médias français !  Alors : incompétence ou résultat d’un biais idéologique de la part des journalistes ayant répandu cette « information » ?

En 1990, les troupes du président irakien Saddam Hussein s’emparent du Koweït. Le 10 octobre de cette même année, une adolescente koweïtienne se présentait à la tribune du Congrès américain à Washington (USA), des trémolos dans la voix et des larmes pleins les yeux, pour raconter une histoire qui horrifia les membres présents. Ces images, relayées par les médias, scandalisèrent les populations du monde entier. Cette nouvelle horrible précipita l’intervention américaine en Irak déjà prévue par le président des États-Unis George W. Bush (sans doute une « coïncidence » !).

Cette jeune fille, du nom de Nayirah, jurait avoir vu, de ses yeux, les soldats irakiens pénétrer dans la maternité de Koweït City, la capitale de cet émirat. Puis, ils avaient arraché les bébés de leurs couveuses pour les laisser mourir sur le sol ! En fait, cette Koweïtienne « apeurée » était la fille de l’ambassadeur du Koweït aux États-Unis et son récit n’était qu’un mensonge ! Comme le rappelle Le Point, cette manipulation, organisée par les gouvernements américain et koweïtien, fit basculer l’opinion américaine en faveur d’une intervention des soldats américains en Irak ! La Guerre du Golfe s’ensuivit en janvier 1991 pour apporter la « démocratie » en Irak qui vit, depuis, un chaos permanent ! Une fois de plus, les médias du monde entier diffusèrent cette fausse nouvelle sans prendre la peine de la vérifier !

Une fois de plus, c’est une fausse nouvelle grossière à propos de l’Irak qui permet d’octroyer, à nouveau, l’Oscar de la fausse nouvelle de l’année à l’administration américaine en 2003. En ce 5 février 2003, le secrétaire d’État à la Défense de l’époque se présente à la tribune des Nations Unies à New York. En agitant théâtralement une fiole d’un liquide indéterminé, il prétend démontrer la preuve que l’Irak détient des armes de destruction massive et qu’il faut intervenir d’urgence pour les détruire avant que ce fou de Saddam Hussein ne déclenche une apocalypse nucléaire ou chimique le matin où il se lèvera du mauvais pied !

Je caricature à peine. Sur ce prétexte de trouver ces armes chimiques de destruction massive et de faire cesser le programme de développement nucléaire irakien (à but civil mais on ne sait jamais !), les États-Unis envahissent l’Irak en mars 2003. Dix ans plus tard, Colin Powell confessera « regretter » amèrement son erreur, en rejetant la faute sur les services secrets américains. En attendant, l’intervention américaine aurait fait au moins des milliers, sinon des millions de morts en fonction des estimations, aura enfoncé un pays déjà exsangue dans une situation encore plus catastrophique. Les compagnies pétrolières feront main basse sur les immenses réserves d’hydrocarbures du pays. Saddam Hussein fut destitué, jugé rapidement et pendu sommairement. On ne sait toujours pas ce qu’il y avait dans le flacon que Colin Powell agitait devant l’assistance des Nations Unies et les recherches pour trouver ces fameuses armes chimiques n’ont toujours rien donné ! Qui plus est, comme l’écrivit, Le Monde, le rapport de la commission Chilcot, publié au Royaume-Uni en 2016, accablait le Premier ministre anglais de l’époque, Tony Blair, pour son suivisme aveugle des États-Unis sans justification réelle de l’intervention britannique en Irak.

Les fausses nouvelles peuvent concerner d’autres secteurs que la géopolitique comme l’écologie et influencer fortement l’opinion publique ! Par exemple, en décembre 2016 :  de nombreux médias français accusèrent les émissions polluantes des centrales à charbon allemandes d’être responsables des pics de pollution en France. L’Allemagne avait, alors, fait le choix d’abandonner son programme nucléaire et de rouvrir ses centrales à charbon… pourtant extrêmement polluantes.

Cette grave pollution vient de l’émission massive de particules très toxiques, en particulier pour notre système respiratoire. Ces inconvénients majeurs de l’utilisation du charbon rendaient d’autant plus cohérentes les accusations médiatiques contre la pollution en provenance d’Allemagne ! Or comme le révèle Le Monde, cette information était fausse ! En effet, en décembre 2016, l’augmentation du pic de pollution en Ile-de-France, pourtant accréditée par de nombreux experts, avait une origine locale. Cette rumeur était issue du site Les Econoclastes puis avait été reprise sans vérification par de nombreux médias et des « experts ».

Les chiffres concernant la propagation du coronavirus SARS-Cov-2 à l’origine de la pandémie de la Covid-19 donne lieu à une bataille stratégique de chiffres qui a une forte influence sur les mesures prises par le gouvernement et sur le comportement de la population ! La moindre augmentation, par exemple, du nombre des morts, des hospitalisations ou des réanimations a un impact psychologique considérable sur tout le pays. Alors que, de l’avis même des médecins et des épidémiologistes, il est absurde de donner les chiffres quotidiens, du fait de leur variabilité d’un jour à l’autre, le Ministre de la Santé continue d’égrener les chiffres tous les jours, soufflant alternativement le chaud et le froid et augmentant la peur, voire la panique des Français déjà plongés dans une ambiance anxiogène depuis des mois !

Il arrive ainsi que le taux général d’affolement s’élève brutalement, à la suite de fausses nouvelles répandues par les autorités, elles-mêmes et relayées aveuglément, sans vérification, par des médias. Ainsi, dans un article du 19 septembre, Le Figaro révélait que, selon les données de Santé Publique France, le bilan du vendredi précédent, le 18 septembre, était de 123 morts supplémentaires en 24 heures alors qu’il n’était que de 50 la veille ! Des voix s’élevèrent parlant de période la plus mortelle depuis mars, d’une hécatombe annoncée, d’une deuxième vague, voire d’une nouveau confinement ! En réalité, ces chiffres étaient faux car ils tenaient compte de l’ajout tardif des données d’un établissement hospitalier de l’Essonne qui n’avaient pas été prises en compte précédemment ! En fait, il n’y avait « que » 47 décès supplémentaires par rapport à la veille et non 73 comme le laissaient penser les données de Santé Publique France ! Selon le même article du Figaro, le site de Santé Publique France était coutumier de bugs d’affichages et souffrait de manque d’informations précises sur l’évolution de l’épidémie !

Pour finir sur une note plus légère mais néanmoins sur une fausse nouvelle qui a fait un certain bruit dans le monde de la télé-réalité en 2017, on peut parler de Game2 : Winter. Ce programme devait radicalement révolutionner le monde de la télé-réalité et des émissions de survie. Son créateur, le milliardaire russe Evguéni Pyatkovskï, déclarait vouloir diffuser sur internet, à partir du 30 juin 2017, un jeu de survie dans lequel trente candidats devaient s’affronter en Sibérie, en pleine forêt, et survivre au milieu des ours et des loups ! Les participants n’avaient droit qu’à un couteau. Leur mission était de survivre dans un des environnements parmi les plus hostiles au monde ! Ce jeu s’inspirait du fameux film Hunger Games qui avait connu un tel succès mondial en 2012 qu’une suite avait été tournée en 2015 : Hunger Games, la Révolte.

Ce projet Game2 : Winter se répandit de façon virale, notamment sur la Toile. Des centaines de candidatures affluèrent pour ce jeu qui devait être diffusé 24 heures sur 24 en ligne. Deux petits « détails » : d’abord, les postulants devaient payer 158 000 euros pour s’inscrire... mais pour gagner 1,6 millions d’euros pour le vainqueur.  Deuxièmement, les candidats pouvaient avoir recours à toutes sortes de violence (comme violer d’autres candidats ou s’entretuer) sous l’oeil de 2000 caméras installées pour suivre le jeu ! La police devait se charger, néanmoins, d’arrêter les coupables d’exactions et de crimes !

L’immense buzz provoqué au niveau planétaire allait retomber comme un soufflé quand l’organisateur du jeu, Evguéni Pyatkovskï, avoua finalement, le 1^er juin 2017,  avoir monté toute cette affaire pour démontrer la transmission rapide de fake news mais sans avoir jamais l’intention de lancer Games2 : Winter ! Il n’empêche que cette arnaque avait été relayée, pendant près de six mois, un peu hâtivement et sans vérification, par de nombreux médias écrits, radiodiffusés, télévisés et digitaux (ex: Konbini) dans le monde !