7 raisons d’arrêter de travailler le 7 novembre (la 4e et la 5e vont vous faire rougir)
Ça y est, la grève est déclarée. Elle commence le 7 novembre 2016 à 16h34 et 7 seconde. Si vous faites partie des heureux individus porteurs d’un utérus, le moment est venu de montrer que vous avez aussi des couilles. Et vice vers ça !
Les Islandaises ont montré la voie le 24 octobre dernier, en quittant leur lieu de travail pour envahir les rues par milliers dans la rue afin de protester contre les inégalités salariales, mais aussi les discriminations et les violences faites aux femmes. Comme rien de ce qui vient d’Islande ne nous est étranger, nous avons décidé malgré notre gauloiserie approximative de suivre l’exemple viking.
A l’appel du collectif « Les Glorieuses », relayé par de nombreux mouvements féministes, 13,6 millions de Françaises pourraient bien, le 7 novembre, créer la surprise en faisant de même, pour un « happening » d’un nouveau genre (si l’on peut dire) : la grève des femmes. Nous avons trouvé au moins 7 raisons de rejoindre le mouvement, qui va bien au-delà de la lutte pour l’égalité salariale.
1 | Parce que les femmes touchent moins que les hommes |
Et quand on dit touchent, on ne dit pas « la chatte à la voisine », on dit pépettes, monnaie, flouze, artiche, pognon ! Les chiffres sont formels et montrent d’après les dernières statistiques européennes que leur salaire est inférieur de 15,1 % en moyenne à ceux des hommes. Pire : leurs revenus sont globalement inférieurs de 27 % – c’est-à-dire quand même un tiers.
La raison ? Elles sont plus nombreuses à travailler à temps partiel non choisi (70 à 80 %), à prendre des congés parentaux sous-payés, et à accomplir la totalité des tâches relevant de l’éducation et du ménage, qui est, lui, non rémunéré. Et du fait de ce fonctionnement multitâches et d’une organisation du travail inadaptée, elles sont moins productives. Résultat : à partir du 7 novembre 16h34 et 7 secondes, et jusqu’à la fin de l’année, les femmes vont travailler « bénévolement ». Touchant, non ?
2 | Parce qu’elles sont toujours premières de corvée |
Et non... Premières de cordée. Alors qu’en France 71 % des femmes travaillent (contre 76 % des hommes), elles continuent d’assumer la majeure partie des tâches ménagères (ménage, courses, soins aux enfants) : 3h30 contre 2 heures pour les hommes. De surcroît, ce sont les tâches les moins valorisées qu’elles assument, selon l’Observatoire des inégalités.
Aux hommes « ce qui dure et ce qui se voit » (le bricolage) et aux femmes « le nettoyage répétitif et les soins aux enfants ». Résultat : elles consacrent aussi moins de temps à leurs loisirs – détente, sport, culture – et à leurs engagements associatifs et politiques.
Attention, l'égalité en l'espèce ne signifie pas forcément partager les tâches ménagères avec... une employée de maison, une des professions les moins reconnues, comme le montre le magnifique film "Fatima", de Philippe Faucon.
3 | Parce que la violence machiste tue tous les jours |
C’est une phrase de Benoîte Groult, disparue le 20 juin 2016 : « Le féminisme n’a jamais tué personne ; le machisme tue tous les jours ». Du harcèlement sexuel au viol, en passant par les violences conjugales, les femmes sont en première ligne. Alors qu’on dénombrait 84 000 viols ou tentatives de viol en 2014, seules 14 % d’entre des victimes osaient porter plainte, et l’on ne comptait que 765 condamnations pour viol.
La culture du viol est si répandue que M6 peut aujourd’hui engager un expert en sociologie pour son émission « Mariés au premier regard » qui fait l’éloge du « dressage des femmes » et la meilleure façon de draguer « les petites salopes ». Avec, en cerise sur le gâteau, une dénonciation sur le blog de... Jean-Marc Morandini. Carton plein.
4 | Parce que le rouge me va très bien, merci |
Pour le 7 novembre, le Salon des dames invite ses 38 000 abonnées à faire la grève en rouge. Parce qu’on voit rouge. Parce que le rouge est mis. Parce que le rouge est votre amie !
5 | Parce que de toute façon, j’ai mes règles |
Vous aurez vos règles 2400 jours en moyenne de la puberté à la ménopause. Un quart de votre vie pendant près de 40 ans. Et il faudrait avoir honte ? Et se fourrer n'importe quoi dans le minou pour éponger le sang sous prétexte que c'est tabou ? Que nenni !
A partir du 7 novembre, vous exigez de savoir ce qu’il y a dans les tampons et les serviettes hygiéniques qu’on vous vend à prix d’or, en rejoignant la pétition de Mélanie Doerflinger sur change.org déjà signée par 258 185 personnes. Et pendant qu'on y est, profitez-en pour tester le sexe pendant les règles. Avec le tuto de Maïa Mazaurette, tout est permis !
6 | Parce que la grève des femmes peut être sexuelle… ou non |
La comédie d’Aristophane, en 411 avant J.-C. invitait les femmes à se refuser à leurs maris pour arrêter la guerre – ce qu’on a appelé « la grève du sexe ». Ce moyen d’action a été testé depuis avec plus ou moins de succès au Liberia en 2002 (pour obliger Charles Taylor à faire de la place aux femmes au gouvernement), au Kenya en 2008 (pour réconcilier le président et le Premier ministre de l’époque qui ne se parlaient plus depuis des mois), en 2011 en Belgique pour exiger la formation d’un gouvernement, et en 2012 au Togo pour faire fléchir le gouvernement Gnassingbé.
Spike Lee, qui a fait une version controversée de Lysistrata avec le film « Chi Rak », contraction de Chicago et d’Irak, jamais diffusé en France, accusait l’égo machiste des chefs de gang qui transforment les quartiers pauvres en zones de guerre. Mais qui prive-t-on de sexe quand on prive les hommes de sexe ? La réponse est sûrement à chercher dans la boule de geisha…
7 | Parce que finalement, vous en avez marre de ce boulot de merde |
C’est évidemment le meilleur argument pour faire grève ce lundi 7 novembre. Le concept de « boulot de merde » est si répandu aujourd’hui qu’on pourrait ouvrir une filière de formation et de recyclage en même temps. Il n’y a qu’à lire le livre de Julien Brygo et Olivier Cyran aux éditions de la Découverte.
D’accord, les femmes sont loin d’être les seules concernées et les deux auteurs sont à première vue (j’avoue que je n’ai pas cherché à vérifier, la vie d’une journaliste d’investigation est parfois semée d’embûches et de renoncements douloureux) des personnes du genre masculin.
Mais ceci me conduit à lancer une invitation à la meilleure autre part de l’humanité : si les hommes faisaient la grève des femmes le 7 novembre, on aurait marqué un vrai point. Et s’ils faisaient même la grève du sexe tarifé, ce serait encore mieux, comme les y invite le mouvement Zéro Macho avec son manifeste "Nous n'irons pas au bois". Come on boys, let’s dance together !
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