7 éclairages sur l’univers FOU, FOU, FOU des Cryptomonnaies
A tout instant, il se passe quelque chose dans l’univers des cryptomonnaies… De nouvelles monnaies, de nouvelles applications innovantes apparaissent. Qui croire ? De qui faudrait-il se méfier ?
Certains investisseurs zélés réalisent l’équivalent de coups en bourse. D’autres perdent leur mise, ayant placé leurs derniers sur des arnaques ou bien encore sur des monnaies qui accusent des problèmes de croissance.
Là n’est pas tout. Des pays comme le Salvador adoptent le Bitcoin ou l’Ethereum pour pallier aux déficiences de leur monnaie nationale. Ailleurs, certains gouvernements tentent de réguler ou même d’interdire ces monnaies qui échappent à leur contrôle.
Sur le Bitcoin, on entend tout et son contraire. Ce serait une catastrophe écologique. Il servirait avant tout au blanchiment d’argent sale. Et l’on se pose encore et toujours la question de son mystérieux créateur, Satoshi Nakamoto, dont nul ne connaît la véritable identité.
Le livre Bitcoin & cryptomonnaies pour les Nuls au Edition First Interactive de Daniel Ichbiah et Jean-Martial Lefranc aborde les mille et uns aspects de cet univers en perpétuelle mutation. Et s’évertue à trier le bon grain de l’ivraie.
1 | Les crypto-monnaies servent-elles à des activités illicites ? |
Vers 2012, le site The Silk Road a fait grand bruit. Logé sur le Dark Web, il était dédié à la vente de produits illicites : drogue, armes… Avec pour contrepoint que les règlements devaient être effectués en Bitcoins. Pour mémoire, The Silk Road a été fermé par le FBI en octobre 2013.
Plus récemment, un phénomène a frappé de nombreuses entreprises mondiales (Bouygues Construction, M6, Travelex…) : les rançongiciels. Les ordinateurs d’une l’entreprise peuvent être rendus inaccessibles, les données ayant été cryptées. Pour que l’accès soit restitué, les pirates impliqués demandent habituellement que la rançon soit versée en Bitcoins.
Il en a résulté pour le Bitcoin et d’autres crypto-monnaies une réputation sulfureuse qui semble leur « coller à la peau ».
Pourtant, cette réputation serait indue, et l’on en voudra pour preuve plusieurs rapports officiels. Ainsi, en 2020, un rapport d’Europol indiquait ceci : « En 2019, une écrasante majorité de transactions liées au Bitcoin étaient liées à des activités d’investissement et de commerce. Et donc, malgré des abus considérables, l’activité criminelle ne correspond qu’à 1,1 % des transactions. »
En 2021, Chainanalysis, une société d’études a publié son propre rapport sur la question, 2021 Crypto Crime Report. Ce document nous dit ceci : « En 2021, la part des activités criminelles dans la crypto-monnaie est tombée à environ 0,34 %. »
Le 6 avril 2021, Michael J. Morrel, un ancien directeur adjoint de la CIA a publié un mémo sur le sujet, An Analysis of Bitcoin’s Use in Illicit Finance, où il affirme que les activités illicites liées aux cryptomonnaies seraient en baisse constante depuis 2012. « L’usage du Bitcoin dans la finance illicite est fortement surévaluée. » Et d’ajouter : « Le Bitcoin est très efficace pour la lutte contre le crime... »
2 | Bitcoin : une catastrophe écologique ? |
En 2019, l’université de Cambridge a mis en place un site mesurant la consommation mondiale d'électricité des Bitcoins et accessible à ici. Ses conclusions sont pour le moins alarmantes. Ainsi, à la mi-2021, la production de Bitcoins représentait déjà elle seule 0,32 % de la consommation mondiale d’électricité. Cette consommation de 71,86 Térawatt/heure est supérieure à celle de tous les téléviseurs américains (60 TWh).
L’université de Cambridge note également qu’à cette même époque, la consommation électrique annuelle du Bitcoin dépasse à elle seule celle de pays tels que la Colombie (70,2) ou le Bangladesh (70,6) et qu’elle n’est pas très éloignée de celle de pays comme le Chili (75) ou la Belgique (82,1).
De son côté, une étude de Nature Communications publiée en avril 2021 a estimé que la seule consommation annuelle de l'industrie chinoise du Bitcoin devrait culminer en 2024 à environ 297 TWh, dépassant le niveau de consommation électrique totale de l'Italie et de l'Arabie saoudite en 2016 ! Cette situation est telle qu’elle a finalement amené la Chine à bannir plus de la moitié des fermes de minage de Bitcoins en juillet 2021.
Face à ces arguments, les défenseurs des crypto-monnaies articulent leur défense autour de deux axes essentiels.1. L’électricité utilisée pour le minage serait majoritairement « verte ». Elle consisterait en surplus de production d’électricité qui, faute d’être mise à contribution pour le minage serait perdue de toute façon.
2. Le Bitcoin, tout comme Ethereum sont les monnaies pionnières. Avec leurs qualités et leurs défauts, elles ont essuyé les plâtres. Les nouvelles monnaies reposent sur des blockchains plus souples.
Les défenseurs du minage de Bitcoin affirment que l’électricité qu’ils mettent à contribution serait constituée de surplus de la production électrique, surplus qui seraient considérables. Certains d’entre eux disent s’acharner à n’exploiter que des énergies vertes.
Leurs arguments essentiels sont répertoriés sur un site Web, Bitcoin is Green (le Bitcoin est vert)
Dès la page d’accueil, le ton nous est donné :
« Vous avez peut-être lu que le Bitcoin était une catastrophe écologique. Pourtant, la plupart des déclarations alarmantes et inquiétantes à ce sujet viennent de personnes qui soit ne comprennent pas ce qu’est le Bitcoin, soit aimeraient le voir échouer ».
Ce site va jusqu’à affirmer que le Bitcoin serait en réalité une solution écologique ! A l’appui de leurs dires, les responsables du site Bitcoin is Green avancent divers arguments.
Ainsi, selon le Global Bitcoin Mining Data Review Q2 2021:
- L’énergie utilisée pour le minage du Bitcoin ne serait en réalité que 0,117% de la production d’électricité.- La part des énergies renouvelables mises à contribution serait de 56 %.
La raison ? Les mineurs, dans leur quête de rentabilité cherchent à utiliser l’énergie en surplus, soit une électricité qui n’est généralement pas vendue et serait donc sinon perdue.
3 | L’accès à une banque pour tous ? |
On peut avoir du mal à le croire mais le fait est là… Sur notre belle planète, près de quatre adultes sur 10 n’ont pas accès à une banque. En gros quelques 2,2 milliards d'individus dans le monde n'ont pas accès aux systèmes bancaires traditionnels et ne peuvent donc pas recourir à des prêts ou à des produits d’épargne.
Là n’est pas tout. Ceux qui ont accès à des services bancaires ont parfois eu à s’en plaindre amèrement. Un exemple ? Lors de la crise financière Chypriote en 2012 - 2013, les détenteurs de comptes bancaires n’avaient le droit de retirer que quelques dizaines d’euros par jour. Pire, les comptes possédant plus de 100 000 euros se sont vus ponctionnés arbitrairement d’une partie de leurs avoirs. Une telle manœuvre a été perçue comme un abus de pouvoir, sans qu’il soit alors possible d’y faire quelque chose.
Dans des pays tels que le Venezuela, le Kenya, Cuba, le Liban ou la Corée du Nord, la monnaie nationale a subi une telle dévaluation que les citoyens ont vu leurs avoirs en monnaie nationale perdre une énorme partie de sa valeur. Des Vénézuéliens ont raconté sur leurs blogs que leur monnaie ne permettait plus d’acheter grand-chose et qu’il ne leur était pas possible d’épargner : cette même monnaie perdait de la valeur de semaine en semaine !
Que dire du Monténégro, ce petit pays situé dans les Balkans ? Afin de réaliser l’une des autoroutes les plus chères jamais construites, le Monténégro a emprunté un bon milliard de dollars auprès de la Chine. Seulement voilà, la pandémie est passée par là. En avril 2021, le Monténégro a donc lancé un appel à l’aide à l’Europe pour qu’on puisse l’aider à rembourser sa dette. Et l’Europe a dit non. La perspective pour le Monténégro est rude car ce pays a mis en gage une partie de ses terres et pourrait donc en perdre la propriété.
Il en résulte que les pays où l’on utilise le plus la crypto-monnaie ne sont pas ceux que l’on pourrait croire. Ainsi, selon une enquête de Statista, au Nigeria 32% de la population avait utilisé de la cryptomonnaie en 2021, et 21 % au Vietnam, alors que le pourcentage est de 6 % aux USA. De telles populations ont trouvé dans la crypto-monnaie un investissement bien plus sûr que la conservation de leur monnaie nationale.
Face à de telles situations de crises économiques, les populations de ces contrées se sont massivement tournées vers les cryptomonnaies, perçues comme un placement bien plus sûr que leurs monnaies nationales.
Ainsi, au Kenya, au Vietnam comme au Philippines, plus de 20 % de la population a acquis des cryptomonnaies. Et dans un pays tel que le Venezuela ou l’Argentine, une part non négligeable des transactions financières est effectuée en cryptomonnaies. Le New York Times a publié un témoignage édifiant sur ce sujet avec pour titre : « Le Bitcoin a sauvé ma famille ».
Un habitant du Vénézuela, Carlos Hernández, y explique que l’inflation quotidienne du Bolivar – la monnaie officielle - est de 3,5%. Il dit alors : « Je ne possède pas de Bolivars – ce serait un suicide financier. Je conserve tout mon argent en Bitcoins. ». Le même Hernández ajoute que son frère Juan, un avocat de 28 ans a pareillement dû se tourner vers les cryptomonnaies pour se faire payer et que cela lui a évité de voir son argent saisi à la frontière lorsqu’il a voulu se déplacer en Colombie. De plus, selon Hernández, les donations en Bitcoins bénéficient à divers programmes humanitaires du Vénézuela.
4 | Dr Steven Craig Wright : Génie incompris ou Imposteur ? |
Qui est réellement Steven Craig Wright ? Cet Australien de 47 ans a lancé en mai 2016 une vaste campagne de relations publiques en affirmant qu’il était le véritable Satoshi Nakamoto, en d’autres termes, le créateur de Bitcoin jusqu’alors demeuré inconnu. Depuis la polémique fait rage. Prouver l’identité de Satoshi n’est pas difficile pour… Satoshi. En effet, chacun sait que les premiers Bitcoin lui appartiennent puisqu’il les a miné lui-même. Ces premiers Bitcoin appartiennent à ce que l’on appelle les blocs « Genèse ». Le vrai Satoshi peut donc à tout moment opérer une transaction sur Bitcoin des blocs « Genèse » et prouver son identité.
C’est ce qu’a tenté de faire Steven Craig Wright en prétendant avoir utilisé la clé privée (identifiant secret) de Satoshi. Hélas les meilleurs analystes de la blockchain ont démontré que Wright n’avait utilisé que des informations déjà publiques.
Wright a alors déclaré que puisqu’il était l’objet de critiques et de jalousies, il préférait garder son identité secrète et ne plus tenter de prouver quoi que ce soit. Plus tard, une enquête publiée sur la London Review of Books, a affirmé que cet homme d’affaire australien aurait tenté déposer plus d'une cinquantaine de brevets relatifs à la technologie du Bitcoin, qui pourraient lui permettre de revendre certaines applications utilisant la technologie.
Les compétences de Wright en matière de cryptographie sont indéniables même si sa personnalité est contestée. Il a joué un rôle dans l’établissement de la scission de Bitcoin vers le Bitcoin Cash en arguant que les capacités de la blockchain originelle du Bitcoin étaient trop limitées pour concurrencer Ethereum.
Cette rivalité entre Bitcoin Cash et Ethereum a ensuite dégénéré dans une polémique personnelle entre Wright et l’inventeur de Ethereum, Vitalik Buterin. Lors d’une conférence, Buterin s’est interrogé publiquement durant une présentation de Wright sur les raisons pour lesquelles cet individu qu’il juge peu recommandable avait ainsi pu être invité.
Vitalik Buterin l’affirme : Craig Wright n’est pas Satoshi Nakamoto. Leur polémique concrétise les luttes qui pourraient se poursuivre autour de la blockchain avant qu’une technologie capable de toucher le grand public ne s’impose.
Steven Craig Wright continue de mener de nombreux procès pour tenter de prouver qu’il détient la propriété intellectuelle du Bitcoin.
Mais à date, l’enjeu n’est plus tant de mettre la main sur un brevet lié à la blockchain. Il s’agit plutôt de déterminer à qui appartiennent un énorme volume des premiers Bitcoin jamais minés, plus de un million de BTC qui au cours de la mi-2021 valaient près de 50 milliards de dollars.
5 | Les tribulations de l’USDT, le premier Stable coin, toujours égal à 1 dollar |
L’USDT de Tetherest apparu en 2014 avec pour principe que 1 USDT = 1 dollar. En d’autres termes, le cours d’un USDT ne varie pas et on parle donc de « stable coin ».
On peut utiliser l’USDT pour investir dans divers produits financiers tout en sachant qu’à tout moment, il sera possible de récupérer un nombre précis de USDT, que l’on pourra reconvertir en dollars.
Dans le cas de l’USDT, les fondateurs de Tether ont affirmé qu’ils conservaient en réserve l’équivalent d’un dollar US pour chaque USDT émis que ce soit en monnaie traditionnelle (on dit aussi « FIAT »), en or ou en liquidités. Tether a d’abord affirmé avoir en réserve 1,8 milliards de dollars déposés à la Deltec Bank & Trust Ltd. Pourtant, en raison du succès de l’USDT, certains ont commencé à mettre en doute cette prétention. De plus, en 2018, il y avait déjà 2,5 milliards de USDT en circulation.
Alertés par des traders vigilants, le Ministère de la Justice américain a demandé aux animateurs de Tether de fournir la preuve qu’ils détenaient bien 2,5 milliards de dollars US. La firme, dont le siège social est basé à Hong Kong, n’a pas répondu à ces sollicitations.
Lors de la publication des Paradise Papers qui révélaient au monde entier les noms des bénéficiaires des sociétés offshore installées dans des paradis fiscaux comme les îles Cayman, il a été révélé que les bénéficiaires de Tether Inc et les propriétaires de Bitfinex étaient les mêmes personnes.
Or, Bitfinex est l’un des principaux exchanges de Bitcoin. Et en 2018, une banque du Panama détenait l’essentiel des fonds de Bitfinex. Or, le même Bitfinex s’est retrouvé dans l’incapacité de répondre aux demandes de retrait d’argent de ses clients. Tether a donc fait l’objet d’une enquête officielle par le gouvernement américain, visant à faire la lumière sur ce manquement.
Le 21 février 2021, Bitfinex et Tether ont payé une amende de 18,5 millions de dollars à l’Etat de New York afin de mettre fin aux poursuites judiciaires. Si l’on en croit ce qu’a dit la procureure de l’Etat de New York, « les affirmations de Tether selon lesquelles sa monnaie virtuelle était en permanence garantie par des dollars américains était un mensonge ». Selon elle, à la mi-2017, Tether ne disposait d’aucune réserve en espèces.
Les deux sociétés ont pour leur part publié un communiqué pour affirmer qu’elles n’avaient rien commis d’illégal et que les situations incriminées auraient été réglées. Une chose est sûre, Tether ne pratique pas une transparence de bon aloi sur les réserves de dollars qu’il prétend avoir pour justifier de sa convertibilité et de sa stabilité.
Un auditeur a confirmé en Juin 2021 que la société détenait bien 62 milliards de dollars d’actifs correspondants à peu près à la capitalisation de la monnaie. Toutefois le comptable qui a vérifié le bilan de Tether a limité la certification de ses comptes à 24 heures. En d’autres termes, Dieu seul sait ce qui s’est passé la veille ou le lendemain.
Par ailleurs, une part significative des actifs détenus par Tether consistent en d’autres crypto monnaies soumis à des fluctuations violentes. D’où la prudence de l’auditeur qui a signé les comptes.
Ces diverses tribulations n’ont pas donc pas empêché l’USDT de se maintenir en bonne santé.
Cela dit, il y a longtemps que les banques centrales n’ont plus dans leurs sous-sols l’or qui garantissait la valeur de la monnaie qu’elles émettent. Seule la signature des États maintient la confiance des utilisateurs. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Tether bénéficie du même phénomène dans l’univers crypto : si Tether continue imperturbablement de valoir un dollar, c’est que cela arrange énormément de monde.
En d’autres termes, si Tether dit qu’un USDT qu’il vaut 1 USD et que tout le monde voit son intérêt à le croire, 1 USDT vaut 1 USD.
6 | Morts pour une poignée de Bitcoins : Crypto et Faits divers. |
S’il y a eu bien des cadavres de projets sur le continent obscur, la rubrique cadavres « faits divers » de la crypto a également connu son lot bien réel d’individus.
Le plus célèbre est John McAfee, ancien magnat du logiciel antivirus retrouvé mort dans sa cellule en Catalogne alors qu’il attendait son extradition vers les États-Unis. Officiellement suicidé, McAfee a-t-il laissé derrière lui une fortune en Bitcoin comme beaucoup le prétendent ?
Le mystère s’épaissit quand la presse espagnole nous apprend qu’avant sa mort, McAfee résidait dans un hôtel abandonné à Taragonne, hôtel dont le sous-sol était occupé par une ferme de minage de Bitcoin !
L’hôtel appartiendrait lui-même à un russe fortuné dont on perd la trace dans un embrouillamini de sociétés écran. C’est en tout cas dans cet hôtel que McAfee a passé les confinements du début 2020.
Autre grand disparu devenu fameux pour ses Bitcoin, le canadien Gerald Cotten, victime d’une gastroentérite foudroyante alors qu’il arrivait en Inde pour des vacances. Hélas Cotten était le propriétaire d’un échange de crypto dénommé QuadrigaCX et les Bitcoin de ses clients étaient encryptés sur son portable. Il a donc emporté le mot de passe dans la tombe sans l’avoir sauvegardé nulle part. Quand il a été révélé que 145 millions de dollars étaient ainsi enfermés dans l’ordinateur du défunt, les esprits se sont échauffés et les spéculations sur la réalité de sa mort ont déclenché une vague d’enquête.
Le podcast « Exit Scam » a tenté de faire le point sur les théories. Ses auteurs y démontrent que Gérald Cotten s’était mis dans de beaux draps en fraudant ses clients et qu’il avait peut-être l’intention de se prétendre mort pour pouvoir disparaître avec les fruits de ses larcins. Apparemment, l’affaire aurait mal tourné et il serait vraiment mort avant de pouvoir exécuter son plan.
Autre cadavre bien réel celui-là, celui de Wesley Santarem, un jeune trader brésilien qui avait adopté une habitude dangereuse : s’exhiber sur Instagram avec les liasses de dollars gagnées en pariant sur les cryptomonnaies. Wesley était au volant de sa Porsche lorsqu’un groupe de tueurs l’a approché en Volkswagen et a tiré.
Et que dire de Mircea Popescu, retrouvé noyé en Juin 2021 au large de la côte du Costa Rica ? Mircea disposait une fortune de 1 million de Bitcoin. A-t-il laissé les codes de son wallet à des personnes de confiance ? Personne ne semble au courant pour le moment. Les Bitcoin de Mircea Popescu vont-ils rejoindre les 4 millions de Bitcoin déjà disparus et sur lesquels aucune transaction ne se produit depuis de nombreuses années ?
Notre dernier cadavre reste à découvrir. Ruja Ignatova, une Bulgare, fondatrice du projet OneCoin en 2013 a réussi à frauder trois millions de personnes dans le monde et à détourner 4 milliards de dollars en prétendant que OneCoin allait tuer le Bitcoin. En réalité, il s’agissait d’un bon vieux système de Ponzi qui consiste à rémunérer les investissements des premiers entrants avec l’argent des entrants les plus récents. En 2017, Ruja, que l’on surnomme la « Crypto Queen » commence à avoir de sérieux ennuis avec la justice. Elle prend un vol de Sofia à Athènes. Une enquête de la BBC affirme qu’elle avait rendez-vous en Grèce avec un « puissant financier russe ». Elle n’a jamais plus été revue depuis.
Certains prétendent qu’elle aurait trouvé refuge aux Emirats Arabes Unis, d’autres affirment qu’il ne faut pas prendre de rendez-vous avec de « puissants financiers russes » si vous leur avez volé de l’argent. En tout état de cause, le cadavre n’a pas été retrouvé et si vous la voyez, merci de la ramener au FBI qui aimerait beaucoup l’interroger.
La morale de l’histoire ? Si vous parvenez grâce à la lecture de cet ouvrage à devenir millionnaire en Bitcoin, évitez les réseaux sociaux ou payez-vous une paire de gardes du corps.
Autre conseil : n’oubliez pas de confier à votre notaire les codes d’accès à vos wallets cryptos avant de passer de vie à trépas. Il serait ballot que vos héritiers découvrent après votre disparition que votre fortune leur reste inaccessible.
7 | L’état ne peut accepter une telle perte de contrôle |
Jamie Dimon est le patron de JP Morgan Chase, la plus grande banque américaine et en septembre 2017, il n’y est pas allé par quatre chemins pour exprimer son dédain pour le Bitcoin : « Le Bitcoin est une arnaque. A l’instant où le Ministère de la Justice va le déclarer illégal, l’histoire sera terminée, le Bitcoin disparaîtra ».
Ces déclarations ont donné à penser que l’intéressé avait perdu les pédales, qu’il était dépassé par les événements et qu’il se cantonnait un peu vite à une position rétrograde, comme si ses vociférations pouvaient avoir quelque effet sur le sens de l’Histoire.
Pourtant, il faut bien le reconnaître, la position de Dimon rejoint celle de nombreux régulateurs. Espionnage, arnaques, blanchiment d’argent, trafics illicites ont jalonné l’histoire du Bitcoin… De ce fait, les crypto-monnaies n’ont pas toujours bonne réputation auprès des gouvernements de la planète.
Il faut dire aussi que l’idée d’une masse monétaire qui échappe aux contrôle des banques centrales, de transactions financières échappant aux vérifications du fisc, de levée de fonds hors de la vérification des autorités de marché, n’est pas une perspective réjouissante pour ceux qui se veulent les garants de l’ordre public.
Les États préparent donc leur revanche avec différents niveaux de régulation. Pour le moment, il s’agit de ne pas tuer ce qui pourrait se révéler une poule aux œufs d’or : si il y a création de valeur, il y a sûrement moyen pour le Trésor Public d’en absorber une partie significative.
La possibilité de créer des MDBC (monnaies digitales de banque centrale) est apparue comme une première réponse. En gros, nous aurions droit en Europe à une monnaie numérique qui bénéficierait des atouts de la blockchain (traçabilité, inviolabilité, etc) mais dont le cours serait invariablement égal à l’euro. Une sorte de « stable coin » institutionnel en quelque sorte.
Par ailleurs, les débordements spéculatifs, les piratages à répétition ont fini par en exaspérer certains, dans les pays asiatiques en particulier. La Chine et la Corée du Sud ont mis en place des systèmes de contrôle de plus en plus stricts sur les start-ups du secteur et les plus exubérantes d’entre elles ont été priées de déménager ailleurs. Ainsi Binance a d’abord déguerpi à Taïwan avant de se trouver un nouveau foyer à Malte.
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