Les 7 cadeaux électoraux de Hollande
C'est Noël avant l'heure avec François Hollande. Jeunes, agriculteurs, intermittents, profs… A chacun sa pochette surprise.
"Non, je ne multiplie pas les cadeaux", affirmait Hollande le mardi 17 mai sur Europe 1. Pourtant, ça y ressemble. On pourrait même parler d'avalanche de présents. Jeudi 2 juin, lors du Congrès des maires de France, le président a même annoncé avoir "décidé de diminuer de moitié l'effort demandé aux communes et intercommunalités en 2017". Soit un milliard d'euro au lieu des deux milliards prévus.
Serait-ce l'échéance de la présidentielle qui approche – la droite parle de stratégie électoraliste ? Une soudaine envie de faire plaisir pour palier la morosité ambiante due à la pluie et à la loi Travail ? Qui sait. Mais dans sa hotte, il y aurait déjà 4 milliards d'euros de cadeaux.
1 | Les ménages payeront (peut-être) moins d'impôts en 2017 |
Comme "ça va mieux", notre président a confirmé le mardi 17 mai sur Europe 1 que si les indicateurs économiques étaient toujours au beau fixe, il annoncerait cet été une baisse d'impôt pour les ménages en 2017. Le chomâge recule, la croissance s'accélère… Autant de bonnes nouvelles (lire les 7 indices qui montrent que, finalement, ça va vraiment mieux) justifieraient cette baisse, "à condition bien sûr que nous ayons des marges de manœuvre", a précisé François Hollande, qui n'a pas donné de détails sur les modalités de cette baisse, à l'exception d'une certitude : pas touche à l'ISF.
2 | Les professeurs seront mieux payés |
Au premier janvier 2017, les profs seront augmentés. Une revalorisation de leur rémunération qui entrera donc en vigueur... moins de quatre mois avant l'élection présidentielle. Avec 500 millions d'euros budgétés en 2017 pour atteindre le milliard d'euros en 2020, cette revalorisation progressive "va permettre d'après nos estimations de replacer la France au-dessus de la moyenne de l'OCDE s'agissant du traitement des enseignants et d'atteindre pour les fins de carrière les niveaux les plus favorables, l'Allemagne notamment", a assuré Najat Vallaud Belkacem ce mardi 31 mai. Un coup de pouce qui s'ajoute à une augmentation du point d'indice des fonctionnaires en juillet 2016 puis en février 2017, ainsi qu'à 800 euros de prime supplémentaire pour les professeurs des écoles à la rentrée 2016. Jackpot pour les profs !
3 | Moins de coupes dans le budget de la recherche |
Dans une tribune publiée dans Le Monde le lundi 23 mai, sept prix Nobel (lire aussi) et un lauréat de la médaille Fields qualifiaient de "suicide scientifique et industriel" la décision du gouvernement de procéder à d'importants annulations de crédits pour la recherche. Ni une ni deux, François Hollande annonçait alors ce lundi 30 mai – après avoir rencontré les scientifiques – qu'il renonçait aux coupes budgétaires de 134 millions d'euros prévues en 2016 sur les subventions allouées aux organismes de recherche. "Le président a réaffirmé aux prix Nobel que le budget de la recherche pour 2017 connaîtrait une hausse des moyens consacrés à ce secteur", a de son côté annoncé la ministre de l'Education nationale. Alors tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…
4 | Tout plein de mesures pour l'emploi |
"Une état d'urgence économique et social", évoquait François Hollande lors de ses vœux aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi le 18 janvier dernier. Pour y remédier, il a annoncé plusieurs mesures : une prime d'embauche immédiate de 2000 euros par an pour les PME de moins de 250 salariés qui recruteront en CDI ou en CDD de plus de 6 mois avec un salaire allant jusqu'à 1,3 fois le Smic ; un milliard d'euros pour financer 500 000 formations supplémentaires pour les demandeurs d'emploi ; une augmentation des contrats de professionnalisation – afin qu'ils bénéficient à 50 000 personnes contre 8000 aujourd'hui ; la transformation du crédit d'impôt compétitivité emploi en "baisse définitive" des charges sociales après 2017… Un plan d'urgence pour l'emploi qui coûterait plus de 2 milliards d'euros au total. La bonne nouvelle, c'est que le chômage a commencé à baisser.
Rappelons que l'inversion de la courbe du chômage est la condition sine qua non à la candidature de François Hollande à un deuxième mandat.
5 | Un tas de coups de pouce pour les djeun's |
Pour jouer le jeu de l'apaisement en pleine contestation contre la loi Travail, Manuel Valls a présenté le 11 avril dernier onze mesures en faveur des jeunes pour un total de 400 à 500 millions d'euros par an : une Aide à la recherche du premier emploi (Arpe) pour les jeunes diplômés d'origine modeste dès la rentrée 2016 (entre 200 et 550 euros par mois) ; une augmentation des minima salariaux légaux pour les apprentis de 16 à 20 ans au 1er janvier 2017 ; la création pendant 5 ans de 2000 places supplémentaires par an dans les filières techniques menant à l'obtention d'un BTS ; la mise en place d'une garantie locative universelle pour tous les moins de 30 ans…
La semaine suivante, le Premier ministre se disait aussi favorable à l'extension du RSA aux moins de 25 ans. Parce que, la jeunesse, c'est l'avenir il paraît.
6 | Un chèque de 90 millions d'euros pour les intermittents |
Alors qu'un accord qualifié d'historique était signé en avril entre les organisations de salariés et d'employeurs du spectacle sur le régime d'assurance-chomâge des intermittents suite au mouvement d'occupation des théâtres français, Manuel Valls a annoncé qu'un "fonds de soutien à l'emploi" spécifique allait être "mis en œuvre" et financé par le gouvernement à hauteur de 90 millions d'euros. Une annonce apparemment suffisante pour éviter le bloquage des festivals.
7 | Des caresses pour les cheminots, les routiers et les agriculteurs |
A chaque corps de métier son petit quelque-chose. En janvier, en pleine crise agricole, le ministre de l'Agricultre Stéphane Le Foll annonçait une rallonge du plan de soutien exceptionnel à l'élevage de 290 millions d'euros. Côté bitume, alors que les routiers protestaient contre un potentiel abaissement de la majoration de leurs heures supplémentaires, le secrétaire d’État aux Transports Alain Vidalies leur a assuré le 21 mai qu'ils conserveraient leur régime dérogatoire et leur 25 % de majoration minimum.
Quant aux cheminots, Alain Vidalies a lui-même géré les négociations sur le temps de travail à la SNCF ce samedi 28 mai avec les syndicats. En bref, il a court-circuité Pepy et a sacrifié le nouveau accord social d'entreprise prévue par le SNCF pour préserver l'ensemble des acquis des cheminots. Ce qui n'a pourtant pas empêché la grève d'être maintenue…
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